Rebonjour!
C'est encore François qui écrit! La dernière fois, on vous avait laissés dans le bus vers Lima... Après un trajet de nuit sans histoires et particulièrement confortable, on est arrivés dans la capitale péruvienne au petit matin. On avait compris qu'il y aurait 2 arrêts à Lima: on avait demandé à descendre à l'endroit qui serait le plus proche du centre et on nous avait dit d'attendre le 2e. Notre "tripulante" (le mot espagnol vraiment laid pour parler du stewart à bord) avait cependant l'air d'hésiter quand on a essayé de confirmer avec lui quel serait le meilleur endroit pour descendre, avant de nous conseiller le premier arrêt, puis le deuxième... Bref, on n'était pas plus avancés! Au premier arrêt, on a donc décidé d'attendre le second. À notre surprise, on a vu alors nos sacs être sortis de la soute et être placés sur un chariot qui s'est ensuite dirigé à l'intérieur du terminal de TEPSA... Notre "tripulante" nous a dit de ne pas nous en faire, que nous aurions nos sacs au 2e arrêt et que tout était normal. Pas trop sûrs, on a accepté ses explications... avant de reconfirmer une dernière fois lorsque l'autobus s'est mis en mouvement pour sortir du terminal. Cette fois, notre "tripulante", décidément pas très efficace côté organisation, a eu l'air tout surpris quand on lui a dit que nos sacs étaient ici (alors qu'on lui en avait déjà longuement parlé), a fait arrêter le bus et est finalement allés chercher nos sacs! On est donc passés à un cheveu de voir nos backpacks égarés on ne sait où par la faute de son organisation déficiente!
On a ensuite roulé bien longtemps dans Lima, dépassant la place centrale. Lorsqu'on s'est engagés sur l'autoroute panaméricaine en direction des banlieues, c'est là qu'on s'est dit, en pestant contre les mauvaises infos qu'on avait reçu, qu'il aurait peut-être été plus intelligent de descendre au premier arrêt! Finalement, le bus s'est immobilisé dans un terminal situé dans un immense centre d'achat au nord de la ville (un complexe originalement nommé "Plaza Norte"). En sortant, on a demandé comment se rendre au centre:
- Est-ce qu'on peut se rendre à la place centrale en bus?
- Oui, prenez un taxi, ça va vous coûter 25 soles (10$!!!)
- Euh, ok mais on veut pas prendre de taxi. Est-ce qu'il y a des AUTOBUS qui se rendent au centre-ville?
- Ah non, il n'y en a pas.
- Il n'y a aucun bus qui va du terminal jusqu'au centre-ville?
- Non.
- Même s'il faut changer de bus quelque part?
- Peut-être, mais c'est compliqué. Et vous allez vous retrouver dans des quartiers dangereux.
- Il y a donc des bus finalement?
- Peut-être, mais c'est plus facile en taxi. Prenez un taxi.
- (Longs soupirs de découragement)
On a eu ce genre de conversation sans cesse depuis le début du voyage. On a découvert que quand la personne à qui vous vous adressez ne sait pas s'il y a un autobus qui va du point où vous êtes vers votre destination en ville, au lieu d'avouer candidement "Je ne sais pas, désolé", votre interlocuteur va plutôt vous dire d'y aller en taxi, même si on souligne à grands traits qu'on ne veut pas prendre le taxi (sauf si c'est absolument nécessaire) parce que c'est cher et souvent moins fiable qu'un bus qui ne peut pas vraiment déroger de son itinéraire pour nous détrousser dans un coin sombre de la ville. Pourtant, c'est parfois vrai (quoique rare) qu'il n'existe pas de transport public, alors comme on ne connaît pas la place on ne peut pas catégoriser d'emblée comme fausse l'information qu'on nous donne... Dépités, on s'est dit qu'on allait au moins acheter nos billets pour notre prochaine destination avant de contre-vérifier s'il n'existait pas de bus pour le centre. Au Pérou, on a eu énormément de difficultés à planifier nos transports d'avance. On vous explique:
- D'abord, le terminal est souvent très éloigné du centre. Comme on y est d'emblée lorsqu'on arrive dans une nouvelle ville, la logique voudrait donc, pour minimiser le nombre d'allers-retours vers la gare, qu'on achète dès notre arrivée nos billets pour notre prochaine destination.
