Buenas!
Comme tous les bus qu'on avait pris vers la gare de La Paz faisaient tous les détours inimaginables, on a décidé de prendre le taxi (oui, vous avez bien lu!). Pour suivre nos habitudes temporelles de voyage où soit on arrive 45 minutes d'avance ou sinon 2 minutes avant le départ, on a attendu 40 minutes dans l'agence de bus qu'il soit l'heure de notre bus vers Copacabana! Dans le bus constitué à 100% de touristes, on a pu écrire le blog tranquillement pendant le trajet de 4h. Pour se rendre à Copacabana (située sur le bord du lac Titicaca) sans passer par le Pérou, il faut traverser un détroit (le détroit de Tiquina). Donc, tout le monde descend du bus et se rend sur l'autre rive en petit bateau, alors que l'autobus embarque sur une grosse plateforme, le tout pour éviter qu'on coule avec lui en cas de problème... En attendant de l'autre côté, on a collationné avec une patate (frite, bien sûr) fourrée au riz, un mix étrange mais pas trop mal! À la place centrale du petit village se trouvait aussi la marine bolivienne, qui était là pour informer les gens sur leur programme.Comme on vous l'a déjà dit, le concept de marine bolivienne est quand même drôle étant donné que le pays n'a aucun accès à la mer! Bref, en attendant le retour tant espéré de la mer, ils s'entraînent sur le lac Titicaca! Les marins semblaient vraiment contents de nous voir par contre et ont insisté pour qu'on prenne plusieurs photos ensemble! (En lien avec la marine, sur la place centrale de Tiquina se trouve aussi la 2e statue la plus gore de Bolivie après celle de Tarabuco, qu'on vous a déjà décrite. La statue en question représente, en couleurs, un soldat bolivien enfonçant profondément sa baïonnette dans le corps d'un soldat chilien, sang qui gicle inclus. On peut y lire l'inscription "La Bolivie réclame son accès à la mer". On repassera pour l'amitié entre les peuples!)
Arrivés à Copacabana, on a acheté nos billets de bateau pour l'Île du soleil puis on a tout juste eu le temps de déguster notre première truite titicacaienne! Le lac Titicaca est immense, l'eau est totalement transparente, il est entouré de montagnes arides et on voit la cordillère des Andes enneigée au loin: pas trop mal disons!
L'île du soleil, à 2h de bateau, est la plus grande île du lac. On avait choisi d'aller au village au nord de l'île car il est plus loin et donc moins touristique1 Challapampa est un pueblo vraiment trop mignon, situé sur une pointe de l'île donc on voit bien le lac de partout! On a trouvé un hostel des plus choux, avec un lit double pour 3$ la nuit, du jamais vu! On a exploré une autre péninsule de l'île, où il n'y avait personne, avant de chercher un resto pour le souper. À première vue, il semble y avoir un tas de choix car chaque hostel a aussi son restaurant. Par contre, quand on cherche un peu, on se rend vite compte qu'il y en a 3 de réellement ouverts... L'éloignement oblige, on a magasiné les prix pour choisir celui qui revenait le moins cher, avant de manger deux truites vraiment bien apprêtées (en fait, Mémé a mangé de la truite à chaque repas durant notre séjour près du lac...!). On est revenus à l'hôtel pour boire un thé avec des tartines au dulce de leche, puis on a rencontré 5 Argentins vraiment gentils avec qui on a passé un bout sur le toit de l'hôtel, jusqu'à ce qu'on rentre frigorifiés! En effet, le lac Titicaca étant à presque 4000m d'altitude (c'est le plus grand lac d'altitude au monde), il faut vraiment froid la nuit et vraiment chaud le jour car on est plus près du soleil.
Pour notre journée du lendemain, on a décidé de se la couler douce sur la plage... Après une grasse matinée et un diner dans le resto de la veille, on a donc lu et relaxé en regardant les eaux turquoises du lac.. . François a même osé se baigner, pas longtemps par contre parce que c'était vraiment froid! Par la suite, on est allés faire une petite promenade vers les ruines incas du nord de l'ïle. Après quelques jolis points de vue, dont un mirador naturel appelé "la roche du puma" où on avait une belle vue d'ensemble du lac et de la cordillère enneigée au loin, on a ensuite visité le labyrinthe d'un vieux temple inca. Les murs de pierre sont toujours intacts mas il manque le toit: le tout fait vraiment "temple du soleil"! Ensuite, on a soufflé jusqu'au haut de la colline suivante où on a pu admirer toute la partie nord du lac, avant de revenir sur nos pas. Près du temple, on a croisé des Français qu'on avait déjà rencontré à Uyuni quand Mémé chialait contre les toilettes! L'un de leur compagnon était particulièrement blasé ("c'est ça les ruines extraordinaires du nord de l'île? Pfff, c'est franchement pas grand'chose! De toute manière, même Machu Picchu c'est décevant, alors imaginez ici...") mais sinon on était bien contents de les revoir! On est revenus en saluant les porcs puis on a mangé de la truite (encore, mais il faut comprendre que le poisson n'est pas souvent au menu en Bolivie, alors on en profitait) dans un des mêmes 2 resto de Challa'mpampa! On y a été rejoints par les Argentins de la veille, avec qui on a passé un bon moment à discuter!
Vers 10h le jour suivant on est partis en bateau vers Yamani, le village principal du sud de l'île. La première épreuve qui attend tous les voyageurs qui débarquent à Yamani est le terrible escalier de l'Inca, une longue volée de marches raides construites par, vous l'aurez deviné, les Incas. L'endroit est joli avec ses sources qui coulent en gazouillant de chaque côté de l'escalier et ses grands arbres, mais il faut s'arrêter plusieurs fois pour reprendre son souffle à cette altitude! Une fois rendus à la petite église du village, on a demandé notre chemin pour les ruines du temple inca du sud de l'île. On a visité un peu sur place (cette fois, le temple avait un toit et des portes tout à fait semblables à ce que voit dans Tintin) avant de revenir pour manger dans le village. Contrairement au nord de l'île, Yamani est vraiment touristique: le fait que chaque maison ou cabane se double d'un hostel ou d'une pizzeria (jamais vu autant de pizzerias au kilomètre carré) en est un bon indicateur! Curieusement, malgré l'abondance de choix, trouver un resto ouvert fut complexe: tout était fermé! Malgré tout, l'endroit demeure pittoresque et les vues sont magnifiques puisque le village est bâti à flanc de montagne. On a finalement dîné sur une terrasse qui donnait un excellent point de vue sur l'autre côté de l'île avant de commencer notre marche qui allait nous faire traverser l'île et revenir à notre village.
En chemin, on a croisé Pancho, l'alpaga domestique que traînaient un tas d'enfants qui essayaient de soutirer un boliviano à chaque touriste voulant photographier l'animal! Le reste de l'après-midi fut consacré à notre promenade à flanc de montagne où se succédaient encore une fois de sublimes points de vue! De retour au village à la tombée du jour, on est retournés manger à notre resto fétiche!
Le lendemain, il fallait finalement dire adieu à notre petit paradis! On est partis avec le bateau de 8h30, dans lequel on a croisé une allemande qui voyageait seule pour 10 mois, super gentille! Elle voulait aussi se rendre à Arequipa (au Pérou), donc on a pu négocier un prix pour y aller les 3 ensemble en bus. On avait la journée à Copacabana avant de quitter la Bolivie...1
Après, ce fut un avant-midi-où-rien-ne-fonctionne... Ça arrive de temps en temps en voyage et ça gruge beaucoup d'énergie, un peu comme la Maison des fous dans les 12 travaux d'Astérix! Ça s'est passé comme suit:
- On se rend compte qu'on à plus assez d'argent pour visiter les îles flottantes près de Coacabana, ni pour souper le soir.
- On veut pas sortir d'argent au guichet parce que les frais sont faramineux et qu'on quitte la Bolivie le soir-même
- D'ailleurs, le guichet qui marche habituellement avec notre carte n'a plus d'argent
- On a aucune idée de combien coûtent les îles flottantes et personne dans la ville semble pouvoir nous éclairer (insérer ici plusieurs allers-retours inutiles à plein d'agences)
- On pense donc à changer le 6$US (on est riches demême) qu'on a en back-up
- On fait le tour des millions de bureaux de change de la ville, qui offrent tous un taux pourri (insérer aussi des allers-retours partout)
- On se rappelle qu'il faudrait idéalement qu'on poste nos cartes postales avant de sortir de Bolivie, on va au bureau de poste local où la dame archi-nulle et bête nous dit combien ça coûterait. On dit qu'on va revenir après avoir sorti de l'argent
- Finalement, on se répète que c'est niaiseux de sortir 20$ pour avoir 18$ de frais, on va donc acheter juste un timbre pour la marraine de Mémé qui adore la poste, et qu'on postera les autres au Pérou
- On va échanger notre argent US à une banque qui fait le bon taux, bien sûr il y a 3 madames qui font des transactions ultra-longues avant nous. En plus, la dame de la banque refuse de nous échanger notre billet de 1$ au motif "qu'il est déchiré". Une inspection subséquente nous fera en effet découvrir une encoche microscopique dans le haut dudit billet: on est loin de la "déchirure"! On change donc au final seulement 5$, en espérant que ce soit suffisant.
- On va acheter notre timbre, la dame bête nous dit que finalement elle n'en à plus pour l'Amérique du Nord et qu'il faut en acheter d'autres plus chers....
- On tente de trouver des timbres ailleurs mais ils sont tous plus chers : on nous demande de payer une mystérieuse commission qui sent bon l'arnaque à touriste...
- On décide d'acheter des timbres au Pérou finalement
- On finit par rejoindre l'Allemande qui nous attendait depuis longtemps. Don Miguel nous avait chaudement recommandé un petit resto dans le coin, mais l'Allemande s'est trompée de resto et a commencé à dîner dans un autre, qui était franchement très ordinaire...
Bref, un avant-midi où on n'arrive pas à se décider parce que rien ne semble fonctionner, et on finit donc par faire 12 fois le tour de la ville pour qu'au final on ne soit pas beaucoup plus avancés qu'au début... La bonne nouvelle est que les îles flottantes étaient gratuites finalement, on a donc pu bien souper le soir et sortir de Bolivie avec 10 centimes!
Après ces ennuis logistiques, on a visité l'étrange église de Copacabana qui ressemble plus en fait aux mosquées qu'on avait vu dans les Stans qu'à une église standard! L'église abrite une curiosité: la statue de la vierge de Copacabana, réalisée par un Inca local. Ce qui est amusant, c'est que l'histoire de la statue est peinte sur les murs dans le style "chemin de croix", avec force mages épiques. La 2e image est assez cocasse: elle montre le pauvre Inca se faire dire assez durement par les autorités ecclésiastiques locales que la première version de sa statue est plutôt moche!.... En sortant de l'église, on a remarqué plusieurs voitures et camions décorés de fleurs, de rubans et de chapeaux. L'une des voitures portait l'inscription "bénédiction de véhicules". Selon le Lonely Planet, beaucoup de gens qui achètent de nouvelles voitures demandent à la vierge de Copacabana (par le biais du prêtre de l'église de Copacabana) de bénir leur voiture! Une alternative cheap à l'assurance, en quelque sorte...
Ensuite, on est partis à la marche vers les iles flottantes. Près du petit village où se trouvaient les îles, on s'est fait grogner et japper après par un gros chien! Depuis le Vietnam, notre arsenal pour faire face aux chiens non-attachés qui manifestent de l'agressivité envers nous (et pour éviter de se faire bouffer les mollets) s'est raffiné: habituellement, on s'arrange pour ramasser des bonnes pierres avant de croiser le chien en question et on menace de les lancer si le chien ne reste pas coi. De manière générale ça marche assez bien (de manière générale aussi, le chien ne se préoccupe absolument pas de nous)! Cette fois-là par contre, on n'avait pas vu le chien venir et on a dû improviser: pendant que François ramassait une roche en vitesse, Mémé s'est mise à grogner et à japper après le chien. Pris de court par cette réaction et face à la menace de la pierre, le chien a rapidement pris son trou, en reculant et en jappant pour la forme! Haha! On ajoutera désormais les grognements à nos armes dans notre lutte contre les chiens menaçants!
Puis, on a visité les îles flottantes en tant que telles! C'étaient en fait des plates-formes de bois recouvertes de roseaux où les gens font l'élevage de la fameuse truite qu'on avait mangé dans les derniers jours (dans de genres de grands enclos avec des filets comme on avait déjà vu au Vietnam). Dans certaines parties du lac Titicaca, il existe aussi des îles entièrement faites de roseaux où les gens habitent vraiment (bien que leur mode de vie ait été grandement dénaturé par le tourisme). On a passé un bon moment à visiter ça et à se prélasser au sommet d'une formation rocheuse appelée "le mirador de l'Inca" (je pense que vous commencez à saisir l'élément en commun dans le nom de plusieurs attractions locales!) On est ensuite revenus vers Copacabana non sans être suivis pendant un petit moment par un gentil chien qui aimait beaucoup manger les petits poissons que certaines familles faisaient sécher au bord de l'eau!
Après s'être rués sur une bouteille d'eau parce qu'on était assoiffés en revenant des îles, on a vedgé sur la place centrale et sur la grève avant d'aller manger une excellente trucha a la diabla ("truite à la diable"), un mix de truite, de tomates, d'oignons et d'épices! Ensuite, on a couru prendre notre bus vers Puno, au Pérou, d'où on devait prendre une connexion vers Arequipa. Naturellement, c'est le moment qu'ont choisi les intestins de François pour réclamer d'urgence une salle de bains, au grand dam de Mémé et au grand stress de la madame de l'agence qui avait peur qu'on arrive en retard! Finalement, on est embarqués dans le bus et on est partis pour la frontière péruvienne, 15 minutes plus loin.
Après avoir dépensé nos derniers bolivianos pour acheter des bonbons (on avait 0,15$à dépenser et on a fini avec l'équivalent de 0,02$ en poche), on a passé le poste de contrôle bolivien puis on a marché vers le Pérou. On a traversé plusieurs frontières en voyage mais, jusqu'à date, aucun passage n'a été plus relax que celui-là! Du côté péruvien, on n'arrivait pas à trouver le bureau des douanes parmi le tas de petites échoppes (ça vous donne déjà une idée: essayez de ne pas trouver le bureau des douanes quand vous passez à Lacolle, pour voir!). On est donc allés s'informer à ce qui semblait être un officier péruvien, avec qui nous avons eu cet échange:
François et Mémé: C'est ici le bureau des douanes?
Officier: Oui.
François et Mémé: Ok, alors on fait les formalités en-dedans?
Officier: Oui. Vous avez un véhicule?
François et Mémé: Euh... non. On est venus en bus.
Officier: ah... ben... alors.... euh....
Heureusement, notre chauffeur de bus, qui avait vu notre désarroi, est venus alors nous indiquer le bon bureau, où on s'est faits étamper notre passeport en un temps record, sans aucun échange de paroles. Avec le recul par contre, on aurait tout à fait pu monter dans le bus ou tout simplement marcher sur la route (ou entrer au Pérou de manière générale) sans que personne ne nous empêche et sans jamais être contrôlés! Si c'est comme ça pour les touristes, on ne veut pas savoir la rigueur du contrôle qui existe entre Péruviens et Boliviens! Ça explique peut-être pourquoi il y a tant de contrebande entre les pays et ça laisse présumer que ce ne sont sûrement pas les douaniers péruviens qui font le plus de saisies de cocaïne bolivienne!!
À très bientôt pour la suite! Merci pour vos commentaires, on adore vous lire!
vendredi 30 août 2013
mercredi 28 août 2013
La Paz
Hola!
On a vécu des nuits d'autobus frigorifiques, mais jamais comme dans le trajet d'Uyuni à La Paz. 10h à geler, sans chauffage et, dans le cas de François, à être accoté à la vitre glaciale et humide (Mémé: pfff c'est toi qui veut toujours être du côté de la fenêtre!). Après quelques heures, on ne sentait plus nos orteils, et l'inconfort nous tenait réveillés.... Après plusieurs tentatives de se réchauffer, François a finalement trouvé une alternative potable en mettant ses mitaines dans ses pieds et ses bas dans ses mains!... C'est avec joie qu'on a accueilli le soleil du matin en arrivant à La Paz et on est sortis de l'autobus transis de froid et crevés. On a erré dans La Paz à la recherche d'un endroit chaud et réconfortant pour déjeuner, et on a finalement abouti dans un café qui répondait à nos espérances malgré ses prix plus "gringos". Notre déjeuner avalé, on devait ensuite appeler Claudia, l'une des filles de la famille où on avait dormi à Sucre, puisque cette dernière vivait à La Paz et nous avait proposé de nous héberger lors de notre séjour. Après l'avoir rejointe, on est partis en taxi vers son quartier, Sopocachi, l'un des quartiers aisés de la ville. Arrivés devant l'immeuble en question, on a été accueillis par l'employée de l'appartement, Zulma, et par l'oncle de Claudia avec qui celle-ci vit. L'oncle, que nous appellerons ici Don Miguel parce que tout le monde l'appelle comme ça, est un genre de grand-papa espiègle de presque 80 ans, plutôt sourd et vraiment gentil! Au mur du salon trônent des diplômes honorifiques qui témoignent de sa carrière peu ordinaire: diplomate bolivien en Espagne, il a été fait chevalier par le dictateur espagnol Franco et il a été longtemps journaliste en Espagne, ayant interviewé tout plein de politiciens et d'artistes de l'époque. Bref, un homme très instruit qui continue de taper quotidiennement on ne sait quoi à la machine à écrire, à faire des critiques de restaurants pour un journal de La Paz, et à faire des recherches dans des archives mystérieuses disposées sur la table à manger. Après une douche vivifiante (la première en quatre jours!), on est allés relaxer sur le Monticulo, une petite colline située tout près de l'appartement de Claudia et d'où on avait une vue magnifique sur la ville.
La Paz est une ville bâtie dans une cuvette: tout autour de la vallée où s'entassent les bâtiments se trouvent de hautes montagnes (dont plusieurs enneigées). Sur les plateaux du haut de la ville se trouvent les quartiers populaires d'El Alto et de Ciudad Satelite, où les bâtiments ressemblent drôlement à ceux d'Oruro (mais en plus agréables, quand même). L'artère principale de la ville, le Prado, va du nord plus pauvre à la richissime Zona Sur, le quartier le plus aisé de La Paz. C'est une bien belle ville en tout cas, bien située, et, malgré le fait qu'elle soit dans emprisonnée dans une vallée, on n'y sent pas autant la pollution qu'à Santiago, par exemple.
On est ensuite allés manger dans un resto d'almuerzos où le proprio était beaucoup trop stressé par son travail de serveur et où on a pu écouter un autre excellent téléroman latino-américain à la télévision. Sérieusement, les acteurs qui jouent là-dedans sont archi-nuls, et que dire du scénario, toujours plus quétaine et catastrophique! Notre journée s'est ensuite continuée par une lente marche (on était un peu fatigués par notre nuit disons) vers le parc urbain central de La Paz, où on accède à différents points de vue sur la ville par le biais de passerelles suspendues. On a continué notre promenade vers d'autres quartiers de la ville avant de revenir par le Prado et de s'arrêter pour prendre une crème glacée (oui, malgré notre nuit glacée, il avait fait assez chaud durant le jour). On est passé devant le magasin de crème glacée Brosso, où on n'a pas pu s'empêcher de faire des blagues immatures sur le fait que la mascotte du magasin (un gros ours) avait l'air en lendemain de brosse!
Après être revenus à l'appart pour saluer Claudia (mais elle n'était toujours pas là), on a cherché un resto près de la place de Sopocachi. Ce n'étaient pas les choix, hélas chers, qui manquaient: parmi les différentes options, il y avait des restos français, suisse, péruviens et même un resto nommé "La Québécoise" où on servait des plats français (aucune trace du pâté chinois, de soupe aux pois ou de tourtière) mais aussi apparemment de la poutine! Les amateurs invétérés du fameux plat graisseux savent donc désormais qu'ils pourront assouvir leur vice en Bolivie! Notre choix s'est finalement arrêté sur un petit resto bolivien où on a eu pas mal de plaisir à jouer avec une petite fille qui s'amusait à interrompre notre repas pour se cacher derrière nos chaises et nous donner des bines!
Au retour on a jasé longuement avec Claudia et on s'est endormis au son des téléromans (encore, c'est vraiment populaire)!
Le lendemain était consacré à la visite de La Paz. Au cours du déjeuner où Don Miguel volait les toasts de Zulma avec un air coquin, on a eu une bonne conversation sur l'amour avec Claudia. Ici, déménager avec son chum sans être marié ne se fait pas, et rester longtemps avec la même personne sans se marier est considéré comme une perte de temps! Disons que c'est un certain clash avec ce qui se fait au Québec! Après un nécessaire lavage (on avait vraiment étiré la sauce de tous nos vêtements), Don Miguel nous a conseillé un restaurant qu'il semblait apprécier beaucoup près de la place centrale de Sopocachi. On est donc allés au chifa Emy, où on a mangé comme des rois pour 3$ chacun! Qu'est-ce que le chifa? C'est en fait un mix de cuisine chinoise et sud-américaine (surtout péruvienne), et qui donne d'excellents mélanges du genre escalope de porc à la sauce aigre-douce!
Il nous fallait ensuite appeler Claudia pour organiser nos journées suivantes, parce qu'elle voulait profiter de notre présence pour visiter des attractions des environs de La Paz qu'elle n'avait pas encore faites. Comme toute bonne latino-américaine, ses plans n'étaient pas tout à fait précis et l'organisation était approximative! On devait la rejoindre vers 13h: on a finalement eu confirmation de nos plans pour le lendemain vers 17h! Entre-temps, on est allés acheter nos billets de bus vers le lac Titicaca. En revenant de la gare, on a visité les 4 petits musées municipaux dont Don Miguel nous avait longuement vanté les mérites. Le premier était consacré aux coutumes boliviennes, et exposait surtout des maquettes miniatures en ce sens. Le 2e avait pour thème principal la perte bolivienne de l'accès à la mer durant la guerre du Pacifique: on vous a déjà dit à quel point c'est un sujet sensible ici! Le 3e traitait de l'or, de sa fonte à sa transformation en objets précieux durant la période pré-colombienne. Notamment, une salle fermée par une porte blindée exposait certaines des plus belles coiffes en or retrouvées en Bolivie lors des fouilles archéologiques. Le dernier musée, enfin, donnait un aperçu de la vie d'un patriote bolivien ayant mené la première lutte pour l'indépendance de la Bolivie. Plusieurs pièces de sa maison étaient meublées comme à l'origine. L'histoire ne se terminait pas bien par contre: pendu haut et court par les Espagnols avec ses autres comparses, le patriote en question est ensuite devenu un martyr dans l'imaginaire du pays. Notre visite s'est achevée par une promenade dans une jolie rue coloniale piétonnière et bordée de maisons multicolores. Le tournant de la rue nous réservait une surprise, puisqu'elle donnait sur l'hospice local et que les personnes âgées avaient littéralement envahi l'espace!
