mercredi 16 octobre 2013

Popayan

Salut!

C'est François qui est au clavier! On est donc finalement arrivés à Popayan après notre trajet éreintant de 8h depuis la frontière, à travers une zone semi-safe où des bandits armés sévissent la nuit et où se réfugient aussi certaines factions des rebelles colombiens, notamment les FARC. Disons qu'on était bien contents d'arriver sains et saufs à bon port!

À la gare, on a jasé un peu avec la touriste espagnole qui était aussi dans le bus avec nous et avec qui on a décidé de partager un taxi. Note: l'accent des Espagnols n'est pas particulièrement joli:  on dirait qu'ils "sossotent" tout le temps! Ce n'est pas "me levanté a las cinco de la mañana" mais plutôt "me levanté a lasssss tsinco de la mañana", ce qui les rend parfois durs à comprendre! Sur le quai, on s'est éloignés du gars louche qui voulait nous amener dans sa camionnette pour le prix d'un taxi (et qui n'a pas arrêté de nous gosser pendant qu'on attendait le taxi par contre) et on s'est mis à attendre. Prendre le taxi en Colombie est habituellement le moyen le plus sûr de se déplacer en ville la nuit (où les conditions de sécurité deviennent évidemment moins bonnes), à condition d'appeler la compagnie ou de prendre un taxi officiel... C'est bien pourquoi on se tapait le taxi, nous qui détestons habituellement ce mode de transport... Pendant qu'on attendait, on a socialisé avec une jeune Colombienne qui attendait son chum. Quand l'auto de celui-ci est arrivée, voyant qu'on attendait toujours le taxi, la fille nous a dit qu'elle pourrait nous faire un lift à tous les 3! On a laissé l'Espagnole au centre-ville puis, comme c'était sur leur route, ils nous ont ensuite reconduits en face de la maison de la famille de Daniel! On voulait leur donner un peu d'argent pour les remercier de leur gentillesse, mais ils n'ont jamais rien voulu savoir! On dit dans toute l'Amérique latine que les Colombiens sont les plus aimables d'entre tous:  on en a eu un bel avant-goût ce soir-là!

On arrivait assez tard (22h30) chez les parents de Daniel, mais sa belle-mère Alejandra, son frère Simon et sa cousine Pilar nous attendaient, inquiets qu'ils nous soit arrivé quelque chose sur la route! Ils ont été super gentils tout au long de notre séjour, et on s'est vraiment sentis chez nous dès l'arrivée! Merci encore Daniel pour avoir permis cette super rencontre, si tu nous lis!  On a aussi été accueillis par Jack, l'énorme chien complètement fou de la famille!

On a parlé un peu avec tout le monde puis, parce qu'on était complètement crevés, on s'est couchés tout de suite après avoir avalé les tortillas qu'Alejandra nous avait gentiment laissés!

Le lendemain, tout le monde était parti quand on s'est levés, mais on a été accueillis par la bonne (Flor) qui nous a fait un super déjeuner! On s'apprêtait ensuite à partir visiter la ville quand Alejandra est revenue de l'épicerie en nous disant qu'elle allait nous préparer avec Flor un dîner colombien typique! Comment pouvait-on refuser?? On a longuement jasé avec Alejandra des endroits possibles qu'on pourrait visiter en Colombie, puis on a écrit des courriels un peu. J'étais périodiquement dérangé par Jack le chien, qui s'amusait à mordre et zigner les coussins, avant de s'endormir sur mon pied!