- Pour ce faire, il faut magasiner entre le milliard de compagnies de bus qui existe afin de prendre celle qui nous le fait au meilleur prix. Néanmoins, il faut aussi tenir compte que certaines compagnies sont pourries et d'autres excellentes, et qu'on ne sait habituellement pas lesquelles sont lesquelles. D'autant plus que les bonnes compagnies font parfois des rabais, alors on ne peut pas uniquement se fier au prix. Il existe également 3 catégories de sièges de bus au Pérou (en ordre croissant de prix): reclinable (i.e. le siège que vous avez quand vous faites Montréal-Québec en bus, idéal pour de petites distances mais plutôt inconfortable pour y passer la nuit), semi-cama (i.e. un siège plus inclinable que la normale avec un appuie-pieds élaboré qui rend relativement confortable une nuit en bus) et cama (i.e. un siège large, très confortable, qui s'incline à presque 180 degrés et qui vient avec un appuie-pieds). Le problème, c'est que le "semi-cama" de certaines compagnies n'est en fait qu'un "reclinable", alors que leur "cama" n'est en réalité qu'un "semi-cama"! Résultat: magasiner des sièges de bus relativement confortables (i.e. semi-cama, mais vraiment semi-cama là) à un prix non-prohibitif et avec un entreprise relativement fiable , alors qu'il existe une offre pratiquement infinie, devient une tâche particulièrement ardue! Oh, j'oubliais: parce que les choses ne sont déjà pas assez compliquées comme ça, plusieurs villes péruviennes (surtout au nord du pays) n'ont pas de terminal central. Oui, vous avez bien lu: des villes de 500 000 habitants n'ont pas de terminal de bus alors que le bus est LA manière de se déplacer en Amérique du Sud. En lieu et place, chaque compagnie possède son petit terminal privé. Ces terminaux sont éparpillés partout en périphérie de la ville et il n'existe que bien rarement des bureaux au centre où on peut acheter des billets sans se rendre au terminal (sauf, bien sûr, pour les compagnies les plus chères). Dans ces conditions, faire le tour de chaque terminal partout dans la ville pour magasiner les prix relève de l'exploit, et est très coûteux en termes de temps et d'argent....
- Outre ce qui précède, pour maximiser l'efficacité, il nous faut idéalement prendre des bus de nuit entre les destinations (afin d'économiser une nuit d'hôtel tout en ne perdant pas une journée en transport). Par contre, cette nuit de bus doit être assez longue pour qu'on puisse y dormir un minimum tout en n'étant pas zombie le lendemain (minimum 6h donc). Or, les temps de transport sont souvent très, très variables: une entreprise nous dira qu'il faut 8h pour arriver à destination, et une autre 6h. Le Lonely Planet est plus souvent qu'autrement dans les patates quand vient le moment d'évaluer le temps... Qui croire alors, quand l'information est contradictoire et que toutes les compagnies partent à la même heure?
- Pour ajouter aux difficultés précédentes, on arrive souvent à des heures barbares (entre 4h et 6h du matin) après une mauvaise nuit en bus et notre cerveau est souvent en compote pour décider combien de temps on reste en ville, quand est-ce qu'on part, à quelle heure et avec quelle compagnie...
- Enfin, la question "combien de temps on passe en ville?" est souvent insoluble, parce qu'on ne sait pas si on va aimer l'endroit (ou s'il y a suffisamment de choses à y faire) pour qu'on y reste 1, 2, 3 jours ou plus...
Bref, ce matin-là, on 'a pas acheté de billets finalement parce qu'on n'avait aucune idée à quel point Lima allait nous charmer...
Par contre, nous avons eu cet éclairant échange avec la dame de l'une des entreprises:
- Oh, et en passant, est-ce qu'on peut se rendre au centre-ville en bus?
- Bien sûr, c'est très facile, il y a un arrêt en face du centre d'achat.
- Ah bon? C'est un bus qui nous amène directement au centre?
- Oui. En fait, c'est une station du Metropolitano de Lima.
- Le Metropolitano?
- Oui, c'est notre système de bus rapides pour toute la ville. C'est comme un métro. Ça coûte 2 soles chacun (0,70$).
- Ah, euh.... Merci!!
Donc, si on résume, il y a l'équivalent d'une station de métro en face du terminal... et notre "tripulante" s'obstine à nous dire qu'on ne peut se rendre au centre qu'en taxi! Raaaaaaahhhh!!!!!
Par la suite, on s'est finalement dirigés vers le centre et s'est trouvés un hostel très bien dans une vielle maison! Signe que le Pérou est bien touristique et que Lima est le premier arrêt des gringos qui viennent faire le tour du Pérou, la réceptionniste nous a d'abord donné les prix en dollars américains! Une fois bien installés (et avoir pris une douche réparatrice après trois jours sans se laver), Mémé (on la remercie éternellement) s'est lancée une fois de plus dans la longue et pénible tâche du lavage!