En traversant le Prado, on est arrivés dans ce qui semble être l'un des marchés centraux de la ville. Bizarrement situé dans un immeuble de béton sis au centre de la vieille ville de La Paz, ça n'avait rien d'un marché pittoresque mais tout du centre d'achat glauque... Malgré tout, on était bien contents d'y avoir trouvé un nouveau chargeur pour notre caméra! En en sortant, le contraste offert par la belle place San Francisco et son immense église était saisissant!
Ensuite, on est partis magasiner un tour pour la route de la Mort, officiellement la route la plus dangereuse du monde. Aujourd'hui, elle n'est plus vraiment utilisée par les voitures, mais plutôt par les hordes de cyclistes qui en dévalent la pente! Comme pour toute activité posant un certain risque, on a posé toutes les questions inimaginables, et on a finalement arrêté notre choix sur une agence particulièrement sympathique et fiable (Pro Downhill si ça vous intéresse) mais on n'a pas acheté les billets étant donné qu'on attendait de voir si Claudia venait avec nous!
Pour la suite, on a fait le pittoresque mais "tourist-ready" (comme le dit si bien le Lonely Planet) marché des sorcières. Bien qu'on y trouve naturellement des gogosses pour touristes du genre ponchos et tuques en alpaga, ce marché est particulier parce que certaines échoppes y vendent des produits de médecine naturelle ou ayant à voir avec les superstitions locales. Parmi les items les plus bizarres vendus, on trouve des foetus de lama, qu'on est censé enterrer face à sa maison en offrande à la Pachamama... Pour bien faire suite à cette appétissante découverte, on est ensuite allés manger dans un resto italien, le premier depuis Santiago (la preuve qu'on mange mieux et plus varié ici qu'aux Stans!)
On est revenus en marchant vers Sopocachi, où on a rejoint Claudia. François est allé régler des affaires plates au café Internet pendant que Mémé et Claudia sont allées faire l'épicerie pour notre journée du lendemain.
Le lendemain, en effet, on partait avec Claudia, sa soeur Sylviana (arrivée entretemps), un ami de Claudia qui avait une voiture et la cousine brésilienne de ce dernier pour visiter les ruines de Tiwanaku! Marco, l'ami de Claudia, s'est immédiatement improvisé guide touristique, nous abreuvant d'informations alors qu'on traversait les quartiers animés d'El Alto et de Ciudad Satelite. La conversation a éventuellement pris une tournure politique alors que Marco commentait l'état déplorable d'un hôpital tout neuf, l'une des réalisations du gouvernement d'Evo Morales. On vous a déjà parlé d'Evo (on l'a même vu à Potosi) et peut-être le connaissez-vous aussi par le biais de l'actualité en raison de ses frasques et de son style particulier! Premier président autochtone d'un pays où 90% des habitants sont d'origine indigène, la gouvernance socialo-nationaliste-pro-autochtone d'Evo le populiste depuis le milieu des années 2000 a certes aidé les communautés les plus pauvres (au premier plan les indigènes) mais lui a aussi valu une haine farouche des classes plus aisées (notamment les propriétaires terriens de Santa Cruz et des environs) auxquelles ses politiques économiques et ses nationalisations imposées ont souvent nui. Des décisions coûteuses et non-prioritaires (achat de nouveaux avions présidentiels, lancement d'un satellite de télécommunication bolivien, etc.) ou tout simplement très controversées (construction d'une grande route à travers la jungle vierge) lui ont aussi aliéné une bonne partie de la classe moyenne (par exemple, la famille de Jorge à Sucre ou Don Miguel). Néanmoins, il conserve l'appui des plus pauvres (soit la majorité des Boliviens) notamment via ses programmes sociaux. Pour en revenir à ce que disait Marco, Evo aime apparemment beaucoup construire des nouveaux édifices: aéroports, stades de football, hôpitaux (le syndrome de la pépine, pour paraphraser Monique Jérôme-Forget)... Ce n'est pas mauvais en soi, mais souvent le bâtiment est construit rapidement et mal et tombe en ruines par la suite, ou encore la maintenance et l'équipement qui doivent composer l'ensemble du nouvel édifice sont absents! Dans le cas de l'hôpital, il n'était pas fonctionnel parce qu'il lui manquait tout l'équipement médical requis... Bref, ce genre de chose fait grincer des dents une partie de la population qui tend à lire l'omniprésent slogan "Bolivia cambia, Evo cumple" ("La Bolivie change, Evo tient promesse") d'une toute autre manière! D'ailleurs, comme tout bon populiste, Evo apparait partout: on voit sa photo dans toutes les publicités gouvernementales qui passent à la télé, et également dans bon nombre d'affiches de propagande dans les rues! Ses slogans ("Evo si!", "Patria soberana, pueblo digno", "Todos somos Evo", etc.) ("Evo oui!", "Patrie souveraine, peuple digne", "Nous sommes tous Evo") ornent aussi tous les murs!
Après quelques arrêts pour prendre des photos (la route vers Tiwanaku donnait des points de vue spectaculaire sur les montagnes enneigées qui ceinturent La Paz), on est finalement arrivés. Tiwanaku est le plus grand site archéologique de Bolivie: les ruines des temples qu'on y trouve remontent à la période pré-Inca. Notre première découverte, par contre, fut de constater que les étrangers n'y paient pas 2 ou 3 fois le prix bolivien (comme c'est coutume ici dans plusieurs attractions touristiques) mais bien 8 fois le prix national!!! Ce n'est pas que 11$ soit hors de prix (quoique ça représente 6-7 dîners complets en Bolivie) mais il y a de quoi être outrés par le fait que les nationaux ne paient en comparaison qu'1,50$ (oui, on sait bien que le pouvoir d'achat n'est pas le même en fonction des salaires, mais il n'empêche que ce genre de manigance nous donne la désagréable impression d'être pris pour des guichets automatiques)!
Marco ayant réussi à nous dénicher un guide particulièrement savant et intéressant (il avait travaillé 30 ans dans les fouilles), notre visite fut bien plaisante! En effet, sans explications, c'est un peu difficile de faire parler de vieilles pierres! Les éléments les plus impressionnants des restes des temples sont certainement certaines des grosses statues humanoïdes qui parsèment le site de même que les visages sculptés dans la pierre. Notre tour du site s'est terminée par la visite d'un musée où était gardée la plus grosse des statues (elle était anciennement dans un rond-point à La Paz, et elle a drôlement souffert des éléments, des fientes de pigeons, de la pollution et même de tirs d'armes à feu: un de ses côtés est cribblé d'impacts de balles). La statue était tout de même bien plus résistante que le musée en soi: construit l'an dernier, tous les plafonds étaient déjà détruits en raison d'infiltration d'eau! Evo cumple?
On a ensuite fait un pique-nique avant de visiter le village qui borde Tiwanaku. L'église du village est en soi une curiosité, puisque les Espagnols l'ont construite en reprenant des pierres venant des ruines de Tiwanaku. Le résultat est une église coloniale intégrant des statues indigènes et des figures dans sa façade, ce qui fait au final assez bien!
Après un retour sans histoire à La Paz (parsemé encore une fois d'arrêts photo), on a quitté tout le monde pour aller changer nos billets de bus (on avait en effet décidé de rester une journée de plus au final à La Paz). Le trajet en trufi pour se rendre à la gare fut très long parce qu'on a fait des milliers des détours! Un trufi, c'est en fait un vieil autobus scolaire (les petits, pas les gros) souvent tout repeinturés de couleurs vives et décorés (un peu comme les camions et les autobus d'Inde ou du Pakistan). Les plus beaux qu'on a vus étaient à Cochabamba, où les conducteurs ont vraiment mis le paquet pour en mettre plein la vue à la rue!
En revenant de la gare, on a flâné dans les marchés de la rue piétonnière commerçante menant à la place centrale avant d'aller souper dans un petit resto bolivien. On est ensuite revenus en marchant pour manger un gâteau au café Alexander près de chez nous...
La journée suivante fut moins palpitante: on devait en effet finir notre lavage (yé!) et surtout aller au café Internet pour régler de très intéressantes affaires de paperasse avec notamment l'Aide financière aux études... Bref, une belle journée de "tramites" ("tâches bureaucratiques") comme on dit en espagnol!
Avant de partir par contre, Zulma et Don Miguel nous ont invités à dîner: on a donc jasé avec eux tout en mangeant une bonne soupe de quinoa!
Pour la suite, donc, on a passé un bon bout au café Internet. En voulant payer quand on est partis, la dame du café a refusé d'accepter notre billet de 50 bolivianos (7$) parce que c'était un faux! Comme on avait sorti de l'argent la veille avant d'aller au café Alexander et qu'on n'avait fait aucun autre achat après, c'.tait certain que le faux billet provenait de là-bas! On est donc retournés au café Alexander où la patronne accepté de mauvaise grâce de reprendre le billet en question, après avoir bien regardé les caméras de sécurité!
Pendant ce temps-là, on a aussi rejoint Claudia qui nous a dit que finalement elle avait quelque chose le lendemain et qu'elle ne pourrait donc pas aller faire la route de la mort avec nous! Comme on attendait après elle pour acheter les billets, on est donc immédiatement partis vers l'agence où on a pu avoir une place pour le lendemain! En revenant, on a cherché pendant 1000 ans un resto correct pour manger, avant de se rabattre sur une place pas mal et pas cher où on a pu manger de la viande frite (avec ou sans oeuf frit par-dessus)... Je ne sais pas si on vous l'a dit, mais, en Bolivie, 50-60% des restos sont des restos qui ne vendent que du pollo a la broaster, i.e. du poulet frit! Les Boliviens semblent vraiment ADORER le poulet frit: il y en a partout! Comme notre souper n'était pas trop satisfaisant, on est retournés au Alexander (c'était vraiment notre feel-good café de La Paz) pour manger un dessert!
Au retour à l'appart, on est tombés sur Don Miguel qui nous a dit que Claudia et sa soeur... étaient parties il y a peu pour Cochambamba pour 2 jours !?!?! On a pas trop compris ce qui s'était passé mais bref, on était donc seul avec son oncle à partir de maintenant!
Le lendemain, nous avions rendez-vous avec la mort (insérer une musique dramatique ici)! On devait attendre le bus qui nous amenait à la route de la mort devant notre hôtel.... Comme on n'en avait pas, on nous avait assigné l'hôtel le plus proche de l'appart de Claudia.... le Ritz! C'est donc en ayant l'air de richissimes backpackers qu'on est embarqués devant nos quelques camarades de voyage. "Quelques" est important ici: en effet, il manquait la majorité des gens, un groupe de Boliviens qui, fidèles à leur notion du temps, arrivèrent avec une bonne heure de retard...
Une fois notre groupe au complet, on est montés jusqu'au sommet de la route de la mort, à 4500m d'altitude! Là-bas, on a mis notre équipement, on a testé nos vélos... et on s'est lancés dans la descente! Au début, ça commençait doucement, avec une bonne descente sur l'asphalte et des garde-fous qui nous protégeaient du précipice! Le paysage était magnifique: hautes montagnes enneigées, vallées, ruisseaux.... Il faisait froid par contre. Éventuellement, on est entrés dans les nuages (parce que jusque là on était par-dessus) et on a commencé à moins voir en raison de la brume! On a croisé quelques hameaux de même qu'un panneau qui nous annonçait une zone de conservation de l'ours andin, le seul ursidé d'Amérique du Sud. On l'avait vu dans le zoo de Santa Cruz et, franchement, c'est vraiment un animal moche!
Après un snack, on est remontés dans le bus pour faire les quelques km de montée qui nous séparaient de la "vraie" route de la mort, c'est-à-dire un chemin de terre à une voie à flanc de montagne! On a donc suivi la route en longeant les précipices vertigineux, le tout dans des paysages magnifiques qui tiraient de plus en plus sur la jungle! Bon, avant d'aller plus loin, il faut vous dire tout de suite: ce n'est pas aussi dangereux et risqué que c'en a l'air et que le nom "route de la mort" peut le laisser penser. Oui, ça a été officiellement nommé la route de la mort parce que des tas de personnes sont mortes en voiture dans ses courbes serrées et ses profonds précipices, mais en vélo ce n'est pas du tout la même chose... Les courbes et les précipices demeurent (sans compter qu'on descend sans arrêt sur des routes de terre), mais on peut rouler au milieu de la route et pas toujours sur le bord du précipice et il y a peu de circulation routière. Bref, c'est plutôt sécuritaire! Ce fut donc une randonnée spectaculaire de 4h où on a descendu près de 2000m jusqu'au fond de la vallée, du côté des Andes qui plonge dans l'Amazonie. Dans cette jolie région où la jungle et la montagne coexistent (qui s'appelle les Yungas), le climat est parfait, ni trop chaud ni trop froid! On est arrivés dans le petit village de Yoloso où il y avait des échoppes où prendre une bière trop chère pour célébrer l'évènement, mais aussi où une compagnie offrait des tours de tyrolienne par-dessus la vallée. On n'avait pas pris suffisamment d'argent avec nous pour la faire (et en plus c'était vraiment cher), mais on s'est par contre rendus au départ de la tyrolienne pour voir les autres du groupe s'élancer dans le vide (en fait, c'était soit ça ou on restait à attendre le groupe, puisqu'on ne pouvait pas faire la suite du tour sans attendre le reste du groupe...) Pour se rendre, on entrait dans la benne d'une camionnette conduite par un gars de genre 15 ans: ça entrait totalement dans la catégorie "ce serait trop illégal au Québec" mais c'était vraiment le fun!
Après avoir vu tout le monde atterrir en encombres, on est revenus à Yolosa où on a mangé du chocolat maison, directement issu de la fève de cacao que deux madames pilaient sur une roche sur le brd du chemin! Pour la suite, on allait manger dans un resto-buffet dans la jungle avec piscine et, officiellement, des douches. Comme les douches étaient crades, on a rapidement passé outre! Le buffet était correct et François a pu bénéficier de la piscine. Mémé n'a pas osé par contre: comme d'habitude, les Boliviennes se baignaient avec shorts et t-shirt.... Disons qu'en bikini jaune fluo, ça aurait détonné un peu!
Au retour on a quitté le chaud pour revenir à l'altiplano froid de La Paz. Après avoir marché un bon moment parce que le bus nous avait laissé dans un endroit perdu de la ville, on a acheté un petit cadeau pour remercier Don Miguel et Claudia de leur hospitalité. Au retour, on a dû cogner fort contre le carreau de la chambre de Don Miguel parce que comme il est sourd, il n'entendait pas la sonnette! On a fait nos sacs puis on s'est couchés tôt en prévision de notre prochaine destination du lendemain: Copacabana et le lac Titicaca!
Nos vemos pronto!
On a vécu des nuits d'autobus frigorifiques, mais jamais comme dans le trajet d'Uyuni à La Paz. 10h à geler, sans chauffage et, dans le cas de François, à être accoté à la vitre glaciale et humide (Mémé: pfff c'est toi qui veut toujours être du côté de la fenêtre!). Après quelques heures, on ne sentait plus nos orteils, et l'inconfort nous tenait réveillés.... Après plusieurs tentatives de se réchauffer, François a finalement trouvé une alternative potable en mettant ses mitaines dans ses pieds et ses bas dans ses mains!... C'est avec joie qu'on a accueilli le soleil du matin en arrivant à La Paz et on est sortis de l'autobus transis de froid et crevés. On a erré dans La Paz à la recherche d'un endroit chaud et réconfortant pour déjeuner, et on a finalement abouti dans un café qui répondait à nos espérances malgré ses prix plus "gringos". Notre déjeuner avalé, on devait ensuite appeler Claudia, l'une des filles de la famille où on avait dormi à Sucre, puisque cette dernière vivait à La Paz et nous avait proposé de nous héberger lors de notre séjour. Après l'avoir rejointe, on est partis en taxi vers son quartier, Sopocachi, l'un des quartiers aisés de la ville. Arrivés devant l'immeuble en question, on a été accueillis par l'employée de l'appartement, Zulma, et par l'oncle de Claudia avec qui celle-ci vit. L'oncle, que nous appellerons ici Don Miguel parce que tout le monde l'appelle comme ça, est un genre de grand-papa espiègle de presque 80 ans, plutôt sourd et vraiment gentil! Au mur du salon trônent des diplômes honorifiques qui témoignent de sa carrière peu ordinaire: diplomate bolivien en Espagne, il a été fait chevalier par le dictateur espagnol Franco et il a été longtemps journaliste en Espagne, ayant interviewé tout plein de politiciens et d'artistes de l'époque. Bref, un homme très instruit qui continue de taper quotidiennement on ne sait quoi à la machine à écrire, à faire des critiques de restaurants pour un journal de La Paz, et à faire des recherches dans des archives mystérieuses disposées sur la table à manger. Après une douche vivifiante (la première en quatre jours!), on est allés relaxer sur le Monticulo, une petite colline située tout près de l'appartement de Claudia et d'où on avait une vue magnifique sur la ville.
La Paz est une ville bâtie dans une cuvette: tout autour de la vallée où s'entassent les bâtiments se trouvent de hautes montagnes (dont plusieurs enneigées). Sur les plateaux du haut de la ville se trouvent les quartiers populaires d'El Alto et de Ciudad Satelite, où les bâtiments ressemblent drôlement à ceux d'Oruro (mais en plus agréables, quand même). L'artère principale de la ville, le Prado, va du nord plus pauvre à la richissime Zona Sur, le quartier le plus aisé de La Paz. C'est une bien belle ville en tout cas, bien située, et, malgré le fait qu'elle soit dans emprisonnée dans une vallée, on n'y sent pas autant la pollution qu'à Santiago, par exemple.
On est ensuite allés manger dans un resto d'almuerzos où le proprio était beaucoup trop stressé par son travail de serveur et où on a pu écouter un autre excellent téléroman latino-américain à la télévision. Sérieusement, les acteurs qui jouent là-dedans sont archi-nuls, et que dire du scénario, toujours plus quétaine et catastrophique! Notre journée s'est ensuite continuée par une lente marche (on était un peu fatigués par notre nuit disons) vers le parc urbain central de La Paz, où on accède à différents points de vue sur la ville par le biais de passerelles suspendues. On a continué notre promenade vers d'autres quartiers de la ville avant de revenir par le Prado et de s'arrêter pour prendre une crème glacée (oui, malgré notre nuit glacée, il avait fait assez chaud durant le jour). On est passé devant le magasin de crème glacée Brosso, où on n'a pas pu s'empêcher de faire des blagues immatures sur le fait que la mascotte du magasin (un gros ours) avait l'air en lendemain de brosse!
Après être revenus à l'appart pour saluer Claudia (mais elle n'était toujours pas là), on a cherché un resto près de la place de Sopocachi. Ce n'étaient pas les choix, hélas chers, qui manquaient: parmi les différentes options, il y avait des restos français, suisse, péruviens et même un resto nommé "La Québécoise" où on servait des plats français (aucune trace du pâté chinois, de soupe aux pois ou de tourtière) mais aussi apparemment de la poutine! Les amateurs invétérés du fameux plat graisseux savent donc désormais qu'ils pourront assouvir leur vice en Bolivie! Notre choix s'est finalement arrêté sur un petit resto bolivien où on a eu pas mal de plaisir à jouer avec une petite fille qui s'amusait à interrompre notre repas pour se cacher derrière nos chaises et nous donner des bines!
Au retour on a jasé longuement avec Claudia et on s'est endormis au son des téléromans (encore, c'est vraiment populaire)!
Le lendemain était consacré à la visite de La Paz. Au cours du déjeuner où Don Miguel volait les toasts de Zulma avec un air coquin, on a eu une bonne conversation sur l'amour avec Claudia. Ici, déménager avec son chum sans être marié ne se fait pas, et rester longtemps avec la même personne sans se marier est considéré comme une perte de temps! Disons que c'est un certain clash avec ce qui se fait au Québec! Après un nécessaire lavage (on avait vraiment étiré la sauce de tous nos vêtements), Don Miguel nous a conseillé un restaurant qu'il semblait apprécier beaucoup près de la place centrale de Sopocachi. On est donc allés au chifa Emy, où on a mangé comme des rois pour 3$ chacun! Qu'est-ce que le chifa? C'est en fait un mix de cuisine chinoise et sud-américaine (surtout péruvienne), et qui donne d'excellents mélanges du genre escalope de porc à la sauce aigre-douce!
Il nous fallait ensuite appeler Claudia pour organiser nos journées suivantes, parce qu'elle voulait profiter de notre présence pour visiter des attractions des environs de La Paz qu'elle n'avait pas encore faites. Comme toute bonne latino-américaine, ses plans n'étaient pas tout à fait précis et l'organisation était approximative! On devait la rejoindre vers 13h: on a finalement eu confirmation de nos plans pour le lendemain vers 17h! Entre-temps, on est allés acheter nos billets de bus vers le lac Titicaca. En revenant de la gare, on a visité les 4 petits musées municipaux dont Don Miguel nous avait longuement vanté les mérites. Le premier était consacré aux coutumes boliviennes, et exposait surtout des maquettes miniatures en ce sens. Le 2e avait pour thème principal la perte bolivienne de l'accès à la mer durant la guerre du Pacifique: on vous a déjà dit à quel point c'est un sujet sensible ici! Le 3e traitait de l'or, de sa fonte à sa transformation en objets précieux durant la période pré-colombienne. Notamment, une salle fermée par une porte blindée exposait certaines des plus belles coiffes en or retrouvées en Bolivie lors des fouilles archéologiques. Le dernier musée, enfin, donnait un aperçu de la vie d'un patriote bolivien ayant mené la première lutte pour l'indépendance de la Bolivie. Plusieurs pièces de sa maison étaient meublées comme à l'origine. L'histoire ne se terminait pas bien par contre: pendu haut et court par les Espagnols avec ses autres comparses, le patriote en question est ensuite devenu un martyr dans l'imaginaire du pays. Notre visite s'est achevée par une promenade dans une jolie rue coloniale piétonnière et bordée de maisons multicolores. Le tournant de la rue nous réservait une surprise, puisqu'elle donnait sur l'hospice local et que les personnes âgées avaient littéralement envahi l'espace!
En traversant le Prado, on est arrivés dans ce qui semble être l'un des marchés centraux de la ville. Bizarrement situé dans un immeuble de béton sis au centre de la vieille ville de La Paz, ça n'avait rien d'un marché pittoresque mais tout du centre d'achat glauque... Malgré tout, on était bien contents d'y avoir trouvé un nouveau chargeur pour notre caméra! En en sortant, le contraste offert par la belle place San Francisco et son immense église était saisissant!
