C'est Mémé qui vous accompagnera à la célèbre Cartagène!
Au fil de notre voyage en Amérique du Sud, on a développé une équation qui s'est a su prouver sa véracité avec le temps: si un temps de voyage de nuit en bus est court (ex: 5h), le temps que la compagnie t'annonce est automatiquement plus long ("si si, siete horas"). Alors que si la durée du trajet est trop longue (genre 14h), alors le vendeur enlève quelques heures à sa prévision... Et leur tactique alimente notre optimisme, qui en prend finalement un coup à chaque fois...! Bref, le trajet Medellin-Cartagena fut plus long que prévu et on avait bien hâte d'arriver parce qu'une amie d'Alejandra (la belle-mère de notre ami à Popayan) avait accepté de nous héberger et attendait notre appel!
En arrivant, ce fut un choc entre l'air climatisé du bus et la chaleur suffocante de dehors: on est dans les Caraïbes et ça paraît!! On est d'abors partis à la recherche d'un cellulaire pour appeler la dame, Dunia. Trouver un cellulaire pour faire des appels en Colombie est souvent assez facile: il y a des gens à presque chaque coin de rue qui achètent des minutes en quantité industrielle et te passent leur cellulaire pour un petit prix. Ces vendeurs de "minutos" sont vraiment populaires car ça revient moins cher de passer un appel avec eux qu'avec un forfait de cellulaire normal. Bref, on a appelé Dunia et elle nous a expliqué en gros comment se rendre chez elle. On a cherché l'autobus dont elle nous parlait mais aucun des chauffeurs ne semblait avoir envie d'être sympathique pour nous renseigner...En plus, l'accent "costeño" (de la côte) est vraiment difficile à comprendre alors on ne comprenait pas vraiment leur réponse... Sérieusement, leur accent est tel que des fois on se demande s'ils parlent vraiment espanol! Finalement, un gars de Medellin à l'accent compréhensible nous a pris sous son aile et s'est assuré qu'on aille à la bonne place. Comme sa destination était sur notre trajet, il est monté dans le même bus et on a jasé avec lui tout le long, puis avec un Costeño du bus. Le trajet qu'on faisait était vraiment long. En fait, il fallait se rendre à la fin puis revenir vers le terminal de bus par un chemin différent... On a pu apercevoir plusieurs quartiers de Cartagena et le bord de l'eau mais ça nous a laissé plutôt déçus quant à la supposée beauté de la ville... Ça nous a pris 1:30 au final et les autres passagers avaient l'air de se demander où on voulait bien aller alors ils se sont mis à vérifier qu'on savait où descendre! Quand on nommait l'adresse et le quartier, plusieurs nous disaient "faites attention, c'est difficile comme quartier". Alejandra nous avait dit que son amie habitait dans un quartier plus populaire, mais je vous avoue qu'on ne s'attendait pas à ça! En sortant (enfin) du bus, c'était l'équivalent de ce qu'on trouverait probablement à Port-au-Prince... Des rues de terre non pavées complètement inondées, des cours à scrap pleines de ferraille, des gens partout assis à rien faire, des maisons brinquebranlantes en planches et en tôle, une population en grande majorité noire: on passait difficilement inaperçu avec nos gros sacs et nos airs ahuris! Dunia nous attendait (depuis longtemps, la pauvre...) et nous a reconnu facilement. On s'est rendus jusque chez elle, dans une maison en meilleur état que plusieurs du voisinage mais qui serait tout de même considérée comme vraiment pauvre chez nous. Finalement, de ce qu'on a compris, elle serait dans la basse classe moyenne; vous vous imaginez dans quel état vivent les "très pauvres"?! Disons que notre séjour à Cartagena nous a donné une belle leçon d'humilité (tout comme voyager en général nous montre à quel point on a de la chance) parce qu'elle semblait très fière de ce qu'elle avait! Ça nous a aussi donné la chance de voir comment vit "le vrai monde", une expérience qu'on n'a pas habituellement l'occasion de faire en voyage... On a salué au passage l'oncle qui habite avec elle et sa fille et on a eu droit à des conseils comme "vous demandez au taxi collectif de vous laisser directement au coin de la rue comme ça vous n'avez que quelques mètres à marcher" ou "n'allez jamais à l'ouest de ma rue"... Je crois qu'on était un peu surpris encore et que Dunia était timide alors on n'est pas restés super longtemps et on s'est dirigés vers le centre-ville en taxi collectif.