En sortant, on a trouvé un resto pour dîner qui servait des plats végétariens. Il y avait de la musique zen et une odeur de patchouli, mais c'est seulement une fois à l'intérieur qu'on a compris que le resto se doublait d'un temple Hare Krishna! Ensuite, on s'est mis en route pour le bureau central de la compagnie de bus Cruz del Sur, la meilleure compagnie de bus du Pérou. À Plaza Norte, on avait entendu dire qu'il y avait un rabais pour les tickets vers Huaraz, notre prochaine destination, alors, comme on avait maintenant décidé qu'on restait 3 jours, on avait décidé d'aller acheter les billets en promotion avant qu'il n'en reste plus. On s'est donc mis à marcher. Premier constat sur la ville: Lima, c'est grand! La ville est vraiment étendue, et il est impossible de ne pas prendre de bus pour aller d'un quartier à l'autre à moins d'avoir beaucoup de temps (il faut dire aussi que c'est une ville de 9 millions d'habitants...) Ensuite, les habitudes de conduite urbaines sont exécrables: les conducteurs passent n'importe comment aux intersections en faisant fi des règles de la circulation routière les plus élémentaires (genre une lumière rouge). Ça reste moins pire qu'au Vietnam mais, comme ici ce sont des autos qui te foncent dessus quand tu traverse et non des motorbikes, traverser la rue est vraiment désagréable... Malgré ce qui précède, pour une grande ville, Lima reste une ville qui a ses charmes. Contrairement à Santiago par exemple, elle a gardé une bonne partie de son architecture coloniale, on ne sent pas trop la pollution, la mer est proche (ce qui a joute un petit plus indéniable), les bâtiments ne sont pas trop imposants (pas d'ambiance de centre-ville pesant ou de gigantisme genre Beijing) et on y mange très bien (lire: la cuisine péruvienne est bien plus élaborée que la cuisine chilienne)!
On a fini par avoir faim après avoir marché quelques heures, alors on est entrés dans un supermarché et on s'est organisés une collation de pain et fromage sur un banc des environs! Petite remarque: ici, les pubs de cigarette ne sont pas complètement interdites, et ça faisait bizarre d'êtres accueillis par une grosse pub de Marlboro aux caisses du supermarché... La pub est barrée par un immense message "Fumer tue", mais quand même...
Après un très long moment à marcher, on est enfin arrivés au terminal central de Cruz del Sur.... seulement pour constater qu'il n'y avait plus de promotions et que le prix du billet était maintenant prohibitif (sérieusement, les touristes qui ne voyagent qu'avec Cruz del Sur doivent vraiment prévoir un super budget de transport, parce que c'est au moins le double du tarif ordinaire!). Dépités et frustrés par notre impossibilité, malgré toute notre bonne volonté, d'arranger des voyages de bus qui ont du bon sens depuis qu'on est au Pérou, on s'est dit, tant qu'à faire, qu'on serait mieux de retourner tout de suite à Plaza Norte pour magasiner nos billets pour Huaraz... Heureusement, on était tout proche d'une station du Metropolitano pour s'y rendre. Malheureusement, c'était aussi l'heure de pointe, le soir avant une très importante partie de soccer entre le Pérou et l'Uruguay. Résultat, c'était l'apocalypse sur les quais! Il y avait tellement de monde, les gens poussaient comme des fous pour entrer dans les bus déjà archi-pleins qui s'arrêtaient! On a fini par s'entasser nous aussi dans un bus, après en avoir laissé passer peut-être une dizaine... Enfin, on est revenus à Plaza Norte (scoop: ce ne serait pas la dernière fois) et, après une heure de magasinage, on a finalement acheté des billets avec la bizarrement nommée entreprise "Tourisme Érick le Rouge" et son slogan tout aussi étrange ("On croît dans la bonne direction"). Quelques instants plus tard, on s'est rendus compte qu'une compagnie bien plus fiable (recommandée par le Lonely Planet) faisait le même trajet pour le même prix et avec en plus service à bord. Naturellement, Érick le Rouge ne voulait pas nous rembourser le billet pour qu'on puisse aller avec l'autre compagnie. On voulait pleurer. Pourquoi a-t-on tant de difficultés avec les bus péruviens????
