dimanche 22 septembre 2013

Andayhualas + Ayacucho

Salut!

C'est François qui écrit! Après notre cavalcade en bus de nuit depuis Cuzco, on est arrivés au minuscule terminal de la ville d'Andayhualas vers 6h du matin. À notre plus grande joie, le chauffeur nous a permis de demeurer dans le bus jusqu'à 7h pour y dormir (soit jusqu'à ce qu'il fasse clair), ce qui nous a évité d'aller attendre dans une salle non-chauffée et sans bancs du terminal! Lorsqu'on nous a intimé de partir, on a laissé nos gros sacs au comptoir de l'entreprise Los Chankas (qu'on reprenait le soir même) à un monsieur de la compagnie qui trouvait bien drôle qu'on lui demande si c'était safe de les laisser là (vous auriez vu la place, vous n'auriez pas été sûrs non plus!). Puis, on est sortis pour aller explorer la ville, ce qui nous a mené tout naturellement à la place centrale où on a déjeûné. Andayhualas est une ville très ordinaire des Andes, comme on en a vu tout plein en Bolivie et au Pérou. Même si elle est entourée de jolies collines, le charme n'est pas son fort, disons.... On a fait un tour dans la cathédrale,  reconstruite en partie, puis on s'est mis en quête du café génial dont parlait le Lonely Planet (l'une des 2-3 places mentionnées à Andayhualas) et où on s'était dit qu'on allait relaxer un moment. Malheureusement, il était fermé...    Bien déçus, on a été prendre un chocolat chaud dans un autre café. On ne sait pas trop pourquoi, mais le lait formait une croûte dès qu'on cessait d'agiter nos cuillers dans la tasse, ce qui nous donnait la désagréable impression de boire du lait caillé à chaque gorgée...

Après ce matin peu concluant en ville, on s'est dits qu'on en avait assez d'Andayhualas et qu'on allait partir visiter l'attraction des environs, la lagune de Pacucha. On s'est donc entassés (à 4 sur la banquette arrière et deux dans le siège du passager avant) avec des Péruviens dans une voiture qui faisait le taxi vers les villages ceinturant le lac. En chemin, la radio nous débitait d'une voix presque joyeuse les morts et blessés d'un gros accident de la route survenu dans la région la veille... Puisque personne ne porte sa ceinture de sécurité ici, que les conducteurs sont téméraires et que les routes sont dangereuses et encombrées, quand il y a des accidents, ça fait mal (heureusement que les routes ne permettent jamais de rouler à plus de 70kmh, sinon ce serait l'apocalypse)!  (Note aux mamans: on essaie de mettre notre ceinture dès qu'on peut, nous, mais dans certains cas les voitures n'ont juste pas de ceinture, ou alors celles-ci sont inaccessibles!)

Après un joli trajet sur des routes de gravier, on a fini par apercevoir l'éclat bleuté de la lagune au fond d'une vallée. Avec les petites collines rondes entourant le lac, les forêts de feuillus et la taille-forme du lac, le tout faisait étrangement penser au lac Cameron (un lac dans les Laurentides où est situé le chalet familial Dansereau, pour ceux qui ne savent pas!) Après avoir reconduit tout le monde dans leurs patelins respectifs, on est descendus de la voiture avant que le chauffeur ne nous demande un prix prohibitif pour la course et on s'est mis à marcher le long de la route de terre qui faisait le tour du lac. Le paysage était vraiment magnifique! En chemin, on a croisé un groupe d'écoliers accompagnés de leur professeur. Ce dernier a chuchoté quelque chose aux élèves, puis, en passant près de nous, tout le groupe s'est mis à nous dire "Good morning mister!" en choeur!

On est finalement arrivés au petit village agricole de Sondor, au bout du lac. Comme l'endroit est (vraiment) peu touristique et très relax, on a eu droit à des "Hola!" et des "Buenas dias!" de la part des très accueillants villageois, qui étaient pour la plupart très heureux de nous aider quand  on demandait notre chemin! Dans le très touristique Pérou, on n'avait pas encore vu autant d'amabilité! On a fait un détour à un certain moment pour éviter un groupe de chiens qui n'avaient pas l'air commodes puis on a continué notre route vers une petite montagne où il y avait quelques ruines pré-hispaniques à visiter. En chemin, trois travailleurs qui réparaient la route nous ont longuement jasé. Ils étaient bien sympas et l'un d'entre eux nous disait à quel point il était intéressé à immigrer au Canada. On lui parlait alors des possibilités de travail au pays pour un ouvrier de la voire non-qualifié comme lui... On se sent toujours un peu mal quand quelqu'un qui, comme lui, n'a pas vraiment le profil de l'immigrant que recherche le Canada (i.e. quelqu'un de très qualifié dans un domaine précis, genre l'informatique).... Alors que nous, on peut voyager 5 mois en Amérique du Sud, lui ne pourra vraisemblablement jamais sortir vraiment du Pérou, et encore moins visiter le Canada....