Notre arrivée au centre nous a donné encore un choc: c'était le bordel! Il faut dire qu'il y avait un match de soccer important l'après-midi entre la Colombie et le Chili alors 80% des gens portaient le chandail aux couleurs colombiennes et l'effervescence était à son comble dans les rues dans l'attente du match! Donc, il y avait foule dans les rues et les klaxons et les trompettes se faisaient déjà entendre! Le taxi collectif nous a laissé devant un petit centre d'achat noir de monde, sale et pestilant... La population costeña a la peau beaucoup plus foncée que le reste de Colombie et on croirait les entendre parler créole tellement leur accent et fort. Bref, on avait vraiment l'impression d'être arrivés dans les Caraïbes et dans un tout autre monde que l'Amérique du Sud! Ah oui, il y a aussi la musique: dans chaque rue il y a une maison ou un commerce qui met des gros hauts-parleur dans la rue et fait profiter tout le voisinage (et le rend sourd) de sa salsa/reggaeton trop forte! En plus du bordel général partout, ça donne une impression de fête d'été qui fitte avec la chaleur caniculaire qui règne. On était plutôt étourdis par tout le mouvement et le bruit autour de nous alors on a choisi un petit resto tranquille pour dîner tranquillement et décanter.
Après, on était fin prêts à partir explorer la ville. On a débuté avec le quartier Getsemani, une section plus pauvre de la vielle-ville coloniale mais plus authentique parce que les maisons n'ont pas été revampée comme celles à l'intérieur des murs. "Des murs" oui, car Cartagena est une des quelques villes fortifiées que les Espagnols ont construit dans leurs colonies! On s'est justement tranquillement dirigés vers la vieille-ville, en s'arrêtant au passage acheter des morceaux de mangue (pour 50¢!) à un des nombreux vendeurs ambulants de fruits qui colorent la ville avec leurs étals! On est entrés dans la ville fortifiée par une grande porte qui n'a pas manqué de nous rappeler la porte St-Jean! L'effervescence du match se faisait aussi sentir à l'intérieur des murs mais comme tout est plus propre et mieux tenu que le reste de la ville, ça se vivait mieux mettons. On a passé l'après-midi à se promener au hasard dans les mignonnes petites rues de la vieille-ville. Comme plusieurs belles villes d'Amérique du Sud, l'architecture est coloniale, mais ici les couleurs pastels et éclatantes sont à l'honneur! Le plus beau reste cependant les vignes et les fleurs multicolores qui recouvrent les murs de quelques maisons! Si je résumais notre marche: on a profité de l'ombre salutaire des arbres de la grande place Bolivar, on a marché sur les fortifications donnant sur la mer (ce qui a rendu François surexcité à l'idée qu'il y avait eu de grandes batailles là), on a continué à marcher dans le dédale de rues, François s'est fait donner un calin par un gars bizarre qui avait des amis au Québec et qui nous a finalement chanté une chanson grivoise en créole puis on est passés au café Juan Valdez pour que je puisse assouvir mes envies de café glacé. En sortant du café, on est passés devant un bar pour voir le pointage du match (3-0 Chili...). Déçus pour tous les fans colombiens, on a continué notre marche mais on s'est vite rendus compte avec le vacarme ambiant que la Colombie venait de compter! On arrivait justement près d'une place où un écran géant présentait le match. Cinq minutes plus tard, la Colombie compte un autre but: l'atmosphère était rendue vraiment surchauffée! Puis ce fut le coup de grâce pour le Chili avec un troisième but colombien, ce qui a garanti une place au Mondial de 2014 à la Colombie, une première depuis 16 ans!! Vous dire à quel point ça criait, ça sautait, ça pleurait, ça klaxonnait! On s'est finalement éloigné de la folie ambiante pour continuer notre marche vers d'autres places et pour visiter une vieille église. On est aussi tombé par hasard sur une église convertie en salle de spectacle (climatisée) où se donnait justement un concert! C'était un orchestre à vents et à percussions qui faisait de morceaux de salsa; c'était plutôt bon.