Il était déjà tard et on avait rendez-vous le soir même, à l'autre bout de la ville, avec un ami à moi des HEI (Robin Larocque-Roy pour ceux qui le connaissent) qui fait une session d'études à Lima. Après un bref passage à l'hôtel, on est partis en bus vers le Parc Kennedy, dans Miraflores, l'un des beaux quartiers de Lima. Robin et sa blonde nous avaient donné rendez-vous devant le McDonald's, mais comme on n'avait pas mangé par manque de temps et qu'il n'y avait rien d'autre à prix raisonnable dans le secteur, on s'est laissés tenter par Ronald. Mémé est allée commander et est revenue tout sourire avec 2 Joyeux Festins! "Je trouvais que ça avait l'air bon, ça venait avec des pommes, un jus et c'est moins cher, mais je n'ai pas fait le lien entre Cajita Feliz et Joyeux Festin!" fut la justification de Mémé devant l'incongruité de ses actes!
Robin et sa blonde sont arrivés alors qu'on avait la bouche pleine de McDo, et on les a ensuite suivis vers un bar qu'ils connaissaient où on pourrait écouter le match de soccer du soir. On a donc pu assister à ce que signifie la passion du soccer en Amérique latine, alors que la pression était forte sur les Péruviens dans ce match pour battre les Uruguayens afin de se qualifier pour la coupe du monde... Malheureusement, c'était une lutte inégale, et le Pérou dut finalement s'incliner 2-1... Le tout au grand dam des clients du bar et de la blonde péruvienne de Robin! Ce fut une très belle soirée, et on les a quittés après le match en se disant qu'on ressortirait ensemble aussi le lendemain. On est revenus en taxi à l'hostel. Élément cocasse: notre hostel étant situé sur la carte tout près du quartier La Victoria, quand Robin nous a demandé où on restait, j'ai donc répondu " dans La Victoria". Immédiatement, Robin et sa blonde nous ont répondu que c'était l'un des quartiers les plus dangereux de la ville, surtout de nuit! Mais bon , en fait c'était pas vraiment à La Victoria et, sérieusement, on ne s'est pas sentis pas en sécurité lors de notre séjour au final!
Parce qu'on avait beaucoup de sommeil à rattraper, on s'est permis le lendemain de faire une grasse matinée! Enfin, juste à temps pour profiter du déjeuner fourni par l'hostel (et en se resservant plusieurs fois du pain comme les goinfres que nous sommes) Le déjeuner dans un hostel est un bon moment pour observer la faune qui peuple les auberges de jeunesse. Outre les backpackers tout ce qu'il y a de plus ordinaires, on trouve aussi des catégories bien spécifiques de gens dans ces établissements. Vous êtes presque sûrs, par exemple, de tomber sur un monsieur assez âgé qui semble être à l'hostel depuis tellement longtemps qu'il en a fait sa maison! Souvent, ce type de client semble demeurer toute la journée à l'auberge de jeunesse, ne faisant rien de plus que siroter un thé tout en lisant ou en naviguant sur Internet... Il y a aussi le couple techno qui déjeune les yeux vissés sur leur Iphone respectif, l'Américain fêtard et tonitruant qui ramène une fille dans le dortoir à 4h du matin et se fait avertir par la sécurité qu'il ne peut faire ça (true story), les super-hippies qui fabriquent des bracelets pour rentabiliser leur séjour, le backpacker qui vient d'arriver et qui voyage pour la première fois de sa vie au Tiers-Monde (on le reconnait au fait qu'il bouche invariablement les toilettes en jetant le papier dans la cuvette, au mépris des affiches en anglais demandant de jeter le papier dans la poubelle en lettres majuscules et au désespoir du personnel de l'hostel)... Il y a aussi naturellement le Français chiant, que vous êtes sûrs à 100% de croiser, qui vous jasera pour vous dire que vous voyagez pour trop cher et que vous devriez prendre exemple sur lui, qui fait de l'auto-stop, mange pour 0,50$ par jour et dort dans les fossés pour économiser (sa nuit à l'hostel étant l'exception qui confirme la règle). Conformément à son style de voyage (et à son incohérence), vous le trouverez le lendemain soir au bar de l'hôtel en train de manger un hamburger à 10$ tout en buvant une bière achetée à prix d'or (parce que les restos et bars des auberges de jeunesse sont TOUJOURS overpriced)... Mais bon, vous connaissez déjà ce type-là!
Après notre déjeuner on est parti en bus vers le sud de la ville pour explorer réellement Miraflores. Mémé a d'abord fait une séance magasinage puis on a traversé le parc Kennedy pour explorer les petites rues du quartier. On s'est arrêtés dans un petit resto pour manger un diner qui faisait honneur à la réputation culinaire de Lima. En effet, Lima serait la capitale sud-américaine de la gastronomie! Par la suite, on a marché jusqu'à la mer. Le bord de mer limeño est en fait une falaise suivie d'une plage, et tout au haut de la falaise il y une géniale promenade d'où on a d'excellents points de vue. On y a marché long moment. Alors qu'on était assis, on s'est fait aborder par deux gars forts avenants qui nous ont demandé d'une traite : Salut, bon après-midi, comment ça va? (ouvrant une boite de chocolats) Des truffes?" Je sais pas si c'était voulu que leur demande incongrue soit si drôle, mais on a bien ri!