Ensuite, on est partis magasiner un tour pour la route de la Mort, officiellement la route la plus dangereuse du monde. Aujourd'hui, elle n'est plus vraiment utilisée par les voitures, mais plutôt par les hordes de cyclistes qui en dévalent la pente! Comme pour toute activité posant un certain risque, on a posé toutes les questions inimaginables, et on a finalement arrêté notre choix sur une agence particulièrement sympathique et fiable (Pro Downhill si ça vous intéresse) mais on n'a pas acheté les billets étant donné qu'on attendait de voir si Claudia venait avec nous!
Pour la suite, on a fait le pittoresque mais "tourist-ready" (comme le dit si bien le Lonely Planet) marché des sorcières. Bien qu'on y trouve naturellement des gogosses pour touristes du genre ponchos et tuques en alpaga, ce marché est particulier parce que certaines échoppes y vendent des produits de médecine naturelle ou ayant à voir avec les superstitions locales. Parmi les items les plus bizarres vendus, on trouve des foetus de lama, qu'on est censé enterrer face à sa maison en offrande à la Pachamama... Pour bien faire suite à cette appétissante découverte, on est ensuite allés manger dans un resto italien, le premier depuis Santiago (la preuve qu'on mange mieux et plus varié ici qu'aux Stans!)
On est revenus en marchant vers Sopocachi, où on a rejoint Claudia. François est allé régler des affaires plates au café Internet pendant que Mémé et Claudia sont allées faire l'épicerie pour notre journée du lendemain.
Le lendemain, en effet, on partait avec Claudia, sa soeur Sylviana (arrivée entretemps), un ami de Claudia qui avait une voiture et la cousine brésilienne de ce dernier pour visiter les ruines de Tiwanaku! Marco, l'ami de Claudia, s'est immédiatement improvisé guide touristique, nous abreuvant d'informations alors qu'on traversait les quartiers animés d'El Alto et de Ciudad Satelite. La conversation a éventuellement pris une tournure politique alors que Marco commentait l'état déplorable d'un hôpital tout neuf, l'une des réalisations du gouvernement d'Evo Morales. On vous a déjà parlé d'Evo (on l'a même vu à Potosi) et peut-être le connaissez-vous aussi par le biais de l'actualité en raison de ses frasques et de son style particulier! Premier président autochtone d'un pays où 90% des habitants sont d'origine indigène, la gouvernance socialo-nationaliste-pro-autochtone d'Evo le populiste depuis le milieu des années 2000 a certes aidé les communautés les plus pauvres (au premier plan les indigènes) mais lui a aussi valu une haine farouche des classes plus aisées (notamment les propriétaires terriens de Santa Cruz et des environs) auxquelles ses politiques économiques et ses nationalisations imposées ont souvent nui. Des décisions coûteuses et non-prioritaires (achat de nouveaux avions présidentiels, lancement d'un satellite de télécommunication bolivien, etc.) ou tout simplement très controversées (construction d'une grande route à travers la jungle vierge) lui ont aussi aliéné une bonne partie de la classe moyenne (par exemple, la famille de Jorge à Sucre ou Don Miguel). Néanmoins, il conserve l'appui des plus pauvres (soit la majorité des Boliviens) notamment via ses programmes sociaux. Pour en revenir à ce que disait Marco, Evo aime apparemment beaucoup construire des nouveaux édifices: aéroports, stades de football, hôpitaux (le syndrome de la pépine, pour paraphraser Monique Jérôme-Forget)... Ce n'est pas mauvais en soi, mais souvent le bâtiment est construit rapidement et mal et tombe en ruines par la suite, ou encore la maintenance et l'équipement qui doivent composer l'ensemble du nouvel édifice sont absents! Dans le cas de l'hôpital, il n'était pas fonctionnel parce qu'il lui manquait tout l'équipement médical requis... Bref, ce genre de chose fait grincer des dents une partie de la population qui tend à lire l'omniprésent slogan "Bolivia cambia, Evo cumple" ("La Bolivie change, Evo tient promesse") d'une toute autre manière! D'ailleurs, comme tout bon populiste, Evo apparait partout: on voit sa photo dans toutes les publicités gouvernementales qui passent à la télé, et également dans bon nombre d'affiches de propagande dans les rues! Ses slogans ("Evo si!", "Patria soberana, pueblo digno", "Todos somos Evo", etc.) ("Evo oui!", "Patrie souveraine, peuple digne", "Nous sommes tous Evo") ornent aussi tous les murs!
Après quelques arrêts pour prendre des photos (la route vers Tiwanaku donnait des points de vue spectaculaire sur les montagnes enneigées qui ceinturent La Paz), on est finalement arrivés. Tiwanaku est le plus grand site archéologique de Bolivie: les ruines des temples qu'on y trouve remontent à la période pré-Inca. Notre première découverte, par contre, fut de constater que les étrangers n'y paient pas 2 ou 3 fois le prix bolivien (comme c'est coutume ici dans plusieurs attractions touristiques) mais bien 8 fois le prix national!!! Ce n'est pas que 11$ soit hors de prix (quoique ça représente 6-7 dîners complets en Bolivie) mais il y a de quoi être outrés par le fait que les nationaux ne paient en comparaison qu'1,50$ (oui, on sait bien que le pouvoir d'achat n'est pas le même en fonction des salaires, mais il n'empêche que ce genre de manigance nous donne la désagréable impression d'être pris pour des guichets automatiques)!
Marco ayant réussi à nous dénicher un guide particulièrement savant et intéressant (il avait travaillé 30 ans dans les fouilles), notre visite fut bien plaisante! En effet, sans explications, c'est un peu difficile de faire parler de vieilles pierres! Les éléments les plus impressionnants des restes des temples sont certainement certaines des grosses statues humanoïdes qui parsèment le site de même que les visages sculptés dans la pierre. Notre tour du site s'est terminée par la visite d'un musée où était gardée la plus grosse des statues (elle était anciennement dans un rond-point à La Paz, et elle a drôlement souffert des éléments, des fientes de pigeons, de la pollution et même de tirs d'armes à feu: un de ses côtés est cribblé d'impacts de balles). La statue était tout de même bien plus résistante que le musée en soi: construit l'an dernier, tous les plafonds étaient déjà détruits en raison d'infiltration d'eau! Evo cumple?
On a ensuite fait un pique-nique avant de visiter le village qui borde Tiwanaku. L'église du village est en soi une curiosité, puisque les Espagnols l'ont construite en reprenant des pierres venant des ruines de Tiwanaku. Le résultat est une église coloniale intégrant des statues indigènes et des figures dans sa façade, ce qui fait au final assez bien!
Après un retour sans histoire à La Paz (parsemé encore une fois d'arrêts photo), on a quitté tout le monde pour aller changer nos billets de bus (on avait en effet décidé de rester une journée de plus au final à La Paz). Le trajet en trufi pour se rendre à la gare fut très long parce qu'on a fait des milliers des détours! Un trufi, c'est en fait un vieil autobus scolaire (les petits, pas les gros) souvent tout repeinturés de couleurs vives et décorés (un peu comme les camions et les autobus d'Inde ou du Pakistan). Les plus beaux qu'on a vus étaient à Cochabamba, où les conducteurs ont vraiment mis le paquet pour en mettre plein la vue à la rue!
En revenant de la gare, on a flâné dans les marchés de la rue piétonnière commerçante menant à la place centrale avant d'aller souper dans un petit resto bolivien. On est ensuite revenus en marchant pour manger un gâteau au café Alexander près de chez nous...
La journée suivante fut moins palpitante: on devait en effet finir notre lavage (yé!) et surtout aller au café Internet pour régler de très intéressantes affaires de paperasse avec notamment l'Aide financière aux études... Bref, une belle journée de "tramites" ("tâches bureaucratiques") comme on dit en espagnol!
Avant de partir par contre, Zulma et Don Miguel nous ont invités à dîner: on a donc jasé avec eux tout en mangeant une bonne soupe de quinoa!
Pour la suite, donc, on a passé un bon bout au café Internet. En voulant payer quand on est partis, la dame du café a refusé d'accepter notre billet de 50 bolivianos (7$) parce que c'était un faux! Comme on avait sorti de l'argent la veille avant d'aller au café Alexander et qu'on n'avait fait aucun autre achat après, c'.tait certain que le faux billet provenait de là-bas! On est donc retournés au café Alexander où la patronne accepté de mauvaise grâce de reprendre le billet en question, après avoir bien regardé les caméras de sécurité!
Pendant ce temps-là, on a aussi rejoint Claudia qui nous a dit que finalement elle avait quelque chose le lendemain et qu'elle ne pourrait donc pas aller faire la route de la mort avec nous! Comme on attendait après elle pour acheter les billets, on est donc immédiatement partis vers l'agence où on a pu avoir une place pour le lendemain! En revenant, on a cherché pendant 1000 ans un resto correct pour manger, avant de se rabattre sur une place pas mal et pas cher où on a pu manger de la viande frite (avec ou sans oeuf frit par-dessus)... Je ne sais pas si on vous l'a dit, mais, en Bolivie, 50-60% des restos sont des restos qui ne vendent que du pollo a la broaster, i.e. du poulet frit! Les Boliviens semblent vraiment ADORER le poulet frit: il y en a partout! Comme notre souper n'était pas trop satisfaisant, on est retournés au Alexander (c'était vraiment notre feel-good café de La Paz) pour manger un dessert!
Au retour à l'appart, on est tombés sur Don Miguel qui nous a dit que Claudia et sa soeur... étaient parties il y a peu pour Cochambamba pour 2 jours !?!?! On a pas trop compris ce qui s'était passé mais bref, on était donc seul avec son oncle à partir de maintenant!
Le lendemain, nous avions rendez-vous avec la mort (insérer une musique dramatique ici)! On devait attendre le bus qui nous amenait à la route de la mort devant notre hôtel.... Comme on n'en avait pas, on nous avait assigné l'hôtel le plus proche de l'appart de Claudia.... le Ritz! C'est donc en ayant l'air de richissimes backpackers qu'on est embarqués devant nos quelques camarades de voyage. "Quelques" est important ici: en effet, il manquait la majorité des gens, un groupe de Boliviens qui, fidèles à leur notion du temps, arrivèrent avec une bonne heure de retard...
Une fois notre groupe au complet, on est montés jusqu'au sommet de la route de la mort, à 4500m d'altitude! Là-bas, on a mis notre équipement, on a testé nos vélos... et on s'est lancés dans la descente! Au début, ça commençait doucement, avec une bonne descente sur l'asphalte et des garde-fous qui nous protégeaient du précipice! Le paysage était magnifique: hautes montagnes enneigées, vallées, ruisseaux.... Il faisait froid par contre. Éventuellement, on est entrés dans les nuages (parce que jusque là on était par-dessus) et on a commencé à moins voir en raison de la brume! On a croisé quelques hameaux de même qu'un panneau qui nous annonçait une zone de conservation de l'ours andin, le seul ursidé d'Amérique du Sud. On l'avait vu dans le zoo de Santa Cruz et, franchement, c'est vraiment un animal moche!
Après un snack, on est remontés dans le bus pour faire les quelques km de montée qui nous séparaient de la "vraie" route de la mort, c'est-à-dire un chemin de terre à une voie à flanc de montagne! On a donc suivi la route en longeant les précipices vertigineux, le tout dans des paysages magnifiques qui tiraient de plus en plus sur la jungle! Bon, avant d'aller plus loin, il faut vous dire tout de suite: ce n'est pas aussi dangereux et risqué que c'en a l'air et que le nom "route de la mort" peut le laisser penser. Oui, ça a été officiellement nommé la route de la mort parce que des tas de personnes sont mortes en voiture dans ses courbes serrées et ses profonds précipices, mais en vélo ce n'est pas du tout la même chose... Les courbes et les précipices demeurent (sans compter qu'on descend sans arrêt sur des routes de terre), mais on peut rouler au milieu de la route et pas toujours sur le bord du précipice et il y a peu de circulation routière. Bref, c'est plutôt sécuritaire! Ce fut donc une randonnée spectaculaire de 4h où on a descendu près de 2000m jusqu'au fond de la vallée, du côté des Andes qui plonge dans l'Amazonie. Dans cette jolie région où la jungle et la montagne coexistent (qui s'appelle les Yungas), le climat est parfait, ni trop chaud ni trop froid! On est arrivés dans le petit village de Yoloso où il y avait des échoppes où prendre une bière trop chère pour célébrer l'évènement, mais aussi où une compagnie offrait des tours de tyrolienne par-dessus la vallée. On n'avait pas pris suffisamment d'argent avec nous pour la faire (et en plus c'était vraiment cher), mais on s'est par contre rendus au départ de la tyrolienne pour voir les autres du groupe s'élancer dans le vide (en fait, c'était soit ça ou on restait à attendre le groupe, puisqu'on ne pouvait pas faire la suite du tour sans attendre le reste du groupe...) Pour se rendre, on entrait dans la benne d'une camionnette conduite par un gars de genre 15 ans: ça entrait totalement dans la catégorie "ce serait trop illégal au Québec" mais c'était vraiment le fun!
Après avoir vu tout le monde atterrir en encombres, on est revenus à Yolosa où on a mangé du chocolat maison, directement issu de la fève de cacao que deux madames pilaient sur une roche sur le brd du chemin! Pour la suite, on allait manger dans un resto-buffet dans la jungle avec piscine et, officiellement, des douches. Comme les douches étaient crades, on a rapidement passé outre! Le buffet était correct et François a pu bénéficier de la piscine. Mémé n'a pas osé par contre: comme d'habitude, les Boliviennes se baignaient avec shorts et t-shirt.... Disons qu'en bikini jaune fluo, ça aurait détonné un peu!
Au retour on a quitté le chaud pour revenir à l'altiplano froid de La Paz. Après avoir marché un bon moment parce que le bus nous avait laissé dans un endroit perdu de la ville, on a acheté un petit cadeau pour remercier Don Miguel et Claudia de leur hospitalité. Au retour, on a dû cogner fort contre le carreau de la chambre de Don Miguel parce que comme il est sourd, il n'entendait pas la sonnette! On a fait nos sacs puis on s'est couchés tôt en prévision de notre prochaine destination du lendemain: Copacabana et le lac Titicaca!
Nos vemos pronto!
dimanche 25 août 2013
Uyuni: les merveilles de la Bolivie!
La ville d'Uyuni est minuscule, et pas la plus jolie de toutes, disons-le! C'est un espèce de poste avancé situé en plein coeur du désert du sud de la Bolivie, balayé par les vents glaciaux de cette région et enveloppé de poussière. La majorité des rues sont en terre battue et les maisons brinquebalantes suintent la pauvreté. Malgré tout, la ville attire un nombre impressionnant de touristes, car ses environs contiennent des paysages à couper le souffle, dont le salar d'Uyuni, le plus grand au monde! Bref, presque tous les touristes qui visitent la Bolivie convergent vers cette ville qui vit essentiellement des dizaines d'agences de voyage qu'elle contient ainsi que des restos de pizza trop chers...
Notre défi en arrivant à Uyuni était donc de choisir une agence qui nous paraissait bien, pour réserver un tour de 3 jours dans les environs. Les agences proposent toutes la même chose, à des prix sensiblement pareils; celle qu'on a choisie (malgré l'apparence miteuse de son local) s'est avérée assez bien!
Pour souper, on s'est éloignés du centre où abondent les restos pour touristes, pour trouver un petit resto de parilla (grillades) très bien, et décoré avec un goût exquis: plein de calendriers avec des filles à moitié toutes nues, sur chaque cm des murs du restaurant! Puis, on est allés écrire le blog dans un autre restaurant assez mignon, dans lequel on a mangé un morceau de gâteau au chocolat décadent devant un poêle à bois. Effectivement, il fait froid à Uyuni. Très froid, mais finalement jamais autant que ce qu'on allait vivre durant notre tour les jours suivants! D'ailleurs, on avait trouvé pour la nuit un joli hostal vraiment pas cher pour une chambre double, mais là aussi il faisait froid! On a donc subtilement volé la chaufferette électrique inutilisée qui était dans le corridor, ce qui nous a permis de remonter de quelques degrés la température de la chambre...
Au matin, on s'est dirigés vers l'agence, en appréhendant tout de même un peu ce que le tour pouvait nous réserver (il est d'usage de se faire changer de compagnie pour remplir un autre jeep, ou parfois de tomber sur une compagnie vraiment boboche où le chauffeur est saoul, ou où la nourriture est terriblement mauvaise). Beaucoup d'histoires d'horreur de ce genre circulent sur les tours, et le Lonely Planet n'est pas en mesure de nous conseiller une compagnie plus qu'une autre étant donné les témoignages contradictoires sur une même entreprise... Finalement, notre jeep est arrivée. L'agence nous avait dit qu'on serait avec deux Français et deux Anglais d'environ notre âge: au lieu de ça, nous étions avec un couple de Flamands de notre âge, avec un Espagnol d'une quarantaine d'année et sa blonde Française du même âge. On a fini bien plus tard par comprendre que les gens avec qui on était censés faire le tour étaient finalement allés avec une autre compagnie. Toutefois, nos compagnons de voyage étaient sympas: les deux Flamands étaient timides mais gentils, l'Espagnol était un peu tonitruant et monsieur Je-sais-tout, et la Française était moins pire que certains de ses compatriotes parisiens en ce qui a trait au caractère chiant (en fait, elle était juste chiante de temps en temps ce qui était très bien!) (On s'excuse à l'avance pour les Français qui nous lisent, vous n'êtes heureusement pas tous comme ça!). Une bonne chose était que tout le monde parlait français, ce qui a facilité les conversations tout au long du voyage! On a parlé assez longtemps de Québec vu que le couple franco-espagnol y avait été pour étudier à l'Université Laval et prévoyait y retourner cet automne. Notre équipage était complété par notre chauffeur-guide-mécanicien-cuisinier, José, un Bolivien au début peu loquace mais qui nous a ensuite trouvé sympas et qui a modulé le tour en fonction de ce qu'on voulait faire, en nous montrant même des endroits où les touristes ne s'arrêtent pas habituellement. Note aux mamans: notre chauffeur conduisait très prudemment (selon les standards boliviens)!
Après un arrêt obligé dans un petit village où s'alignaient les vendeurs de gogosses touristiques, on est entrés dans le fameux salar! Au début, on est arrêtés à l'endroit où les Boliviens récoltent le sel pour le transformer en sel de table. Comme le sol du salar est un peu humide, ils commencent par pelleter des tas de sel pour que l'eau s'égoutte, ce qui fait plein de petits monticules de sel blanc, avant d'embarquer ces tas-là dans un gros camion pour que le sel se fasse ioder au village. On est repartis en jeep vers la partie non industrielle du salar, là où une plaine complètement blanche s'étend à perte de vue! C'est franchement magnifique, un paysage comme on en voit nulle part ailleurs! En plus, sur le sol, il se forme d'étranges et grandes formations (40aine de cm) hexagonales ou octogonales de sel dont les rebords sont surélevés.
Plus profondément dans le salar se trouve une île (en fait une montagne maintenant que ce n'est plus un lac) où la végétation est composée quasi uniquement de cactus géants! Quoique très touristiques vu que tous les jeep s'y rendent approximativement en même temps, c'est vraiment magnifique et impressionnant avec le vert des cactus, le blanc du salar et le bleu du ciel! On en a profité pour dîner sur place, où on a tous été bien surpris par le bon repas chaud que le guide nous avait préparé!
Après avoir pris quelques photos dans le salar, on est arrivés à notre hôtel pour la nuit, tout de sel construit! C'était bien parce que contrairement au tour que François avait fait l'an passé, on était dans un village de 2-3 maisons, beaucoup plus près du salar que l'autre village où aboutissent la majorité des tours! On est donc allés se promener dans les environs et on a trouvé un sentier d'interprétation qui menait vers le haut des montagnes derrière le village. C'était bien chouette parce qu'on avait une vue géniale sur le salar et les montagnes au loin, en plus d'avoir pu assister au coucher de soleil! Avant de revenir prendre un thé à l'hôtel, on s'est promenés sur la plaine de sable devant le salar, rencontrant quelques vicuñas (lamas sauvages qui ressemblent à des chevreuils) au passage. Le souper était un peu plus frugal quoique typique: du quinoa (la Bolivie en est un producteur majeur), de la viande de lama (très très dur et avec un goût très prononcé), et c'est tout...! On est allés admirer le ciel étoilé particulièrement clair avant de revenir en grelotant vers notre chambre, pour une nuit pas beaucoup plus chaude qu'à l'extérieur!
Réveillés à 6h30 par notre guide (et c'était déjà en retard sur le planning), on a pris notre déjeuner avant de retourner dans le jeep un peu plus vers le sud de la Bolivie, où il y a un autre salar (plus petit et moins blanc) mais avec les montagnes enneigées au loin qui font très joli! Sur le chemin, on a aussi prêté main forte à une autre jeep qui avait eu un accident un peu inusité dans le désert: l'une de ses roues s'était tout simplement détachée de la voiture! Pas de blessés heureusement! Il y a beaucoup de problèmes mécaniques dans les jeeps qui font le tour du salar, car le sel et les mauvais chemins de sable et de pierre éprouvent durement les voitures... D'ailleurs, les jeeps qui font le salar sont en général de vieux Land Rover (ou l'équivalent pour Toyota) datant au plus récent de 2003, parce qu'après les voitures ont été bourrées d'équipement électronique qu'il est impossible de réparer manuellement dans le désert!
Un peu plus loin se trouve un espèce de désert de roche/canyon (qui ressemble un peu à celui qu'on a fait au Kirg) qui, impressionnant en lui-même, donne en plus un point de vue sur le volcan Ollague qui est toujours actif. On s'est ensuite dirigés vers une lagune où quelques flamants roses barbotaient! En plus, ils étaient très près du bord alors on a pu les voir de vraiment près! Devant ces paysages, le dîner semblait encore meilleur! Et c'était bien qu'on ait mangé à cette lagune parce que la suivante empestait le souffre! Elle était beaucoup plus grande et avec beaucoup plus de flamants roses par contre! Cependant, ayant le monopole, les toilettes publiques demandaient 5 fois plus cher que normalement, en plus d'être tout simplement horribles côté propreté! Mémé a bien fait rire les Français devant nous dans la file d'attente en racontant tout plein de niaiseries et en chialant sur les toilettes trop chères, puis on est repartis pour d'autres points de vue sur des lagunes. Suivait l'arbol de piedra ("arbre de pierre"), qui est une formation rocheuse où une immense pierre a vaguement la forme d'un arbre... La dernière attraction de la journée était la lagune Colorada, le plus gros des lacs altiplaniques qu'on ait vus, en plus d'être d'une couleur rouge vif! Les grandes montagnes derrière, sa couleur particulière et les flamants qui s'envolent en font un highlight du tour! La deuxième nuit, passée à côté de ladite lagune, est un highlight pour sa froideur légendaire... Avec ses murs en terre et ses vitres cassées, la maison où on était avait peu pour combattre la température la plus froide de toute la Bolivie! On a eu droit à un autre souper un peu moche: saucisses hot-dog et patates pilées en sachet...! Les dîners sont décidément meilleurs que les soupers ici! Dû au peu d'activités possibles dans le coin et à la température ambiante qui devait avoisiner -5 à -10, tout le groupe est parti se coucher vers 8h00, espérant que le fait d'être 6 dans le dortoir saurait réchauffer la chambre!
