lundi 30 septembre 2013

Mancora: surf, sand et vendeurs ambulants


Salut! C'est François qui écrit! Donc, on est arrivés à 5h45 du matin à Mancora. Débarqués sans trop savoir où on était (merci Lonely Planet de ne pas inclure de carte de la ville), on s'est cependant vite rendus compte qu'on était dans un endroit touristique... En effet, dès qu'on a posé un pied sur la rue, on a été gossés sans arrêt par les chauffeurs de mototaxi et par une vieille dame édentée et visiblement aux prises avec des problèmes de santé mentale qui voulait nous vendre de la chicha dans des vieilles bouteilles de boisson gazeuse... Bref, on a fini par déjeuner en repoussant les chauffeurs achalants sans bon sens, puis on s'est mis à marcher vers l'attraction principale de Mancora: la plage!

On a toutefois tourné une rue trop tôt pour la plage et on a abouti vraiment loin des installations touristiques, dans des rues un peu ghetto. En demandant notre chemin à quelqu'un, il nous a dit d'aller vers la plage à notre gauche et non vers celle "de l'Amor" (de l'amour) située à  droite et considérée dangereuse... Notre cerveau endormi a cependant traduit le nom de la plage par "de la mort", ce qui nous semblait bien logique comme nom pour une plage dangereuse!

On s'est lentement approché du coin touristique et on a commencé à magasiner les prix avant de se dire que tout était vraiment cher pour ce que c'était! Dans l'hostel le plus dégueu (bien que le moins cher, naturellement), on a retrouvé les Allemands en camping-car qui y avaient garé leur véhicule! On ne les a pas encore revus à date mais au nombre de fois où on les a croisés, ce  serait surprenant qu'on ne les retrouve pas encore bientôt! Les Allemands nous ayant conseillé de ne pas dormir dans le centre touristique de la ville puisque le soir, tout se transformait en discothèque à ciel ouvert, on s'en est éloignés un peu pour finalement trouver un hôtel trop bien avec une proprio adorable! Bon, c'était un peu plus cher que d'habitude, mais c'était pour nos 6 ans!

On se souvient qu'on ne s'était pas lavés depuis Huaraz... et que tout notre linge était sale. Notre premier geste à l'hôtel fut donc une grande opération lavage, dont s'est chargée Mémé pendant que je tentais de planifier notre passage vers l'Équateur... C'est que c'est un peu compliqué: on peut passer par 3 routes pour traverser la zone frontalière Pérou-Équateur. L'affaire, c'est que la route principale (la Panaméricaine) est aussi connue comme étant le passage frontalier le plus dangereux d'Amérique du Sud (quoique surtout la nuit, à ce qu'on a compris, et si on le fait via une compagnie directe ce n'est pas trop pire), et que le 3e est vraiment trop éloigné dans la jungle. Restait le 2e, mais ça impliquait de revenir sur nos pas pour changer de bus dans une ville intermédiaire...

Après avoir pensé à tout ça et avoir fait sécher le lavage, on a été dîner dans un bon resto mais plus cher que d'habitude (Mancora = touristes = overpriced), avec d'excellentes pâtes à la sauce huancaina. Ensuite, on a vraiment pu commencer à faire ce pourquoi on était venus à Mancora: profiter de la plage! Mancora, en fait, ce n'est qu'un tout petit village qui s'étend sur une minuscule partie de la longue plage de sable fin qui forme une bonne part du  nord du Pérou... C'est un endroit magnifique, et plus on s'éloigne du centre touristique, plus ça devient calme et paradisiaque!

Sur la plage, on a fait nos patates sur le sable, mais comme il y avait quand même beaucoup de vent, on a rapidement été ensablés! On a aussi été dérangés par des vendeurs ambulants de lunettes et de bouffe (malgré les panneaux à l'entrée de la plage qui interdisait la vente de nourriture et de boisson sur la plage) et également par des backpackers cassés qui vendent des bracelets et autres breloques. Ça a d'ailleurs donné l'échange cocasse suivant:

- Backpacker cassé tout sourire qui nous joue la carte du gars-sympa-qui-veut-juste-jaser-avec-nous-et-nous-montrer-ses-talents-au-deedjeridoo-mais-tsé-si-tu-veux-tu-peux-m'aider- je-vends-des-bracelets-en-macramé-que-je-fais-moi-même-avec-du-tissu-recyclé-c'est-juste-3-soles-chacun, bref tout pour qu'on se sente mal de ne pas éventuellement lui acheter les gogosses qu'il a à vendre : "Hola como estan chicos?" ("Salut comment ça va les amis?")
- Mémé, qui voit tout venir et qui n'a vraiment pas envie de jouer à ce jeu-là: " Bien, pero no gracias!" ("Bien, mais non merci!")
- Backpacker cassé décontenancé par la réponse sans appel de Mémé et qui dans sa déception-frustration manie l'ironie comme d'autres manient l'épée : "Euh... Ok. Muy buena onda chicos!" ("Euh... Ok. Vous êtes vraiment sympathiques vous!")
S'en suivit une conversation entre Mémé et moi sur l'importance d'être gentil et aimable avec les vendeurs ambulants, même quand on se fait gosser sans cesse pour tout depuis des mois! (Mémé: bon, j'ai l'air d'un monstre...!! Mais vous comprendriez ma frustration à force de dire "no gracias" environ 35 fois par heure...!)

De retour à l'hôtel, on a pris la douche qu'on espérait depuis Huaraz puis on est sortis aller souper pour nos 6 ans dans un resto de cuisine sud-asiatique où on a mangé de très bons currys (on vous en parle d'ici, en Équateur où la bouffe est répétitive, et on rêve à une cuisine aussi bonne et variée!)

Le lendemain fut aussi bien relax... Après une bonne grasse matinée, on a fini de faire le lavage, puis on s'est lancés dans les courriels et autres paperasseries question de rentabiliser notre accès Wifi! On est ensuite partis dîner-déjeûner dans une petite place sur la Panamericana. La Panaméricaine, c'est un peu comme la Transcanadienne: c'est la route principale qui relie toute l'Amérique du Sud. N'allez pas croire malgré tout que c'est une autoroute: si c'est parfois vrai près des capitales (genre à Lima ou à Santiago), plus souvent qu'autrement c'est une route à 2 voies large comme nos routes de campagnes secondaires... avec un peu plus de circulation lourde (autobus et camions) mais en même temps pas tant que ça...

Après, on a été faire une longue marche sur la magnifique plage non touristique du sud de Mancora! À certains endroits, on passe devant des resorts privés qui semblent extraordinaires! Outre de riches gringos en vacances en famille dans l'un de ces clubs pour bien nantis, on a aussi croisé 2 imposantes carcasses de lions de mer (l'odeur!) plus une pointe de rocher pleine de crabes immenses!

En revenant, on a regardé les oiseaux plonger pour attraper des poissons avant d'aller nous-mêmes en manger dans une petite place de cena. On s'est aussi décidés sur la manière de traverser la frontière en achetant des billets pour Loja (Équateur) en passant par le 2e poste frontière dont je vous ai parlé plus tôt!

Après s'être levés pas trop tard le jour suivant, on a traîné un peu sur la plage (vous vous rendez compte qu'il n'y a que ça à faire ici, ça et du surf) puis on a été dîner. Le chat du resto ne cessait d'épier tous nos mouvements depuis la 3e chaise de la table pour nous voler notre bouffe, et on a aussi été témoin d'une bataille entre 2 itinérants sur la rue. C'était plutôt bizarre, mais que veux-tu...

On a contre-vérifié que tout était correct avec nos billets de bus pour Loja le soir-même (première leçon de voyage: toujours être un peu parano, ça évite de se faire dire qu'au final la dame de l'agence n'ait pas réservé les billets bien qu'elle ait dit qu'elle le ferait la veille, et qu'on se retrouve sans place dans le bus... comme ça s'était passé à Potosi). Ensuite, on a été faire changer l'essentiel de nos sols péruviens pour des dollars américains, la monnaie officielle de l'Équateur (oui oui!)

Après ces tracasseries administratives, on est retournés à la plage pour se baigner et pour profiter des grosses vagues! Le seul problème, c'est qu'il n'y a pas seulement du sable dans cette plage-là: dans l'eau, il y a aussi de grosses roches dans le fond qui scratchent les pieds! On s'est ensuite douchés (j'ai brillamment échappé notre savon dans le sable, nous garantissant des jours d'exfoliation forcée, bravo François), puis on a quitté notre petit coin de paradis pour se rendre avec nos sacs attendre le bus qui nous amenait à la ville de Sullana où on devait changer pour prendre le bus vers Loja.  Le trajet vers Sullana fut sans histoire, à travers le paysage étrangement joli de collines désertiques et d'arbrisseaux déssechés qui caractérise le nord du Pérou, le tout étant moins joli dû à la présence de nombreux puits de gaz...

Une fois à Sullana, la première chose qu'on s'est fait dire fut: "Ne sortez pas du terminal, c'est dangereux!" Comme tout le monde à Mancora nous disait ça aussi, on s'est dit qu'on allait écouter... Ensuite, il y a eu le moment de l'incompréhension totale du discours de la madame de la compagnie de bus vers l'Équateur sur combien il fallait payer en frais... Elle était super attentionnée mais elle parlait beaucoup trop vite et tentait de nous expliquer quelque chose de très compliqué sur le fait qu'il fallait qu'on paye un sol pour quelqu'un qui s'occuperait de nos bagages... En tout cas, au bout d'un très long moment on s'est donc rendus compte qu'il y aurait ce frais supplémentaire de 1 sol... C'était gentil à elle d'expliquer pourquoi, mais ça a été tellement pénible pour tout le monde de se comprendre!

Puisqu'on était prisonniers du terminal tel Tom Hanks, on n'a pas eu le choix d'y souper. Mémé a trouvé que son poisson avait un goût bizarre mais elle s'est dit que "c'était peut-être un type de poisson que je n'avais jamais goûté"... Ce poisson aurait un impact dramatique sur la suite!! (pas tant que ça mais bon, c'est pour vous garder en suspens jusqu'au prochain post!)

On s'est gorgés ensuite de culture péruvienne en écoutant le téléroman "Mon Amour le Wachiman 2" à la télévision... Ne nous demandez pas ce qu'est un Wachiman: on n'en a aucune idée! On a dépensé nos derniers sols en bonbons et gommes, on a aperçu avec joie et nostalgie l'autobus de la compagnie "Erick le Rouge" et on est enfin embarqués avec l'entreprise Loja International, qui s'est révélée plutôt bien pour un bus à un seul étage.

Le passage de la frontière péruvienne, vers minuit, s'est fait sans encombres. Alors que chez nous il est parfois difficile de se faire servir en français à Ottawa, dans ce poste secondaire perdu dans la campagne, le douanier péruvien parlait français! On a patienté ensuite un bon moment parce qu'il y avait une madame qui semblait décidément avoir des problèmes avec la grosse poche de riz qu'elle importait en Équateur... de l'autre côté du pont international qu'on a traversé à pied, les douaniers équatoriens ont étampé bien vite nos passeports avant de nous dire que tout était correct. Le tout faisait bien plus sérieux que la frontière Bolivie-Pérou au lac Titicaca!

Ainsi se termine notre épopée au Pérou! On vous jase de l'Équateur très bientôt!

samedi 28 septembre 2013

Trujillo

Re-bonjour!

Plutôt que le 6-7h promis, Trujillo nous attendait à 4h du matin...  Donc, comme à chaque fois, on a attendu dans le terminal de bus, et j'ai pu dormir un peu pendant que Franco planifiait notre excursion d'une journée à Trujillo. En effet, malgré le fait que ce soit une belle ville, il n'y a pas tant de choses à faire, alors on avait fait le pari de la visiter en une journée pour repartir le soir même vers Mancora. Aussi, il paraît que les hôtels sont chers (d'ailleurs, des touristes nous ont proposé de les accompagner en taxi pour se rendre dans un village voisin moins cher. On ne comprend pas trop la logique de payer 5 fois plus cher qu'un bus public pour y aller en taxi alors que leur but était d'économiser, mais bon, chacun ses choix).