Un peu plus loin, Mémé a fait une heureuse en refilant le jouet qu'elle avait eue la veille dans son Joyeux Festin à une petite fille! Ensuite, après avoir encore marché près du bord de mer, on est revenus au parc Kennedy, et de là à l'hostel en bus. Complètement crevée, Mémé a fait une sieste pendant que j'allais chercher à manger: des tallarines verdes con pollo (pâtes au pesto et poitrine de poulet) et du lomo saltado (boeuf sauté avec poivrons, oignons, et patates), tous deux excellents!
Pour la soirée, on retrouvait Robin et sa blonde, de même qu'une amie péruvienne, Angela, que j'avais connue l'année dernière en Bolivie, devant le même McDo. Arrivés sur place, on a accompagné Angela et son chum dans leur malbouffe en prenant un McFlurry, puis, quand Robin et sa blonde sont arrivés, on est partis en taxi vers le quartier branché de Barranco pour sortir. Barranco est vraiment un quartier génial mais, pour paraphraser Robin, ce n'est vraiment que le soir et la nuit qu'il vaut la peine d'y aller. Bars tendance, pubs pas trop chers, restos excellents mais sans prétention et sympas, atmosphère festive: c'est à la fois le rendez-vous des fêtards et l'endroit idéal pour une soirée dans un resto romantique. On est d'abord passés dans le coin des restos chouettes en traversant le "pont des soupirs" (nommé ainsi en l'honneur d'une chanson d'amour qui en parlait de cette façon-là) puis en allant jusqu'à un point de vue qui nous permettait de voir la mer. Enfin, voir: d'une part, il faisait noir, mais ensuite il y a très fréquemment à Lima du brouillard qui enveloppe toute la ville. On avait aussi goûté à la bruine la veille... Bref, Lima a beau avoir ses charmes, elle a par contre un climat un peu déprimant l'hiver...
Par la suite, on est allés dans le coin des bars prendre un drink. Je dis un drink parce qu'au Pérou, l'amateur de bière n'a pas grand'chose à se mettre sous la dent, à moins d'être un fan fini des bières blondes commerciales. Quant au vin, il est bon mais ce n'est souvent pas ce qui est à la carte dans un bar. Le pisco, au contraire, est tout à l'honneur. On a donc tous pris une combinaison de pisco + qqch! La soirée a été très bien, et on s'est séparés vers 1h30 une fois de retour au parc Kennedy. C'est à ce moment qu'on a remarqué une affiche dans le parc qui disait "Interdiction d'abandonner des chats dans le parc sous peine d'amende"! En regardant bien, on s'est alors rendus compte que le parc était littéralement envahi par les chats errants! Un décompte rapide nous a permis d'en trouver au moins 20!
Après que j'aie empêché Mémé de tous les adopter, on a laissés tout le monde en les remerciant de nous avoir fait découvrir d'autres aspects de leur ville, puis on est revenus en bus dormir à l'hôtel.
Pour la journée du lendemain, on avait prévu d'aller faire un tour au festival de Mistura. Mistura est le rendez-vous gastronomique annuel du Pérou: durant cet événement qui dure une semaine, tous les meilleurs restos du Pérou représentant toutes les régions du pays se réunissent sous des tentes où ils offrent leur bouffe à prix réduit aux amateurs. Ce n'est pas très cher pour la qualité mais l'affaire, c'est que c'est super populaire! On s'en est vite rendus compte quand on s'est mis à faire la file pour attendre l'autobus pour se rendre à l'événement. Après une demie-heure d'attendre et avoir avancé de quelques mètres seulement, on s'est dit qu'on allait laisser faire pour aujourd'hui. Surtout qu'on nous a dit qu'il y aurait bien moins de monde le lendemain et que ça coûterait moins cher parce que c'était le lundi! Après avoir pensé à nos affaires, on s'est dit qu'on ne voulait pas rater ça, qu'aujourd'hui on allait visiter le vieux-Lima et que demain on irait à Mistura. Ça impliquait par contre.... qu'on retourne ENCORE à Plaza Norte pour demander à Erick le Rouge de changer nos billets de bus pour le lendemain!!!
