La ville d'Uyuni est minuscule, et pas la plus jolie de toutes, disons-le! C'est un espèce de poste avancé situé en plein coeur du désert du sud de la Bolivie, balayé par les vents glaciaux de cette région et enveloppé de poussière. La majorité des rues sont en terre battue et les maisons brinquebalantes suintent la pauvreté. Malgré tout, la ville attire un nombre impressionnant de touristes, car ses environs contiennent des paysages à couper le souffle, dont le salar d'Uyuni, le plus grand au monde! Bref, presque tous les touristes qui visitent la Bolivie convergent vers cette ville qui vit essentiellement des dizaines d'agences de voyage qu'elle contient ainsi que des restos de pizza trop chers...
Notre défi en arrivant à Uyuni était donc de choisir une agence qui nous paraissait bien, pour réserver un tour de 3 jours dans les environs. Les agences proposent toutes la même chose, à des prix sensiblement pareils; celle qu'on a choisie (malgré l'apparence miteuse de son local) s'est avérée assez bien!
Pour souper, on s'est éloignés du centre où abondent les restos pour touristes, pour trouver un petit resto de parilla (grillades) très bien, et décoré avec un goût exquis: plein de calendriers avec des filles à moitié toutes nues, sur chaque cm des murs du restaurant! Puis, on est allés écrire le blog dans un autre restaurant assez mignon, dans lequel on a mangé un morceau de gâteau au chocolat décadent devant un poêle à bois. Effectivement, il fait froid à Uyuni. Très froid, mais finalement jamais autant que ce qu'on allait vivre durant notre tour les jours suivants! D'ailleurs, on avait trouvé pour la nuit un joli hostal vraiment pas cher pour une chambre double, mais là aussi il faisait froid! On a donc subtilement volé la chaufferette électrique inutilisée qui était dans le corridor, ce qui nous a permis de remonter de quelques degrés la température de la chambre...
Au matin, on s'est dirigés vers l'agence, en appréhendant tout de même un peu ce que le tour pouvait nous réserver (il est d'usage de se faire changer de compagnie pour remplir un autre jeep, ou parfois de tomber sur une compagnie vraiment boboche où le chauffeur est saoul, ou où la nourriture est terriblement mauvaise). Beaucoup d'histoires d'horreur de ce genre circulent sur les tours, et le Lonely Planet n'est pas en mesure de nous conseiller une compagnie plus qu'une autre étant donné les témoignages contradictoires sur une même entreprise... Finalement, notre jeep est arrivée. L'agence nous avait dit qu'on serait avec deux Français et deux Anglais d'environ notre âge: au lieu de ça, nous étions avec un couple de Flamands de notre âge, avec un Espagnol d'une quarantaine d'année et sa blonde Française du même âge. On a fini bien plus tard par comprendre que les gens avec qui on était censés faire le tour étaient finalement allés avec une autre compagnie. Toutefois, nos compagnons de voyage étaient sympas: les deux Flamands étaient timides mais gentils, l'Espagnol était un peu tonitruant et monsieur Je-sais-tout, et la Française était moins pire que certains de ses compatriotes parisiens en ce qui a trait au caractère chiant (en fait, elle était juste chiante de temps en temps ce qui était très bien!) (On s'excuse à l'avance pour les Français qui nous lisent, vous n'êtes heureusement pas tous comme ça!). Une bonne chose était que tout le monde parlait français, ce qui a facilité les conversations tout au long du voyage! On a parlé assez longtemps de Québec vu que le couple franco-espagnol y avait été pour étudier à l'Université Laval et prévoyait y retourner cet automne. Notre équipage était complété par notre chauffeur-guide-mécanicien-cuisinier, José, un Bolivien au début peu loquace mais qui nous a ensuite trouvé sympas et qui a modulé le tour en fonction de ce qu'on voulait faire, en nous montrant même des endroits où les touristes ne s'arrêtent pas habituellement. Note aux mamans: notre chauffeur conduisait très prudemment (selon les standards boliviens)!
Après un arrêt obligé dans un petit village où s'alignaient les vendeurs de gogosses touristiques, on est entrés dans le fameux salar! Au début, on est arrêtés à l'endroit où les Boliviens récoltent le sel pour le transformer en sel de table. Comme le sol du salar est un peu humide, ils commencent par pelleter des tas de sel pour que l'eau s'égoutte, ce qui fait plein de petits monticules de sel blanc, avant d'embarquer ces tas-là dans un gros camion pour que le sel se fasse ioder au village. On est repartis en jeep vers la partie non industrielle du salar, là où une plaine complètement blanche s'étend à perte de vue! C'est franchement magnifique, un paysage comme on en voit nulle part ailleurs! En plus, sur le sol, il se forme d'étranges et grandes formations (40aine de cm) hexagonales ou octogonales de sel dont les rebords sont surélevés.