Franco est parti à la recherche de pain pour qu'on déjeune puis s'est lié d'amitié avec un chauffeur de bus et avec un gardien de sécurité polyglotte. Ces deux-là nous ont été d'une grande aide pour nous indiquer comment se rendre au centre-ville en bus public, alors qu'un autre chauffeur nous avait dit que le seul moyen était d'y aller en taxi et oh surprise, il était aussi lui-même chauffeur de taxi! En réalité, on voulait se rendre au terminal d'une autre compagnie de bus (il n'y a aucun terminal central à Trujillo) pour acheter nos billets du soir. Là pour une fois on a décidé de ne pas magasiner nos billets de bus parce que ça aurait été trop compliqué de faire plein de terminaux différents éparpillés partout dans la ville! En nous voyant partir de son terminal, le chauffeur du bus/chauffeur de taxi s'est rué vers nous pour nous dire que c'était impossible de se rendre en bus et que ça allait nous coûter aussi cher d'y aller en bus que d'y aller avec lui. Ce fut un moment assez cocasse parce que le gardien de sécurité était derrière lui et faisait des signes de tête voulant dire "non, ce n'est pas vrai, allez-y en bus" haha! On s'est rendus très facilement dans un bus public qui était vraiment trop classe pour un bus de ville et on a laissé pour la journée nos backpacks à la compagnie El Dorado dans leur terminal situé dans un quartier industriel un peu glauque, sans être trop confiants de si on allait les retrouver le soir... On a demandé comment se rendre au centre-ville:
- Est-ce qu'on peut marcher jusqu'à la place centrale d'ici?
- Avez-vous des objets de valeur avec vous?
- Euh non......
- Alors oui, c'est à 15 minutes à pied!
- Et c'est sécuritaire?
- Oui, pourquoi ce le serait pas?

Pas très rassurés par sa question sur les objets de valeur, on a marché vers le centre, s'arrêtant prendre un grand verre de jus d'orange fraîchement pressé à un stand au coin de la rue. Le centre-ville de Trujillo est bien joli, avec ses vieilles maisons coloniales peintes de couleurs pastel. Il y a une rue piétonne bien jolie qui mène sur la place centrale un peu dénudée mais immaculée. Arrêtés sur ladite place pour se mettre de la crème solaire, un employé de la municipalité nous a abordé pour nous donner une carte de la ville et nous indiquer comment se rendre aux attractions en transport en commun.  Il était beaucoup trop motivé et est revenu plus tard pour nous donner un papier où il avait résumé ce qu'il nous avait dit pour qu'on s'en souvienne bien! Il nous a aussi invité à nous faire entrer dans la mairie pour qu'on la visite. C'est un grand bâtiment colonial et pour se rendre au balcon d'où on a une superbe vue sur la place centrale, il fallait traverser une salle de réception/salle du conseil, où plein d'écoliers attendaient on-ne-sait-quoi et étaient fascinés par notre présence.

La carte du gars contenait une liste de musées et de maisons coloniales qu'on pouvait visiter gratuitement. On s'est donc planifié un parcours pour les visiter, en passant par les églises de la ville. On a commencé par un musée sur l'un de ceux qui a écrit la constitution péruvienne. Sa maison étant maintenant occupée par une banque, les formalités de sécurité étaient beaucoup trop intenses (on s'est enregistré, on a montré nos passeports et un gardien nous a suivi tout le long). Après on a visité la cathédrale, puis à la sortie, un groupe d'étudiants nous aborde pour nous demander de les aider dans un travail pour leur cours d'anglais: ils allaient nous filmer alors qu'on leur demandait des questions du genre "I have a recycling company: how can I prevent fire hazards in my company",  haha décidément on nous aime au Pérou!

On a continué à visiter la ville, et plusieurs habitants nous abordaient pour nous dire "siempre con cuidado" ("faites toujours attention") parce que Trujillo a une mauvaise réputation pour les vols. Dans le musée de la Casa de la Independencia, on s'est fait avoir par l'arnaque du "faux-ami", où quelqu'un qui ne semble pas impliqué dans le musée nous aborde et nous raconte des détails sur le musée et son contenu. Tu le trouves gentil alors tu l'écoutes et finalement à la fin il te demande de payer parce qu'il t'a fait visiter une partie du musée... On est repartis avec un goût amer mettons... On a dîné dans un resto meilleur que d'habitude, où ils nous proposaient un apéritif et un dessert en plus!

Une des attractions de Trujillo est Chan Chan, les ruines d'une ancienne ville du peuple Chimu (avant les Incas). Alors qu'on avait compris que le bus nous menait à la porte, il nous a laissés au milieu de nulle part dans le désert... Il y avait bien un panneau pour l'entrée du site mais on ne voit pas du tout les ruines ni aucun signe de vie le long de la route censée y mener...  On a repoussé l'offre d'un chauffeur de taxi de nous amener aux ruines ("vous ne pouvez pas marcher, c'est à 2km"!), mais on l'a regretté un peu au fur et à mesure qu'on s'avance sur la route déserte, bordée par des  petits fossés et des parois rocheuses où quelqu'un de mal intentionné pourrait se cacher pour nous détrousser... Finalement, on s'est rendus compte qu'on avait eu tort de s'inquiéter quand on a vu au tournant le site (vraiment pas à 2 km...) et des gens qui marchaient aussi sur la route! La ville de Chan Chan devait être immense, mais on n'y retrouve maintenant que quelques murs de terre de temps en temps. Ils ont entrepris la reconstruction d'un des temples et c'est seulement lui qu'on peut visiter. C'est vraiment impressionnant (et ça ne ressemble pas du tout à Machu Picchu) , tout est en terre et les murs sont très bien décorés, des animaux et des formes géométriques y étant sculptés. On arrive d'abord dans une grande place où quelqu'un nous attend déguisé en indien Chimu... J'ai fait office de guide tout le long de la visite grâce aux explications contenues dans le Lonely Planet. La visite finit sur un espèce de lac qui servait à l'époque de réservoir d'eau (on est au milieu du désert). Bien intéressant!

Avant de revenir à Trujillo, on a voulu aller voir la ville d'à côté, Huanchaco. Elle est située sur le bord de la mer, alors on a marché longtemps sur la plage de galet. À un certain moment on a trouvé un oursin qui était encore vivant. J'ai donc voulu lui sauver la vie en le remettant dans l'eau, juchée sur une grosse pierre. Malheureusement, une immense vague est arrivée au même moment et j'ai eu les souliers complètement trempés! Ça m'apprendra à vouloir sauver un oursin! On s'est assis sur la plage le temps que mes pieds sèchent un peu et on a assisté au coucher de soleil. Ici aussi on s'est fait aborder par 2 jeunes filles qui voulaient nous poser des questions en anglais pour un travail d'école... Décidément!

On est partis à la recherche d'un souper, mais tout était hors de prix sur le bord de l'eau alors on est revenus à Trujillo, où on a mangé dans un chifa au son du téléjournal en mandarin! Le chauffeur de taxi vers le terminal  d'El Dorado (vu qu'on se rappelle que le voisinage était glauque) était super gentil. Quant à El Dorado, on est pas tombés sur la compagnie la plus organisée mettons. Le bus partait officiellement à 9h et François n'a pas pu faire enregistrer nos bagages avant 9h05. L'autobus est arrivé à 9h30 et on est partis  à 9h45. Rendus dehors, on s'est aperçus que la soute était pleine et qu'il restait encore beaucoup de sacs (dont les nôtres) à faire entrer! Les employés avaient l'air un peu perplexes, puis finalement ils ont mis ce qui restait dans la cabine du chauffeur...!

On vous parle de Mancora et des plages du nord du Pérou dans notre prochain billet!   

vendredi 27 septembre 2013

Huaraz

Malheureusement pour vous, c'est rendu MP qui écrit, vous ne profiterez pas de la plume de François! Bon, je commence! Nous sommes arrivés à Huaraz à 6h du matin (une grande réussite!) là où nous attendaient évidemment plusieurs touts qui voulaient nous attirer dans leur hôtel. L'avant-veille (donc le 8 septembre), ça a fait 6 ans que j'endure François! Il fallait donc fêter ça, ce qu'on n'avait pas fait à Lima! Bref, on s'était dit qu'on allait essayer de profiter du début de la basse saison pour aller dans un bel hôtel! Malheureusement, les prix n'avaient pas baissé et on n'aimait pas assez l'hôtel pour y rester à plein prix. À la place, on a trouvé un autre hostel assez joli et on a commencé notre séjour à Huaraz par une longue sieste pour se remettre de nos émotions avec Érick le rouge. Après, comme l'hostel avait une belle cuisine, on a décidé de varier nos habitudes culinaires en se cuisinant un bon brunch!

Huaraz est une petite ville où il n'y a rien à faire en soi... Par contre, sa situation géographique attire de nombreux touristes avides de jolis paysages! Question d'organiser nos sorties hors de la ville, on est passés voir l'information touristique péruvienne, toujours aussi efficace! Finalement, on a choisi d'acheter un tour avec une agence pour aller voir deux lagunes le lendemain, et d'aller visiter les petits villages de la vallée par nous-mêmes le jour suivant. Avec nos billets de bus pour notre prochaine destination en poche, on est allés souper dans un petit resto familial près de l'hostel, puis on a fait un gros dodo.

En effet, le lendemain on avait rendez-vous à 6h avec l'autobus de l'agence. Nous et tous les autres touristes du bus (dont 2 Danois bien sympas) avons dormi jusqu'à ce qu'on arrive à une route de terre, dans un état qui nous empêchait tous de même considérer fermer l'oeil...! Après un certain temps, nous sommes arrivés à la laguna Llanganuco, au son des "oh" et des "ah" de tous les passagers devant sa couleur bleue turquoise. Mais sérieusement, un vrai de vrai turquoise vif! C'était vraiment beau, bordée de hautes montagnes abruptes.

Pour se rendre à la deuxième lagune, la lagune 69 (il y aurait tellement de lagunes dans le coin qu'ils n'avaient pas assez d'idées pour toutes leur donner un nom alors ils ont préféré donner des numéros), il fallait se rendre un peu plus loin puis marcher pendant 3h. L'agence en avait parlé comme un trek facile et le chauffeur nous a dit qu'il nous attendait pour dans 6h parce que ça nous donnait "amplement le temps", bref on s'attendait tous à quelque chose de pas trop pire. Erreur. Après nous avoir donné de faux-espoirs avec une section sur le plat, une montée très abrupte a commencé et le 4200-4800m d'altitude nous faisait paraître comme des gens très peu en forme... Le paysage était magnifique: on pouvait voir très facilement des pics de montagnes enneigés et des glaciers quelques mètres au-dessus de nous! En effet, le Pérou dispose de 80% des glaciers tropicaux du monde. Il y avait aussi des petites cascades et une chute vertigineuse qui sortait d'un glacier.

Arrivés à un plateau verdoyant pris d'assaut par un troupeau de vaches, tout le monde s'est arrêté pour une pause-collation. On a sympathisé avec 2 Françaises puis on est repartis vers la lagune, en étant tous complètement déprimés à la vue de la fin du sentier qui montait d'une traite... Après avoir atteint mon seuil de tolérabilité à l'effort physique, on est arrivés à la magnifique lagune 69. La peintre en moi décrirait sa couleur comme un bleu azur, électrique! C'était vraiment impressionnant avec les glaciers juste à côté, d'où sortaient des chutes d'eau! J'ai eu un gros coup de fatigue et je me suis endormie devant la lagune pendant que François s'est rendu de l'autre côté du lac pour voir la chute de plus près. Au retour de François, j'avais sérieusement mal au coeur et François avait un féroce mal de tête (je crois bien qu'on a perdu notre acclimatation depuis la Bolivie...) donc on est redescendus rapidement. Rendus au plateau avec les vaches, on a retrouvé un Israélien qui ne supportait pas l'altitude et on a dîné avec des tortillas, de la pâte de tomate et du thon, repas qualifié de "haute cuisine" par un Allemand et qui a en effet attiré une vache à nos côtés!

Le retour vers le minibus s'est fait plus rapidement, mais le retour vers Huaraz a été des plus pénibles probablement parce que tout le monde était crevé et que le chemin de terre sinueux ne nous a pas permis de relaxer une seule seconde...! Éreintés, on a soupé au son (beaucoup trop fort) de Combate (sérieusement, je pense pas qu'on ait eu 3 soupers sans avoir à endurer cette émission désagréable) puis on a dormi.