Avec un moral quand même bon compte tenu du fait qu'on retournait pour la 3e fois en 3 jours à la gare d'autobus, on a pu facilement repousser la date de nos billets. Ensuite, on s'est dirigés vers un supermarché tout proche pour acheter d'avance (sans commission) nos billets pour Mistura. Cette formalité effectuée, on a aussi visité le supermarché dans le but d'y trouver du beurre d'arachide pour varier nos habituels déjeûners pain-dulce de leche (il y en avait). En chemin, on a du prendre 10 livres tellement il y avait d'affaires à goûter! C'était genre le Costco! Ah oui, et à l'entrée du supermarché, dans le rayons des télévisions, on a eu la surprise d'être accueillis par un reportage sur les activités d'hiver... dans la ville de Québec! Surréaliste, dans un supermarché péruvien? Un peu, oui!
En sortant du supermarché, j'ai aggravé ma situation gingivale déjà peu reluisante (pour ceux qui ne savent pas, je fais de la récession des gencives, bon ça y est nous voilà désormais trop intimes) en détruisant la gencive de ma molaire droite avec une chips au yucca particulièrement dure. Sérieux, vous riez, mais j'ai eu mal pratiquement toute la journée et le lendemain! Avec ma dent meurtrie, on est ensuite revenus vers le centre-ville, où on a marché dans une belle rue piétonnière avant d'aller manger dans une petite place. Ce fut assez divertissant. Parmi les plats du jour, j'ai commandé du cau-cau parce que je ne savais pas ce que c'était. Le cau-cau est en fait un genre de ragoût mélangeant légumes et viande dans une sauce au piment jaune. Jusque là, pas de problème, c'était même très bon. Seulement, ma première bouchée de viande était très caoutchouteuse, et les suivantes aussi. Intrigué, j'ai demandé à la serveuse de quelle partie du boeuf venait la viande. Sa réponse: de l'estomac! Miam! Je n'ai pas mangé toute la "viande" au final! Pendant que je me débattais avec mon cau-cau, Mémé, pour sa part, tentait désespérément de ne pas mourir en mangeant son ceviche ultra-piquant! Le ceviche est un plat de poisson typique du Pérou: ça consiste en un tartare de poisson cru en morceaux baignant dans une sauce à la lime, aux oignons, au lait de coco et, bien sûr, au piment fort. J'y avais déjà goûté avant pour ma part (Bernardo et une amie péruvienne m'en avaient servis lors de ma session d'études à Santiago), mais le mien était moins piquant que celui de Mémé!
Après ce diner peu banal en termes de découvertes, on s'est rendus par la rue piétonnière à la belle et grande place centrale de Lima. On y trouve naturellement la cathédrale, dans laquelle reposent notamment les ossements de Francisco Pizarro, le conquistador qui a fondé le Pérou. C'est un personnage historique controversé, et il a tour à tour été considéré comme un père fondateur et un génocidaire sans pitié qui a massacré à qui mieux mieux des milliers d'Incas et détruit une bonne part de leur culture. Sa statue, qui ornait auparavant la place centrale, a maintenant été déplacée dans un parc périphérique.... Sur la place centrale, on trouve aussi le siège du gouvernement avec la garde présidentielle (mais on est arrivés trop tard pour le changement de garde). Par la suite, on a visité plusieurs parcs, églises et musées gratuits dans le Vieux-Lima.
Pour le souper, on a quitté le Lima colonial pour entrer dans une autre page d'histoire du pays en allant souper dans le quartier chinois. Comme à Montréal, le quartier chinois de Lima forme une petite enclave près du centre-ville délimitée par des arches traditionnelles. On y trouve le même genre de restos et boutiques que chez nous, à la différence qu'ici l'immigration chinoise date de la seconde moitié du XIXe siècle et qu'en conséquence la population chinoise est très bien intégrée à la société péruvienne. La preuve: tous les menus sont uniquement en espagnol, sans même une traduction en caractères chinois, et personne ne parle mandarin ou cantonnais!
On est revenus par les rues piétonnières en passant devant une autre jolie place, puis ensuite dans des rues plus glauques du centre-ville (parce que mal éclairées) avant de revenir à l'hostel. On est tout de suite partis ensuite vers le parc des fontaines, où on avait compris qu'il y aurait un spectacle sons, eaux et lumières en soirée. En fait, c'était un peu comme le moulin à images, sauf que c'était des images projetées sur une immense fontaine, dont les jets changeaient en fonction de la musique! C'était bien plaisant en tout cas! On est restés un peu après dans le parc pour visiter les autres fontaines. Entre autres, il y avait un genre de tunnel d'eau où on pouvait passer au milieu sans se faire arroser, et également une genre de fontaine à même le sol où les jets sortaient de manière imprévisible... Le fun de cette dernière fontaine était de courir au milieu (où c'était sec) sans se faire arroser. Conformément à mon habileté légendaire, j'ai naturellement été arrosé à la grandeur, à la grande joie de Mémé! De retour en bus à l'hostel par la suite, on a jasé un peu avec une fille de Victoria (B.C.) qui venait d'arriver dans notre dortoir avant de dormir.