Des crêpes nous attendaient à notre lever le lendemain à 5h30, soit juste à temps pour qu'on arrive aux geysers au lever du soleil, à 5000m d'altitude! Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il ne s'agit pas des geysers comme en Islande ou à Yellowstone où un jet d'eau sort violemment de temps en temps. C'est plutôt des trous dans la terre d'où sortent constamment de la vapeur, un peu comme plein de bouilloires, ce qui fait un gros panache de vapeur! Pour ne pas que vous soyez déçus si vous y alliez: là aussi ça pue le souffre à plein nez!
Question d'être décalés du reste des jeep, on s'est tout de suite rendus à la dernière attraction du tour, une lagune théoriquement de couleur verte (elle n'est verte que lorsqu'il vente et il ne ventait pas lors de notre passage), située devant l'immense volcan Licancabur (qui est à moitié au Chili). C'est une des premières fois où on a pu entendre le vrai silence: aucun aucun bruit, même pas le bruit du vent!
Sur le chemin du retour, on passe dans "le désert de Dali", nommé ainsi car ça ressemble à l'une de ses oeuvres: ce sont en gros des roches disposées de façon surréaliste. On s'est arrêtés à des bains thermaux, où nous avons été les seuls du tour à oser nous baigner! L'avant était assez frigorifique, mais une fois à l'intérieur des bains, c'était plus qu'agréable! Tout reposés, on est repartis vers Uyuni. Rapidement par contre, on a dû s'arrêter pour aider une jeep qui s'était enlisée dans la neige (à cette altitude, il y avait en effet des plaques de neige un peu partout). François a donc aidé l'un des conducteurs à dégager la roue et à y mettre des pierres en guise de traction-aid pendant que l'un des guides creusait furieusement la neige à l'aide d'une assiette (ils n'avaient pas de pelle!) et que le reste du groupe poussait la voiture. La voiture s'est finalement extirpée de sa fâcheuse position et on est revenus en haletant (vous essaierez de faire autant d'effort physique à 5000m!)
Pour la suite, la troisième journée fut moins palpitante que les 2 premières car on y fait beaucoup de route. À un certain moment, on s'est mis à longer des falaises au fond desquelles il y avait une petite rivière, jusqu'à un village où on a dîné.
Après avoir mangé, José nous a proposé qu'on s'arrête aux "rocas gigantes", un ensemble de pierres volcaniques immenses et étonnamment lisses sorties de nulle part! Après quelques heures de routes, José devait remplir les bidons d'essence pour le tour du lendemain et comme l'essence est moins chère en dehors d'Uyuni, on est arrêtés au village de San Cristobal. Malheureusement, notre chauffeur n'était pas le seul à avoir eu l'idée: il devait y avoir une file d'une vingtaine de jeep et camions devant nous! On est donc allés explorer le village, dont la seule attraction est une église en vieilles pierres. Il y avait aussi curieusement, face à certaines portes des maisons du village, des pattes de lamas: à ce qu'on nous a dit, c'est censé porter chance! Après une bonne heure et quart d'attente, on a pu repartir, s'arrêtant au passage à un cimetière de train, qui est en fait un endroit où s'entassent plein de vieilles locomotives et wagons rouillés, créant une ambiance un peu fantomatique vu qu'on y était au coucher du soleil!
À Uyuni, on a salué tout le monde puis on a juste eu le temps de souper dans un petit resto bien normal avant de prendre notre bus vers La Paz, sans se douter qu'on allait encore une fois passer une nuit à geler comme des bons!
Ciao!
Notre défi en arrivant à Uyuni était donc de choisir une agence qui nous paraissait bien, pour réserver un tour de 3 jours dans les environs. Les agences proposent toutes la même chose, à des prix sensiblement pareils; celle qu'on a choisie (malgré l'apparence miteuse de son local) s'est avérée assez bien!
Pour souper, on s'est éloignés du centre où abondent les restos pour touristes, pour trouver un petit resto de parilla (grillades) très bien, et décoré avec un goût exquis: plein de calendriers avec des filles à moitié toutes nues, sur chaque cm des murs du restaurant! Puis, on est allés écrire le blog dans un autre restaurant assez mignon, dans lequel on a mangé un morceau de gâteau au chocolat décadent devant un poêle à bois. Effectivement, il fait froid à Uyuni. Très froid, mais finalement jamais autant que ce qu'on allait vivre durant notre tour les jours suivants! D'ailleurs, on avait trouvé pour la nuit un joli hostal vraiment pas cher pour une chambre double, mais là aussi il faisait froid! On a donc subtilement volé la chaufferette électrique inutilisée qui était dans le corridor, ce qui nous a permis de remonter de quelques degrés la température de la chambre...
Au matin, on s'est dirigés vers l'agence, en appréhendant tout de même un peu ce que le tour pouvait nous réserver (il est d'usage de se faire changer de compagnie pour remplir un autre jeep, ou parfois de tomber sur une compagnie vraiment boboche où le chauffeur est saoul, ou où la nourriture est terriblement mauvaise). Beaucoup d'histoires d'horreur de ce genre circulent sur les tours, et le Lonely Planet n'est pas en mesure de nous conseiller une compagnie plus qu'une autre étant donné les témoignages contradictoires sur une même entreprise... Finalement, notre jeep est arrivée. L'agence nous avait dit qu'on serait avec deux Français et deux Anglais d'environ notre âge: au lieu de ça, nous étions avec un couple de Flamands de notre âge, avec un Espagnol d'une quarantaine d'année et sa blonde Française du même âge. On a fini bien plus tard par comprendre que les gens avec qui on était censés faire le tour étaient finalement allés avec une autre compagnie. Toutefois, nos compagnons de voyage étaient sympas: les deux Flamands étaient timides mais gentils, l'Espagnol était un peu tonitruant et monsieur Je-sais-tout, et la Française était moins pire que certains de ses compatriotes parisiens en ce qui a trait au caractère chiant (en fait, elle était juste chiante de temps en temps ce qui était très bien!) (On s'excuse à l'avance pour les Français qui nous lisent, vous n'êtes heureusement pas tous comme ça!). Une bonne chose était que tout le monde parlait français, ce qui a facilité les conversations tout au long du voyage! On a parlé assez longtemps de Québec vu que le couple franco-espagnol y avait été pour étudier à l'Université Laval et prévoyait y retourner cet automne. Notre équipage était complété par notre chauffeur-guide-mécanicien-cuisinier, José, un Bolivien au début peu loquace mais qui nous a ensuite trouvé sympas et qui a modulé le tour en fonction de ce qu'on voulait faire, en nous montrant même des endroits où les touristes ne s'arrêtent pas habituellement. Note aux mamans: notre chauffeur conduisait très prudemment (selon les standards boliviens)!
Après un arrêt obligé dans un petit village où s'alignaient les vendeurs de gogosses touristiques, on est entrés dans le fameux salar! Au début, on est arrêtés à l'endroit où les Boliviens récoltent le sel pour le transformer en sel de table. Comme le sol du salar est un peu humide, ils commencent par pelleter des tas de sel pour que l'eau s'égoutte, ce qui fait plein de petits monticules de sel blanc, avant d'embarquer ces tas-là dans un gros camion pour que le sel se fasse ioder au village. On est repartis en jeep vers la partie non industrielle du salar, là où une plaine complètement blanche s'étend à perte de vue! C'est franchement magnifique, un paysage comme on en voit nulle part ailleurs! En plus, sur le sol, il se forme d'étranges et grandes formations (40aine de cm) hexagonales ou octogonales de sel dont les rebords sont surélevés.
Plus profondément dans le salar se trouve une île (en fait une montagne maintenant que ce n'est plus un lac) où la végétation est composée quasi uniquement de cactus géants! Quoique très touristiques vu que tous les jeep s'y rendent approximativement en même temps, c'est vraiment magnifique et impressionnant avec le vert des cactus, le blanc du salar et le bleu du ciel! On en a profité pour dîner sur place, où on a tous été bien surpris par le bon repas chaud que le guide nous avait préparé!
Après avoir pris quelques photos dans le salar, on est arrivés à notre hôtel pour la nuit, tout de sel construit! C'était bien parce que contrairement au tour que François avait fait l'an passé, on était dans un village de 2-3 maisons, beaucoup plus près du salar que l'autre village où aboutissent la majorité des tours! On est donc allés se promener dans les environs et on a trouvé un sentier d'interprétation qui menait vers le haut des montagnes derrière le village. C'était bien chouette parce qu'on avait une vue géniale sur le salar et les montagnes au loin, en plus d'avoir pu assister au coucher de soleil! Avant de revenir prendre un thé à l'hôtel, on s'est promenés sur la plaine de sable devant le salar, rencontrant quelques vicuñas (lamas sauvages qui ressemblent à des chevreuils) au passage. Le souper était un peu plus frugal quoique typique: du quinoa (la Bolivie en est un producteur majeur), de la viande de lama (très très dur et avec un goût très prononcé), et c'est tout...! On est allés admirer le ciel étoilé particulièrement clair avant de revenir en grelotant vers notre chambre, pour une nuit pas beaucoup plus chaude qu'à l'extérieur!
Réveillés à 6h30 par notre guide (et c'était déjà en retard sur le planning), on a pris notre déjeuner avant de retourner dans le jeep un peu plus vers le sud de la Bolivie, où il y a un autre salar (plus petit et moins blanc) mais avec les montagnes enneigées au loin qui font très joli! Sur le chemin, on a aussi prêté main forte à une autre jeep qui avait eu un accident un peu inusité dans le désert: l'une de ses roues s'était tout simplement détachée de la voiture! Pas de blessés heureusement! Il y a beaucoup de problèmes mécaniques dans les jeeps qui font le tour du salar, car le sel et les mauvais chemins de sable et de pierre éprouvent durement les voitures... D'ailleurs, les jeeps qui font le salar sont en général de vieux Land Rover (ou l'équivalent pour Toyota) datant au plus récent de 2003, parce qu'après les voitures ont été bourrées d'équipement électronique qu'il est impossible de réparer manuellement dans le désert!
Un peu plus loin se trouve un espèce de désert de roche/canyon (qui ressemble un peu à celui qu'on a fait au Kirg) qui, impressionnant en lui-même, donne en plus un point de vue sur le volcan Ollague qui est toujours actif. On s'est ensuite dirigés vers une lagune où quelques flamants roses barbotaient! En plus, ils étaient très près du bord alors on a pu les voir de vraiment près! Devant ces paysages, le dîner semblait encore meilleur! Et c'était bien qu'on ait mangé à cette lagune parce que la suivante empestait le souffre! Elle était beaucoup plus grande et avec beaucoup plus de flamants roses par contre! Cependant, ayant le monopole, les toilettes publiques demandaient 5 fois plus cher que normalement, en plus d'être tout simplement horribles côté propreté! Mémé a bien fait rire les Français devant nous dans la file d'attente en racontant tout plein de niaiseries et en chialant sur les toilettes trop chères, puis on est repartis pour d'autres points de vue sur des lagunes. Suivait l'arbol de piedra ("arbre de pierre"), qui est une formation rocheuse où une immense pierre a vaguement la forme d'un arbre... La dernière attraction de la journée était la lagune Colorada, le plus gros des lacs altiplaniques qu'on ait vus, en plus d'être d'une couleur rouge vif! Les grandes montagnes derrière, sa couleur particulière et les flamants qui s'envolent en font un highlight du tour! La deuxième nuit, passée à côté de ladite lagune, est un highlight pour sa froideur légendaire... Avec ses murs en terre et ses vitres cassées, la maison où on était avait peu pour combattre la température la plus froide de toute la Bolivie! On a eu droit à un autre souper un peu moche: saucisses hot-dog et patates pilées en sachet...! Les dîners sont décidément meilleurs que les soupers ici! Dû au peu d'activités possibles dans le coin et à la température ambiante qui devait avoisiner -5 à -10, tout le groupe est parti se coucher vers 8h00, espérant que le fait d'être 6 dans le dortoir saurait réchauffer la chambre!
Des crêpes nous attendaient à notre lever le lendemain à 5h30, soit juste à temps pour qu'on arrive aux geysers au lever du soleil, à 5000m d'altitude! Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il ne s'agit pas des geysers comme en Islande ou à Yellowstone où un jet d'eau sort violemment de temps en temps. C'est plutôt des trous dans la terre d'où sortent constamment de la vapeur, un peu comme plein de bouilloires, ce qui fait un gros panache de vapeur! Pour ne pas que vous soyez déçus si vous y alliez: là aussi ça pue le souffre à plein nez!
Question d'être décalés du reste des jeep, on s'est tout de suite rendus à la dernière attraction du tour, une lagune théoriquement de couleur verte (elle n'est verte que lorsqu'il vente et il ne ventait pas lors de notre passage), située devant l'immense volcan Licancabur (qui est à moitié au Chili). C'est une des premières fois où on a pu entendre le vrai silence: aucun aucun bruit, même pas le bruit du vent!
Sur le chemin du retour, on passe dans "le désert de Dali", nommé ainsi car ça ressemble à l'une de ses oeuvres: ce sont en gros des roches disposées de façon surréaliste. On s'est arrêtés à des bains thermaux, où nous avons été les seuls du tour à oser nous baigner! L'avant était assez frigorifique, mais une fois à l'intérieur des bains, c'était plus qu'agréable! Tout reposés, on est repartis vers Uyuni. Rapidement par contre, on a dû s'arrêter pour aider une jeep qui s'était enlisée dans la neige (à cette altitude, il y avait en effet des plaques de neige un peu partout). François a donc aidé l'un des conducteurs à dégager la roue et à y mettre des pierres en guise de traction-aid pendant que l'un des guides creusait furieusement la neige à l'aide d'une assiette (ils n'avaient pas de pelle!) et que le reste du groupe poussait la voiture. La voiture s'est finalement extirpée de sa fâcheuse position et on est revenus en haletant (vous essaierez de faire autant d'effort physique à 5000m!)
Pour la suite, la troisième journée fut moins palpitante que les 2 premières car on y fait beaucoup de route. À un certain moment, on s'est mis à longer des falaises au fond desquelles il y avait une petite rivière, jusqu'à un village où on a dîné.
Après avoir mangé, José nous a proposé qu'on s'arrête aux "rocas gigantes", un ensemble de pierres volcaniques immenses et étonnamment lisses sorties de nulle part! Après quelques heures de routes, José devait remplir les bidons d'essence pour le tour du lendemain et comme l'essence est moins chère en dehors d'Uyuni, on est arrêtés au village de San Cristobal. Malheureusement, notre chauffeur n'était pas le seul à avoir eu l'idée: il devait y avoir une file d'une vingtaine de jeep et camions devant nous! On est donc allés explorer le village, dont la seule attraction est une église en vieilles pierres. Il y avait aussi curieusement, face à certaines portes des maisons du village, des pattes de lamas: à ce qu'on nous a dit, c'est censé porter chance! Après une bonne heure et quart d'attente, on a pu repartir, s'arrêtant au passage à un cimetière de train, qui est en fait un endroit où s'entassent plein de vieilles locomotives et wagons rouillés, créant une ambiance un peu fantomatique vu qu'on y était au coucher du soleil!
À Uyuni, on a salué tout le monde puis on a juste eu le temps de souper dans un petit resto bien normal avant de prendre notre bus vers La Paz, sans se douter qu'on allait encore une fois passer une nuit à geler comme des bons!
Ciao!
jeudi 22 août 2013
Potosi: l'enfer sous terre
Salut!!
Notre arrivée à Potosi, tard le soir, ne s'est pas faite rondement. On savait que c'était la parade militaire le lendemain dans la ville, mais on n'avait quand même pas réservé parce que 1) on réserve jamais d'avance parce qu'on aime mieux voir l'endroit avant d'y dormir, 2) réserver d'avance = frais, et on est cheaps, 3) on ne peut pas négocier le prix de la chambre et 4) il reste tout le temps de la place de toute façon. Sauf qu'à Potosi la veille d'une parade où tout le pays converge vers la même ville, c'était partout pas mal plein. Après avoir monté un côte tueuse parce qu'on avait nos gros sacs et surtout parce que Potosi est à 4060 m d'altitude (!), on a d'abord échoué à l'hôtel que nous avait recommandé notre ami Daniel le chauffeur de bus, avant de se rendre compte que ce n'était absolument pas dans nos prix!! Dépités, on s'est fait dire que c'était plein dans un tas d'hôtels avant de se résoudre à aller dans un "alojamiento" plutôt rudimentaire. Au moins c'était pas cher qu'on se disait, mais quand on a vu que la porte de la chambre ne se fermait pas, on s'est dit qu'on devait absolument trouver autre chose! Que la place soit glauque ou sale, passe encore, on a vu pire, mais qu'elle n'offre pas un niveau minimal de sécurité, non. Alors on a marché jusqu'à ce qu'on trouve enfin de la place dans un dortoir d'une auberge finalement assez bien!
Comme on avait coordonné notre venue à Potosi avec la parade militaire, on s'est donc levés tôt le lendemain pour être sûrs de ne rien manquer. C'était sans compter avec la loi de Murphy! En effet, ce fut une journée de poisse! Voici pourquoi:
1- D'abord, il fallait aller sortir de l'argent au guichet automatique, opération généralement simple en Bolivie. Sauf que cette fois, pour une raison inexpliquée, l'argent est sorti du compte mais n'est jamais sorti physiquement du guichet!! Cette situation fort désagréable nous obligeait à appeler Visa pour annuler la transaction.
2- Néanmoins, comme on était jour férié, trouver un téléphone pour appeler au Canada n'a pas été facile. Finalement, on a échoué au Entel (le Bell bolivien) où on a tenté d'appeler au numéro à frais virés que nous avions.
3- Sauf que expliquer le concept de numéro à frais virés aux employés du Entel a été vraiment ardu, parce qu'ils voulaient vraiment qu'on paye nous-mêmes à la cabine. Finalement, une madame bien aidante (mais qui avait une sévère extinction de voix) a trouvé un numéro sans frais de Visa en Bolivie, auquel on a pu appeler pour qu'ils nous donnent un numéro sans frais de Visa international, qui nous ont enfin mis en communication avec Visa Canada, qui nous a transféré à Visa Desjardins, et qui nous a transféré au service à la clientèle voyage.Tout ça pour se faire dire que la transaction avait déjà été annulée par la banque bolivienne!
4- Après, on est allés vers la parade militaire et on est arrivés en retard. Chanceux dans notre malchance, on a tout de même pu voir le président bolivien, le fameux Evo Morales, au loin sur un cheval!
5- On vous a dit qu'on était en retard, ce qui voulait dire qu'il ne restait presque plus de bonnes places pour voir (il y avait des gens qui avaient campé la veille pour être sûrs d'être aux premières loges). En se frayant un chemin dans la foule dense, François s'est soudainement aperçu que le petit sac à dos que Mémé transportait était ouvert! Quelqu'un avait essayé de nous voler! Comme on a un système de fermeture avec mousquetons qui rend compliqué l'ouverture du sac, c'était clair que quelqu'un avait volontairement fouillé dans le sac alors qu'on était arrêtés dans la foule! Heureusement, la pochette que le voleur a réussi à ouvrir ne contenait rien d'intéressant pour lui, et il s'est rabattu sur notre vieux paquet de gomme dans lequel il ne restait que deux gommes! Bien fait pour lui haha!
6- Notre recherche de place par la suite fut très fastidieuse. Après 45 minutes, on a finalement grimpé sur une clôture où on est restés en équilibre précaire pendant toute la parade (i.e. 5 heures!). Par contre, on voyait très bien!
7- Parce que tout allait si bien, ça a pris une bonne heure et demie d'attente avant que la parade ne commence réellement, parce qu'on n'avait pas compris qu'il y avait 2h de discours après le passage d'Evo! On ne voulait pas non plus partir ailleurs pour ne pas perdre nos places de choix, alors on est restés agrippés à notre grille pendant tout ce temps-là!
8- Quand la parade a enfin commencé, on a réalisé avec horreur que notre appareil photo n'avait plus de piles même si on l'avait rechargé la veille! On a compris plus tard que le chargeur universel qu'on avait amené (celui du Ipod) n'était pas compatible avec la caméra...
9- Mémé a également commencé à avoir des crampes à cause de l'altitude, toujours plaisant lorsqu'on est suspendu à une clôture!
10- De l'autre côté de la grille, il y avait aussi des gens qui, plus chanceux que nous, avaient des places assises dans des gradins. Parmi ces spectateurs, il y avait un enfant qui avait une vessie hyperactive et qui a décidé, à plusieurs reprises, de se soulager à travers la clôture. Toujours plaisant d'avoir un jet de pipi à un décimètre de la jambe!
11- Pour couronner le tout, il ventait et faisait froid comme jamais.
Malgré tout, àa valait la peine de voir la parade! Au début, une centaine d'organisations sociales (syndicats, administrations, groupes de femmes, etc.) de tout le pays ont défilé, revêtus de leurs plus beaux habits traditionnels. Juché dans un arbre près de nous, il y avait un gars qui semblait en avoir après plusieurs des groupes, et qui n'arrêtait pas d'insulter les gens qui passaient... Notre voisin de clôture semblait exaspéré par ce comportement, et s'est excusé en nous disant que quand le défilé avait lieu à La Paz, les gens étaient beaucoup plus civilisés!
Les organisations civiles ont défilé pendant 1000 ans, puis sont enfin arrivés les militaires, avec leurs fanfares et leurs plus beaux habits. Le bruit n'a pas empêché un chien de faire la sieste au beau milieu de l'espace réservé à la parade, malgré les tentatives de la police militaire pour le chasser (il revenait tout le temps)! Ça a commencé par le défilé de la marine bolivienne. Parce que oui, même si la Bolivie n'a pas accès à la mer, il y a une marine nationale qui s'entraîne sur le lac Titicaca! Le thème de l'accès à la mer est politiquement et émotionnellement chargé en Bolivie: les Boliviens en veulent à mort au Chili de leur avoir enlevé, à la fin du XIXe siècle, leur unique accès à la mer, et réclament depuis lors le retour de leur province maritime perdue. Après la marine (et leurs chaloupes de guerre), ce fut au tour de l'aviation. Ça c'était impressionnant parce la ville était alors survolée à basse altitude par des chasseurs de l'armée de l'air! Ensuite sont passés les légions de militaires de l'infanterie. Après un temps, on était cependant tannés alors on est revenus vers le centre en tentant de trouver une resto ouvert: il en allait de la survie de Mémé, qui allait autrement tomber d'inanition!