La nuit a été réparatrice, mais pas assez pour qu'on arrive à se lever à l'heure prévue. Notre plan était d'aller faire un tour des petits villages de la vallée, en sautant dans les minibus publics qui se rendent jusqu'au dernier village. Par contre, à l'arrêt de bus, on était un peu fâchés que le prix qu'on nous propose pour faire le 1/6 du trajet soit plus que la moitié du prix total... Parfois notre logique d'Occidentaux n'arrive pas à comprendre! Finalement, quelqu'un nous a bien voulu nous expliquer: "il n'y a pas de logique avec le kilométrage, c'est un prix arbitraire décidé par la compagnie". On a donc filé vers Marcara, d'où on a pris un taxi collectif (à 9 dans la petite auto) vers les bains thermaux de Chancos. Vous l'aurez compris, un bon côté des pays volcaniques est leur possibilité d'avoir des spas naturels un peu partout! Les bains de Chancos ont tout de même une particularité: on peut prendre un sauna de vapeur à l'intérieur de grottes! La salle est composée de plein de portes, qui mènent à de petites cavernes creusées dans la montagne, d'où s'échappe la vapeur brûlante. Si on fait fi de l'odeur de bécosse (ça doit être plein de souffre cette eau-là!), c'est bien agréable et relaxant On était bien satisfaits mais le couple de Péruviens avant nous trouvait qu'on en n'avait pas assez profité: "quoi? vous sortez déjà?" alors qu'on était là depuis 20 minutes et que c'est écrit partout "maximum 15 minutes)! Comme les bains étaient plus glauques et moins spéciaux que les spas dans les grottes, on a décidé de ne pas y aller puis on a fait un pique-nique sur le bord de la rivière voisine. Ça a l'air bien bucolique dit comme ça, mais bon la rivière est pleine de déchets parce que tsé, quand tu jettes quelque chose par la fenêtre d'une auto ou dans une rivière, vu que tu ne le vois plus c'est qu'il a disparu, non?

Notre périple s'est poursuivi a Carhuaz, un petit village avec, paraît-il, une des plus belles places centrales du Pérou. En effet, c'était très joli, tout plein de fleurs! Il y avait aussi une grande cathédrale, une réplique de celle qu'il y avait là avant un terrible tremblement de terre dans les années 70. De là, on pouvait bien admirer le paysage: la "cordillère blanche" (la chaîne de montagne avec les sommets enneigés) d'un côté, et la "cordillère noire" (chaîne de montagnes sans neige) de l'autre, ce qui fait qu'on a vraiment l'impression d'être entre deux murs géants! Comme souvent, nos arrêts dans les places centrales se finissent par une conversation avec des locaux. Cette fois c'était un Péruvien de Lima en vacances dans la région. Il était vraiment gentil et on a parlé pendant un bon moment avec lui!

Après, on a fait un arrêt obligé (mais très agréable!) dans une crèmerie pour goûter la spécialité locale, des sorbets faits  partir de fruits et de glace d'un glacier de la région.  On a visité le clocher de l'église puis on s'est rendus vers Campo Santo, qui est en fait l'ancienne location du village de Yungay.  Je vous raconte l'histoire: il y a eu un énorme tremblement de terre dans les années 70, qui a déclenché une avalanche dans une montagne la plus haute du coin (plus de 6000mètres). Malheureusement, le village de Yungay a eu la malchance d'être situé directement sur la trajectoire de l'avalanche... En 3 minutes, le village de 20 000 habitants a été enseveli de roches et de glace... Le site est maintenant considéré comme "cimetière national" et certains monuments y ont été érigés en mémoire des habitants, comme une réplique de la façade de l'ancienne église. On y trouve aussi une carcasse d'autobus qui prouve la force de l'impact (300 km/h). Bref, on marche 18m au-dessus des restes d'un village et de presque tous ses habitants... En visitant l'ancien cimetière (situé sur une colline, ce qui a permis à certains habitants de s'y réfugier et survivre), on a rencontré un touriste du tour de la veille, un photographe professionnel qui souhaite promouvoir la région, et qui a tenu à nous prendre en photo pour qu'on soit sur son site internet. Décidément, on va avoir été vus au Pérou...!

Notre prochaine destination (et la dernière) fut Caraz. Il faisait déjà presque nuit alors on a visité la place centrale puis on est allés souper. Presque immédiatement après notre départ de la gare, le minibus s'est arrêté devant un garçon couché par terre à côté de son vélo, avec une flaque de sang à côté de sa tête... On a appelé l'ambulance, puis on a fini par savoir que c'était un "hit and run"... C'était assez troublant... Ça m'a aussi déclenché une crise existentielle à savoir si un jour j'allais être assez compétente pour savoir comment réagir dans ce genre de situation... Après ça, mis à part un monsieur vraiment saoul qui est entré dans l'autobus et une fille qui souhaitait faire profiter à tout l'autobus de sa musique tonitruante sur son cellulaire, le reste du trajet s'est fait sans mal.

À Huaraz, on a pris nos bagages puis on s'est rendus en taxi (he non, il n'y a pas d'autobus de ville à Huaraz) vers le terminal privé de notre compagnie de bus. Comme plusieurs fois dans ce voyage, on est tombés sur un chauffeur loquace et bien sympa! Une fois dans notre autobus vers Trujillo, on a fait connaissance avec deux Français qui étaient vraiment désagréables... On n'arrive pas à comprendre pourquoi les touristes qu'on aime les moins sont souvent Français... Pas tous bien sûr, il y en a qu'on trouve vraiment gentils! Mais on dirait que les Français qu'on rencontre ont souvent la propension à juger la façon de voyager des autres et à vouloir montrer à quel point eux ce qu'ils font est mieux que tout le monde. Par exemple, on a eu droit à des commentaires du genre "quoi? vous êtes restés à telle place seulement 3 jours!" ou "vous voulez allez dans telle ville? moi je trouvais que ça ne valait pas la peine" ou "cette compagnie de bus est la plus horrible, il faut prendre Cruz del Sur la prochaine fois! (alors que c'était vraiment très correct)" ou "à date nous chacun de nos repas nous coûte maximum 3 sols, je vois pas comment c'est possible de paye plus" ou "ah, ça vous coûte 9$ la nuit? Nous c'est seulement 8."... Pour nous, peu importe où la personne veut aller, où elle est allée et combien de temps elle y a passé, on ne va pas juger et lui dire qu'elle a fait une grave erreur parce que nous, mon Dieu qu'on est bons et qu'on sait comment voyager. Ça arrive que quelqu'un se vante que telle chose lui a coûté tant, on lui dira pas que nous ça a coûté moins cher juste pour lui montrer à quel point on est bons. Bref, c'est une attitude qu'on n'aime pas et qui arrive presque seulement avec les Français... Mais bon, on a revu lesdits Français et je crois qu'ils étaient moins stressés et plus reposés parce que ça a été beaucoup plus agréable cette fois!

L'autobus nous a projeté un film de gangsters américain doublé en espagnol, ce qui donnait un résultat plutôt moche, les "man" devenant des "amigo", les "fuck" des "maldicion" et les "motherfucker" des "maldito"... Disons qu'un truand qui crie "malédiction, ami" ça fait moins peur...1

On vous laisse ici, à Trujillo!

mardi 24 septembre 2013

Lima

Rebonjour!

C'est encore François qui écrit! La dernière fois, on vous avait laissés dans le bus vers Lima... Après un trajet de nuit sans histoires et particulièrement confortable, on est arrivés dans la capitale péruvienne au petit matin. On avait compris qu'il y aurait 2 arrêts à Lima: on avait demandé à descendre à l'endroit qui serait le plus proche du centre et on nous avait dit d'attendre le 2e. Notre "tripulante" (le mot espagnol vraiment laid pour parler du stewart à bord) avait cependant l'air d'hésiter quand on a essayé de confirmer avec lui quel serait le meilleur endroit pour descendre, avant de nous conseiller le premier arrêt, puis le deuxième... Bref, on n'était pas plus avancés! Au premier arrêt, on a donc décidé d'attendre le second. À notre surprise, on a vu alors nos sacs être sortis de la soute et être placés sur un chariot qui s'est ensuite dirigé à l'intérieur du terminal de TEPSA...  Notre "tripulante" nous a dit de ne pas nous en faire, que nous aurions nos sacs au 2e arrêt  et que tout était normal. Pas trop sûrs, on a accepté ses explications... avant de reconfirmer une dernière fois lorsque l'autobus s'est mis en mouvement pour sortir du terminal. Cette fois, notre "tripulante", décidément pas très efficace côté organisation, a eu l'air tout surpris quand on lui a dit que nos sacs étaient ici (alors qu'on lui en avait déjà longuement parlé), a fait arrêter le bus et est finalement allés chercher nos sacs! On est donc passés à un cheveu de voir nos backpacks égarés on ne sait où par la faute de son organisation déficiente!

On a ensuite roulé bien longtemps dans Lima, dépassant la place centrale. Lorsqu'on s'est engagés sur l'autoroute panaméricaine en direction des banlieues, c'est là qu'on s'est dit, en pestant contre les mauvaises infos qu'on avait reçu, qu'il aurait peut-être été plus intelligent de descendre au premier arrêt! Finalement, le bus s'est immobilisé dans un terminal situé dans un immense centre d'achat au nord de la ville (un complexe originalement nommé "Plaza Norte"). En sortant, on a demandé comment se rendre au centre:

- Est-ce qu'on peut se rendre à la place centrale en bus?
- Oui, prenez un taxi, ça va vous coûter 25 soles (10$!!!)
- Euh, ok mais on veut pas prendre de taxi. Est-ce qu'il y a des AUTOBUS qui se rendent au centre-ville?
- Ah non, il n'y en a pas.
- Il n'y a aucun bus qui va du terminal jusqu'au centre-ville?
- Non.
- Même s'il faut changer de bus quelque part?
- Peut-être, mais c'est compliqué. Et vous allez vous retrouver dans des quartiers dangereux.
- Il y a donc des bus finalement?
- Peut-être, mais c'est plus facile en taxi. Prenez un taxi.
- (Longs soupirs de découragement)

On a eu ce genre de conversation sans cesse depuis le début du voyage. On a découvert que quand la personne à qui vous vous adressez ne sait pas s'il y a un autobus qui va du point où vous êtes vers votre destination en ville, au lieu d'avouer candidement "Je ne sais pas, désolé", votre interlocuteur va plutôt vous dire d'y aller en taxi, même si on souligne à grands traits qu'on ne veut pas prendre le taxi (sauf si c'est absolument nécessaire) parce que c'est cher et souvent moins fiable qu'un bus qui ne peut pas vraiment déroger de son itinéraire pour nous détrousser dans un coin sombre de la ville. Pourtant, c'est parfois vrai (quoique rare) qu'il n'existe pas de transport public, alors comme on ne connaît pas la place on ne peut pas catégoriser d'emblée comme fausse l'information qu'on nous donne... Dépités, on s'est dit qu'on allait au moins acheter nos billets pour notre prochaine destination avant de contre-vérifier s'il n'existait pas de bus pour le centre. Au Pérou, on a eu énormément de difficultés à planifier nos transports d'avance. On vous explique:

- D'abord, le terminal est souvent très éloigné du centre.  Comme on y est d'emblée lorsqu'on arrive dans une nouvelle ville, la logique voudrait donc, pour minimiser le nombre d'allers-retours vers la gare, qu'on achète dès notre arrivée nos billets pour notre prochaine destination.
- Pour ce faire, il faut magasiner entre le milliard de compagnies de bus qui existe afin de prendre celle qui nous le fait au meilleur prix. Néanmoins, il faut aussi tenir compte que certaines compagnies sont pourries et d'autres excellentes, et qu'on ne sait habituellement pas lesquelles sont lesquelles. D'autant plus que les bonnes compagnies font parfois des rabais, alors on ne peut pas uniquement se fier au prix. Il existe également 3 catégories de sièges de bus au Pérou (en ordre croissant de prix): reclinable (i.e. le siège que vous avez quand vous faites Montréal-Québec en bus, idéal pour de petites distances mais plutôt inconfortable pour y passer la nuit), semi-cama (i.e. un siège plus inclinable que la normale avec un appuie-pieds élaboré qui rend relativement confortable une nuit en bus) et cama (i.e. un siège large, très confortable, qui s'incline à presque 180 degrés et qui vient avec un appuie-pieds). Le problème, c'est que le "semi-cama" de certaines compagnies n'est en fait qu'un "reclinable", alors que leur "cama" n'est en réalité qu'un "semi-cama"! Résultat: magasiner des sièges de bus relativement confortables (i.e. semi-cama, mais vraiment semi-cama là) à un prix non-prohibitif et avec un entreprise relativement fiable , alors qu'il existe une offre pratiquement infinie, devient une tâche particulièrement ardue! Oh, j'oubliais: parce que les choses ne sont déjà pas assez compliquées comme ça, plusieurs villes péruviennes (surtout au nord du pays) n'ont pas de terminal central. Oui, vous avez bien lu: des villes de 500 000 habitants n'ont pas de terminal de bus alors que le bus est LA manière de se déplacer en Amérique du Sud. En lieu et place, chaque compagnie possède son petit terminal privé. Ces terminaux sont éparpillés partout en périphérie de la ville et il n'existe que bien rarement des bureaux au centre où on peut acheter des billets sans se rendre au terminal (sauf, bien sûr, pour les compagnies les plus chères). Dans ces conditions, faire le tour de chaque terminal partout dans la ville pour magasiner les prix relève de l'exploit, et est très coûteux en termes de temps et d'argent....
- Outre ce qui précède, pour maximiser l'efficacité, il nous faut idéalement prendre des bus de nuit entre les destinations (afin d'économiser une nuit d'hôtel tout en ne perdant pas une journée en transport). Par contre, cette nuit de bus doit être assez longue pour qu'on puisse y dormir un minimum tout en n'étant pas zombie le lendemain (minimum 6h donc). Or, les temps de transport sont souvent très, très variables: une entreprise nous dira qu'il faut 8h pour arriver à destination, et une autre 6h. Le Lonely Planet est plus souvent qu'autrement dans les patates quand vient le moment d'évaluer le temps... Qui croire alors, quand l'information est contradictoire et que toutes les compagnies partent à la même heure?
- Pour ajouter aux difficultés précédentes, on arrive souvent à des heures barbares (entre 4h et 6h du matin) après une mauvaise nuit en bus  et notre cerveau est souvent en compote pour décider combien de temps on reste en ville, quand est-ce qu'on part, à quelle heure et avec quelle compagnie...
- Enfin, la question "combien de temps on passe en ville?" est souvent insoluble, parce qu'on ne sait pas si on va aimer l'endroit (ou s'il y a suffisamment de choses à y faire) pour qu'on y reste 1, 2, 3 jours ou plus...