Puis on est partis à la recherche d'un souper. C'est ici que vous apprendrez que j'avais le mal du pays depuis quelques semaines (il faut dire que d'être malade l'équivalent de deux semaines en Équateur n'a pas aidé mon moral). Comme la nourriture a un gros impact sur mon moral, on avait décidé d'aller plus souvent dans des restos plus chics (ça reste 7$ le plat...) pour retrouver des plats plus typiques de chez nous et varier un peu du plat riz-frijoles-viande-banane plantain. On a jeté notre dévolu sur un resto italien très bien qui, de notre balcon/terrasse, nous donnait une vue géniale sur la fête qui avaient lieu dans les rues. À la vue des gringos qui étaient aussi saouls que les Colombiens, on a eu une grosse discussion sur le backpacking et sur le fait qu'on ne partirait pas pour plusieurs années en sac-à-dos comme certains le font... Ça doit être bien, mais cette ambiance "backpacker" se retrouve dans chaque ville touristique du monde... Toute une année à dormir dans les auberges de jeunesse et à avoir des convetsations un peu superficielles avec des amis d'un soir tout le temps, ça doit être lourd à un moment donné!
On est revenus en taxi collectif vers notre cher quartier Santa-Rita. Une dame dans le taxi nous a dit d'un air inquiet: "vous savez où vous allez??". Satisfaite qu'on lui dise qu'on connaissait quelqu'un là-bas, elle s'est assurée avec le chauffeur qu'on allait bien descendre au bon coin de rue et qu'on n'aie pas à marcher trop longtemps! On est revenus sans problème à la maison, on a jasé un peu avec Dunia puis on est allés se coucher dans le four qu'était la chambre.
Au matin, Dunia nous a cuisiné des patacones, des bananes plantains frites, les meilleures qu'on aie mangées du voyage! Elle nous a aussi servi un morceau du "famoso queso costeño", similaire au fromage andin... Elle et nous étions moins gênés alors on a parlé plus longuement. On lui a fait goûter à une toast au beurre d'arachide (un autre luxe qu'on se paie ici pour que je guérisse de mon homesickness), elle a bien aimé! Après une douche rudimentaire (un filet d'eau rempli un pot qu'on se verse dessus), on est partis tous les trois vers le centre-ville. On est d'abord allés voir un bout des murailles (le bastion) qu'on n'avait pas vu la veille. Dans les murs, il y avait des tunnels où ils gardaient les munitions: c'est maintenant des boutiques de souvenirs. Justement, on trouvait qu'il y avait beaucoup de touristes dans le coin, d'un type différent de ceux qui voyagent habituellement en Colombie (genre chandail Lacoste, belle chemise, appareil photo de l'année, lunettes soleil de marque...). On a finalement allumé que c'étaient des touristes qui faisaient une escale à Cartagena lors de leur croisière dans les Caraïbes! La vieille-ville était beaucoup plus calme que la veille (tout le monde devait avoir la gueule de bois) et c'était encore plus agréable de marcher dans les petites rues. On a dîné dans un resto végétarien pour qu'on puisse avoir notre portion hebdomadaire de légumes puis on s'est dirigés vers la forteresse de la ville. Malheureusement, je n'avais pas amené mon porte-monnaie alors je ne pouvais pas avoir l'entrée au prix étudiant... Comme le rabais était substanciel, on est partis dan un café internet à côté pour en imprimer une copie puis on est revenus au château.