À notre réveil le lendemain, on a fait nos sacs avant de partir pour se rendre à Mistura! Comme on ne voulait pas refaire la même erreur qu'hier en attendant beaucoup trop longtemps le bus officiel pour se rendre, on s'était dit qu'on irait par nous-mêmes en transport collectif. Notre plan était de descendre l'avenue Brasil, une rue étonnement semblable au boulevard l'Acadie par la différence entre édifices pauvres et décrépits vs maisons riches, jusqu'au bord de mer où était situé le site de l'évènement. Ça a moyennement marché, puisque le minibus qu'on a pris ne nous a laissé qu'à environ la moitié du boulevard, mais marcher n'a pas été si long et on a fini par trouver Mistura sans problèmes sur le bord de la plage.
On est arrivés un peu avant l'heure d'ouverture et il y avait déjà une bonne file! Par contre, on a pu s'éviter une partie des longues queues lorsqu'un agent de sécurité nous a dit que les touristes passaient dans la file préférentielle, beaucoup plus courte! On a pas tout à fait compris l'intérêt de l'organisation de Mistura à ce que les touristes entrent plus rapidement sur le site, mais on a quand même profité de ce rare privilège associé à notre statut de touriste, dans ce pays où habituellement le fait de ne pas être Péruvien = payer davantage pour tout!
Une fois les portes ouvertes, on a commencé notre exploration de Mistura! En fait, le site était séparé en sections thématiques (appelés "mondes") représentant toute la cuisine péruvienne: le monde du chocolat, le monde du quinoa, le monde du café, le monde du marché (réunissant les produits artisanaux de tout le pays), le monde de la cuisine du nord du pays, le monde de la cuisine du sud du pays, le monde de Lima, le monde des sandwiches, le monde des grillades, le monde amazonien, les monde des brochettes, le monde des boissons... On a d'abord visité le monde du chocolat, et, à notre grande joie, on a vite compris que chaque stand ou presque avait des échantillons gratuits à nous faire goûter! Après s'être gavés de chocolat de toute sorte (noir, au lait, aux noix, au café, au quinoa, etc.), avoir acheté une truffe et avoir reçu une tasse à café gratuite, on est passé au monde du quinoa où on a bu un verre de chicha. On vous a déjà parlé de la chicha? C'est un breuvage de mais (ou de quinoa) fermenté avec des épices et c'est vraiment très bon. On la trouve dans tous les pays andins où les Incas ont eu une présence durable (Bolivie, Pérou, Équateur à date) parce que c'était l'une des boissons les plus populaires de l'époque. Fermentée assez longtemps, la chicha devient alcoolisée et ça remplaçait la bière dans les fêtes de l'empire inca. La version non-alcoolisée nous est aujourd'hui souvent servie dans les restos où un refresco (rafraichissement) vient d'emblée avec le menu!
Après le quinoa, on est passés par le monde du café avant de passer un très long moment dans la section du marché central. Là, on en a eu pour notre argent: on a pu goûter à toutes sortes de spécialités régionales méconnues! Parmi les aliments qu'on a pu se mettre sous la dent: fromage (frais, gouda, "andin"... souvent bon, mais parfois avec un goût bizarre aussi), café (notre dose de caféine est décidément montée en flèche après notre passage au marché), alcools (pisco et boissons aromatisées), olives, patates de toutes les couleurs en chips et frites, charcuteries, céréales (quinoa, kichwa...), etc... Bref, inutile de vous dire qu'on est sortis complètement pleins!
Ensuite, on a fait un tour par le monde des brochettes.... uniquement consacré à la spécialité péruvienne qu'est la brochette de coeur de boeuf! Verdict: plutôt bon! Pour la suite, on a eu droit à des pizzas dans le monde de Lima, on a mangé différents pains dans le monde du pain, et on a visité le monde du nord et du sud du pays. Quand on a enfin fini par avoir de nouveau faim, on s'est arrêtés pour manger dans le monde oriental un espèce de riz au canard laqué, peruvian-style, qui s'est avéré excellent!