Bref, ce matin-là, on 'a pas acheté de billets finalement parce qu'on n'avait aucune idée à quel point Lima allait nous charmer...

Par contre, nous avons eu cet éclairant échange avec la dame de l'une des entreprises:

- Oh, et en passant, est-ce qu'on peut se rendre au centre-ville en bus?
- Bien sûr, c'est très facile, il y a un arrêt en face du centre d'achat.
- Ah bon? C'est un bus qui nous amène directement au centre?
- Oui. En fait, c'est une station du Metropolitano de Lima.
- Le Metropolitano?
- Oui, c'est notre système de bus rapides pour toute la ville. C'est comme un métro. Ça coûte 2 soles chacun (0,70$).
- Ah, euh.... Merci!!

Donc, si on résume, il y a l'équivalent d'une station de métro en face du terminal... et notre "tripulante" s'obstine à nous dire qu'on ne peut se rendre au centre qu'en taxi! Raaaaaaahhhh!!!!!

 Par la suite, on s'est finalement dirigés vers le centre et  s'est trouvés un hostel très bien dans une vielle maison! Signe que le Pérou est bien touristique et que Lima est le premier arrêt des gringos qui viennent faire le tour du Pérou, la réceptionniste nous a d'abord donné les prix en dollars américains! Une fois bien installés (et avoir pris une douche réparatrice après trois jours sans se laver), Mémé (on la remercie éternellement) s'est lancée une fois de plus dans la longue et pénible tâche du lavage!

En sortant, on a trouvé un resto pour dîner qui servait des plats végétariens. Il y avait de la musique zen et une odeur de patchouli, mais c'est seulement une fois à l'intérieur qu'on a compris que le resto se doublait d'un temple Hare Krishna! Ensuite, on s'est mis en route pour le bureau central de la compagnie de bus Cruz del Sur, la meilleure compagnie de bus du Pérou. À Plaza Norte, on avait entendu dire qu'il y avait un rabais pour les tickets vers Huaraz, notre prochaine destination, alors, comme on avait maintenant décidé qu'on restait 3 jours, on avait décidé d'aller acheter les billets en promotion avant qu'il n'en reste plus. On s'est donc mis à marcher. Premier constat sur la ville: Lima, c'est grand! La ville est vraiment étendue, et il est impossible de ne pas prendre de bus pour aller d'un quartier à l'autre à moins d'avoir beaucoup de temps (il faut dire aussi que c'est une ville de 9 millions d'habitants...) Ensuite, les habitudes de conduite urbaines sont exécrables: les conducteurs passent n'importe comment aux intersections en faisant fi des règles de la circulation routière les plus élémentaires (genre une lumière rouge). Ça reste moins pire qu'au Vietnam mais, comme ici ce sont des autos qui te foncent dessus quand tu traverse et non des motorbikes, traverser la rue est vraiment désagréable... Malgré ce qui précède, pour une grande ville, Lima reste une ville qui a ses charmes. Contrairement à Santiago par exemple, elle a gardé une bonne partie de son architecture coloniale, on ne sent pas trop la pollution, la mer est proche (ce qui a joute un petit plus indéniable), les bâtiments ne sont pas trop imposants (pas d'ambiance de centre-ville pesant ou de gigantisme genre Beijing)  et on y mange très bien (lire: la cuisine péruvienne est bien plus élaborée que la cuisine chilienne)!

On a fini par avoir faim après avoir marché quelques heures, alors on est entrés dans un supermarché et on s'est organisés une collation de pain et fromage sur un banc des environs! Petite remarque: ici, les pubs de cigarette ne sont pas complètement interdites, et ça faisait bizarre d'êtres accueillis par une grosse pub de Marlboro aux caisses du supermarché... La pub est barrée par un immense message "Fumer tue", mais quand même...

Après un très long moment à marcher, on est enfin arrivés au terminal central de Cruz del Sur.... seulement pour constater qu'il n'y avait plus de promotions et que le prix du billet était maintenant prohibitif (sérieusement, les touristes qui ne voyagent qu'avec Cruz del Sur doivent vraiment prévoir un super budget de transport, parce que c'est au moins le double du tarif ordinaire!). Dépités et frustrés par notre impossibilité, malgré toute notre bonne volonté, d'arranger des voyages de bus qui ont du bon sens depuis qu'on est au Pérou, on s'est dit, tant qu'à faire, qu'on serait mieux de retourner tout de suite à Plaza Norte pour magasiner nos billets pour Huaraz... Heureusement, on était tout proche d'une station du Metropolitano pour s'y rendre. Malheureusement, c'était aussi l'heure de pointe, le soir avant une très importante partie de soccer entre le Pérou et l'Uruguay. Résultat, c'était l'apocalypse sur les quais! Il y avait tellement de monde, les gens poussaient comme des fous pour entrer dans les bus déjà archi-pleins qui s'arrêtaient! On a fini par s'entasser nous aussi dans un bus, après en avoir laissé passer peut-être une dizaine... Enfin, on est revenus à Plaza Norte (scoop: ce ne serait pas la dernière fois) et, après une heure de magasinage, on a finalement acheté des billets avec la bizarrement nommée entreprise "Tourisme Érick le Rouge" et son slogan tout aussi étrange ("On croît dans la bonne direction"). Quelques instants plus tard, on s'est rendus compte qu'une compagnie bien plus fiable (recommandée par le Lonely Planet) faisait le même trajet pour le même prix et avec en plus service à bord. Naturellement, Érick le Rouge ne voulait pas nous rembourser le billet pour qu'on puisse aller avec l'autre compagnie. On voulait pleurer. Pourquoi a-t-on tant de difficultés avec les bus péruviens????

Il était déjà tard et on avait rendez-vous le soir même, à l'autre bout de la ville, avec un ami à moi des HEI (Robin Larocque-Roy pour ceux qui le connaissent) qui fait une session d'études à Lima. Après un bref passage à l'hôtel, on est partis en bus vers le Parc Kennedy, dans Miraflores, l'un des beaux quartiers de Lima. Robin et sa blonde nous avaient donné rendez-vous devant le McDonald's, mais comme on n'avait pas mangé par manque de temps et qu'il n'y avait rien d'autre à prix raisonnable dans le secteur, on s'est laissés tenter par Ronald.  Mémé est allée commander et est revenue tout sourire avec 2 Joyeux Festins! "Je trouvais que ça avait l'air bon, ça venait avec des pommes, un jus et c'est moins cher, mais je n'ai pas fait le lien entre Cajita Feliz et Joyeux Festin!" fut la justification de Mémé devant l'incongruité de ses actes!

Robin et sa blonde sont arrivés alors qu'on avait la bouche pleine de McDo, et on les a ensuite suivis vers un bar qu'ils connaissaient où on pourrait écouter le match de soccer du soir. On a donc pu assister à ce que signifie la passion du soccer en Amérique latine, alors que la pression était forte sur les Péruviens dans ce match pour battre les Uruguayens afin de se qualifier pour la coupe du monde... Malheureusement, c'était une lutte inégale, et le Pérou dut finalement s'incliner 2-1... Le tout au grand dam des clients du bar et de la blonde péruvienne de Robin! Ce fut une très belle soirée, et on les a quittés après le match en se disant qu'on ressortirait ensemble aussi le lendemain. On est revenus en taxi à l'hostel. Élément cocasse: notre hostel étant situé sur la carte tout près du quartier La Victoria, quand Robin nous a demandé où on restait, j'ai donc répondu " dans La Victoria". Immédiatement, Robin et sa blonde nous ont répondu que c'était l'un des quartiers les plus dangereux de la ville, surtout de nuit! Mais bon , en fait c'était pas vraiment à La Victoria et, sérieusement, on ne s'est pas sentis pas en sécurité lors de notre séjour au final!

Parce qu'on avait beaucoup de sommeil à rattraper, on s'est permis le lendemain de faire une grasse matinée! Enfin, juste à temps pour profiter du déjeuner fourni par l'hostel (et en se resservant plusieurs fois du pain comme les goinfres que nous sommes) Le déjeuner dans un hostel est un bon moment pour observer la faune qui peuple les auberges de jeunesse. Outre les backpackers tout ce qu'il y a de plus ordinaires, on trouve aussi des catégories bien spécifiques de gens dans ces établissements. Vous êtes presque sûrs, par exemple, de tomber sur un monsieur assez âgé qui semble être à l'hostel depuis tellement longtemps qu'il en a fait sa maison! Souvent, ce type de client semble demeurer toute la journée à l'auberge de jeunesse, ne faisant rien de plus que siroter un thé tout en lisant ou en naviguant sur Internet... Il y a aussi le couple techno qui déjeune les yeux vissés sur leur Iphone respectif, l'Américain fêtard et tonitruant qui ramène une fille dans le dortoir à 4h du matin et se fait avertir par la sécurité qu'il ne peut faire ça (true story), les super-hippies qui fabriquent des bracelets pour rentabiliser leur séjour, le backpacker qui vient d'arriver et qui voyage pour la première fois de sa vie au Tiers-Monde (on le reconnait au fait qu'il bouche invariablement les toilettes en jetant le papier dans la cuvette, au mépris des affiches en anglais demandant de jeter le papier dans la poubelle en lettres majuscules et au désespoir du personnel de l'hostel)... Il y a aussi naturellement le Français chiant, que vous êtes sûrs à 100% de croiser, qui vous jasera pour vous dire que vous voyagez pour trop cher et que vous devriez prendre exemple sur lui, qui fait de l'auto-stop, mange pour 0,50$ par jour et dort dans les fossés pour économiser (sa nuit à l'hostel étant l'exception qui confirme la règle). Conformément à son style de voyage (et à son incohérence), vous le trouverez le lendemain soir au bar de l'hôtel en train de manger un hamburger à 10$ tout en buvant une bière achetée à prix d'or (parce que les restos et bars des auberges de jeunesse sont TOUJOURS overpriced)... Mais bon, vous connaissez déjà ce type-là!

Après notre déjeuner on est parti en bus vers le sud de la ville pour explorer réellement Miraflores. Mémé a d'abord fait une séance magasinage puis on a traversé le parc Kennedy pour explorer les petites rues du quartier. On s'est arrêtés dans un petit resto pour manger un diner qui faisait honneur à la réputation culinaire de Lima. En effet, Lima serait la capitale sud-américaine de la gastronomie! Par la suite, on a marché jusqu'à la mer. Le bord de mer limeño est en fait une falaise suivie d'une plage, et tout au haut de la falaise il y  une géniale promenade d'où on a d'excellents points de vue. On y a marché  long moment. Alors qu'on était assis, on s'est fait aborder par deux gars  forts avenants qui nous ont demandé d'une traite : Salut, bon après-midi, comment ça va? (ouvrant une boite de chocolats) Des truffes?" Je sais pas si c'était voulu que leur demande incongrue soit si drôle, mais on a bien ri!

Un peu plus loin, Mémé a fait une heureuse en refilant le jouet qu'elle avait eue la veille dans son Joyeux Festin à une petite fille! Ensuite, après avoir encore marché près du bord de mer, on est revenus au parc Kennedy, et de là à l'hostel en bus. Complètement crevée, Mémé a fait une sieste pendant que j'allais chercher à manger: des tallarines verdes con pollo (pâtes au pesto et poitrine de poulet) et du lomo saltado (boeuf sauté avec poivrons, oignons, et patates), tous deux excellents!