François m'a dit: "il faut que tu racontes l'histoire de Cartagène" alors même si je n'ai pas ses talents d'historien, je vais tenter le coup! Cartagena est la colonie où les Espagnols ont construit la plus grosse forteresse. En effet, Cartagena était une ville des plus importantes du Nouveau-monde car c'est de là que les Espagnols envoyaient l'or par bateau. La ville était donc souvent attaquée par des pirates et des navires des autres puissances coloniales. Malgré tout, la ville n'a été prise qu'une seule fois, par un pirate nommé Drake qui était au service de l'Angleterre! Après cet épisode, les Espagnols ont construit la forteresse. C'était en soi une bonne idée car par après ils ont dû faire face à une flotte anglaise de 250 bateaux et 20 000 hommes! La bataille a duré environ deux mois et les Anglais n'ont jamais réussi à prendre la ville! Le plus impressionnant (et le plus drôle) dans cette histoire c'est que l'armée espagnole était composée de 2000 hommes mal entraînés, dirigés par un vieil officier à qui il manquait un oeil, un bras et une jambe (il a d'ailleurs perdu son autre jambe dans la bataille mais il a quand même mené ses troupes à la victoire)! Visiter la forteresse nous permettait justement d'imaginer comment les Espagnols avaient pu riposter vu que le fort est super bien pensé! On s'est promenés sur les murs et dans les tunnels qui étaient construits à l'intérieur des murs. Bref, c'était bien intéressant comme visite!
On a fait un tour au supermarché pour s'acheter des provisions avant d'aller à notre prochaine destination car on comptait aller à la plage (i.e. rien à manger à un prix potable dans les environs) et en plus ça allait être dimanche donc tout serait fermé. On est revenus à la maison pour prendre nos sacs, ayant en tête d'arriver pas trop tard à Santa Marta à 4h de route. Dunia nous a accompagnés à l'arrêt d'autobus en face de chez elle, nous assurant que le trajet vers la gare serait plus rapide qu'à l'aller. Malheureusement, le premier autobus ne s'est pas arrêté alors on a dû attendre le suivant 30 minutes plus tard... Dans l'attente, on a eu droit à d'autres preuves que le quartier n'était pas des plus safe: "les autres bus qui passent vont aussi à la gare mais je ne veux pas que vous les preniez parce que c'est toujours avec eux qu'il y a des accidents vu que les chauffeurs sont saouls, et en plus vous vous feriez sûrement voler avec vos sacs" ou "ces gars-là qui traînent un vieux casier d'école rouillé vont le vendre pour s'acheter de la drogue". On a fini par monter dans le bus, mais c'était vraiment faux que le trajet serait rapide. Ça nous a pris une bonne heure et demie parce qu'il y avait un de ces traffics! Le chauffeur a voulu sauver du temps en le contournant par des petites rues de campagne non pavées et pleines de trous qui nous ont au final fait perdre du temps vu leur état... Déjà qu'on partait beaucoup plus tard que prévu, on était un peu frustrés en arrivant à la gare. On a acheté des billets pour le prochain départ, juste avant que François ne vive sa première tentative de pickpocketing! Ça n'a pas marché heureusement (l'appareil photo et son porte-monnaie sont attachés avec une corde à sa ceinture. Des fois on se demande si on voyage avec trop de précautions: finalement non!)
En résumé pour notre impression de Cartagena: la vieille-ville à l'intérieur des murs est bien jolie mais dès qu'on en sort, c'est vraiment plus trash! Les grands évènements (genre le Sommet des Amériques) doivent avoir lieu uniquement à l'intérieur des murs haha!
Santa Marta et ses plages idylliques (not) pour la prochaine fois!
Le bon samaritain est célèbre pour avoir pris soin d'un voyageur détroussé et mis à mal par des brigands. Heureusement que vous croisez sur votre route des "bons colombiens" qui préviennent que pareille mésaventure vous arrive!
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