Dans le resto de grillades où on a finalement mangé, le bar à salade a sauvé la vie de Mémé alors que la santé de François a été compromise par son poulet insuffisamment cuit... La fille du resto ne semblait rien comprendre quand il a tenté de demander à ce qu'il soit davantage cuit, et a tout simplement choisi d'ignorer ce qu'il disait, obligeant François à aller directement en jaser avec le maître-grilladeur qui s'est exécuté sans problème.
L'attraction la plus courue de Potosi, c'est la visite des mines qui ont fait la richesse de la ville depuis l'époque coloniale. Les mines sont toujours en activité mais il est possible de voir, par le biais d'un tour organisé, l'environnement infernal dans lequel les mineurs travaillent quotidiennement. Naturellement, ça implique de choisir parmi les milliers d'agences qui proposent le même tour... Comme c'est potentiellement dangereux comme visite (un ami de François s'était blessé lors d'une visite précédente avec une mauvaise agence, et la montagne qui abrite la mine est un gruyère pouvant potentiellement s'effondrer à tout moment tellement le creusage des galeries est anarchique), il faut aussi en choisir une qui offre un certain standard de sécurité. On a donc magasiné plusieurs agences en posant toutes les questions inimaginables avant d'arrêter notre choix sur "Los amigos de Bolivia", qu'on vous recommande si vous allez dans les mines. Après avoir réservé notre tour, on a fait des réserves de bouffe pour le lendemain (de quoi survivre à un éboulement potentiel, tsé). L'une des tiendas qu'on a faites était plutôt cocasse. Celle qui nous servait était une vieille dame sourde comme un pot, qui ne comprenait rien quand on demandait les prix et nous hurlait le nom d'autres produits au hasard dans l'espoir de tomber sur ce qui nous intéressait! Un frugal souper de soupe en sachet a mis fin à cette journée de poisse....
-------------------------------------------------------
Aparté sur les effets de l'altitude
La Bolivie, c'est haut. Dans l'altiplano (le plateau situé entre le top des Andes et le bas de la cordillère, l'altitude tourne autour de 3500-4000m, ce qui est bien suffisant pour avoir quelques symptômes du mal des hauteurs. En voici quelques-uns:
- Bouche sèche (parce qu'il manque d'air, on a le nez bouché et on respire donc plus souvent par la bouche)
- Nez congestionné
- Maux de tête (expérimenté en particulier par François)
- Maux de ventre (expérimenté en particulier par Mémé)
- Fourmis dans les extrémités (François en a aussi autour de la bouche, c'est ben bizarre)
- Essoufflement disproportionné avec l'effort physique fourni
- On dort mal parce qu'on a le nez bouché et qu'on cherche notre air
- Saignement de nez ou caillots de sang quand on se mouche
Bref, quand on file pas, on a pris l'habitude de tout mettre sur le dos de l'altitude!
-------------------------------------------------------
Après le déjeuner très boboche fourni par l'hostel (au moins on volait du pain pour nos collations d'avant-midi!), on s'est préparés mentalement au pire dans la mine (genre un remake des 33 mineurs chiliens). Une fois à l'agence, on a rencontré nos 4 compagnons français d'une 60aine d'années, qui étaient vraiment sympathiques! Il y avait aussi d'autres touristes avec un autre guide, dont 2 Allemands qui font le tour de l'Amérique du Sud dans leur camping car.
On s'est d'abord arrêtés au pied du Cerro Rico, la montagne qui est pratiquement dans la ville et où toute l'activité minière (argent, zinc, étain...) se concentre. La visite débute par le marché des mineurs, qui vend tout ce dont les mineurs ont besoin pour leur journée de travail:
- Feuilles de coca: un essentiel pour combattre l'altitude (4200m), se garder éveillé et ne pas avoir faim durant toute la journée car les mineurs ne mangent presque pas. Ils s'en servent aussi pour faire des offrandes au Tio, une représentation du diable à l'intérieur de la mine censée aider les mineurs dans leur quête de minerai!
- Alcool à 97%: pour les offrandes à la Pachamama (pour éviter les accidents) et au Tio, parce que s'il est saoul, il n'aura pas envie de faire des blagues, comme créer des éboulements. Les mineurs sont très superstitieux, mais ça se comprend vu les conditions dans lesquelles ils travaillent1
- Cigarettes: pour donner au Tio
- Dynamite: c'est ce qui coûte le plus cher, mais qui est le plus utile parce que la roche est parfois très dure. Lorsqu'ils l'utilisent, il le font le soir, juste avant de partir car ça produit beaucoup de poussière, qui a le temps de retomber avant leur retour le lendemain.
- Galettes, biscuits et boisson gazeuse: l'essentiel de leur alimentation pour la journée.
Chaque touriste peut acheter un sac qui contient tout ça, pour donner en cadeau aux mineurs qu'on croise dans les mines.
Ensuite, après avoir revêtu notre équipement de mineur (casque avec lumière, bottes de pluie et survêtement étanche), on s'est rendus aux mines en tant que telles, où la guide nous a raconté qu'il y avait eu 8 millions de morts du 16e siècle au 18e siècle. Les décès furent grands chez les autochtones, les premiers mineurs du site, mais ce fut pire lorsque les Espagnols amenèrent des esclaves noirs en tant que main d'oeuvre. Comme les Africains n'étaient pas habitués à l'altitude, ils mouraient comme des mouches... De nos jours, il y a 1 accident par jour et 3 morts par mois chez les mineurs. Ce sont des coopératives qui gèrent la mine, donc chaque mineur a son emplacement qui lui appartient, et sa famille est compensée s'il décède. Et l'espérance de vie des mineurs n'est pas longue: 40-50 ans, puisque tous meurent éventuellement de la silicose ou d'autres maladies pulmonaires en raison de la poussière qui encrasse leurs poumons.
Lorsqu'on entre dans la mine, il fait noir, froid et humide, et malgré les murs consolidés avec des pierres coloniales, c'est déjà assez glauque...! Ensuite, le tunnel devient moins beau, le plafond est plus bas, les murs plus étroit, des rondins parfois cassés étançonnent la galerie encombrée de tuyaux d'air comprimé. Plus on s'enfonce dans la mine, plus il fait chaud, moins il y a d'air, plus il y a de gaz toxiques (arsenic, etc.), plus il y a de poussière en suspension dans l'air. Il faut porter un masque pour se protéger, ce qui rend la respiration encore plus difficile. En raison du manque d'air, de la poussière et de l'altitude, de petits efforts, comme monter sur une échelle pour passer d'un niveau de la mine à l'autre, deviennent vraiment difficiles. Et encore, nous n'avons visité que les galeries les plus faciles d'accès, les mineurs travaillant surtout au plus profond des mines là où il fait 45 degrés, sans masque en raison du manque d'air...
Au cours de notre tour, on a d'abord rencontré un mineur qui creusait la roche avec un marteau et un burin. François a pu l'essayer: disons que même creuser un trou suffisamment large pour y mettre un bâton de dynamite prend un temps fou! Ensuite, au croisement de deux galeries, on a aussi croisé un vieux mineur de 51 ans, qui travaillait depuis 40 ans dans la mine! Enfin, on a pu aussi voir la statue du Tio, couverte d'offrandes. Mémé a aussi trouvé une roche qui contenait, selon la guide, un bon taux d'argent. Seulement, 50 kilos de ce type de roche riche en minerai s'échange pour 50 bolivianos: 7$.... Les mineurs extraient donc jusqu'à 2 tonnes de roche par jour pour rentabiliser leurs efforts (souvent 12h de travail), en poussant leur butin sur un chariot sur rail des profondeurs de la mine jusqu'à l'extérieur...Bref, un vrai travail de damné, dans des conditions infernales, chaque jour. Après 2h dans la mine, on était contents d'en ressortir!
En sortant, on est allés manger une milanesa trop grasse au marché de la ville, on a acheté nos billets de bus pour Uyuni puis on s'est écroulés de fatigue et on a dormi 2h. L'altitude, l'adrénaline et les efforts dans la mine ont eu raison de nous! Réveillés en fin d'après-midi, on a visité les coins de la ville qu'on n'avait pas encore vu, notamment les nombreuses églises richement dotés du coin. En fait, les mines d'argent du Cerro Rico ont rendu riche Potosi durant l'époque coloniale, en faisant une ville remplie d'églises et de beaux bâtiments (sauf qu'aujourd'hui, c'est plus pauvre et Potosi n'est plus que le reflet de sa splendeur passée) . On a aussi voulu aller visiter la Casa de la Moneda, là où ils frappaient la monnaie auparavant, mais c'était fermé. On a quand même pu observer dans la cour intérieure la sculpture grimaçante de Bacchus qui y accueille inexplicablement les visiteurs et qui est désormais un symbole de la ville. Après une bonne balade, on s'est mis en tête d'aller dans un resto végétarien qu'on avait aperçu plus tôt. L'endroit était minuscule et il ne restait de la place qu'à une table qu'occupaient déjà 2 personnes. On a socialisé avec eux, c'était un Argentin et une Espagnole qui venaient tourner un documentaire sur les mines de Potosi et qui se rendaient éventuellement au Brésil afin de s'établir là-bas. Le souper a été très agréable en leur compagnie, et on est ensuite allés prendre une bière avec eux.
On partait le lendemain pour Uyuni, et on est donc descendus vers la gare où on a croisé le plus beau spécimen de chien-moppe qu'on ait jamais vu! Après une course pour trouver des salteñas (des genre d'empanadas à la viande, aux patates, aux oeufs et aux olives avec une sauce mystérieuse) dont les meilleures sont à Potosi à ce qu'il parait, on est montés dans notre bus.
C'est maintenant l'heure de jouer à "Je vais à Uyuni, j'amène avec moi...."! Voici ce que certains passagers trimbalaient avec eux jusqu'à cette ville perdue, voyez si vous vous reconnaissez!:
- Une bonbonne de propane (peut-être pleine, on ne sait pas)
-Une étagère
- Un matelas
- Six boites d'un kilo chacun de lait en poudre
Le tout en plus des habituelles caisses recouvertes de bâches en plastique et contenant je ne sais trop quoi...
Comme les autres compagnies de bus de Bolivie, la nôtre présentait bien sûr un film. On a eu droit aux deux films de "Maman j'ai raté l'avion" tout en regardant les paysages magnifiques défiler jusqu'au désert d'Uyuni!
Que les vaya bien!!!
Notre arrivée à Potosi, tard le soir, ne s'est pas faite rondement. On savait que c'était la parade militaire le lendemain dans la ville, mais on n'avait quand même pas réservé parce que 1) on réserve jamais d'avance parce qu'on aime mieux voir l'endroit avant d'y dormir, 2) réserver d'avance = frais, et on est cheaps, 3) on ne peut pas négocier le prix de la chambre et 4) il reste tout le temps de la place de toute façon. Sauf qu'à Potosi la veille d'une parade où tout le pays converge vers la même ville, c'était partout pas mal plein. Après avoir monté un côte tueuse parce qu'on avait nos gros sacs et surtout parce que Potosi est à 4060 m d'altitude (!), on a d'abord échoué à l'hôtel que nous avait recommandé notre ami Daniel le chauffeur de bus, avant de se rendre compte que ce n'était absolument pas dans nos prix!! Dépités, on s'est fait dire que c'était plein dans un tas d'hôtels avant de se résoudre à aller dans un "alojamiento" plutôt rudimentaire. Au moins c'était pas cher qu'on se disait, mais quand on a vu que la porte de la chambre ne se fermait pas, on s'est dit qu'on devait absolument trouver autre chose! Que la place soit glauque ou sale, passe encore, on a vu pire, mais qu'elle n'offre pas un niveau minimal de sécurité, non. Alors on a marché jusqu'à ce qu'on trouve enfin de la place dans un dortoir d'une auberge finalement assez bien!
Comme on avait coordonné notre venue à Potosi avec la parade militaire, on s'est donc levés tôt le lendemain pour être sûrs de ne rien manquer. C'était sans compter avec la loi de Murphy! En effet, ce fut une journée de poisse! Voici pourquoi:
1- D'abord, il fallait aller sortir de l'argent au guichet automatique, opération généralement simple en Bolivie. Sauf que cette fois, pour une raison inexpliquée, l'argent est sorti du compte mais n'est jamais sorti physiquement du guichet!! Cette situation fort désagréable nous obligeait à appeler Visa pour annuler la transaction.
2- Néanmoins, comme on était jour férié, trouver un téléphone pour appeler au Canada n'a pas été facile. Finalement, on a échoué au Entel (le Bell bolivien) où on a tenté d'appeler au numéro à frais virés que nous avions.
3- Sauf que expliquer le concept de numéro à frais virés aux employés du Entel a été vraiment ardu, parce qu'ils voulaient vraiment qu'on paye nous-mêmes à la cabine. Finalement, une madame bien aidante (mais qui avait une sévère extinction de voix) a trouvé un numéro sans frais de Visa en Bolivie, auquel on a pu appeler pour qu'ils nous donnent un numéro sans frais de Visa international, qui nous ont enfin mis en communication avec Visa Canada, qui nous a transféré à Visa Desjardins, et qui nous a transféré au service à la clientèle voyage.Tout ça pour se faire dire que la transaction avait déjà été annulée par la banque bolivienne!
4- Après, on est allés vers la parade militaire et on est arrivés en retard. Chanceux dans notre malchance, on a tout de même pu voir le président bolivien, le fameux Evo Morales, au loin sur un cheval!
5- On vous a dit qu'on était en retard, ce qui voulait dire qu'il ne restait presque plus de bonnes places pour voir (il y avait des gens qui avaient campé la veille pour être sûrs d'être aux premières loges). En se frayant un chemin dans la foule dense, François s'est soudainement aperçu que le petit sac à dos que Mémé transportait était ouvert! Quelqu'un avait essayé de nous voler! Comme on a un système de fermeture avec mousquetons qui rend compliqué l'ouverture du sac, c'était clair que quelqu'un avait volontairement fouillé dans le sac alors qu'on était arrêtés dans la foule! Heureusement, la pochette que le voleur a réussi à ouvrir ne contenait rien d'intéressant pour lui, et il s'est rabattu sur notre vieux paquet de gomme dans lequel il ne restait que deux gommes! Bien fait pour lui haha!
6- Notre recherche de place par la suite fut très fastidieuse. Après 45 minutes, on a finalement grimpé sur une clôture où on est restés en équilibre précaire pendant toute la parade (i.e. 5 heures!). Par contre, on voyait très bien!
7- Parce que tout allait si bien, ça a pris une bonne heure et demie d'attente avant que la parade ne commence réellement, parce qu'on n'avait pas compris qu'il y avait 2h de discours après le passage d'Evo! On ne voulait pas non plus partir ailleurs pour ne pas perdre nos places de choix, alors on est restés agrippés à notre grille pendant tout ce temps-là!
8- Quand la parade a enfin commencé, on a réalisé avec horreur que notre appareil photo n'avait plus de piles même si on l'avait rechargé la veille! On a compris plus tard que le chargeur universel qu'on avait amené (celui du Ipod) n'était pas compatible avec la caméra...
9- Mémé a également commencé à avoir des crampes à cause de l'altitude, toujours plaisant lorsqu'on est suspendu à une clôture!
10- De l'autre côté de la grille, il y avait aussi des gens qui, plus chanceux que nous, avaient des places assises dans des gradins. Parmi ces spectateurs, il y avait un enfant qui avait une vessie hyperactive et qui a décidé, à plusieurs reprises, de se soulager à travers la clôture. Toujours plaisant d'avoir un jet de pipi à un décimètre de la jambe!
11- Pour couronner le tout, il ventait et faisait froid comme jamais.
Malgré tout, àa valait la peine de voir la parade! Au début, une centaine d'organisations sociales (syndicats, administrations, groupes de femmes, etc.) de tout le pays ont défilé, revêtus de leurs plus beaux habits traditionnels. Juché dans un arbre près de nous, il y avait un gars qui semblait en avoir après plusieurs des groupes, et qui n'arrêtait pas d'insulter les gens qui passaient... Notre voisin de clôture semblait exaspéré par ce comportement, et s'est excusé en nous disant que quand le défilé avait lieu à La Paz, les gens étaient beaucoup plus civilisés!
Les organisations civiles ont défilé pendant 1000 ans, puis sont enfin arrivés les militaires, avec leurs fanfares et leurs plus beaux habits. Le bruit n'a pas empêché un chien de faire la sieste au beau milieu de l'espace réservé à la parade, malgré les tentatives de la police militaire pour le chasser (il revenait tout le temps)! Ça a commencé par le défilé de la marine bolivienne. Parce que oui, même si la Bolivie n'a pas accès à la mer, il y a une marine nationale qui s'entraîne sur le lac Titicaca! Le thème de l'accès à la mer est politiquement et émotionnellement chargé en Bolivie: les Boliviens en veulent à mort au Chili de leur avoir enlevé, à la fin du XIXe siècle, leur unique accès à la mer, et réclament depuis lors le retour de leur province maritime perdue. Après la marine (et leurs chaloupes de guerre), ce fut au tour de l'aviation. Ça c'était impressionnant parce la ville était alors survolée à basse altitude par des chasseurs de l'armée de l'air! Ensuite sont passés les légions de militaires de l'infanterie. Après un temps, on était cependant tannés alors on est revenus vers le centre en tentant de trouver une resto ouvert: il en allait de la survie de Mémé, qui allait autrement tomber d'inanition!
Dans le resto de grillades où on a finalement mangé, le bar à salade a sauvé la vie de Mémé alors que la santé de François a été compromise par son poulet insuffisamment cuit... La fille du resto ne semblait rien comprendre quand il a tenté de demander à ce qu'il soit davantage cuit, et a tout simplement choisi d'ignorer ce qu'il disait, obligeant François à aller directement en jaser avec le maître-grilladeur qui s'est exécuté sans problème.
L'attraction la plus courue de Potosi, c'est la visite des mines qui ont fait la richesse de la ville depuis l'époque coloniale. Les mines sont toujours en activité mais il est possible de voir, par le biais d'un tour organisé, l'environnement infernal dans lequel les mineurs travaillent quotidiennement. Naturellement, ça implique de choisir parmi les milliers d'agences qui proposent le même tour... Comme c'est potentiellement dangereux comme visite (un ami de François s'était blessé lors d'une visite précédente avec une mauvaise agence, et la montagne qui abrite la mine est un gruyère pouvant potentiellement s'effondrer à tout moment tellement le creusage des galeries est anarchique), il faut aussi en choisir une qui offre un certain standard de sécurité. On a donc magasiné plusieurs agences en posant toutes les questions inimaginables avant d'arrêter notre choix sur "Los amigos de Bolivia", qu'on vous recommande si vous allez dans les mines. Après avoir réservé notre tour, on a fait des réserves de bouffe pour le lendemain (de quoi survivre à un éboulement potentiel, tsé). L'une des tiendas qu'on a faites était plutôt cocasse. Celle qui nous servait était une vieille dame sourde comme un pot, qui ne comprenait rien quand on demandait les prix et nous hurlait le nom d'autres produits au hasard dans l'espoir de tomber sur ce qui nous intéressait! Un frugal souper de soupe en sachet a mis fin à cette journée de poisse....
-------------------------------------------------------
Aparté sur les effets de l'altitude
La Bolivie, c'est haut. Dans l'altiplano (le plateau situé entre le top des Andes et le bas de la cordillère, l'altitude tourne autour de 3500-4000m, ce qui est bien suffisant pour avoir quelques symptômes du mal des hauteurs. En voici quelques-uns:
- Bouche sèche (parce qu'il manque d'air, on a le nez bouché et on respire donc plus souvent par la bouche)
- Nez congestionné
- Maux de tête (expérimenté en particulier par François)
- Maux de ventre (expérimenté en particulier par Mémé)
- Fourmis dans les extrémités (François en a aussi autour de la bouche, c'est ben bizarre)
- Essoufflement disproportionné avec l'effort physique fourni
- On dort mal parce qu'on a le nez bouché et qu'on cherche notre air
- Saignement de nez ou caillots de sang quand on se mouche
Bref, quand on file pas, on a pris l'habitude de tout mettre sur le dos de l'altitude!
-------------------------------------------------------
Après le déjeuner très boboche fourni par l'hostel (au moins on volait du pain pour nos collations d'avant-midi!), on s'est préparés mentalement au pire dans la mine (genre un remake des 33 mineurs chiliens). Une fois à l'agence, on a rencontré nos 4 compagnons français d'une 60aine d'années, qui étaient vraiment sympathiques! Il y avait aussi d'autres touristes avec un autre guide, dont 2 Allemands qui font le tour de l'Amérique du Sud dans leur camping car.
On s'est d'abord arrêtés au pied du Cerro Rico, la montagne qui est pratiquement dans la ville et où toute l'activité minière (argent, zinc, étain...) se concentre. La visite débute par le marché des mineurs, qui vend tout ce dont les mineurs ont besoin pour leur journée de travail:
- Feuilles de coca: un essentiel pour combattre l'altitude (4200m), se garder éveillé et ne pas avoir faim durant toute la journée car les mineurs ne mangent presque pas. Ils s'en servent aussi pour faire des offrandes au Tio, une représentation du diable à l'intérieur de la mine censée aider les mineurs dans leur quête de minerai!
- Alcool à 97%: pour les offrandes à la Pachamama (pour éviter les accidents) et au Tio, parce que s'il est saoul, il n'aura pas envie de faire des blagues, comme créer des éboulements. Les mineurs sont très superstitieux, mais ça se comprend vu les conditions dans lesquelles ils travaillent1
- Cigarettes: pour donner au Tio
- Dynamite: c'est ce qui coûte le plus cher, mais qui est le plus utile parce que la roche est parfois très dure. Lorsqu'ils l'utilisent, il le font le soir, juste avant de partir car ça produit beaucoup de poussière, qui a le temps de retomber avant leur retour le lendemain.
- Galettes, biscuits et boisson gazeuse: l'essentiel de leur alimentation pour la journée.
Chaque touriste peut acheter un sac qui contient tout ça, pour donner en cadeau aux mineurs qu'on croise dans les mines.
Ensuite, après avoir revêtu notre équipement de mineur (casque avec lumière, bottes de pluie et survêtement étanche), on s'est rendus aux mines en tant que telles, où la guide nous a raconté qu'il y avait eu 8 millions de morts du 16e siècle au 18e siècle. Les décès furent grands chez les autochtones, les premiers mineurs du site, mais ce fut pire lorsque les Espagnols amenèrent des esclaves noirs en tant que main d'oeuvre. Comme les Africains n'étaient pas habitués à l'altitude, ils mouraient comme des mouches... De nos jours, il y a 1 accident par jour et 3 morts par mois chez les mineurs. Ce sont des coopératives qui gèrent la mine, donc chaque mineur a son emplacement qui lui appartient, et sa famille est compensée s'il décède. Et l'espérance de vie des mineurs n'est pas longue: 40-50 ans, puisque tous meurent éventuellement de la silicose ou d'autres maladies pulmonaires en raison de la poussière qui encrasse leurs poumons.