Pour la soirée, on retrouvait Robin et sa blonde, de même qu'une amie péruvienne, Angela, que j'avais connue l'année dernière en Bolivie, devant le même McDo. Arrivés sur place, on a accompagné Angela et son chum dans leur malbouffe en prenant un McFlurry, puis, quand Robin et sa blonde sont arrivés, on est partis en taxi vers le quartier branché de Barranco pour sortir. Barranco est vraiment un quartier génial mais, pour paraphraser Robin, ce n'est vraiment que le soir et la nuit qu'il vaut la peine d'y aller. Bars tendance, pubs pas trop chers, restos excellents mais sans prétention et sympas, atmosphère festive: c'est à la fois le rendez-vous des fêtards et l'endroit idéal pour une soirée dans un resto romantique. On est d'abord passés dans le coin des restos chouettes en traversant le "pont des soupirs" (nommé ainsi en l'honneur d'une chanson d'amour qui en parlait de cette façon-là) puis en allant jusqu'à un point de vue qui nous permettait de voir la mer. Enfin, voir: d'une part, il faisait noir, mais ensuite il y a très fréquemment à Lima du brouillard qui enveloppe toute la ville. On avait aussi goûté à la bruine la veille... Bref, Lima a beau avoir ses charmes, elle a par contre un climat un peu déprimant l'hiver...

Par la suite, on est allés dans le coin des bars prendre un drink. Je dis un drink parce qu'au Pérou, l'amateur de bière n'a pas grand'chose à se mettre sous la dent, à moins d'être un fan fini des bières blondes commerciales. Quant au vin, il est bon mais ce n'est souvent pas ce qui est à la carte dans un bar. Le pisco, au contraire, est tout à l'honneur. On a donc tous pris une combinaison de pisco + qqch! La soirée a été très bien, et on s'est séparés vers 1h30 une fois de retour au parc Kennedy. C'est à ce moment qu'on a remarqué une affiche dans le parc qui disait "Interdiction d'abandonner des chats dans le parc sous peine d'amende"! En regardant bien, on s'est alors rendus compte que le parc était littéralement envahi par les chats errants! Un décompte rapide nous a permis d'en trouver au moins 20!

Après que j'aie empêché Mémé de tous les adopter, on a laissés tout le monde en les remerciant de nous avoir fait découvrir d'autres aspects de leur ville, puis on est revenus en bus dormir à l'hôtel.

Pour la journée du lendemain, on avait prévu d'aller faire un tour au festival de Mistura. Mistura est le rendez-vous gastronomique annuel du Pérou: durant cet événement qui dure une semaine, tous les meilleurs restos du Pérou représentant toutes les régions du pays se réunissent sous des tentes où ils offrent leur bouffe à prix réduit aux amateurs. Ce n'est pas très cher pour la qualité mais l'affaire, c'est que c'est super populaire! On s'en est vite rendus compte quand on s'est mis à faire la file pour attendre l'autobus pour se rendre à l'événement. Après une demie-heure d'attendre et avoir avancé de quelques mètres seulement, on s'est dit qu'on allait laisser faire pour aujourd'hui. Surtout qu'on nous a dit qu'il y aurait bien moins de monde le lendemain et que ça coûterait moins cher parce que c'était le lundi! Après avoir pensé à nos affaires, on s'est dit qu'on ne voulait pas rater ça, qu'aujourd'hui on allait visiter le vieux-Lima et que demain on irait à Mistura. Ça impliquait par contre.... qu'on retourne ENCORE à Plaza Norte pour demander à Erick le Rouge de changer nos billets de bus pour le lendemain!!!

Avec un moral quand même bon compte tenu du fait qu'on retournait pour la 3e fois en 3 jours à la gare d'autobus, on a pu facilement repousser la date de nos billets. Ensuite, on s'est dirigés vers un supermarché tout proche pour acheter d'avance (sans commission) nos billets pour Mistura. Cette formalité effectuée, on a aussi visité le supermarché dans le but d'y trouver du beurre d'arachide pour varier nos habituels déjeûners pain-dulce de leche (il y en avait). En chemin, on a du prendre 10 livres tellement il y avait d'affaires à goûter! C'était genre le Costco! Ah oui, et à l'entrée du supermarché, dans le rayons des télévisions, on a eu la surprise d'être accueillis par un reportage sur les activités d'hiver... dans la ville de Québec! Surréaliste, dans un supermarché péruvien? Un peu, oui!

En sortant du supermarché, j'ai aggravé ma situation gingivale déjà peu reluisante (pour ceux qui ne savent pas, je fais de la récession des gencives, bon ça y est nous voilà désormais trop intimes) en détruisant la gencive de ma molaire droite avec une chips au yucca particulièrement dure. Sérieux, vous riez, mais j'ai eu mal pratiquement toute la journée et le lendemain! Avec ma dent meurtrie, on est ensuite revenus vers le centre-ville, où on a marché dans une belle rue piétonnière avant d'aller manger dans une petite place. Ce fut assez divertissant. Parmi les plats du jour, j'ai commandé du cau-cau parce que je ne savais pas ce que c'était. Le cau-cau est en fait un genre de ragoût mélangeant légumes et viande dans une sauce au piment jaune. Jusque là, pas de problème, c'était même très bon. Seulement, ma première bouchée de viande était très caoutchouteuse, et les suivantes aussi. Intrigué, j'ai demandé à la serveuse de quelle partie du boeuf venait la viande. Sa réponse: de l'estomac! Miam!  Je n'ai pas mangé toute la "viande" au final! Pendant que je me débattais avec mon cau-cau, Mémé, pour sa part, tentait désespérément de ne pas mourir en mangeant son ceviche ultra-piquant! Le ceviche est un plat de poisson typique du Pérou: ça consiste en un tartare de poisson cru en morceaux baignant dans une sauce à la lime, aux oignons, au lait de coco et, bien sûr, au piment fort. J'y avais déjà goûté avant pour ma part (Bernardo et une amie péruvienne m'en avaient servis lors de ma session d'études à Santiago), mais le mien était moins piquant que celui de Mémé!

Après ce diner peu banal en termes de découvertes, on s'est rendus par la rue piétonnière à la belle et grande place centrale de Lima. On y trouve naturellement la cathédrale, dans laquelle reposent notamment les ossements de Francisco Pizarro, le conquistador qui a fondé le Pérou. C'est un personnage historique controversé, et il a tour à tour été considéré comme un père fondateur et un génocidaire sans pitié qui a massacré à qui mieux mieux des milliers d'Incas et détruit une bonne part de leur culture. Sa statue, qui ornait auparavant la place centrale, a maintenant été déplacée dans un parc périphérique.... Sur la place centrale, on trouve aussi le siège du gouvernement avec la garde présidentielle (mais on est arrivés trop tard pour le changement de garde). Par la suite, on a visité plusieurs parcs, églises et musées gratuits dans le Vieux-Lima.

Pour le souper, on a quitté le Lima colonial pour entrer dans une autre page d'histoire du pays en allant souper dans le quartier chinois. Comme à Montréal, le quartier chinois de Lima forme une petite enclave près du centre-ville délimitée par des arches traditionnelles. On y trouve le même genre de restos et boutiques que chez nous, à la différence qu'ici l'immigration chinoise date de la seconde moitié du XIXe siècle et qu'en conséquence la population chinoise est très bien intégrée à la société péruvienne. La preuve: tous les menus sont uniquement en espagnol, sans même une traduction en caractères chinois, et personne ne parle mandarin ou cantonnais!

On est revenus par les rues piétonnières en passant devant une autre jolie place, puis ensuite dans des rues plus glauques du centre-ville (parce que mal éclairées) avant de revenir à l'hostel. On est tout de suite partis ensuite vers le parc des fontaines, où on avait compris qu'il y aurait un spectacle sons, eaux et lumières en soirée. En fait, c'était un peu comme le moulin à images, sauf que c'était des images projetées sur une immense fontaine, dont les jets changeaient en fonction de la musique! C'était bien plaisant en tout cas! On est restés un peu après dans le parc pour visiter les autres fontaines. Entre autres, il y avait un genre de tunnel d'eau où on pouvait passer au milieu sans se faire arroser, et également une genre de fontaine à même le sol où les jets sortaient de manière imprévisible... Le fun de cette dernière fontaine était de courir au milieu (où c'était sec) sans se faire arroser. Conformément à mon habileté légendaire, j'ai naturellement été arrosé à la grandeur, à la grande joie de Mémé! De retour en bus à l'hostel par la suite, on a jasé un peu avec une fille de Victoria (B.C.) qui venait d'arriver dans notre dortoir avant de dormir.

À notre réveil le lendemain, on a fait nos sacs avant de partir pour se rendre à Mistura! Comme on ne voulait pas refaire la même erreur qu'hier en attendant beaucoup trop longtemps le bus officiel pour se rendre, on s'était dit qu'on irait par nous-mêmes en transport collectif. Notre plan était de descendre l'avenue Brasil, une rue étonnement semblable au boulevard l'Acadie par la différence entre édifices pauvres et décrépits vs maisons riches, jusqu'au bord de mer où était situé le site de l'évènement. Ça a moyennement marché, puisque le minibus qu'on a pris ne nous a laissé qu'à environ la moitié du boulevard, mais marcher n'a pas été si long et on a fini par trouver Mistura sans problèmes sur le bord de la plage.

On est arrivés un peu avant l'heure d'ouverture et il y avait déjà une bonne file! Par contre, on a pu s'éviter une partie des longues queues lorsqu'un agent de sécurité nous a dit que les touristes passaient dans la file préférentielle, beaucoup plus courte! On a pas tout à fait compris l'intérêt de l'organisation de Mistura à ce que les touristes entrent plus rapidement sur le site, mais on a quand même profité de ce rare privilège associé à notre statut de touriste, dans ce pays où habituellement le fait de ne pas être Péruvien = payer davantage pour tout!

Une fois les portes ouvertes, on a commencé notre exploration de Mistura! En fait, le site était séparé en sections thématiques (appelés "mondes") représentant toute la cuisine péruvienne: le monde du chocolat, le monde du quinoa, le monde du café, le monde du marché (réunissant les produits artisanaux de tout le pays), le monde de la cuisine du nord du pays, le monde de la cuisine du sud du pays, le monde de Lima, le monde des sandwiches, le monde des grillades, le monde amazonien, les monde des brochettes, le monde des boissons... On a d'abord visité le monde du chocolat, et, à notre grande joie, on a vite compris que chaque stand ou presque avait des échantillons gratuits à nous faire goûter! Après s'être gavés de chocolat de toute sorte (noir, au lait, aux noix, au café, au quinoa, etc.), avoir acheté une truffe et avoir reçu une tasse à café gratuite, on est passé au monde du quinoa où on a bu un verre de chicha. On vous a déjà parlé de la chicha? C'est un breuvage de mais (ou de quinoa) fermenté avec des épices et c'est vraiment très bon. On la trouve dans tous les pays andins où les Incas ont eu une présence durable (Bolivie, Pérou, Équateur à date) parce que c'était l'une des boissons les plus populaires de l'époque. Fermentée assez longtemps, la chicha devient alcoolisée et ça remplaçait la bière dans les fêtes de l'empire inca. La version non-alcoolisée nous est aujourd'hui souvent servie dans les restos où un refresco (rafraichissement) vient d'emblée avec le menu!

Après le quinoa, on est passés par le monde du café avant de passer un très long moment dans la section du marché central. Là, on en a eu pour notre argent: on a pu goûter à toutes sortes de spécialités régionales méconnues! Parmi les aliments qu'on a pu se mettre sous la dent: fromage (frais, gouda, "andin"... souvent bon, mais parfois avec un goût bizarre aussi), café (notre dose de caféine est décidément montée en flèche après notre passage au marché), alcools (pisco et boissons aromatisées), olives, patates de toutes les couleurs en chips et frites, charcuteries, céréales (quinoa, kichwa...), etc... Bref, inutile de vous dire qu'on est sortis complètement pleins!

Ensuite, on a fait un tour par le monde des brochettes.... uniquement consacré à la spécialité péruvienne qu'est la brochette de coeur de boeuf! Verdict: plutôt bon! Pour la suite, on a eu droit à des pizzas dans le monde de Lima, on a mangé différents pains dans le monde du pain, et on a visité le monde du nord et du sud du pays. Quand on a enfin fini par avoir de nouveau faim, on s'est arrêtés pour manger dans le monde oriental un espèce de riz au canard laqué, peruvian-style, qui s'est avéré excellent!

Il y avait de plus en plus de monde vers l'heure du dîner, et les gens faisaient parfois de longues files dans certains stands pour manger! Le monde des grillades était particulièrement populaire, de même que certains restos particulièrement bien cotés de Lima! De notre côté, on a continué notre visite dans les stands périphériques en goûtant aux desserts à base de dulce de leche (miam) et aussi au vin péruvien. On ne connait rien au vin mais ceux à qui l'envie prendrait de boire un verre de vin rouge du Pérou doivent beaucoup aimer le vin sucré!