Plus profondément dans le salar se trouve une île (en fait une montagne maintenant que ce n'est plus un lac) où la végétation est composée quasi uniquement de cactus géants! Quoique très touristiques vu que tous les jeep s'y rendent approximativement en même temps, c'est vraiment magnifique et impressionnant avec le vert des cactus, le blanc du salar et le bleu du ciel! On en a profité pour dîner sur place, où on a tous été bien surpris par le bon repas chaud que le guide nous avait préparé!
Après avoir pris quelques photos dans le salar, on est arrivés à notre hôtel pour la nuit, tout de sel construit! C'était bien parce que contrairement au tour que François avait fait l'an passé, on était dans un village de 2-3 maisons, beaucoup plus près du salar que l'autre village où aboutissent la majorité des tours! On est donc allés se promener dans les environs et on a trouvé un sentier d'interprétation qui menait vers le haut des montagnes derrière le village. C'était bien chouette parce qu'on avait une vue géniale sur le salar et les montagnes au loin, en plus d'avoir pu assister au coucher de soleil! Avant de revenir prendre un thé à l'hôtel, on s'est promenés sur la plaine de sable devant le salar, rencontrant quelques vicuñas (lamas sauvages qui ressemblent à des chevreuils) au passage. Le souper était un peu plus frugal quoique typique: du quinoa (la Bolivie en est un producteur majeur), de la viande de lama (très très dur et avec un goût très prononcé), et c'est tout...! On est allés admirer le ciel étoilé particulièrement clair avant de revenir en grelotant vers notre chambre, pour une nuit pas beaucoup plus chaude qu'à l'extérieur!
Réveillés à 6h30 par notre guide (et c'était déjà en retard sur le planning), on a pris notre déjeuner avant de retourner dans le jeep un peu plus vers le sud de la Bolivie, où il y a un autre salar (plus petit et moins blanc) mais avec les montagnes enneigées au loin qui font très joli! Sur le chemin, on a aussi prêté main forte à une autre jeep qui avait eu un accident un peu inusité dans le désert: l'une de ses roues s'était tout simplement détachée de la voiture! Pas de blessés heureusement! Il y a beaucoup de problèmes mécaniques dans les jeeps qui font le tour du salar, car le sel et les mauvais chemins de sable et de pierre éprouvent durement les voitures... D'ailleurs, les jeeps qui font le salar sont en général de vieux Land Rover (ou l'équivalent pour Toyota) datant au plus récent de 2003, parce qu'après les voitures ont été bourrées d'équipement électronique qu'il est impossible de réparer manuellement dans le désert!
Un peu plus loin se trouve un espèce de désert de roche/canyon (qui ressemble un peu à celui qu'on a fait au Kirg) qui, impressionnant en lui-même, donne en plus un point de vue sur le volcan Ollague qui est toujours actif. On s'est ensuite dirigés vers une lagune où quelques flamants roses barbotaient! En plus, ils étaient très près du bord alors on a pu les voir de vraiment près! Devant ces paysages, le dîner semblait encore meilleur! Et c'était bien qu'on ait mangé à cette lagune parce que la suivante empestait le souffre! Elle était beaucoup plus grande et avec beaucoup plus de flamants roses par contre! Cependant, ayant le monopole, les toilettes publiques demandaient 5 fois plus cher que normalement, en plus d'être tout simplement horribles côté propreté! Mémé a bien fait rire les Français devant nous dans la file d'attente en racontant tout plein de niaiseries et en chialant sur les toilettes trop chères, puis on est repartis pour d'autres points de vue sur des lagunes. Suivait l'arbol de piedra ("arbre de pierre"), qui est une formation rocheuse où une immense pierre a vaguement la forme d'un arbre... La dernière attraction de la journée était la lagune Colorada, le plus gros des lacs altiplaniques qu'on ait vus, en plus d'être d'une couleur rouge vif! Les grandes montagnes derrière, sa couleur particulière et les flamants qui s'envolent en font un highlight du tour! La deuxième nuit, passée à côté de ladite lagune, est un highlight pour sa froideur légendaire... Avec ses murs en terre et ses vitres cassées, la maison où on était avait peu pour combattre la température la plus froide de toute la Bolivie! On a eu droit à un autre souper un peu moche: saucisses hot-dog et patates pilées en sachet...! Les dîners sont décidément meilleurs que les soupers ici! Dû au peu d'activités possibles dans le coin et à la température ambiante qui devait avoisiner -5 à -10, tout le groupe est parti se coucher vers 8h00, espérant que le fait d'être 6 dans le dortoir saurait réchauffer la chambre!