Il y avait de plus en plus de monde vers l'heure du dîner, et les gens faisaient parfois de longues files dans certains stands pour manger! Le monde des grillades était particulièrement populaire, de même que certains restos particulièrement bien cotés de Lima! De notre côté, on a continué notre visite dans les stands périphériques en goûtant aux desserts à base de dulce de leche (miam) et aussi au vin péruvien. On ne connait rien au vin mais ceux à qui l'envie prendrait de boire un verre de vin rouge du Pérou doivent beaucoup aimer le vin sucré!
Dans tous les stands, on jouait le jeu des intéressés qui veulent goûter mais pas nécessairement acheter. En passant devant le stand de la compagnie de gaz naturel du Pérou, on a cependant été démasqués quand la dame nous a dit: "Vous voulez des informations ou juste des bonbons?" et qu'on a répondu "Euh... des bonbons?" haha!
Pour le souper (on est restés de 11h à 19h sur place), on s'est pris un excellent sandwich au porc dans l'une des sandwicheries les plus courues de Lima, accompagné par un aji de gallina typique du sud du Pérou. L'aji de gallina est un plat de poulet avec pois et oignons dans une sauce crémeuse au piment jaune: ce n'est pas piquant du tout et c'est succulent!
Enfin, on s'est finalement décidés à quitter Mistura et la gastronomie péruvienne et on a attendu le bus pour revenir au centre-ville. L'organisation n'était pas plus efficace que la veille quand on avait tenté de s'y rendre, et on a dû perdre un bon 45 minutes - 1h avant de monter dans l'un des bus! En attendant, on a quand même sympathisé avec un Péruvien dans la file qui était bien content de nous dire qu'il avait un neveu à Toronto quand on lui a dit qu'on venait du Canada (dès qu'on donne notre nationalité, notre interlocuteur sud-américain s'empresse habituellement de dire qu'il y a quelqu'un de sa famille qui vit à Toronto, c'est fou!) Une fois arrivés, on est passés en coup de vent à l'auberge de jeunesse pour prendre nos affaires avant de repartir en Metropolitano à nouveau vers Plaza Norte (décidément l'endroit qu'on aura le plus visité lors de notre séjour à Lima) pour prendre notre bus pour Huaraz.
Oh, on a oublié de vous dire: le Metropolitano, c'est très bien et très efficace, mais on ne peut officiellement y accéder qu'en achetant une carte de type OPUS. Officieusement, pour que les gens qui n'utilisent que parfois le système (dont nous) n'aient pas à débourser les frais d'achat de cette carte, les gens demandent aux autres usagers s'ils veulent bien recharger leur carte pour qu'ils puissent aussi passer le tourniquet en leur donnant la valeur du passage! C'est un peu compliqué mais les gens sont habituellement vraiment heureux de nous aider!
Arrivés au terminal impeccable de bus de Plaza Norte (rares sont les terminaux de bus propres en Amérique du Sud: 100 points pour Lima pour ça), on a attendu notre bus. Après un moment, on a bien vu que la compagnie "Erick le Rouge" qu'on prenait n'apparaissait sur aucun des écrans à l'heure où on partait, alors que tous les départs étaient autrement annoncés... Inquiets, on a été vérifier avec la compagnie et avec le garde de sécurité, qui nous ont tous confirmé que le bus arriverait. Pourquoi ne pas l'écrire, alors??? Notre bus est finalement arrivé avec 45 minutes de retard, à notre grand soulagement. Ce temps d'attente nous a permis d'observer autre compagnies de bus, et de se dire que, dans certains cas, il n'y avait personne au département marketing lorsqu'il a fallu choisir le nom de la compagnie! Ainsi, on a raté notre chance voyager avec la mal-nommée compagnie "Titanic" (au moins, en bus, on ne risque pas de frapper un iceberg) et surtout avec "Apocalipsis", sûrement le meilleur nom pour faire fuir les clients. Une tentative de slogan: "Avec Apocalipsis, vous ferez un voyage d'enfer!"
Finalement, la compagnie Erick le Rouge était vraiment plus classe qu'espéré, avec de confortables sièges en simili-cuir! Seul problème: on dépassait allègrement la vitesse maximale de 110 km-h, ce qui faisait défiler sans cesse sur l'écran lumineux les mots "Excès de vitesse". On a par contre eu droit à un film de James Bond, que le chauffeur a dû par erreur mettre sur "repeat" parce qu'il nous l'a passé deux fois!!
Ouf, voici une entrée de blog particulièrement longue! On se revoit sous peu pour Huaraz et la les glaciers tropicaux du Pérou!
Et il n'y avait pas de surcharge sur les billets d'autobus pour compenser tout le poids que vous avez pris durant votre journée-dégustation?
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