Dans tous les stands, on jouait le jeu des intéressés qui veulent goûter mais pas nécessairement acheter. En passant devant le stand de la compagnie de gaz naturel du Pérou, on a cependant été démasqués quand la dame nous a dit: "Vous voulez des informations ou juste des bonbons?" et qu'on a répondu "Euh... des bonbons?" haha!

Pour le souper (on est restés de 11h à 19h sur place), on s'est pris un excellent sandwich au porc dans l'une des sandwicheries les plus courues de Lima, accompagné par un aji de gallina typique du sud du Pérou. L'aji de gallina est un plat de poulet avec pois et oignons dans une sauce crémeuse au piment jaune: ce n'est pas piquant du tout et c'est succulent!

Enfin, on s'est finalement décidés à quitter Mistura et la gastronomie péruvienne et on a attendu le bus pour revenir au centre-ville. L'organisation n'était pas plus efficace que la veille quand on avait tenté de s'y rendre, et on a dû perdre un bon 45 minutes - 1h avant de monter dans l'un des bus! En attendant, on a quand même sympathisé avec un Péruvien dans la file qui était bien content de nous dire qu'il avait un neveu à Toronto quand on lui a dit qu'on venait du Canada (dès qu'on donne notre nationalité, notre interlocuteur sud-américain s'empresse habituellement de dire qu'il y a quelqu'un de sa famille qui vit à Toronto, c'est fou!) Une fois arrivés, on est passés en coup de vent à l'auberge de jeunesse pour prendre nos affaires avant de repartir en Metropolitano à nouveau vers Plaza Norte (décidément l'endroit qu'on aura le plus visité lors de notre séjour à Lima) pour prendre notre bus pour Huaraz.

Oh, on a oublié de vous dire: le Metropolitano, c'est très bien et très efficace, mais on ne peut officiellement y accéder qu'en achetant une carte de type OPUS. Officieusement, pour que les gens qui n'utilisent que parfois le système (dont nous) n'aient pas à débourser les frais d'achat de cette carte, les gens demandent aux autres usagers s'ils veulent bien recharger leur carte pour qu'ils puissent aussi passer le tourniquet en leur donnant la valeur du passage! C'est un peu compliqué mais les gens sont habituellement vraiment heureux de nous aider!

Arrivés au terminal impeccable de bus de Plaza Norte (rares sont les terminaux de bus propres en Amérique du Sud: 100 points pour Lima pour ça), on a attendu notre bus. Après un moment, on a bien vu que la compagnie "Erick le Rouge" qu'on prenait n'apparaissait sur aucun des écrans à l'heure où on partait, alors que tous les départs étaient autrement annoncés... Inquiets, on a été vérifier avec la compagnie et avec le garde de sécurité, qui nous ont tous confirmé que le bus arriverait. Pourquoi ne pas l'écrire, alors??? Notre bus est finalement arrivé avec 45 minutes de retard, à notre grand soulagement. Ce temps d'attente nous a permis d'observer autre compagnies de bus, et de se dire que, dans certains cas, il n'y avait personne au département marketing lorsqu'il a fallu choisir le nom de la compagnie! Ainsi, on a raté notre chance voyager avec la mal-nommée compagnie "Titanic" (au moins, en bus, on ne risque pas de frapper un iceberg) et surtout avec "Apocalipsis", sûrement le meilleur nom pour faire fuir les clients. Une tentative de slogan: "Avec Apocalipsis, vous ferez un voyage d'enfer!"

Finalement, la compagnie Erick le Rouge était vraiment plus classe qu'espéré, avec de confortables sièges en simili-cuir! Seul problème: on dépassait allègrement la vitesse maximale de 110 km-h, ce qui faisait défiler sans cesse sur l'écran lumineux les mots "Excès de vitesse". On a par contre eu droit à un film de James Bond, que le chauffeur a dû par erreur mettre sur "repeat" parce qu'il nous l'a passé deux fois!!

Ouf, voici une entrée de blog particulièrement longue! On se revoit sous peu pour Huaraz et la les glaciers tropicaux du Pérou!

dimanche 22 septembre 2013

Andayhualas + Ayacucho

Salut!

C'est François qui écrit! Après notre cavalcade en bus de nuit depuis Cuzco, on est arrivés au minuscule terminal de la ville d'Andayhualas vers 6h du matin. À notre plus grande joie, le chauffeur nous a permis de demeurer dans le bus jusqu'à 7h pour y dormir (soit jusqu'à ce qu'il fasse clair), ce qui nous a évité d'aller attendre dans une salle non-chauffée et sans bancs du terminal! Lorsqu'on nous a intimé de partir, on a laissé nos gros sacs au comptoir de l'entreprise Los Chankas (qu'on reprenait le soir même) à un monsieur de la compagnie qui trouvait bien drôle qu'on lui demande si c'était safe de les laisser là (vous auriez vu la place, vous n'auriez pas été sûrs non plus!). Puis, on est sortis pour aller explorer la ville, ce qui nous a mené tout naturellement à la place centrale où on a déjeûné. Andayhualas est une ville très ordinaire des Andes, comme on en a vu tout plein en Bolivie et au Pérou. Même si elle est entourée de jolies collines, le charme n'est pas son fort, disons.... On a fait un tour dans la cathédrale,  reconstruite en partie, puis on s'est mis en quête du café génial dont parlait le Lonely Planet (l'une des 2-3 places mentionnées à Andayhualas) et où on s'était dit qu'on allait relaxer un moment. Malheureusement, il était fermé...    Bien déçus, on a été prendre un chocolat chaud dans un autre café. On ne sait pas trop pourquoi, mais le lait formait une croûte dès qu'on cessait d'agiter nos cuillers dans la tasse, ce qui nous donnait la désagréable impression de boire du lait caillé à chaque gorgée...

Après ce matin peu concluant en ville, on s'est dits qu'on en avait assez d'Andayhualas et qu'on allait partir visiter l'attraction des environs, la lagune de Pacucha. On s'est donc entassés (à 4 sur la banquette arrière et deux dans le siège du passager avant) avec des Péruviens dans une voiture qui faisait le taxi vers les villages ceinturant le lac. En chemin, la radio nous débitait d'une voix presque joyeuse les morts et blessés d'un gros accident de la route survenu dans la région la veille... Puisque personne ne porte sa ceinture de sécurité ici, que les conducteurs sont téméraires et que les routes sont dangereuses et encombrées, quand il y a des accidents, ça fait mal (heureusement que les routes ne permettent jamais de rouler à plus de 70kmh, sinon ce serait l'apocalypse)!  (Note aux mamans: on essaie de mettre notre ceinture dès qu'on peut, nous, mais dans certains cas les voitures n'ont juste pas de ceinture, ou alors celles-ci sont inaccessibles!)

Après un joli trajet sur des routes de gravier, on a fini par apercevoir l'éclat bleuté de la lagune au fond d'une vallée. Avec les petites collines rondes entourant le lac, les forêts de feuillus et la taille-forme du lac, le tout faisait étrangement penser au lac Cameron (un lac dans les Laurentides où est situé le chalet familial Dansereau, pour ceux qui ne savent pas!) Après avoir reconduit tout le monde dans leurs patelins respectifs, on est descendus de la voiture avant que le chauffeur ne nous demande un prix prohibitif pour la course et on s'est mis à marcher le long de la route de terre qui faisait le tour du lac. Le paysage était vraiment magnifique! En chemin, on a croisé un groupe d'écoliers accompagnés de leur professeur. Ce dernier a chuchoté quelque chose aux élèves, puis, en passant près de nous, tout le groupe s'est mis à nous dire "Good morning mister!" en choeur!

On est finalement arrivés au petit village agricole de Sondor, au bout du lac. Comme l'endroit est (vraiment) peu touristique et très relax, on a eu droit à des "Hola!" et des "Buenas dias!" de la part des très accueillants villageois, qui étaient pour la plupart très heureux de nous aider quand  on demandait notre chemin! Dans le très touristique Pérou, on n'avait pas encore vu autant d'amabilité! On a fait un détour à un certain moment pour éviter un groupe de chiens qui n'avaient pas l'air commodes puis on a continué notre route vers une petite montagne où il y avait quelques ruines pré-hispaniques à visiter. En chemin, trois travailleurs qui réparaient la route nous ont longuement jasé. Ils étaient bien sympas et l'un d'entre eux nous disait à quel point il était intéressé à immigrer au Canada. On lui parlait alors des possibilités de travail au pays pour un ouvrier de la voire non-qualifié comme lui... On se sent toujours un peu mal quand quelqu'un qui, comme lui, n'a pas vraiment le profil de l'immigrant que recherche le Canada (i.e. quelqu'un de très qualifié dans un domaine précis, genre l'informatique).... Alors que nous, on peut voyager 5 mois en Amérique du Sud, lui ne pourra vraisemblablement jamais sortir vraiment du Pérou, et encore moins visiter le Canada....

Ensuite, on est montés au sommet d'une colline pour visiter les ruines Sondor laissées par les Chankas, un peuple contemporain des Incas. La vue sur la lagune était bien jolie, et les ruines, dont une genre de pyramide, relativement intéressantes. Une fois redescendus, on a attendu un minibus pour revenir à Andayhualas. Le premier qui s'est arrêté s'est avéré être un bus privé qui transportait une équipe de télévision péruvienne venue faire un reportage sur le tourisme dans la région! Ils étaient enchantés de nous avoir à bord et n'ont pas voulu accepter d'argent pour le trajet. En revanche, ils nous ont demandé si ça nous dérangeait qu'ils nous interviewent pour qu'on dise ce qu'on pensait de la lagune et d'Andayhualas!! Ils nous ont dit que ça passerait dans genre 2 semaines à l'heure du déjêuner dans un genre de "Salut Bonjour" sur l'un des grands canaux nationaux de télévision! Pour les curieux, vous pouvez aller voir notre 2 minutes de gloire télévisée à l'adresse suivante: http://youtu.be/K-MpWKHoc0o à partir de 14:20. C'est un peu gênant, moi je fais des "euh" et l'extrait finit sur Mémé qui fait une faute grammaticale haha! Par contre, on ne sait pas pourquoi mais c'est toujours quand on s'est pas lavés après un trajet de bus qu'on nous aborde pour des affaires du genre!

Après avoir jasé un bon bout avec l'équipe de télé (il y a avait une dame qui parlait un excellent français) et partagé une sandwich au fromage local avec eux, on a pris un bus pour revenir en ville. On a diné dans un excellent resto où on a pu goûter aux tequeños, des genres de won-tons frits au fromage.  Ensuite, on est allés faire quelque chose qui s'en venait vraiment nécessaire: me faire couper les cheveux. On avait spotté une petite allée où il y avait plusieurs petits salons de coiffure et on a donc choisi au hasard l'endroit où j'allais subir une tonte. La coiffeuse, super perfectionniste, a pris bien son temps pour couper chaque cheveux à la perfection, mais elle passait aussi le ciseau un peu trop près de mes oreilles à mon goût! Le résultat fut finalement très correct! Prix total: 4 soles... soit 1,50$! On a arrondi à 5 soles pour lui donner du pourboire parce qu'elle avait fait une bonne job et qu'on trouvait que son salaire horaire était bien bas, et elle nous a dit, l'air gêné: "Oh, vous êtes sûrs?" En tout cas elle était toute contente!

Après avoir fait une heureuse, on est retournés à la place centrale relaxer un moment. J'ai quatre trous dans mes souliers (oui, ils ont bien du vécu, je les avais déjà au Vietnam). Ça n'a pas échappé à l'oeil vigilant de trois enfants qui sont immédiatement venus me demander si, pour un sol (0,35$) ils pouvaient rapiécier mes running shoes! Devant mon refus poli (parce que mes souliers sont une cause perdue qui demanderaient des heures de travail), l'un d'eux m'a alors proposé de le faire pour la moitié du prix.... Assez triste que des enfants en soient réduits à faire ce genre de travail plutôt que d'aller à l'école... Peu après, on a été abordés par le 2e touriste qu'on a vu de toute notre journée à Andayhualas: un cycliste qui faisait toutes les Andes, de la Colombie au Chili, sur son vélo! Il nous contait qu'il devait parfois monter et descendre 2000m par jour lorsque la route passait par un col de montagne! En plus, il avait le mal de l'altitude.... Un gars bien courageux, en tout cas!

Le reste de notre journée a été bien tranquille, à se promener un peu le long de la rivière qui traverse la ville. Au souper, on a essayé une spécialité péruvienne: le cuy... ou en français, le cochon d'Inde! Verdict: boaf... Le goût est correct, mais il n'y a pas beaucoup de viande disons!