Lorsqu'on entre dans la mine, il fait noir, froid et humide, et malgré les murs consolidés avec des pierres coloniales, c'est déjà assez glauque...! Ensuite, le tunnel devient moins beau, le plafond est plus bas, les murs plus étroit, des rondins parfois cassés étançonnent la galerie encombrée de tuyaux d'air comprimé. Plus on s'enfonce dans la mine, plus il fait chaud, moins il y a d'air, plus il y a de gaz toxiques (arsenic, etc.), plus il y a de poussière en suspension dans l'air. Il faut porter un masque pour se protéger, ce qui rend la respiration encore plus difficile. En raison du manque d'air, de la poussière et de l'altitude, de petits efforts, comme monter sur une échelle pour passer d'un niveau de la mine à l'autre, deviennent vraiment difficiles. Et encore, nous n'avons visité que les galeries les plus faciles d'accès, les mineurs travaillant surtout au plus profond des mines là où il fait 45 degrés, sans masque en raison du manque d'air...
Au cours de notre tour, on a d'abord rencontré un mineur qui creusait la roche avec un marteau et un burin. François a pu l'essayer: disons que même creuser un trou suffisamment large pour y mettre un bâton de dynamite prend un temps fou! Ensuite, au croisement de deux galeries, on a aussi croisé un vieux mineur de 51 ans, qui travaillait depuis 40 ans dans la mine! Enfin, on a pu aussi voir la statue du Tio, couverte d'offrandes. Mémé a aussi trouvé une roche qui contenait, selon la guide, un bon taux d'argent. Seulement, 50 kilos de ce type de roche riche en minerai s'échange pour 50 bolivianos: 7$.... Les mineurs extraient donc jusqu'à 2 tonnes de roche par jour pour rentabiliser leurs efforts (souvent 12h de travail), en poussant leur butin sur un chariot sur rail des profondeurs de la mine jusqu'à l'extérieur...Bref, un vrai travail de damné, dans des conditions infernales, chaque jour. Après 2h dans la mine, on était contents d'en ressortir!
En sortant, on est allés manger une milanesa trop grasse au marché de la ville, on a acheté nos billets de bus pour Uyuni puis on s'est écroulés de fatigue et on a dormi 2h. L'altitude, l'adrénaline et les efforts dans la mine ont eu raison de nous! Réveillés en fin d'après-midi, on a visité les coins de la ville qu'on n'avait pas encore vu, notamment les nombreuses églises richement dotés du coin. En fait, les mines d'argent du Cerro Rico ont rendu riche Potosi durant l'époque coloniale, en faisant une ville remplie d'églises et de beaux bâtiments (sauf qu'aujourd'hui, c'est plus pauvre et Potosi n'est plus que le reflet de sa splendeur passée) . On a aussi voulu aller visiter la Casa de la Moneda, là où ils frappaient la monnaie auparavant, mais c'était fermé. On a quand même pu observer dans la cour intérieure la sculpture grimaçante de Bacchus qui y accueille inexplicablement les visiteurs et qui est désormais un symbole de la ville. Après une bonne balade, on s'est mis en tête d'aller dans un resto végétarien qu'on avait aperçu plus tôt. L'endroit était minuscule et il ne restait de la place qu'à une table qu'occupaient déjà 2 personnes. On a socialisé avec eux, c'était un Argentin et une Espagnole qui venaient tourner un documentaire sur les mines de Potosi et qui se rendaient éventuellement au Brésil afin de s'établir là-bas. Le souper a été très agréable en leur compagnie, et on est ensuite allés prendre une bière avec eux.
On partait le lendemain pour Uyuni, et on est donc descendus vers la gare où on a croisé le plus beau spécimen de chien-moppe qu'on ait jamais vu! Après une course pour trouver des salteñas (des genre d'empanadas à la viande, aux patates, aux oeufs et aux olives avec une sauce mystérieuse) dont les meilleures sont à Potosi à ce qu'il parait, on est montés dans notre bus.
C'est maintenant l'heure de jouer à "Je vais à Uyuni, j'amène avec moi...."! Voici ce que certains passagers trimbalaient avec eux jusqu'à cette ville perdue, voyez si vous vous reconnaissez!:
- Une bonbonne de propane (peut-être pleine, on ne sait pas)
-Une étagère
- Un matelas
- Six boites d'un kilo chacun de lait en poudre
Le tout en plus des habituelles caisses recouvertes de bâches en plastique et contenant je ne sais trop quoi...
Comme les autres compagnies de bus de Bolivie, la nôtre présentait bien sûr un film. On a eu droit aux deux films de "Maman j'ai raté l'avion" tout en regardant les paysages magnifiques défiler jusqu'au désert d'Uyuni!
Que les vaya bien!!!
dimanche 18 août 2013
Sucre: la cité blanche
Hola!
Vous vous souvenez peut-être de notre soirée avec les amis de l'université de François à Santiago, en début juillet. Jorge, un Bolivien qui fait sa maîtrise au Chili, nous avait invités à rester dans la maison de ses parents à Sucre, si d'aventure on passait dans cette région de la Bolivie! On était donc attendus à notre arrivée par les parents de Jorge! Une fois sortie de la gare, on s'est fait apostropher par un employé de l'information touristique qui était beaucoup trop heureux de nous donner des pamphlets, alors qu'on avait un peu un air de boeuf dû à nos 3h de sommeil... Pour ne pas sonner chez les parents de Jorge à 7h du matin, on a pris notre temps pour marcher dans la ville, déjeuner dans un parc, aller au café internet et acheter un petit cadeau (du chocolat, puisque Sucre est apparemment connu pour ses chocolats fins)!
Après avoir choisi une sonnette au hasard dans les 6 qui étaient devant la porte, on a pu rencontrer Jorge père et Olga, qui sont tout simplement trop gentils! En fait, toute la famille est géniale et on s'est immédiatement sentis à l'aise! Ils habitent au centre-ville, dans une jolie maison sur 2 étages, dont l'escalier est à l'extérieur et donne sur une petite cour intérieure. Après avoir pris une douche, ils nous ont invités à dîner avec eux: c'était excellent vu que Olga est chef cuisinière! C'était comme du coq-au-vin mais plutôt avec un alcool local à base de maïs (la chicha, auquel Jorge père nous a ensuite fait goûter). On a parlé avec les 2 parents, 3 de leurs filles qui étaient là (ils sont 4 filles et 1 gars en tout), en plus de Raquel, le bébé de la famille d'un an qui rit tout le temps! Bref, très agréable!
Après le bon repas, on a continué à visiter la ville, en commençant par la place centrale, où on est restés un bon moment à observer les chiens qui couraient après les pigeons! Le Bolivien assis sur le banc avec nous s'est mis à nous parler, il était super instruit, avait voyagé partout, parlait plein de langues et n'arrêtait pas de philosopher sur la vie...! Puis, après le départ du monsieur, un autochtone est venu s'asseoir sur le banc et nous a aussi parlé! Il était de la campagne et venait chercher ses enfants à l'école. Il nous a dit qu'il fallait qu'on goûte au chocolat chaud de Sucre, d'ailleurs il connaissait un bon endroit peu touristique et il nous proposait d'y aller avec nous! On a accepté puis on est allés dans un café où on a goûté à du sonzo (du yuca, un tubercule, mélangé avec du fromage et cuit autour d'un bâton de bois) avec un chocolat chaud! On a jasé longtemps avec lui des différentes coutumes boliviennes et c'était bien intéressant! En fait, il était vraiment traditionnel et a essayé à plusieurs reprises de convaincre François de me demander en mariage parce que sinon j'allais me tanner et partir! Il a aussi paru très déçu (même fâché) quand on a dit qu'on était catholiques mais non pratiquants... Il nous a fait goûter à la feuille de coca, qui doit ressembler un peu à si on mâchait des feuilles de thé vert (y compris les résidus verdâtres qui restent entre les dents après)...! Ça a aussi un faible effet anesthésiant pour la bouche, en plus de l'effet stimulant comme le café. En Bolivie, la feuille de coca a un caractère sacré: les autochtones du coin en mâchent depuis des centaines d'années pour combattre l'altitude, la fatigue et la faim, et l'utilisent aussi lors des cérémonies importantes, notamment en tant qu'offrandes faites à la Pachamama (la terre nourricière). En particulier, les chauffeurs de bus en mâchent tout le temps pour se garder éveillés lors de longs trajets et, selon Jorge père, ça marche aussi bien pour se concentrer lors de longues soirées d'études. Même si, comme vous savez, à partir de la coca on fait aussi de la cocaîne, en Bolivie mâcher la feuille de coca n'est pas du tout mal vu!
Notre rencontre s'est par contre terminée sur une note un peu amère... À la toute fin, notre nouvel ami nous a dit qu'il avait besoin d'argent pour se faire faire une opération aux dents qui coûtait cher et nous a demandé si on voulait contribuer, bla bla bla... Ce genre de situation nous met toujours devant un dilemme: donner ou ne pas donner? S'il est probable qu'on ait plus de moyens de lui (et qu'on soit donc à même de l'aider), aussi triste que puisse être la situation, il est impossible de ne pas donner aux millions de mendiants qu'on croise tous les jours sans être ruinés au bout d'une semaine. En plus, donner aux mendiants n'est pas nécessairement une bonne chose, sachant que nombre d'entre eux sont souvent "utilisés" pour remplir les poches d'un tiers sans scrupules (donc l'argent ne va pas à eux) et que donner encourage cette pratique. Penser de cette manière peut néanmoins paraître cynique et égoïste, et résulte souvent en de la culpabilité (tsé, ça reste refuser de donner 25 cents à quelqu'un alors qu'on va dépenser des milliers de dollars à voyager). C'est pourquoi, tant qu'à donner, on préfère donner ce qu'on a pas mangé lorsqu'on est au resto (souvent du pain): de cette manière, on aide et on est sûrs que ce qu'on donne va servir à bon escient. Pour revenir à notre autochtone et à ses dents, ce genre de situation traduit aussi une autre réalité: celle où la personne, qui n'est pas mal intentionnée, "s'essaye", parce que, pour eux, on est des touristes et, forcément, on a une réserve quasi-infinie de cash (en effet, on pense que le gars n'était pas de mauvaise foi: on a passé presque 2h à jaser avec lui avant qu'il nous demande de l'argent: si son but avait été de nous soutirer de l'argent dès le début, il n'aurait pas perdu tout ce temps-là juste pour nous demander ça. 15 minutes, peut-être, mais pas si longtemps, ou alors il n'a rien compris à l'art de l'arnaque! Et après le Vietnam, disons qu'on s'y connait en arnaques!) Bref, on s'en est sortis en lui expliquant tout ce qui précède, en lui disant qu'on se sentait mal à l'aise avec la situation. Ça s'est finalement bien terminé, il a compris et on s'est laissés en bons termes, mais disons que c'est toujours délicat... Du moins, comme on a payé son repas, on s'est dit qu'on avait quand même été gentils et qu'on lui avait quand même permis un petit plus dans son ordinaire...!
Après ces tribulations, on a vagabondé dans la ville avant d'aller manger un morceau dans un petit café près de la place. Jorge père nous avait ensuite conseillé d'essayer le "chuflay", un drink local à base de singani (un alcool fort de raison, genre pisco). On est donc allés dans un bar que nous avait recommandé une des filles de la famille pour essayer ça (et aussi pour manger une pie de limon!). Verdict: pas pire, mais Mémé n'a pas aimé!
Pour notre seconde journée à Sucre, on s'était mis dans la tête d'aller voir des dinosaures (quoi de plus normal). Mais avant, on a déjeuné avec la famille, comme on a fait durant tout notre séjour avec eux. Au matin, c'est toujours la même chose: un smoothie de papaye frais (miam!), du pain avec beurre, et café, thé ou chocolat chaud au choix. Ça semble être le déjeuner bolivien typique, parce qu'à La Paz, c'est la même chose! Jorge père (c'est décidément une mine de conseils) nous avait ensuite dit qu'il fallait qu'on goûte, pour le dîner, à l'une des spécialités locales, le sandwich de chorizo. De manière unanime, les parents n'avaient qu'une bonne adresse à nous fournir: le marché central. On est donc partis et on a déambulé entre les divers étals, en remarquant une tête de vache écorchée (miam) et un chien éventré (re-miam)... Après le bon sandwich au chorizo, on s'est laissés tenter par la rangée de vendeuses de gâteaux de fête, lesquels on peut aussi acheter à la pointe!
On s'est finalement dirigés vers le parc de dinosaures, dans notre autobus fétiche de Sucre (la 4!!), qui se rend à toutes les attractions de la ville, mais le tout en faisant 1000 détours! Arrivés sur place, on était un peu surpris d'arriver dans ce qui ressemblait à la cour arrière d'une usine de ciment (Fancesa, qui semble posséder toute la ville : elle sponsorise les panneaux des noms de rue, il y a des publicités partout, et Jorge père en avait même une casquette!) En fait, c'est grâce à la mine que les empreintes de dinosaures ont été découvertes. Parce que c'est de cela qu'il s'agit: on trouve ici le plus grand nombre d'empreintes de dinosaures conservées au monde! La visite commence par un documentaire digne de Découverte qui nous présente ce à quoi pouvait ressembler la région il y a des millions d'années quand les dinosaures étaient rois. Puis, un guide nous fait visiter le parc où ont été reproduites à l'échelle différentes sculptures de dinosaures de l'époque. Mémé a particulièrement trippé sur le titanosaure, parce que c'est le plus gentil car il ne mange que des plantes. Le guide était d'ailleurs très fier de nous dire qu'il s'agissait de la plus grande sculpture de titanosaure au monde (tsé, il y en a tellement...)! Finalement, on voit la falaise où sont toutes les empreintes : c'est une ancienne plaine avec des chemins de dinosaures qui s'entrecoupent, qui s'est après "verticalisée" en falaise suite à la naissance des Andes. Ce fut intéressant, mais conseil de cheap: si vous allez un jour à Sucre, on voit très bien la falaise de l'extérieur du site, à moins que vous vouliez payer pour voir des statues de dinosaures, d'autant plus que les étrangers payent 3 fois le prix bolivien...!
De retour au centre de la ville, on est allés visiter le musée fétiche de Sucre: la casa de la libertad, où à été fondée la Bolivie. C'est une vieille maison coloniale dont les pièces ont été transformées en musée. On s'est joints à un tour en espagnol après avoir constaté que le tour en français était vraiment nul: "ici, peinture général Sucre", "ici il y a des choses"... La guide était très bonne et racontait plein d'anecdotes intéressant sur cette page de l'histoire dont on ne connaît rien (la lutte de l'indépendance de la Bolivie face à l'Espagne)".
On est revenus à la maison où on a pu profiter de leur machine à laver. Ça a l'air de rien mais, en voyage, les choses banales deviennent souvent compliquées. Par exemple, faire le lavage est une tâche des plus désagréables: soit on le fait nous-même dans la chambre mais c'est long et jamais sec le lendemain, soit on paye cher (car le prix est au kilo) pour le faire faire. Alors quand on trouve une machine à laver gratuite, c'est la joie! On s'est ensuite délectés d'une pizza cuite dans un four portatif au coin de la rue, en faisant courir partout la vendeuse à la recherche de change parce qu'on avait rien d'autre qu'un gros billet pour payer! On a parlé un bon bout de temps avec Jorge père, avant d'aller dormir.
Pour le lendemain matin, on avait réservé un tour pour aller visiter le marché du dimanche d'un petit village du coin, Tarabuco. C'est le plus gros marché de la région, pour ce petit village qui autrement est complètement mort le reste du temps! Le moyen le plus simple de se rendre est malheureusement avec un tour, mais ça nous a permis de faire des petites statistiques maison: 1 touriste sur 10 n'est PAS Français en moyenne! Sérieusement, les Français sont démesurément représentés en voyage! Après 2h de ballade au coeur de paysages magnifiques, on est rentrés dans l'effervescence du marché. Tous les autochtones du coin viennent y vendre leur produits, et chose assez rare, on y voit aussi des hommes en costume traditionnel. Parce que d'habitude, c'est surtout les femmes qui sont vêtues selon un code bien précis: chapeau melon sur la tête, 2 longues tresses, chemisier en dentelle, jupes rembourrées et couverture colorée dont elle se servent comme sac-à-dos ou porte-bébé. À Tarabuco, les hommes ont un chapeau bizarre qui ressemble vaguement à un casque de conquistador, portent un grand poncho et souvent des sandales faites à partir de vieux pneus.
Bien sûr, en bon lieu qui attire des touristes, de nombreux kioskes de souvenirs et d'artisanats étaient disposés autour de la place centrale. Mais dès qu'on s'en éloignait un peu, on arrivait avec les étals destinés à la population locale: vêtements, couverture, coca, offrandes, DVD, fruits... On a atterri près du marché, non sans avoir croisé à plusieurs reprises une madame dont les tactiques de vente laissaient à désirer: attacher de force en maugréant des bracelets au poignet de Mémé... On s'est laissés tenter par les repas à 5 bolivianos (80 sous) servis par une bonne femme qui gérait ses chaudrons de main de maître. Assis à la même table que les gens du coin, on a dégusté un espèce de spaghetti à la viande mais sans sauce tomate qui était assez bien! Comme il nous restait du temps avant le départ du bus et que le marché était pas mal fini à 13h, on est allés marcher dans les environs du village, où on a salué les ânes et cochons locaux. On a fait quelques magasins de touristes avant de prendre un bon jus d'orange frais pressé. Entre temps, on a pu observer la statue du village qui entre dans le top 2 personnel de François des statues les plus "gores" du monde (pour l'instant toutes situées en Bolivie). En fait, il y a eu une bataille entre les autochtones du coin et les Espagnols lors de la guerre d'indépendance, qui a très mal tourné pour les Espagnols: les autochtones ont laissé 1 seul Espagnol vivant pour qu'il puisse raconter la bataille, puis ont mangé le coeur de ceux qui étaient morts... La statue représente justement un autochtone à l'air dément tenant à la main un coeur sanglant dans lequel il venait de mordre, après l'avoir fraîchement arraché à un soldat mort qui git à ses pieds couvert de sang... Bref, l'endroit idéal pour une date...
Fatigués de la journée, on a fait une sieste avant de chercher désespérément quelque chose pour souper, chose incroyablement difficile à faire dans une petite ville un dimanche! On a échoué dans un stand à hamburger puis on a regardé le soleil se coucher sur les montagnes en mangeant une pâtisserie au dulce de leche.
Vous devez constater qu'on est restés à Sucre plus longtemps que le nombre de jours qu'on a l'habitude de consacrer à une ville! En fait, on n'en avait pas l'intention initialement, mais le super accueil de la famille de Jorge, la beauté de la ville, le nombre de choses à faire et, surtout, la proximité de la fête nationale de la Bolivie nous ont persuadé de rester! En fait, c'est la famille qui nous avait dit qu'il allait y avoir deux jours de défilés à Sucre pour la fête nationale, suivie d'une parade militaire ensuite à Potosi où on se rendait justement ensuite. On a donc fait cadrer nos dates pour pouvoir voir tout ça!
Le lundi commençait donc les parades de la fête nationale, avec les élèves du primaire et du secondaire. Comme on s'était levés tard, on s'est frayé un chemin pour pouvoir voir à partir d'un petit parc: on était aux premières loges pour admirer les costumes (souvent de petits soldats) que quelques écoles avaient préparé. Pour plusieurs écoles, il y avait aussi une fanfare, certaines meilleures que d'autres, et qui reprenaient souvent les mêmes chansons! Ça a duré un bon moment, puis on est allés manger. Après le dîner, la parade était finie, on a donc décidé de reprendre notre ligne d'autobus fétiche vers un "château", ou plutôt un manoir qui se donnait des airs de château, situé en dehors de la ville. Il était situé dans une base militaire, ce qui était surprenant. Malheureusement, comme on était veille de jour férié (?), il était fermé, alors on l'a juste admiré de l'extérieur.
En revenant, on s'est arrêtés au cimetière de Sucre, un grand ensemble de mausolées agréablement disposés entre de grands arbres! Ensuite, on a goûté à la spécialité locale, le chocolat, en mangeant des chocolats fins sur la grande place, à côté d'enfants qui avaient beaucoup trop de plaisir sur les estrades installées pour la fête nationale!
Avec tout ça, on a oublié de vous décrire un peu Sucre! C'est une veille ville coloniale, située dans une cuvette et dont les bâtiments du vieux centre historique sont tout de blanc vêtus. Puisque c'était anciennement la capitale de la Bolivie (aujourd'hui c'est uniquement la capitale constitutionnelle, le vrai centre du gouvernement est à La Paz), on y trouve beaucoup d'églises et d'anciens grands bâtiments administratifs. Bref, c'est une très jolie ville où on se sent bien!
Pour la fin de l'après-midi, on avait décidé d'observer la ville du haut d'un mirador situé dans un quartier perché sur une colline. La pente pour y accéder est bordée de petits marchés, puis on arrive au sommet où une foire est installée avec tout plein de jeux d'arcade. On y a croisé des Françaises avec qui on a parlé longtemps d'un itinéraire possible au Pérou, puisqu'elles y avaient étudié. On est arrivés juste à temps pour observer le coucher de soleil à partir du mirador, puis on a mangé dans une gargotte du coin avant de redescendre vers la place centrale. Sur le chemin, il fallait faire un achat nécessaire dans ces pays où il n'y en a jamais dans les toilettes publiques: du papier de toilette! On est allés dans une petite "tienda" (les petits magasins qui vendent un peu de tout partout dans les villes, genre dépanneur), où une vieille dame nous a répondu. Alors qu'on choisissait le moins cher, elle a cautionné notre choix en nous disant avec joie "il est très bon, c'est celui que j'utilise"!
On avait entendu dire qu'il y avait un spectacle (tout le monde nous donnait des informations contradictoires sur la fête nationale!) alors on s'est dirigés vers la place centrale. Au lieu, il y avait un autre défilé qui allait commencer dans quelques minutes. On a donc pu avoir une place de choix pour observer les élèves et les professeurs des écoles qui dispensent des cours de soir. Ce qui est assez drôle c'est qu'en plus des gens qui défilent au milieu de la rue, il y a aussi des madames qui vendent des cossins, qui n'arrêtent pas de passer d'un côté à l'autre en hurlant "gelatinita", "papitas"... cc qui ne fait pas très sérieux! On est restés 2h sur place avant de revenir à la maison.