Ensuite, on est montés au sommet d'une colline pour visiter les ruines Sondor laissées par les Chankas, un peuple contemporain des Incas. La vue sur la lagune était bien jolie, et les ruines, dont une genre de pyramide, relativement intéressantes. Une fois redescendus, on a attendu un minibus pour revenir à Andayhualas. Le premier qui s'est arrêté s'est avéré être un bus privé qui transportait une équipe de télévision péruvienne venue faire un reportage sur le tourisme dans la région! Ils étaient enchantés de nous avoir à bord et n'ont pas voulu accepter d'argent pour le trajet. En revanche, ils nous ont demandé si ça nous dérangeait qu'ils nous interviewent pour qu'on dise ce qu'on pensait de la lagune et d'Andayhualas!! Ils nous ont dit que ça passerait dans genre 2 semaines à l'heure du déjêuner dans un genre de "Salut Bonjour" sur l'un des grands canaux nationaux de télévision! Pour les curieux, vous pouvez aller voir notre 2 minutes de gloire télévisée à l'adresse suivante: http://youtu.be/K-MpWKHoc0o à partir de 14:20. C'est un peu gênant, moi je fais des "euh" et l'extrait finit sur Mémé qui fait une faute grammaticale haha! Par contre, on ne sait pas pourquoi mais c'est toujours quand on s'est pas lavés après un trajet de bus qu'on nous aborde pour des affaires du genre!

Après avoir jasé un bon bout avec l'équipe de télé (il y a avait une dame qui parlait un excellent français) et partagé une sandwich au fromage local avec eux, on a pris un bus pour revenir en ville. On a diné dans un excellent resto où on a pu goûter aux tequeños, des genres de won-tons frits au fromage.  Ensuite, on est allés faire quelque chose qui s'en venait vraiment nécessaire: me faire couper les cheveux. On avait spotté une petite allée où il y avait plusieurs petits salons de coiffure et on a donc choisi au hasard l'endroit où j'allais subir une tonte. La coiffeuse, super perfectionniste, a pris bien son temps pour couper chaque cheveux à la perfection, mais elle passait aussi le ciseau un peu trop près de mes oreilles à mon goût! Le résultat fut finalement très correct! Prix total: 4 soles... soit 1,50$! On a arrondi à 5 soles pour lui donner du pourboire parce qu'elle avait fait une bonne job et qu'on trouvait que son salaire horaire était bien bas, et elle nous a dit, l'air gêné: "Oh, vous êtes sûrs?" En tout cas elle était toute contente!

Après avoir fait une heureuse, on est retournés à la place centrale relaxer un moment. J'ai quatre trous dans mes souliers (oui, ils ont bien du vécu, je les avais déjà au Vietnam). Ça n'a pas échappé à l'oeil vigilant de trois enfants qui sont immédiatement venus me demander si, pour un sol (0,35$) ils pouvaient rapiécier mes running shoes! Devant mon refus poli (parce que mes souliers sont une cause perdue qui demanderaient des heures de travail), l'un d'eux m'a alors proposé de le faire pour la moitié du prix.... Assez triste que des enfants en soient réduits à faire ce genre de travail plutôt que d'aller à l'école... Peu après, on a été abordés par le 2e touriste qu'on a vu de toute notre journée à Andayhualas: un cycliste qui faisait toutes les Andes, de la Colombie au Chili, sur son vélo! Il nous contait qu'il devait parfois monter et descendre 2000m par jour lorsque la route passait par un col de montagne! En plus, il avait le mal de l'altitude.... Un gars bien courageux, en tout cas!

Le reste de notre journée a été bien tranquille, à se promener un peu le long de la rivière qui traverse la ville. Au souper, on a essayé une spécialité péruvienne: le cuy... ou en français, le cochon d'Inde! Verdict: boaf... Le goût est correct, mais il n'y a pas beaucoup de viande disons!

De retour à la gare, on a retrouvés nos sacs (ouf!) puis on a attendu notre bus vers Ayacucho. Une fois bien installés, on a failli avoir un autre film de Mel Gibson, mais au dernier moment le chauffeur a troqué Apocalipto pour deux films oscillants entre ordinaires et pourris sur la préhistoire.

On nous avait dit qu'on arriverait à 6h du matin à Ayacucho: jamais ne nous aura-ton autant menti! Réveillés à 2h50 par le chauffeur, on nous dit qu'on est déjà arrivés! On s'est traînés péniblement vers la salle d'attente du terminal, où on a squatté des bancs afin de pouvoir dormir à tour de rôle pendant que l'autre guettait les sacs... Enfin,4h plus tard,  on s'est décidés à partir pour le centre, non sans avoir au préalable acheté nos billets pour Lima pour le soir même. Coup de chance: une bonne compagnie, Tepsa, faisait des promotions pour Lima, de sorte qu'on a pu avoir le billet pour un prix dérisoire!