De retour à la gare, on a retrouvés nos sacs (ouf!) puis on a attendu notre bus vers Ayacucho. Une fois bien installés, on a failli avoir un autre film de Mel Gibson, mais au dernier moment le chauffeur a troqué Apocalipto pour deux films oscillants entre ordinaires et pourris sur la préhistoire.

On nous avait dit qu'on arriverait à 6h du matin à Ayacucho: jamais ne nous aura-ton autant menti! Réveillés à 2h50 par le chauffeur, on nous dit qu'on est déjà arrivés! On s'est traînés péniblement vers la salle d'attente du terminal, où on a squatté des bancs afin de pouvoir dormir à tour de rôle pendant que l'autre guettait les sacs... Enfin,4h plus tard,  on s'est décidés à partir pour le centre, non sans avoir au préalable acheté nos billets pour Lima pour le soir même. Coup de chance: une bonne compagnie, Tepsa, faisait des promotions pour Lima, de sorte qu'on a pu avoir le billet pour un prix dérisoire!

À notre arrivée au centre d'Ayacucho, on s'est d'abord promenés sur une rue piétonnière avant d'arriver à la place centrale où on a visité la magnifique cathédrale. Ayacucho est une ville coloniale  connue pour ses 33 vieilles églises (l'âge du Christ quand il est mort, c'est quand même concept  leur affaire). S'y promener est très agréable, et, parce que c'est une ville plutôt isolée, on n'y trouve également relativement peu de touristes (tout de même plus qu'à Andayhualas). Après quelques errements, on s'est arrêtés très longtemps pour déjeûner dans un charmant petit café dans une cour intérieure d'une vieille demeure coloniale. Par la suite, on a fait le tour de plusieurs églises et du marché local avant de s'arrêter dans un parc. C'était l'heure du dîner et plein d'enfants sortaient d'une école des environs. Face à l'endroit où nous étions, il y en avait plusieurs qui étaient très excités et jouaient à voler et à jeter par terre les sacs de chacun d'entre eux. Après un moment à nous regarder en riant, une petite fille est venue nous demander si on venait des États-Unis. Quand on a répondu qu'on venait du Canada, elle n'a pas trop su quoi répondre, et nous a demandé si on pouvait lui apprendre l'anglais, avant de s'enfuir en courant!

Après cet épisode cocasse, on a mangé près de la place centrale puis on s'est dirigés vers le Musée du Sentier Lumineux. Non, ce n'est pas un endroit dédié à une quelconque patente nouvel âge! En fait, des années 1980 au milieu des années 1995, la région d'Ayacucho a eu le déplaisir de se trouver dans l'épicentre du terrorisme au Pérou, À cette époque, un groupe de révolutionnaires maoïstes (les membres du Sentier Lumineux) a commencé à perpétrer des attentats se soldant par des morts dans leur quête de renverser le gouvernement pour établir le communisme au Pérou. À cette violence, le gouvernement a réagi stupidement avec plus de violences, multipliant les exécutions extra-judiciaires, les enlèvements et les disparitions. Les droits humains ont naturellement été bafoués des deux côtés: la torture et les viols étaient aussi bien répandus. En tout, près de 20 000 personnes sont mortes ou disparues durant les 15 ans où le mouvement a été le plus actif. Aujourd'hui, les quelques membres du Sentier Lumineux qui continuent la lutte (environ 500 selon le Lonely Planet) sont isolés dans la jungle dans les mêmes régions où sévissent les narcotrafiquants et ne posent plus de danger particulier pour les gens qui ne s'aventurent pas dans cette zone à risque. Le petit musée du terrorisme d'Ayacucho relate fort bien cet épisode sombre et méconnu du Pérou contemporain, et il le fait de manière forte en racontant l'histoire de quelques personnes mortes ou disparues. Bien souvent, ces gens-là étaient parfaitement innocents et n'étaient en rien liés aux révolutionnaires...

Un peu secoués par la visite, on a continué notre visite de la ville puis on s'est arrêtés pour manger une crème glacée (et aussi pour profiter du wifi gratuit!). Une heure plus tard, on a visité une dernière église avant d'aller souper dans une très bon resto surplombant la place centrale. J'ai pris un plat de pâtes à la sauce Huancaina, une sauce jaune à base de piments doux et de fromage, typique du Pérou. Après avoir bien mangé, on a voulu prendre un bus vers la gare mais on s'est bien rendus compte qu'il n'y en avait pas malgré les indications qu'on avait eues en ce sens! On s'est donc résolus à prendre un taxi. Encore une fois, on est tombés sur un chauffeur super sympa! Le seul problème était qu'il mâchait vraiment mais vraiment beaucoup ses mots, ce qui le rendait super difficile à comprendre!

Lorsqu'on est montés prendre nos sièges à bord de l'autobus Tepsa qui nous emmenait à Lima, on a eu l'impression d'être au paradis (ou, du moins, dans un avion). Musique d'ambiance, sièges hyper-confortables, sent-bon, toilettes impeccables, service à bord, gros snack, choix de livres pour lire... Réellement un bus classe! On pardonnera aisément que le film ait bogué en plein milieu et que la musique d'ambiance répétait ad infinitum la même partie de chanson où on pouvait entendre quelque chose comme "Rico Es! Where is  Machu Picchu?" En tout cas, on a eu notre nuit la plus plaisante de notre marathon de bus de nuit depuis Cusco!

Lima et la suite pour bientôt!

vendredi 20 septembre 2013

Cusco et le Machu Picchu

Désolé pour le délai depuis notre dernière publication, on n'a pas eu/pris le temps d'écrire, puis après on n'avait plus accès à du wifi!

Une fois à Cusco, on a marché le long d'une avenue glauque qui devenait de plus en plus fréquentable au fur et à mesure qu'on avançait vers la place centrale tout en se frayant un chemin sur les trottoirs entre les touristes et les "touts", ces personnes gossantes payées par un magasin ou un resto pour venir t'achaler pour que tu rentres dans leur commerce! Il y en avait déjà beaucoup à Arequipa près de la place centrale, où certains avaient développé la tactique de se mettre à deux en travers du chemin de manière à ce qu'on soit obligés d'arrêter et qu'on écoute leur speech de vente! Un peu plus et ils nous plaquaient par terre et nous traînaient de force dans leur resto! À Cuzco, le DisneyWorld du tourisme en Amérique du Sud, c'est encore pire: il y a tellement de touts qu'il faut repousser leurs avances au moins plusieurs fois par minute par endroits! À la fin, on était rendus tellement bons qu'on disait "No, gracias" avant même que la personne n'ouvre la bouche!

Après avoir trouvé un hostel très bien et pas trop cher, on est partis manger dans un resto végétarien qui faisait des prix étonnement corrects pour Cuzco, où tout coûte en moyenne le double d'ailleurs au Pérou! En revenant, on a parlé sur Skype avec nos parents avant de s'effondrer dans notre lit, sales (on ne s'était pas lavé depuis notre départ d'Arequipa) et complètement morts!

On a rattrapé notre sommeil en dormant jusqu'à midi le lendemain, puis on s'est mis en route pour une journée d'organisation en allant d'abord à l'info touristique de Cusco... Parce que Cusco, pour ceux qui l'ignorent, c'est la porte d'entrée vers le fameux Machu Picchu, à quelques heures de la ville! Et comme le Machu Picchu est aussi hyper-touristique, le visiter pour pas cher demande de s'informer! Naturellement, l'information que nous donnait le guide, comme partout au Pérou à date, n'était que partielle, d'où l'utilité des excellents bureaux touristiques du Pérou! Il n'y a pas de route pour se rendre au Machu Picchu. Pour y accéder, il y a la voie royale et magistralement "overpriced" du train qui, pour 3 misérables heures de Cusco jusqu'au village d'Aguas Calientes au pied des ruines, demande l'exorbitante somme de .... 100$-120$ aller-retour! Pour vous donner une idée, à ce prix-là, on peut traverser tout le Pérou du nord au sud en bus! Une autre option, hyper-populaire et encore plus chère, consiste à marcher plusieurs jours avec porteurs vers le Machu Picchu le long de l'Inca Trail, probablement le sentier le plus connu (et le plus couru) d'Amérique du Sud. C'est apparemment très beau, mais il faut acheter un droit d'accès des mois d'avance et il faut être prêt à n'être entouré que de touristes durant tout le trajet... Enfin, pour les cheaps comme nous, il reste l'entrée au Machu Picchu par la porte arrière, soit traverser les Andes en bus à partir de Cusco et continuer dans la jungle le long de pistes vertigineuses vers un barrage électrique (un lieu fort moche appelé très originalement "Hidroelectricas"), d'où on doit marcher les derniers 12 kilomètres vers le village d'Aguas Calientes et le Machu Picchu. Coût: 35$ aller-retour (pour 6h de trajet aller et retour), soit 3 fois moins qu'en train (mais ô combien plus exigeant et compliqué). L'information touristique nous ayant confirmé qu'on pouvait faire tout ça nous-mêmes, on en est ressortis bien contents! Par contre, on n'a pas pu nous confirmer qu'on pouvait avoir le prix étudiant pour Machu Picchu (25$ vs 50$ entrée générale) avec nos magnifiques cartes de l'Université Laval, et, parce qu'on était pas chanceux cette journée-là, le bureau de vente de droits d'accès au Machu Picchu à Cusco était fermé pour cause de fête nationale. Résultat, donc: pour sauver 170$ à deux, on allait faire 6h de bus et de marche qu'on allait arranger nous-mêmes, on allait prier pour qu'il reste des billets pour accéder au Machu Picchu le lendemain à notre arrivée le soir à Aguas Calientes et on allait espérer très fort d'avoir le prix étudiant!...   On vous a déjà dit que ce n'est pas toujours de tout repos, organiser un voyage backpack, quand il faut toujours compter sur la chance pour que tout marche comme on veut?

Après avoir passé beaucoup trop de temps à l'info touristique, on est retournés manger au resto végétarien parce que c'était l'un des seuls à Cusco à ne pas demander un prix de fou pour une bouffe excellente, puis on est revenus à l'info touristique parce qu'on avait d'autres questions... Après quelques errements en ville, on a finalement commencé notre visite de Cusco! Cusco était l'ancienne capitale des Incas et, après la conquête espagnole, elle est devenue un centre administratif important de la nouvelle colonie. Autant vous dire qu'elle n'est pas archi-touristique pour rien: c'est une ville magnifique qui a gardé à la fois son caractère inca avec ses petites ruelles et ses bâtiments aux fondations de pierre, tout en possédant aussi une architecture coloniale espagnole particulièrement ouvragée. Notre visite a commencé par le coeur de toute ville d'Amérique latine: la place centrale, très jolie à Cusco (bien qu'envahie par les touts et autre vendeurs de gogosses pour touristes, sans compter les madames en costume traditionnel qui veulent qu'on paye pour les photographier elles et l'agneau costumé qu'elles tiennent dans leurs bras).  Autre cliché latino: coup de chance, on a aussi pu assister sur la place à une procession de la statue de la vierge jusqu'à la cathédrale. Ça consiste en gros en un défilé de plusieurs dizaines de personnes qui chantent en suivant le prêtre et la statue, transportée dans un autel richement décoré posé sur un genre de brancard que portent quelques gars musclés. Tout ce beau monde arrête de temps en temps pour écouter le prêtre parler, bloquant du même coup une bonne partie de la rue. Souvent, il y a aussi un dude qui fait sauter des pétards assourdissants le long de la trajectoire de la procession (sérieusement, on dirait des coups de feu tellement c'est fort et désagréable pour les oreilles). On n'a pas encore compris pourquoi... Peut-être que les Péruviens trouvaient qu'il fallait que les processions soient encore plus bruyantes que les activités quotidiennes, caractérisées par des klaxons incessants, la musique forte émanant des magasins et les cris de vendeurs ambulants??

Ensuite, on a été dans les petites rues de la ville, en s'arrêtant d'abord dans une chocolaterie (qui se doublait d'un musée du chocolat, où on a pu goûter à du pisco au choco) puis dans plusieurs églises coloniales. On a été faire des provisions au supermarché local puis on s'est laissés tenter par le pop-corn que vendait une vendeuse ambulante. Après un bref retour à l'hôtel, on a continué l'organisation des prochains jours en allant à la gare acheter nos billets pour notre prochaine destination. Comme toujours au Pérou, ce ne fut pas facile... De Cusco, on voulait trouver un moyen d'aller à Lima, sauf qu'on avait lu dans le guide que le trajet en bus pour cette ville avoisinait les 24h... On s'était donc dit qu'on allait plutôt passer par Ayacucho, une jolie ville dans les montagnes, question de couper le trajet en 2 (le guide disait qu'on pouvait s'y rendre en 12-13h de bus de nuit, ce qui est très correct). Sur place, par contre, la dame des billets nous a dit que le trajet Cusco-Ayacucho était également de 20h! On se retrouvait donc coincés entre 2 mauvaises options: 2 trajets de presque 24h en bus! Dépités, on a donc décidé d'acheter des billets pour Andayhualas, une petite ville située entre Cusco et Ayacucho, à 10h de trajet. De là, on prendrait un autre bus de nuit pour Ayacucho, puis un autre pour Lima!