Pour notre dernier jour à Sucre, on est allés assister à notre seconde journée de défilés! Cette fois, c'était les fonctionnaires (moins impressionnant) et les policiers et soldats du coin (plus impressionnant). Après, on est restés un moment à jaser sur la place centrale, avant d'être conquis par un vendeur de bonbons de 10 ans Une fois avoir refusé poliment d'acheter quoi que ce soit ( comme on fait habituellement avec tous les vendeurs), il s'est mis à nos jaser, à nous demander d'où on venait et à nous dire qu'il s'appelait Miguel et qu'il voulait être architecte plus tard. Bref, on a donc décidé de l'encourager en lui achetant une de ses gommes (finalement plutôt dégueue!) Ensuite, on est allés dîner, non sans avoir tenté pour une Xième fois de visiter la cathédrale qui était toujours fermée lors de notre passage.... Mémé a commencé à mal filer après le dîner pour des raisons mystérieuses. Après avoir acheté un bouquet de fleurs en guise de remerciement, on a quitté la famille avec regrets puis on a pris un taxi vers la gare.
On avait acheté nos billets vers Potosi avec une agence du centre-ville de Sucre pour s'éviter l'aller-retour vers la gare. Finalement, cette manière de faire s'est révélée plus complexe que si on avait juste été à la gare! En effet, sur place, on a compris que la compagnie de bus avait réservé nos sièges en double, et qu'il n'y avait plus de places pour nous à bord! Après un bon moment passé à discuter, la fille de la compagnie d'autobus s'est finalement fendue d'un "on va s'arranger"... L'arrangement en question était original: on allait passer les 3h de trajet avec le conducteur! En fait, dans les bus longues distances, il y a une cloison entre l'habitacle du conducteur et le reste du bus. Bref, on s'est retrouvés sur les marches et un siège d'appoint en compagnie de Daniel, le sympathique chauffeur avec qui on a jasé tout le long (il était peut-être content d'avoir de la compagnie: ça faisait 13 ans qu'il faisait la même route chaque jour, alors disons que notre présence était une distraction pour lui)! En prime, comme on était en avant, on avait la meilleure vue sur les paysages spectaculaires qui défilaient devant nous! On a quitté Daniel à Potosi après qu'il nous ait donné des conseils pour un hôtel...
La suite pour plus tard!! À bientôt!
Vous vous souvenez peut-être de notre soirée avec les amis de l'université de François à Santiago, en début juillet. Jorge, un Bolivien qui fait sa maîtrise au Chili, nous avait invités à rester dans la maison de ses parents à Sucre, si d'aventure on passait dans cette région de la Bolivie! On était donc attendus à notre arrivée par les parents de Jorge! Une fois sortie de la gare, on s'est fait apostropher par un employé de l'information touristique qui était beaucoup trop heureux de nous donner des pamphlets, alors qu'on avait un peu un air de boeuf dû à nos 3h de sommeil... Pour ne pas sonner chez les parents de Jorge à 7h du matin, on a pris notre temps pour marcher dans la ville, déjeuner dans un parc, aller au café internet et acheter un petit cadeau (du chocolat, puisque Sucre est apparemment connu pour ses chocolats fins)!
Après avoir choisi une sonnette au hasard dans les 6 qui étaient devant la porte, on a pu rencontrer Jorge père et Olga, qui sont tout simplement trop gentils! En fait, toute la famille est géniale et on s'est immédiatement sentis à l'aise! Ils habitent au centre-ville, dans une jolie maison sur 2 étages, dont l'escalier est à l'extérieur et donne sur une petite cour intérieure. Après avoir pris une douche, ils nous ont invités à dîner avec eux: c'était excellent vu que Olga est chef cuisinière! C'était comme du coq-au-vin mais plutôt avec un alcool local à base de maïs (la chicha, auquel Jorge père nous a ensuite fait goûter). On a parlé avec les 2 parents, 3 de leurs filles qui étaient là (ils sont 4 filles et 1 gars en tout), en plus de Raquel, le bébé de la famille d'un an qui rit tout le temps! Bref, très agréable!
Après le bon repas, on a continué à visiter la ville, en commençant par la place centrale, où on est restés un bon moment à observer les chiens qui couraient après les pigeons! Le Bolivien assis sur le banc avec nous s'est mis à nous parler, il était super instruit, avait voyagé partout, parlait plein de langues et n'arrêtait pas de philosopher sur la vie...! Puis, après le départ du monsieur, un autochtone est venu s'asseoir sur le banc et nous a aussi parlé! Il était de la campagne et venait chercher ses enfants à l'école. Il nous a dit qu'il fallait qu'on goûte au chocolat chaud de Sucre, d'ailleurs il connaissait un bon endroit peu touristique et il nous proposait d'y aller avec nous! On a accepté puis on est allés dans un café où on a goûté à du sonzo (du yuca, un tubercule, mélangé avec du fromage et cuit autour d'un bâton de bois) avec un chocolat chaud! On a jasé longtemps avec lui des différentes coutumes boliviennes et c'était bien intéressant! En fait, il était vraiment traditionnel et a essayé à plusieurs reprises de convaincre François de me demander en mariage parce que sinon j'allais me tanner et partir! Il a aussi paru très déçu (même fâché) quand on a dit qu'on était catholiques mais non pratiquants... Il nous a fait goûter à la feuille de coca, qui doit ressembler un peu à si on mâchait des feuilles de thé vert (y compris les résidus verdâtres qui restent entre les dents après)...! Ça a aussi un faible effet anesthésiant pour la bouche, en plus de l'effet stimulant comme le café. En Bolivie, la feuille de coca a un caractère sacré: les autochtones du coin en mâchent depuis des centaines d'années pour combattre l'altitude, la fatigue et la faim, et l'utilisent aussi lors des cérémonies importantes, notamment en tant qu'offrandes faites à la Pachamama (la terre nourricière). En particulier, les chauffeurs de bus en mâchent tout le temps pour se garder éveillés lors de longs trajets et, selon Jorge père, ça marche aussi bien pour se concentrer lors de longues soirées d'études. Même si, comme vous savez, à partir de la coca on fait aussi de la cocaîne, en Bolivie mâcher la feuille de coca n'est pas du tout mal vu!
Notre rencontre s'est par contre terminée sur une note un peu amère... À la toute fin, notre nouvel ami nous a dit qu'il avait besoin d'argent pour se faire faire une opération aux dents qui coûtait cher et nous a demandé si on voulait contribuer, bla bla bla... Ce genre de situation nous met toujours devant un dilemme: donner ou ne pas donner? S'il est probable qu'on ait plus de moyens de lui (et qu'on soit donc à même de l'aider), aussi triste que puisse être la situation, il est impossible de ne pas donner aux millions de mendiants qu'on croise tous les jours sans être ruinés au bout d'une semaine. En plus, donner aux mendiants n'est pas nécessairement une bonne chose, sachant que nombre d'entre eux sont souvent "utilisés" pour remplir les poches d'un tiers sans scrupules (donc l'argent ne va pas à eux) et que donner encourage cette pratique. Penser de cette manière peut néanmoins paraître cynique et égoïste, et résulte souvent en de la culpabilité (tsé, ça reste refuser de donner 25 cents à quelqu'un alors qu'on va dépenser des milliers de dollars à voyager). C'est pourquoi, tant qu'à donner, on préfère donner ce qu'on a pas mangé lorsqu'on est au resto (souvent du pain): de cette manière, on aide et on est sûrs que ce qu'on donne va servir à bon escient. Pour revenir à notre autochtone et à ses dents, ce genre de situation traduit aussi une autre réalité: celle où la personne, qui n'est pas mal intentionnée, "s'essaye", parce que, pour eux, on est des touristes et, forcément, on a une réserve quasi-infinie de cash (en effet, on pense que le gars n'était pas de mauvaise foi: on a passé presque 2h à jaser avec lui avant qu'il nous demande de l'argent: si son but avait été de nous soutirer de l'argent dès le début, il n'aurait pas perdu tout ce temps-là juste pour nous demander ça. 15 minutes, peut-être, mais pas si longtemps, ou alors il n'a rien compris à l'art de l'arnaque! Et après le Vietnam, disons qu'on s'y connait en arnaques!) Bref, on s'en est sortis en lui expliquant tout ce qui précède, en lui disant qu'on se sentait mal à l'aise avec la situation. Ça s'est finalement bien terminé, il a compris et on s'est laissés en bons termes, mais disons que c'est toujours délicat... Du moins, comme on a payé son repas, on s'est dit qu'on avait quand même été gentils et qu'on lui avait quand même permis un petit plus dans son ordinaire...!
Après ces tribulations, on a vagabondé dans la ville avant d'aller manger un morceau dans un petit café près de la place. Jorge père nous avait ensuite conseillé d'essayer le "chuflay", un drink local à base de singani (un alcool fort de raison, genre pisco). On est donc allés dans un bar que nous avait recommandé une des filles de la famille pour essayer ça (et aussi pour manger une pie de limon!). Verdict: pas pire, mais Mémé n'a pas aimé!
Pour notre seconde journée à Sucre, on s'était mis dans la tête d'aller voir des dinosaures (quoi de plus normal). Mais avant, on a déjeuné avec la famille, comme on a fait durant tout notre séjour avec eux. Au matin, c'est toujours la même chose: un smoothie de papaye frais (miam!), du pain avec beurre, et café, thé ou chocolat chaud au choix. Ça semble être le déjeuner bolivien typique, parce qu'à La Paz, c'est la même chose! Jorge père (c'est décidément une mine de conseils) nous avait ensuite dit qu'il fallait qu'on goûte, pour le dîner, à l'une des spécialités locales, le sandwich de chorizo. De manière unanime, les parents n'avaient qu'une bonne adresse à nous fournir: le marché central. On est donc partis et on a déambulé entre les divers étals, en remarquant une tête de vache écorchée (miam) et un chien éventré (re-miam)... Après le bon sandwich au chorizo, on s'est laissés tenter par la rangée de vendeuses de gâteaux de fête, lesquels on peut aussi acheter à la pointe!
On s'est finalement dirigés vers le parc de dinosaures, dans notre autobus fétiche de Sucre (la 4!!), qui se rend à toutes les attractions de la ville, mais le tout en faisant 1000 détours! Arrivés sur place, on était un peu surpris d'arriver dans ce qui ressemblait à la cour arrière d'une usine de ciment (Fancesa, qui semble posséder toute la ville : elle sponsorise les panneaux des noms de rue, il y a des publicités partout, et Jorge père en avait même une casquette!) En fait, c'est grâce à la mine que les empreintes de dinosaures ont été découvertes. Parce que c'est de cela qu'il s'agit: on trouve ici le plus grand nombre d'empreintes de dinosaures conservées au monde! La visite commence par un documentaire digne de Découverte qui nous présente ce à quoi pouvait ressembler la région il y a des millions d'années quand les dinosaures étaient rois. Puis, un guide nous fait visiter le parc où ont été reproduites à l'échelle différentes sculptures de dinosaures de l'époque. Mémé a particulièrement trippé sur le titanosaure, parce que c'est le plus gentil car il ne mange que des plantes. Le guide était d'ailleurs très fier de nous dire qu'il s'agissait de la plus grande sculpture de titanosaure au monde (tsé, il y en a tellement...)! Finalement, on voit la falaise où sont toutes les empreintes : c'est une ancienne plaine avec des chemins de dinosaures qui s'entrecoupent, qui s'est après "verticalisée" en falaise suite à la naissance des Andes. Ce fut intéressant, mais conseil de cheap: si vous allez un jour à Sucre, on voit très bien la falaise de l'extérieur du site, à moins que vous vouliez payer pour voir des statues de dinosaures, d'autant plus que les étrangers payent 3 fois le prix bolivien...!
De retour au centre de la ville, on est allés visiter le musée fétiche de Sucre: la casa de la libertad, où à été fondée la Bolivie. C'est une vieille maison coloniale dont les pièces ont été transformées en musée. On s'est joints à un tour en espagnol après avoir constaté que le tour en français était vraiment nul: "ici, peinture général Sucre", "ici il y a des choses"... La guide était très bonne et racontait plein d'anecdotes intéressant sur cette page de l'histoire dont on ne connaît rien (la lutte de l'indépendance de la Bolivie face à l'Espagne)".
On est revenus à la maison où on a pu profiter de leur machine à laver. Ça a l'air de rien mais, en voyage, les choses banales deviennent souvent compliquées. Par exemple, faire le lavage est une tâche des plus désagréables: soit on le fait nous-même dans la chambre mais c'est long et jamais sec le lendemain, soit on paye cher (car le prix est au kilo) pour le faire faire. Alors quand on trouve une machine à laver gratuite, c'est la joie! On s'est ensuite délectés d'une pizza cuite dans un four portatif au coin de la rue, en faisant courir partout la vendeuse à la recherche de change parce qu'on avait rien d'autre qu'un gros billet pour payer! On a parlé un bon bout de temps avec Jorge père, avant d'aller dormir.
Pour le lendemain matin, on avait réservé un tour pour aller visiter le marché du dimanche d'un petit village du coin, Tarabuco. C'est le plus gros marché de la région, pour ce petit village qui autrement est complètement mort le reste du temps! Le moyen le plus simple de se rendre est malheureusement avec un tour, mais ça nous a permis de faire des petites statistiques maison: 1 touriste sur 10 n'est PAS Français en moyenne! Sérieusement, les Français sont démesurément représentés en voyage! Après 2h de ballade au coeur de paysages magnifiques, on est rentrés dans l'effervescence du marché. Tous les autochtones du coin viennent y vendre leur produits, et chose assez rare, on y voit aussi des hommes en costume traditionnel. Parce que d'habitude, c'est surtout les femmes qui sont vêtues selon un code bien précis: chapeau melon sur la tête, 2 longues tresses, chemisier en dentelle, jupes rembourrées et couverture colorée dont elle se servent comme sac-à-dos ou porte-bébé. À Tarabuco, les hommes ont un chapeau bizarre qui ressemble vaguement à un casque de conquistador, portent un grand poncho et souvent des sandales faites à partir de vieux pneus.
Bien sûr, en bon lieu qui attire des touristes, de nombreux kioskes de souvenirs et d'artisanats étaient disposés autour de la place centrale. Mais dès qu'on s'en éloignait un peu, on arrivait avec les étals destinés à la population locale: vêtements, couverture, coca, offrandes, DVD, fruits... On a atterri près du marché, non sans avoir croisé à plusieurs reprises une madame dont les tactiques de vente laissaient à désirer: attacher de force en maugréant des bracelets au poignet de Mémé... On s'est laissés tenter par les repas à 5 bolivianos (80 sous) servis par une bonne femme qui gérait ses chaudrons de main de maître. Assis à la même table que les gens du coin, on a dégusté un espèce de spaghetti à la viande mais sans sauce tomate qui était assez bien! Comme il nous restait du temps avant le départ du bus et que le marché était pas mal fini à 13h, on est allés marcher dans les environs du village, où on a salué les ânes et cochons locaux. On a fait quelques magasins de touristes avant de prendre un bon jus d'orange frais pressé. Entre temps, on a pu observer la statue du village qui entre dans le top 2 personnel de François des statues les plus "gores" du monde (pour l'instant toutes situées en Bolivie). En fait, il y a eu une bataille entre les autochtones du coin et les Espagnols lors de la guerre d'indépendance, qui a très mal tourné pour les Espagnols: les autochtones ont laissé 1 seul Espagnol vivant pour qu'il puisse raconter la bataille, puis ont mangé le coeur de ceux qui étaient morts... La statue représente justement un autochtone à l'air dément tenant à la main un coeur sanglant dans lequel il venait de mordre, après l'avoir fraîchement arraché à un soldat mort qui git à ses pieds couvert de sang... Bref, l'endroit idéal pour une date...
Fatigués de la journée, on a fait une sieste avant de chercher désespérément quelque chose pour souper, chose incroyablement difficile à faire dans une petite ville un dimanche! On a échoué dans un stand à hamburger puis on a regardé le soleil se coucher sur les montagnes en mangeant une pâtisserie au dulce de leche.
Vous devez constater qu'on est restés à Sucre plus longtemps que le nombre de jours qu'on a l'habitude de consacrer à une ville! En fait, on n'en avait pas l'intention initialement, mais le super accueil de la famille de Jorge, la beauté de la ville, le nombre de choses à faire et, surtout, la proximité de la fête nationale de la Bolivie nous ont persuadé de rester! En fait, c'est la famille qui nous avait dit qu'il allait y avoir deux jours de défilés à Sucre pour la fête nationale, suivie d'une parade militaire ensuite à Potosi où on se rendait justement ensuite. On a donc fait cadrer nos dates pour pouvoir voir tout ça!
Le lundi commençait donc les parades de la fête nationale, avec les élèves du primaire et du secondaire. Comme on s'était levés tard, on s'est frayé un chemin pour pouvoir voir à partir d'un petit parc: on était aux premières loges pour admirer les costumes (souvent de petits soldats) que quelques écoles avaient préparé. Pour plusieurs écoles, il y avait aussi une fanfare, certaines meilleures que d'autres, et qui reprenaient souvent les mêmes chansons! Ça a duré un bon moment, puis on est allés manger. Après le dîner, la parade était finie, on a donc décidé de reprendre notre ligne d'autobus fétiche vers un "château", ou plutôt un manoir qui se donnait des airs de château, situé en dehors de la ville. Il était situé dans une base militaire, ce qui était surprenant. Malheureusement, comme on était veille de jour férié (?), il était fermé, alors on l'a juste admiré de l'extérieur.
En revenant, on s'est arrêtés au cimetière de Sucre, un grand ensemble de mausolées agréablement disposés entre de grands arbres! Ensuite, on a goûté à la spécialité locale, le chocolat, en mangeant des chocolats fins sur la grande place, à côté d'enfants qui avaient beaucoup trop de plaisir sur les estrades installées pour la fête nationale!
Avec tout ça, on a oublié de vous décrire un peu Sucre! C'est une veille ville coloniale, située dans une cuvette et dont les bâtiments du vieux centre historique sont tout de blanc vêtus. Puisque c'était anciennement la capitale de la Bolivie (aujourd'hui c'est uniquement la capitale constitutionnelle, le vrai centre du gouvernement est à La Paz), on y trouve beaucoup d'églises et d'anciens grands bâtiments administratifs. Bref, c'est une très jolie ville où on se sent bien!
Pour la fin de l'après-midi, on avait décidé d'observer la ville du haut d'un mirador situé dans un quartier perché sur une colline. La pente pour y accéder est bordée de petits marchés, puis on arrive au sommet où une foire est installée avec tout plein de jeux d'arcade. On y a croisé des Françaises avec qui on a parlé longtemps d'un itinéraire possible au Pérou, puisqu'elles y avaient étudié. On est arrivés juste à temps pour observer le coucher de soleil à partir du mirador, puis on a mangé dans une gargotte du coin avant de redescendre vers la place centrale. Sur le chemin, il fallait faire un achat nécessaire dans ces pays où il n'y en a jamais dans les toilettes publiques: du papier de toilette! On est allés dans une petite "tienda" (les petits magasins qui vendent un peu de tout partout dans les villes, genre dépanneur), où une vieille dame nous a répondu. Alors qu'on choisissait le moins cher, elle a cautionné notre choix en nous disant avec joie "il est très bon, c'est celui que j'utilise"!
On avait entendu dire qu'il y avait un spectacle (tout le monde nous donnait des informations contradictoires sur la fête nationale!) alors on s'est dirigés vers la place centrale. Au lieu, il y avait un autre défilé qui allait commencer dans quelques minutes. On a donc pu avoir une place de choix pour observer les élèves et les professeurs des écoles qui dispensent des cours de soir. Ce qui est assez drôle c'est qu'en plus des gens qui défilent au milieu de la rue, il y a aussi des madames qui vendent des cossins, qui n'arrêtent pas de passer d'un côté à l'autre en hurlant "gelatinita", "papitas"... cc qui ne fait pas très sérieux! On est restés 2h sur place avant de revenir à la maison.
Pour notre dernier jour à Sucre, on est allés assister à notre seconde journée de défilés! Cette fois, c'était les fonctionnaires (moins impressionnant) et les policiers et soldats du coin (plus impressionnant). Après, on est restés un moment à jaser sur la place centrale, avant d'être conquis par un vendeur de bonbons de 10 ans Une fois avoir refusé poliment d'acheter quoi que ce soit ( comme on fait habituellement avec tous les vendeurs), il s'est mis à nos jaser, à nous demander d'où on venait et à nous dire qu'il s'appelait Miguel et qu'il voulait être architecte plus tard. Bref, on a donc décidé de l'encourager en lui achetant une de ses gommes (finalement plutôt dégueue!) Ensuite, on est allés dîner, non sans avoir tenté pour une Xième fois de visiter la cathédrale qui était toujours fermée lors de notre passage.... Mémé a commencé à mal filer après le dîner pour des raisons mystérieuses. Après avoir acheté un bouquet de fleurs en guise de remerciement, on a quitté la famille avec regrets puis on a pris un taxi vers la gare.
On avait acheté nos billets vers Potosi avec une agence du centre-ville de Sucre pour s'éviter l'aller-retour vers la gare. Finalement, cette manière de faire s'est révélée plus complexe que si on avait juste été à la gare! En effet, sur place, on a compris que la compagnie de bus avait réservé nos sièges en double, et qu'il n'y avait plus de places pour nous à bord! Après un bon moment passé à discuter, la fille de la compagnie d'autobus s'est finalement fendue d'un "on va s'arranger"... L'arrangement en question était original: on allait passer les 3h de trajet avec le conducteur! En fait, dans les bus longues distances, il y a une cloison entre l'habitacle du conducteur et le reste du bus. Bref, on s'est retrouvés sur les marches et un siège d'appoint en compagnie de Daniel, le sympathique chauffeur avec qui on a jasé tout le long (il était peut-être content d'avoir de la compagnie: ça faisait 13 ans qu'il faisait la même route chaque jour, alors disons que notre présence était une distraction pour lui)! En prime, comme on était en avant, on avait la meilleure vue sur les paysages spectaculaires qui défilaient devant nous! On a quitté Daniel à Potosi après qu'il nous ait donné des conseils pour un hôtel...
La suite pour plus tard!! À bientôt!
mercredi 14 août 2013
Santa Cruz: notre premier aperçu de la jungle
Un voyage est une suite de décisions complexes (pas juste "où on mange ce soir?" là...). Vous vous souvenez qu'on avait dû changer notre itinéraire une fois à San Pedro de Atacama en raison du fait que la neige bloquait la route logique vers Uyuni en Bolivie. En repensant notre trajet, on avait eu comme idée de descendre vers le Paraguay à partir de Santa Cruz en Bolivie, d'aller aux chutes d'Iguaçu, puis revenir par le nord de l'Argentine jusqu'en Bolivie. Ce plan nous aurait assuré qu'on puisse tout voir dans le tour à Uyuni car la neige aurait fondu, en plus de nous donner quelques jours de chaleur au Paraguay! Donc, on s'était dit qu'en arrivant à Santa Cruz on allait rendre visite au consulat du Paraguay pour obtenir quelques informations sur le visa (parce que oui, contre toute attente, les Canadiens font partie des 4-5 pays qui ont besoin d'un visa pour le Paraguay!). Et bien sûr, comme aucune information n'est à jour sur internet et qu'appeler est habituellement un cauchemar, on avait pas beaucoup d'autres alternatives que de passer au consulat... Bref, en arrivant à Santa Cruz après une nuit assez moche dans le bus, on s'est traînés dans un minibus vers ce le consulat. On a pu trouver le consulat, situé dans une tour d'appartements sans aucune indication, grâce à l'aide de bons samaritains dans l'autobus, dont un qui a tenu à nous accompagner jusqu'à la porte du consulat!