Des crêpes nous attendaient à notre lever le lendemain à 5h30, soit juste à temps pour qu'on arrive aux geysers au lever du soleil, à 5000m d'altitude! Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il ne s'agit pas des geysers comme en Islande ou à Yellowstone où un jet d'eau sort violemment de temps en temps. C'est plutôt des trous dans la terre d'où sortent constamment de la vapeur, un peu comme plein de bouilloires, ce qui fait un gros panache de vapeur! Pour ne pas que vous soyez déçus si vous y alliez: là aussi ça pue le souffre à plein nez!
Question d'être décalés du reste des jeep, on s'est tout de suite rendus à la dernière attraction du tour, une lagune théoriquement de couleur verte (elle n'est verte que lorsqu'il vente et il ne ventait pas lors de notre passage), située devant l'immense volcan Licancabur (qui est à moitié au Chili). C'est une des premières fois où on a pu entendre le vrai silence: aucun aucun bruit, même pas le bruit du vent!
Sur le chemin du retour, on passe dans "le désert de Dali", nommé ainsi car ça ressemble à l'une de ses oeuvres: ce sont en gros des roches disposées de façon surréaliste. On s'est arrêtés à des bains thermaux, où nous avons été les seuls du tour à oser nous baigner! L'avant était assez frigorifique, mais une fois à l'intérieur des bains, c'était plus qu'agréable! Tout reposés, on est repartis vers Uyuni. Rapidement par contre, on a dû s'arrêter pour aider une jeep qui s'était enlisée dans la neige (à cette altitude, il y avait en effet des plaques de neige un peu partout). François a donc aidé l'un des conducteurs à dégager la roue et à y mettre des pierres en guise de traction-aid pendant que l'un des guides creusait furieusement la neige à l'aide d'une assiette (ils n'avaient pas de pelle!) et que le reste du groupe poussait la voiture. La voiture s'est finalement extirpée de sa fâcheuse position et on est revenus en haletant (vous essaierez de faire autant d'effort physique à 5000m!)
Pour la suite, la troisième journée fut moins palpitante que les 2 premières car on y fait beaucoup de route. À un certain moment, on s'est mis à longer des falaises au fond desquelles il y avait une petite rivière, jusqu'à un village où on a dîné.
Après avoir mangé, José nous a proposé qu'on s'arrête aux "rocas gigantes", un ensemble de pierres volcaniques immenses et étonnamment lisses sorties de nulle part! Après quelques heures de routes, José devait remplir les bidons d'essence pour le tour du lendemain et comme l'essence est moins chère en dehors d'Uyuni, on est arrêtés au village de San Cristobal. Malheureusement, notre chauffeur n'était pas le seul à avoir eu l'idée: il devait y avoir une file d'une vingtaine de jeep et camions devant nous! On est donc allés explorer le village, dont la seule attraction est une église en vieilles pierres. Il y avait aussi curieusement, face à certaines portes des maisons du village, des pattes de lamas: à ce qu'on nous a dit, c'est censé porter chance! Après une bonne heure et quart d'attente, on a pu repartir, s'arrêtant au passage à un cimetière de train, qui est en fait un endroit où s'entassent plein de vieilles locomotives et wagons rouillés, créant une ambiance un peu fantomatique vu qu'on y était au coucher du soleil!
À Uyuni, on a salué tout le monde puis on a juste eu le temps de souper dans un petit resto bien normal avant de prendre notre bus vers La Paz, sans se douter qu'on allait encore une fois passer une nuit à geler comme des bons!
Ciao!
Ça semble vraiment magnifique. Je commence à avoir hâte de voir vos photos; pas nécessairement celles "des filles à moitié toutes nues". C'est parce qu'elles sont avec pas de casque?
RépondreSupprimerUn hôtel en sel? J'espère qu'il ne pleut vraiment pas souvent!
Après la noirceur des mines, la blancheur éclatante du sel.... Sans parler des lacs rouges, ou verts avec des flamands roses ! Tout ça doit être magnifique ! Je comprends que ni le froid, ni l'altitude n'entame votre enthousiasme qui est palpable dans le récit ''coloré'' de vos aventures. En plus, vous semblez avoir développé un sixième sens pour trouver les meilleures (ou les moins pires) compagnies de bus. Je suis heureuse qu'il se trouve des chauffeurs prudents dans le lot ! Continuez votre époustouflant voyage et soyez prudents tout de même !!
RépondreSupprimerDiane x
(note d'une des mamans) Bravo pour votre pif: continuez à dénicher des chauffeurs dépassant les standards locaux!
RépondreSupprimerMerci, José, d'avoir conduit prudemment.
RépondreSupprimerhttp://www.lapresse.ca/international/amerique-latine/201607/31/01-5006120-cinq-touristes-tues-dans-le-desert-de-sel-bolivien.php
Oh c'est triste ça!!
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