Après une heure de gossage, on est sortis épuisés et mécontents de la gare avec nos billets en main.  De retour au centre-ville, on a par contre retrouvé le moral parce qu'on allait souper dans un resto plus classe que d'habitude afin de fêter le dépôt de mon essai! Après 2 tentatives infructueuses dans des restos qui avaient l'air très bien mais qui étaient déjà pleins (Cusco est une capitale culinaire du Pérou, avec d'excellents restos), on s'est finalement décidés pour une chouette petite place où on a passé une très belle soirée! La bouffe (et le vin) étaient excellents , et le tout était agrémenté de temps à autre par les chants de deux sopranos qui chantaient des airs classiques et traditionnels péruviens accompagnées au piano à queue. Bref, on avait donc notre concert privé! En plus, on a eu droit à une coupe de champagne offerte par la maison! Notre serveur fort empressé était également bien sympa et n'arrêtait pas de nous appeler "chicos"! (Aparté pour Laurent: à ce sujet, je n'arrête pas non plus de me faire appeler "joven" ("jeune") par tout le monde en Amérique du Sud, ce qui ne manque pas de me faire rire à chaque fois!). Ç'a a donc été un très bon souper, le tout pour 20$ par personne!

Au retour, on a un peu déchanté quand Mémé a réalisé qu'avec toutes nos hésitations à la gare, on avait acheté nos billets pour Andayhualas pour la mauvaise journée! C'était particulièrement déprimant parce que ça nous obligeait à retourner à la gare........ Raaaah!!!

Le lendemain, on avait prévu de se lever très tôt pour partir au Machu Picchu (et passer à la gare avant pour changer les &?%?*& de billets), mais quand le réveil a sonné à 6h du matin, on a décidé qu'on était trop fatigués et qu'on irait le lendemain! On a donc encore fait la grasse matinée jusqu'à tard. Une fois levés, notre première action fut, vous l'aurez deviné, retourner à la gare pour changer la date de notre voyage en bus, en espérant qu'il n'y ait pas de frais! Ce fut malgré tout étonnamment facile! On a ensuite dîné dans un des restos d'almuerzos cheaps près de la gare, où on a pu manger une curieuse soupe avec une huitre fermée, complète avec ses algues accrochées après. La serveuse, particulièrement bête, n'a pas été d'un grand secours pour nous expliquer les plats! À notre question "quel type de jus est-ce?" quand elle nous a servi un grand verre d'un liquide jaunâtre, sa réponse fut: "du jus"! On l'a quitté sans trop de peine pour aller faire un tour au marché d'artisanat de Cusco avant de se rendre aux ruines de Qorikancha, en plein dans la ville. C'est un endroit un peu bizarre (mais bien joli): en fait, ce sont les ruines du temple le plus somptueux de tout l'empire inca sur lesquelles les dominicains ont érigé une grande église. L'ensemble est un curieux mélange de vieilles pierres lisses et polies caractéristiques de l'architecture inca (tellement bien découpées qu'elles s'emboîtent sans qu'aucun ciment ne soit nécessaire)  et d'architecture coloniale espagnole. Encore plus étrange: au coeur de la cour intérieure de l'église, les pères avaient conservé les loges qui dotaient l'intérieur de l'ancien temple inca! Bref, une visite bien intéressante, avec en prime de superbes peintures.

Par la suite, on a continué notre visite pré-hispanique de la ville en se promenant dans les ruelles incas du charmant quartier de San Blas. Notre balade au gré des petites rues pavées de vieilles pierres nous a menés à une vieille église du parvis de laquelle on avait une bien jolie vue de Cusco et de la vallée au soleil couchant. En redescendant vers la place centrale, on a pu assister de loin à deux mariages qui avaient lieu dans les églises ceinturant la cathédrale. On a ensuite mangé dans un génial resto de pizza avant d'aller dormir.

Dès notre réveil, on s'est dirigés vers l'agence avec laquelle on avait finalement décidé de faire le trajet aller seulement en bus vers le Machu Picchu! Accompagnés de touristes espagnols bien sympas et d'un bon nombre d'Israéliens, notre minibus s'est ensuite élancé le long de la longue route vers les ruines. Au passage, on a croisé un panneau officiel assez surprenant  qui disait: "Vous toussez depuis plus de 15 jours? C'est peut-être la tuberculose!"

Ça n'a pas pris beaucoup de temps avant de se rendre compte que notre chauffeur conduisait mal. Mais VRAIMENT mal. Bien plus mal que la moyenne des chauffeurs du Pérou, qui conduisent habituellement déjà mal. En fait, contrairement aux autres, notre chauffeur semblait ignorer tout des règles élémentaires de la conduite, en plus d'avoir un comportement téméraire sur la route et de rouler beaucoup trop vite pour le type de route (les 2 derniers points sont normaux en Amérique du Sud). Exemples de sa mauvaise conduite: accélérer avant les tournants, freiner DANS les courbes et non avant (encore pire dans les routes de gravier à côté des précipices), freiner 5 secondes avant un dos-d'âne et accélérer ensuite en fou jusqu'au prochain situé 50m plus loin... Il conduisait tellement mal dans des routes qui tournaient sans arrêt qu'un des pauvres Israéliens a vomi deux fois! À un moment donné, Mémé a fait semblant d'avoir elle aussi mal au coeur pour demander au chauffeur de ralentir, ce qui a amélioré un peu les choses.

Après avoir passé des sommets enneigés des Andes (4200m) à la jungle (1000m) et avoir fait le dernier bout de route sur une route de gravier à une voie longeant un précipice particulièrement impressionnant, on est enfin arrivés à Hidroelectricas où on a pris congé de notre chauffeur avec joie! On a alors pris nos gros sacs pour marcher vers Aguas Calientes. Oui, nos gros sacs! Les transporter avec nous était le prix à payer pour ne pas être partis la veille et avoir dormi, parce qu'on allait partir vers Andayhualas directement après notre retour du Machu Picchu et qu'on n'aurait pas le temps de passer à l'hôtel les rechercher. Bref, chargés comme des mules, on a longé la voie ferrée le long d'une ravissante rivière dans une végétation luxuriante pendant 3h jusqu'au village. Inutile de vous dire qu'avec le poids des sacs on était complètement morts à notre arrivée, Mémé a fait plusieurs crises de "je suis tannée, j'arrête de marcher ici, je déteste marcher" (Mémé: pffffff pas tant que ça :p). Enfin, on est entrés à Aguas Calientes. On nous avait décrit le village comme plutôt moche et très touristique. S'il est vrai qu'il y a énormément de touristes, le village en soi est plutôt mignon, situé le long des cascades de la rivière au fond d'une petite vallée! Pour s'assurer de pouvoir entrer au Machu Picchu le lendemain, on s'est rués au bureau de l'agence gouvernementale du parc. Heureusement, on a pu avoir des billets pour le lendemain, et même au prix étudiant sans avoir fait faire notre carte ISIC! Yé!!! Après cette victoire, on a marché pour trouver un hôtel, en recroisant les Allemands en camping car qu'on avait croisés partout en Bolivie et à Cusco la veille. Notre autre victoire fut de trouver un hôtel pas cher, et très bien, même dans une ville qui ne vit que du tourisme!

Parce que la marche avait été si exigeante avec nos sacs et qu'il nous faudrait partir très tôt pour revenir à Cusco dans 2 jours, on s'est dit qu'on allait allonger l'argent nécessaire pour se payer le train jusqu'à Hidroelectricas, avant de prendre le bus pour revenir à Cusco. Après un repas dans le marché local, on a fait du lavage à l'hôtel avant de se coucher tôt en vue de notre visite du lendemain.

Réveillés à 6h le lendemain, on était en routeà 7h pour se rendre aux fameuses ruines. Comme Machu Picchu est envahi par les touristes de 10h à 14h, le guide conseille de s'y rendre très tôt le matin. D'Aguas Calientes, on peut soit faire les  riches pachas et prendre l'autobus jusqu'au Machu Picchu ou marcher. Devinez quelle option on a choisi! Sauf qu'on avait pas pensé qu'il fallait escalader une montagne pour se rendre au site! Après 1h30 d'une montée exténuante, on est finalement entrés sur place. Première impression: c'est vrai qu'il y a des touristes, mais le site est tellement grand qu'on ne dirait pas qu'il y en a tant que ça. Ensuite: les ruines sont très bien conservées, il y a beaucoup à visiter. Après avoir fait les photos classiques du haut du site, on s'est un peu éloignés en faisant un petit sentier qui nous amenait au "pont de l'inca", un genre de système de pont-levis à flanc de montagne destiné à barrer l'accès à la ville en cas d'attaque.

Après avoir profité de manière parasitaire des explications des tours guidés proche de nous, on s'est dirigés vers le Cerro Machu Picchu, une très haute montagne qui donne une vue d'ensemble sur le site. La montée était plutôt rude, Mémé a décidé de s'arrêter à mi-chemin pendant que je complétais le sentier (la vue était vraiment sublime). Après un pique-nique, on a commencé la visite des ruines en se fiant sur les explications du Lonely Planet. Mémé a été particulièrement enchantée par le troupeau de lamas (et les bébés lamas) qui se promenaient librement dans les ruines! Finalement, après une longue journée de visite, on est revenus à Aguas Calientes en longeant la route que prennent les bus (moins abrupte que le sentier mais plus longue). Sur le chemin on a été adoptés par un chien particulièrement craintif et qui s'arrêtait souvent pour se lécher consciencieusement les parties intimes... La soirée fut bien ordinaire: souper au marché, puis dodo.

Comme toujours, on choisit les meilleurs moments pour se chicaner, on s'est donc endormis vers 2h du matin... Le lendemain on s'est réveillés dans la joie à 4h45 du matin, afin de faire nos sacs (étant donné que notre linge était naturellement pas sec la veille) et de prendre notre train pour Hidroelectricas à 6h20. On était les seuls dans notre wagon et on a particulièrement savouré le 45 minutes de beaux paysages qu'allait nous offrir une de nos seules balades en train en Amérique du Sud (ici, tous les déplacements se font en bus, pour notre plus grand déplaisir). On a quitté à regret nos sièges confortables pour les échanger pour ceux de la banquette arrière d'une voiture qui faisait le taxi entre Hidroelectricas et le village de Santa Maria. Sur place, on a attendu un petit moment le minibus qui allait nous mener de l'autre côté des Andes, à Ollataytambo. Un peu avant l'arrivée, le chauffeur nous a fait descendre le temps qu'il lave sa voiture! On est descendus à Ollataytambo, un joli village qui a conservé mieux que tout autre dans la région son "urbanisme" inca. En effet, la ville est un labyrinthe de petites ruelles pavées de pierres dans lesquelles coulent des ruisseaux dans des canaux ouvragés. On trouve aussi une grosse forteresse et plusieurs ruines aux flancs des montagnes avoisinantes. Après dîner, on a profité de la ville en marchant dans les rues et le long de la rivière avant de prendre un dessert dans un café cute! Après, on a partagé un taxi collectif avec une grand-maman, au plus grand mécontentement du chauffeur de taxi qui nous aurait sûrement demandé 15 fois le prix n'eût été du fait que la dame nous avait indiqué le vrai prix. Tout le trajet passait par la "Vallée sacrée", une région de l'arrière-pays de Cusco particulièrement magnifique avec sa vallée cultivée, sa rivière turquoise et ses hautes montagnes enneigées.

De retour à Cusco, on a mangé des cannellonis (miam) dans un resto pas touristique tout près de la gare, avec un proprio des plus gentils qui était super content d'avoir des Canadiens dans son établissement! On a ensuite pris place dans l"Expresso Los Chankas, vers Andayhualas, où malgré le fait que l'air entrait dans la fenêtre cassée à côté de notre banc, on a quand même eu droit à un sandwich au baloney (re-miam...) et à un autre film de Mel Gibson! On s'est endormis au son des ronflements du voisin, en se faisant barroueter de tous bords tous côtés par la route sinueuse!

On vous souhaite bonne nuit, ce qui n'a pas été notre cas pour les 3 nuits qui ont suivi notre départ du Cusco, haha!