À notre arrivée au centre d'Ayacucho, on s'est d'abord promenés sur une rue piétonnière avant d'arriver à la place centrale où on a visité la magnifique cathédrale. Ayacucho est une ville coloniale  connue pour ses 33 vieilles églises (l'âge du Christ quand il est mort, c'est quand même concept  leur affaire). S'y promener est très agréable, et, parce que c'est une ville plutôt isolée, on n'y trouve également relativement peu de touristes (tout de même plus qu'à Andayhualas). Après quelques errements, on s'est arrêtés très longtemps pour déjeûner dans un charmant petit café dans une cour intérieure d'une vieille demeure coloniale. Par la suite, on a fait le tour de plusieurs églises et du marché local avant de s'arrêter dans un parc. C'était l'heure du dîner et plein d'enfants sortaient d'une école des environs. Face à l'endroit où nous étions, il y en avait plusieurs qui étaient très excités et jouaient à voler et à jeter par terre les sacs de chacun d'entre eux. Après un moment à nous regarder en riant, une petite fille est venue nous demander si on venait des États-Unis. Quand on a répondu qu'on venait du Canada, elle n'a pas trop su quoi répondre, et nous a demandé si on pouvait lui apprendre l'anglais, avant de s'enfuir en courant!

Après cet épisode cocasse, on a mangé près de la place centrale puis on s'est dirigés vers le Musée du Sentier Lumineux. Non, ce n'est pas un endroit dédié à une quelconque patente nouvel âge! En fait, des années 1980 au milieu des années 1995, la région d'Ayacucho a eu le déplaisir de se trouver dans l'épicentre du terrorisme au Pérou, À cette époque, un groupe de révolutionnaires maoïstes (les membres du Sentier Lumineux) a commencé à perpétrer des attentats se soldant par des morts dans leur quête de renverser le gouvernement pour établir le communisme au Pérou. À cette violence, le gouvernement a réagi stupidement avec plus de violences, multipliant les exécutions extra-judiciaires, les enlèvements et les disparitions. Les droits humains ont naturellement été bafoués des deux côtés: la torture et les viols étaient aussi bien répandus. En tout, près de 20 000 personnes sont mortes ou disparues durant les 15 ans où le mouvement a été le plus actif. Aujourd'hui, les quelques membres du Sentier Lumineux qui continuent la lutte (environ 500 selon le Lonely Planet) sont isolés dans la jungle dans les mêmes régions où sévissent les narcotrafiquants et ne posent plus de danger particulier pour les gens qui ne s'aventurent pas dans cette zone à risque. Le petit musée du terrorisme d'Ayacucho relate fort bien cet épisode sombre et méconnu du Pérou contemporain, et il le fait de manière forte en racontant l'histoire de quelques personnes mortes ou disparues. Bien souvent, ces gens-là étaient parfaitement innocents et n'étaient en rien liés aux révolutionnaires...

Un peu secoués par la visite, on a continué notre visite de la ville puis on s'est arrêtés pour manger une crème glacée (et aussi pour profiter du wifi gratuit!). Une heure plus tard, on a visité une dernière église avant d'aller souper dans une très bon resto surplombant la place centrale. J'ai pris un plat de pâtes à la sauce Huancaina, une sauce jaune à base de piments doux et de fromage, typique du Pérou. Après avoir bien mangé, on a voulu prendre un bus vers la gare mais on s'est bien rendus compte qu'il n'y en avait pas malgré les indications qu'on avait eues en ce sens! On s'est donc résolus à prendre un taxi. Encore une fois, on est tombés sur un chauffeur super sympa! Le seul problème était qu'il mâchait vraiment mais vraiment beaucoup ses mots, ce qui le rendait super difficile à comprendre!

Lorsqu'on est montés prendre nos sièges à bord de l'autobus Tepsa qui nous emmenait à Lima, on a eu l'impression d'être au paradis (ou, du moins, dans un avion). Musique d'ambiance, sièges hyper-confortables, sent-bon, toilettes impeccables, service à bord, gros snack, choix de livres pour lire... Réellement un bus classe! On pardonnera aisément que le film ait bogué en plein milieu et que la musique d'ambiance répétait ad infinitum la même partie de chanson où on pouvait entendre quelque chose comme "Rico Es! Where is  Machu Picchu?" En tout cas, on a eu notre nuit la plus plaisante de notre marathon de bus de nuit depuis Cusco!

Lima et la suite pour bientôt!

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