Pourquoi visiter le Paraguay? Franchement on se le demande... Il n'y a pas grand chose à y faire: 50% du pays est un gros marais, et le reste ne présente pas d'intérêt particulier à première vue... On voulait y aller justement parce que c'est très peu visité, que c'était grosso modo sur notre route, et qu'on aurait pu dire qu'on est allés au Paraguay. Toutefois, une fois au consulat, le visa de 75$ (alors qu'on y resterait quelques jours...) nous donnait soudainement moins envie, d'autant plus que le trajet en bus pour s'y rendre (Santa Cruz - Asuncion) dure 24h à travers des routes pourries et coûte une fortune. Bref, après avoir bien hésité, on a décidé que si on devait passer au Paraguay, ce serait au retour vers Santiago et non maintenant.
Ce point résolu, on a entrepris de trouver un hôtel; on a finalement arrêté notre choix sur un hostel situé dans une maison coloniale avec une cour intérieure pleine de plantes, et avec comme clou du spectacle, un toucan apprivoisé (tsé, ceux avec un grooos bec orange!). Le gros plaisir du toucan était de zieuter la bouffe des gens pour éventuellement leur piquer, ou de renverser les poubelles pour aller chercher la nourriture à l'intérieur. Comme nos plans avaient changé, on devait maintenant acheter un billet de bus pour aller à Sucre, la capitale historique de la Bolivie. On est donc retournés à la gare, où on a magasiné toutes les agences en éliminant d'emblée les compagnies de bus qu'on avait déjà aperçues et qui semblaient cacanes. Bref, armés de nos billets, on a enfin pu commencer à profiter de Santa Cruz.
Santa Cruz est la plus grosse ville de la Bolivie, sans en être la capitale. Elle est située dans les plaines qui bordent la forêt amazonienne: il y fait donc assez chaud (il faisait 30, en hiver)! Malgré le fait qu'elle soit très peuplée, c'est tout de même une ville agréable car les bâtiments sont bas, c'est comme une petite ville très étendue. Après un dîner où on a pu goûter au yuca (un genre de tubercule qui goûte la patate), on est allés voir la place centrale et la cathédrale. Les nerfs de Mémé ont lâché quand un employé s'est mis à tondre le gazon juste derrière notre banc sur la place. Pour ne pas créer un divorce avant le temps, on est donc allés faire une sieste à l'hôtel, dont François qui a commencé une idylle sur un hamac avec le toucan...
On a émergé du sommeil pour aller déguster un succulent hot-dog au coin de la rue, complet avec des morceaux de pâte frite et du maïs... Comme il fait toujours chaud à Santa Cruz, il y a des millions de restos de crème glacée! On avait justement aperçu une promotion 2 pour 1 pour du yogourt glacé avec plein de fruits pi toute: ce fut notre dessert sur la place centrale, bondée à cette heure-là.
Pour notre deuxième journée dans le coin, on s'était mis dans la tête d'aller vedger sur une plage d'une rivière amazonienne située dans un parc national à 2h de Santa Cruz. Après avoir cherché pendant un certain temps les taxis collectifs, on a roulé vers Buena Vista en compagnie d'autochtones du coin (comme toujours sans ceinture de sécurité, avec le dossier du siège qui tombait sur nous à chaque arrêt car le coffre arrière était surchargé...)! Buena Vista est un charmant village avec une place centrale pleine de palmiers et d'autres arbres tropicaux. Comme on cherchait une carte pour se rendre à la rivière, on a cherché en vain l'information touristique avant de tenter notre chance à la marie locale, où on monsieur super gentil a pris le temps de nous dessiner une carte. Les fonctionnaires boliviens bénéficient d'un environnement de travail beaucoup moins avantageux que chez nous: le bureau du monsieur avait un toit défoncé, des chaises sans dossier et un plancher sale où abondaient poussière, feuilles et toiles d'araignée! Munis des informations, on a marché dans les petites rues du village avant d'aller manger dans un des restos de la place.
Puis après, on a marché sur une route de terre qui quittait le village en direction de la rivière. Au début, c'était bien agréable, il y avait de nombreuses fermes, il ne faisait pas trop chaud car il y avait du vent et pas trop de moustiques! L'aventure a vraiment commencé après un embranchement où la route plongeait dans la forêt tropicale... En tant que Québécois, notre connaissance de la forêt tropicale est assez limitée; dans les premiers mètres de la route on a croisé un petit serpent, ce qui nous a fait réaliser qu'on était peut-être pas préparés à tout ce qui pouvait se trouver autour de nous... On a continué à marcher 1h de temps sur la route, en ne croisant quasiment personne, en cherchant un bled qui devait nous indiquer la proximité de ladite rivière. On a finalement jamais trouvé ni le village ni la rivière! Après un certain temps, on a rebroussé chemin, en s'informant auprès des quelques personnes qu'on a croisées (cliché amazonien: le gars qui taillait les fourrés de son terrain avec une machette)! En plus dans la forêt, il n'y avait plus de vent = moustiques = peut-être malaria...! Suite à une dernière tentative sur un autre chemin, on s'est rendus à l'évidence est on est rentrés au village bredouilles, complètement crevés, couverts de poussière et les jambes couvertes de piqûres de moustique... On a quand même apprécié l'expérience, mais il faut bien des échecs quelques fois en voyage!
Pour revenir à Santa Cruz, il fallait revenir à la place centrale de Buena Vista et faire signe aux taxis collectifs de s'arrêter. Cependant, aucun d'entre eux ne revenait directement à Santa Cruz. Après un moment, on a donc décidé d'en prendre un qui se rendait à un village intermédiaire, d'où on en prendrait un autre qui nous ramènerait à bon port. On a finalement embarqué dans un minibus presque vide, où il n'y avait qu'une petite famille: la grand-mère, la fille et le petit-fils. La grand-mère était une dame autoritaire et désagréable qui passait son temps à ramener à l'ordre (en hurlant d'une voix nasillarde) son petit-fils qu'elle appelait tour à tour "flaco" ("petit maigre") et "gordito" ("petit gros")! Une fois au village intermédiaire, la grand-mère nous a demandé si ça nous dérangeait qu'on arrête à l'hôpital pour qu'elle puisse aller à son rendez-vous médical!... On a donc passé un 15 minutes à l'attendre, puis on est passés voir des gens qu'elle semblait connaître dans le village, à qui elle a demandé de l'argent pour l'aider à payer ses médicaments pendant que Flaco jouait avec les conduites de gaz de la maison! Le chauffeur de bus, qui avait reluqué l'une des filles de la maison, s'est fait vite reprocher son geste par la grand-mère, par un cinglant "Tiene esposo, polla!" (ce qui se traduit à peu près par "elle a un mari, obsédé!"). En contrepartie de notre attente, finalement il semblait que le minibus se rendit aussi à Santa Cruz, donc on est restés pendant que la grand-mère nous abreuvait de conseils sur quel autobus prendre en ville et sur les choses à faire à Potosi. Enfin, le bus nous a laissés au milieu de nulle part, en périphérie de Santa Cruz, où on a pu prendre malgré tout un autre bus vers le centre! Après un frugal repas d'empanadas sur la place, on est revenus fourbus à l'hôtel.
Le jour suivant, on s'est levés tôt pour aller visiter le zoo de la ville, consacré à la faune de l'Amazonie bolivienne! Entre autres choses, on a bien aimé les perroquets qui répétaient tout ce qu'on disait (y compris les rires), François a été séduit par le singe-écureuil, on a été impressionnés par les jaguars et autres grands fauves locaux, on a vu un bébé capibara (le plus gros rongeur du monde, ça ressemble à un gros cochon d'Inde) s'enfuir pour aller se réfugier dans l'enclos des autruches, on a vu un paresseux se balader librement dans les branches des arbres du parc, on a encouragé les tortues dans leurs lentes et vaines tentatives d'escalader le parapet de leur enclos vers la liberté, on a regardé avec appréhension l'enclos des caïmans et des piranhas (de même que celui des serpents) en se disant qu'au Brésil, on allait peut-être les voir en liberté (!), on a trouvé cocasse que les lamas soient classés dans la catégorie "animaux de la ferme" au même titre que les moutons et les poules, on a constaté qu'un condor de proche, c'est plutôt moche et on a regardé un singe manger une banane avec une agilité ahurissante, en se souvenant que l'un de ces démons poilus avait bien failli nous voler notre caméra quand on était au Vietnam! Bref, on a bien profité de notre passage au zoo!
Pour le dîner, on allait rejoindre deux Crucenos, Ximena et Mauricio, que François avait connu l'an dernier quand il était en Bolivie. Ils nous avaient donné rendez-vous dans un restaurant où l'on sert de la bouffe typique de cette région du pays, la Casa del Camba (si vous passez par Santa Cruz, vous DEVEZ y manger, c'est vraiment délicieux!). Le diner a commencé à l'heure latine (i.e. en retard) parce que Ximena avait compris qu'elle devait passer nous prendre à notre hôtel, ce qui a valu à François des blagues sur la qualité de son espagnol teinté de chilenismos qui aurait été la cause du quiproquo!
Le dîner fut bien agréable, on a parlé politique bolivienne avec tout le cynisme que ça implique! Après, Ximena nous a emmené dans sa voiture faire un tour de la ville dans les quartiers plus riches en banlieue! En fait, elle est une rich kid bolivienne, sa mère est avocate et son père possède des terres en campagne. Bref, elle ne voyage qu'en avion (y compris à l'intérieur de la Bolivie) et elle a reçu une voiture de l'année à ses 18 ans...! Malgré tout, elle n'est pas hautaine et se dit socialiste! On est passés faire un tour chez elle puis elle est venue nous mener à l'intérieur du terminal d'autobus, où on a appris que le bus de la compagnie avec qui on avait des billets était resté pris je ne sais où, on devait donc changer de compagnie de bus (pour un prix plus cher, bien sûr!). En plus, on changeait pour un bus "normal", c'est à dire que le siège ne fait que s'incliner un peu, garantissant une nuit de marde... Après avoir changé à contrecoeur nos billets, on a dit au revoir à Ximena puis on est partis vers Sucre!
Tout juste sortis du terminal, un gars est entré dans l'autobus et a commencé à nous faire l'info-pub la plus complète et la plus longue à laquelle on ait jamais assisté! Sérieusement, ça a duré au moins une heure. Ça allait comme suit: "Qui mange du poulet ici? Qui mange du riz? Qui mange du quinoa? Vous voyez, on mange du poulet, du riz et des pâtes, rien d'autre: notre alimentation est mauvaise pour notre organisme! Notre estomac est une poubelle et il faut le nettoyer. Qui a mauvaise haleine ici? Qui a des gaz fétides? Qui s'endort durant la journée? Vous voyez: notre organisme est pollué! Heureusement, mon produit vous débarrassera de tout ça! ... ... ...". En fait, pendant tout ce temps-là, le gars a voulu nous vendre... des laxatifs à saveur de fruits. C'était probablement le pitch de vente le plus réussi pour ce genre de produits...!
Après avoir effectivement très mal dormi, trimbalés le long d'une route cahoteuse pendant 15h, on est arrivés à Sucre, pour retrouver le climat plus frais de l'Altiplano!
Pourquoi visiter le Paraguay? Franchement on se le demande... Il n'y a pas grand chose à y faire: 50% du pays est un gros marais, et le reste ne présente pas d'intérêt particulier à première vue... On voulait y aller justement parce que c'est très peu visité, que c'était grosso modo sur notre route, et qu'on aurait pu dire qu'on est allés au Paraguay. Toutefois, une fois au consulat, le visa de 75$ (alors qu'on y resterait quelques jours...) nous donnait soudainement moins envie, d'autant plus que le trajet en bus pour s'y rendre (Santa Cruz - Asuncion) dure 24h à travers des routes pourries et coûte une fortune. Bref, après avoir bien hésité, on a décidé que si on devait passer au Paraguay, ce serait au retour vers Santiago et non maintenant.
Ce point résolu, on a entrepris de trouver un hôtel; on a finalement arrêté notre choix sur un hostel situé dans une maison coloniale avec une cour intérieure pleine de plantes, et avec comme clou du spectacle, un toucan apprivoisé (tsé, ceux avec un grooos bec orange!). Le gros plaisir du toucan était de zieuter la bouffe des gens pour éventuellement leur piquer, ou de renverser les poubelles pour aller chercher la nourriture à l'intérieur. Comme nos plans avaient changé, on devait maintenant acheter un billet de bus pour aller à Sucre, la capitale historique de la Bolivie. On est donc retournés à la gare, où on a magasiné toutes les agences en éliminant d'emblée les compagnies de bus qu'on avait déjà aperçues et qui semblaient cacanes. Bref, armés de nos billets, on a enfin pu commencer à profiter de Santa Cruz.
Santa Cruz est la plus grosse ville de la Bolivie, sans en être la capitale. Elle est située dans les plaines qui bordent la forêt amazonienne: il y fait donc assez chaud (il faisait 30, en hiver)! Malgré le fait qu'elle soit très peuplée, c'est tout de même une ville agréable car les bâtiments sont bas, c'est comme une petite ville très étendue. Après un dîner où on a pu goûter au yuca (un genre de tubercule qui goûte la patate), on est allés voir la place centrale et la cathédrale. Les nerfs de Mémé ont lâché quand un employé s'est mis à tondre le gazon juste derrière notre banc sur la place. Pour ne pas créer un divorce avant le temps, on est donc allés faire une sieste à l'hôtel, dont François qui a commencé une idylle sur un hamac avec le toucan...
On a émergé du sommeil pour aller déguster un succulent hot-dog au coin de la rue, complet avec des morceaux de pâte frite et du maïs... Comme il fait toujours chaud à Santa Cruz, il y a des millions de restos de crème glacée! On avait justement aperçu une promotion 2 pour 1 pour du yogourt glacé avec plein de fruits pi toute: ce fut notre dessert sur la place centrale, bondée à cette heure-là.
Pour notre deuxième journée dans le coin, on s'était mis dans la tête d'aller vedger sur une plage d'une rivière amazonienne située dans un parc national à 2h de Santa Cruz. Après avoir cherché pendant un certain temps les taxis collectifs, on a roulé vers Buena Vista en compagnie d'autochtones du coin (comme toujours sans ceinture de sécurité, avec le dossier du siège qui tombait sur nous à chaque arrêt car le coffre arrière était surchargé...)! Buena Vista est un charmant village avec une place centrale pleine de palmiers et d'autres arbres tropicaux. Comme on cherchait une carte pour se rendre à la rivière, on a cherché en vain l'information touristique avant de tenter notre chance à la marie locale, où on monsieur super gentil a pris le temps de nous dessiner une carte. Les fonctionnaires boliviens bénéficient d'un environnement de travail beaucoup moins avantageux que chez nous: le bureau du monsieur avait un toit défoncé, des chaises sans dossier et un plancher sale où abondaient poussière, feuilles et toiles d'araignée! Munis des informations, on a marché dans les petites rues du village avant d'aller manger dans un des restos de la place.
Puis après, on a marché sur une route de terre qui quittait le village en direction de la rivière. Au début, c'était bien agréable, il y avait de nombreuses fermes, il ne faisait pas trop chaud car il y avait du vent et pas trop de moustiques! L'aventure a vraiment commencé après un embranchement où la route plongeait dans la forêt tropicale... En tant que Québécois, notre connaissance de la forêt tropicale est assez limitée; dans les premiers mètres de la route on a croisé un petit serpent, ce qui nous a fait réaliser qu'on était peut-être pas préparés à tout ce qui pouvait se trouver autour de nous... On a continué à marcher 1h de temps sur la route, en ne croisant quasiment personne, en cherchant un bled qui devait nous indiquer la proximité de ladite rivière. On a finalement jamais trouvé ni le village ni la rivière! Après un certain temps, on a rebroussé chemin, en s'informant auprès des quelques personnes qu'on a croisées (cliché amazonien: le gars qui taillait les fourrés de son terrain avec une machette)! En plus dans la forêt, il n'y avait plus de vent = moustiques = peut-être malaria...! Suite à une dernière tentative sur un autre chemin, on s'est rendus à l'évidence est on est rentrés au village bredouilles, complètement crevés, couverts de poussière et les jambes couvertes de piqûres de moustique... On a quand même apprécié l'expérience, mais il faut bien des échecs quelques fois en voyage!
Pour revenir à Santa Cruz, il fallait revenir à la place centrale de Buena Vista et faire signe aux taxis collectifs de s'arrêter. Cependant, aucun d'entre eux ne revenait directement à Santa Cruz. Après un moment, on a donc décidé d'en prendre un qui se rendait à un village intermédiaire, d'où on en prendrait un autre qui nous ramènerait à bon port. On a finalement embarqué dans un minibus presque vide, où il n'y avait qu'une petite famille: la grand-mère, la fille et le petit-fils. La grand-mère était une dame autoritaire et désagréable qui passait son temps à ramener à l'ordre (en hurlant d'une voix nasillarde) son petit-fils qu'elle appelait tour à tour "flaco" ("petit maigre") et "gordito" ("petit gros")! Une fois au village intermédiaire, la grand-mère nous a demandé si ça nous dérangeait qu'on arrête à l'hôpital pour qu'elle puisse aller à son rendez-vous médical!... On a donc passé un 15 minutes à l'attendre, puis on est passés voir des gens qu'elle semblait connaître dans le village, à qui elle a demandé de l'argent pour l'aider à payer ses médicaments pendant que Flaco jouait avec les conduites de gaz de la maison! Le chauffeur de bus, qui avait reluqué l'une des filles de la maison, s'est fait vite reprocher son geste par la grand-mère, par un cinglant "Tiene esposo, polla!" (ce qui se traduit à peu près par "elle a un mari, obsédé!"). En contrepartie de notre attente, finalement il semblait que le minibus se rendit aussi à Santa Cruz, donc on est restés pendant que la grand-mère nous abreuvait de conseils sur quel autobus prendre en ville et sur les choses à faire à Potosi. Enfin, le bus nous a laissés au milieu de nulle part, en périphérie de Santa Cruz, où on a pu prendre malgré tout un autre bus vers le centre! Après un frugal repas d'empanadas sur la place, on est revenus fourbus à l'hôtel.
Le jour suivant, on s'est levés tôt pour aller visiter le zoo de la ville, consacré à la faune de l'Amazonie bolivienne! Entre autres choses, on a bien aimé les perroquets qui répétaient tout ce qu'on disait (y compris les rires), François a été séduit par le singe-écureuil, on a été impressionnés par les jaguars et autres grands fauves locaux, on a vu un bébé capibara (le plus gros rongeur du monde, ça ressemble à un gros cochon d'Inde) s'enfuir pour aller se réfugier dans l'enclos des autruches, on a vu un paresseux se balader librement dans les branches des arbres du parc, on a encouragé les tortues dans leurs lentes et vaines tentatives d'escalader le parapet de leur enclos vers la liberté, on a regardé avec appréhension l'enclos des caïmans et des piranhas (de même que celui des serpents) en se disant qu'au Brésil, on allait peut-être les voir en liberté (!), on a trouvé cocasse que les lamas soient classés dans la catégorie "animaux de la ferme" au même titre que les moutons et les poules, on a constaté qu'un condor de proche, c'est plutôt moche et on a regardé un singe manger une banane avec une agilité ahurissante, en se souvenant que l'un de ces démons poilus avait bien failli nous voler notre caméra quand on était au Vietnam! Bref, on a bien profité de notre passage au zoo!
Pour le dîner, on allait rejoindre deux Crucenos, Ximena et Mauricio, que François avait connu l'an dernier quand il était en Bolivie. Ils nous avaient donné rendez-vous dans un restaurant où l'on sert de la bouffe typique de cette région du pays, la Casa del Camba (si vous passez par Santa Cruz, vous DEVEZ y manger, c'est vraiment délicieux!). Le diner a commencé à l'heure latine (i.e. en retard) parce que Ximena avait compris qu'elle devait passer nous prendre à notre hôtel, ce qui a valu à François des blagues sur la qualité de son espagnol teinté de chilenismos qui aurait été la cause du quiproquo!
Le dîner fut bien agréable, on a parlé politique bolivienne avec tout le cynisme que ça implique! Après, Ximena nous a emmené dans sa voiture faire un tour de la ville dans les quartiers plus riches en banlieue! En fait, elle est une rich kid bolivienne, sa mère est avocate et son père possède des terres en campagne. Bref, elle ne voyage qu'en avion (y compris à l'intérieur de la Bolivie) et elle a reçu une voiture de l'année à ses 18 ans...! Malgré tout, elle n'est pas hautaine et se dit socialiste! On est passés faire un tour chez elle puis elle est venue nous mener à l'intérieur du terminal d'autobus, où on a appris que le bus de la compagnie avec qui on avait des billets était resté pris je ne sais où, on devait donc changer de compagnie de bus (pour un prix plus cher, bien sûr!). En plus, on changeait pour un bus "normal", c'est à dire que le siège ne fait que s'incliner un peu, garantissant une nuit de marde... Après avoir changé à contrecoeur nos billets, on a dit au revoir à Ximena puis on est partis vers Sucre!
Tout juste sortis du terminal, un gars est entré dans l'autobus et a commencé à nous faire l'info-pub la plus complète et la plus longue à laquelle on ait jamais assisté! Sérieusement, ça a duré au moins une heure. Ça allait comme suit: "Qui mange du poulet ici? Qui mange du riz? Qui mange du quinoa? Vous voyez, on mange du poulet, du riz et des pâtes, rien d'autre: notre alimentation est mauvaise pour notre organisme! Notre estomac est une poubelle et il faut le nettoyer. Qui a mauvaise haleine ici? Qui a des gaz fétides? Qui s'endort durant la journée? Vous voyez: notre organisme est pollué! Heureusement, mon produit vous débarrassera de tout ça! ... ... ...". En fait, pendant tout ce temps-là, le gars a voulu nous vendre... des laxatifs à saveur de fruits. C'était probablement le pitch de vente le plus réussi pour ce genre de produits...!
Après avoir effectivement très mal dormi, trimbalés le long d'une route cahoteuse pendant 15h, on est arrivés à Sucre, pour retrouver le climat plus frais de l'Altiplano!
Inscription à :
Articles (Atom)