Après avoir aidé à mettre la table (notre maigre contribution au repas), on a dégusté de l'ajianca! C'est en fait une genre de soupe à la patate et au mais, à laquelle on rajoute du poulet, des câpres, et de la crème. C'est super bon! On avait amené quelques gâteries de l'Équateur qu'on a donné à la famille en cadeau pour dessert, à la grande joie de tous mais surtout de Nicolas, le plus jeune des frères! Durant le dîner, on a eu une très intéressante conversation sur la politique, la guerre civile et les droits humains en Colombie. On a appris pas mal de choses. Par exemple, une fois au pouvoir, le précédent président colombien (Uribe), tendant bien vers la droite, a décidé qu'il réglait le problème de la guerre civile en doublant le budget de l'armée et en utilisant toute la force possible contre les rebelles. Ça a bien marché dans un sens: les rebelles ont été grandement affaiblis et le pays est devenu beaucoup plus sécuritaire. Par contre, le pays est devenu vraiment plus militarisé: on croise en effet des soldats en armes (avec casque et mitraillette) partout sur les routes du pays... Avec l'accent mis sur la force militaire viennent aussi les bévues... Ainsi, puisqu'il y avait des genre de primes pour les soldats quand ils tuaient des guerilleros (!), il s'est mis à avoir des cas où les soldats enlevaient puis tuaient des gens des quartiers pauvres (souvent des handicapés mentaux) puis les habillaient ensuite avec des habits militaires pour faire croire qu'ils étaient des rebelles! Il y aurait eu près de 1800 de ces assassinats, qu'on appelle ici des "faux positifs" (un "positif" étant lorsqu'un vrai rebelle était tué par l'armée). Également, si la politique belliqueuse d'Uribe a affaibli les rebelles, elle n'a pas pu les éliminer complètement parce que la géographie du pays (montagnes, jungle) ne permet tout simplement pas un contrôle total et donc une victoire totale. Aujourd'hui, comme les deux parties sont dans une impasse militaire, il y a des discussions de paix qui se déroulent à Cuba, centrées sur la question agraire (la redistribution équitable des terres est un thème majeur pour les guérillas de gauche). On dit que ce sont les négociations les plus sérieuses qu'il n'y ait jamais eu car il semble vraiment y avoir, pour la première fois, une volonté politique de part et d'autre de mettre fin à un conflit qui déchire la Colombe depuis 60 ans. À suivre, donc...

Ensuite, après le dîner copieux et cette conversation bien instructive, Alejandra nous a proposé de nous amener en ville où l'une de ses amies pourrait nous faire un tour guidé du centre historique! On l'a attendue dans un joli café en mangeant un gâteau au fromage et en buvant des jus de fruits. Andrea est arrivée, Alejandra nous a laissés en d'excellentes mains puis on est partis explorer.

Popayan est une petite ville coloniale où tous les édifices de la vieille ville sont blancs. Aujourd'hui, c'est une ville provinciale bien secondaire qui vit surtout de l'université qui s'y trouve, mais à l'époque coloniale, c'était une ville très importante (et riche) sur la route Bogota-Quito. En conséquence, on y trouve une architecture très ouvragée et de très nombreuses vieilles églises! Avec Andrea comme guide (elle est étudiante en droit mais hésite maintenant entre une carrière d'avocate ou de poète-écrivaine), on a eu droit à une visite extraordinaire: elle savait tellement de choses sur sa ville! Après avoir visité deux anciennes maisons coloniales transformées en musées, on a jeté un coup d'oeil au vieux théâtre historique de la ville avant de visiter deux vieux ponts de pierre. On est par la suite passés par la jolie place centrale et visité quelques églises. Colombie oblige, on a ensuite fait une pause pour boire un café dans l'une des chaînes qui sert apparemment le meilleur "tinto" (le nom qu'on donne au café ici) du pays: Juan Valdez! Il était en effet excellent, et Mémé est tombée en amour avec le genre de café glacé qu'Andrea a pris, une montagne de calories glacées avec crême fouettée et caramel!

On a ensuite continué d'explorer. Notre prochain arrêt fut un parc où Popayan a été reproduit en miniature. Ça a l'air kitsch comme ça mais c'était quand même sympa! Ensuite, on a grimpé au sommet d'un monticule censé être une ancienne pyramide indigène pour regarder le coucher de soleil sur la ville. Tout partout, on pouvait voir des arbres tout jaunes, une espèce régionale qui fleurit précisément au moment où on était de passage! On est redescendus avant qu'il fasse vraiment noir (question de faire attention, tsé) et on est allés dans une gargotte pour goûter à quelques snacks classiques de Popayan. Il y avait entre autres des mini-empanadas nappés de sauce piquante aux arachides, des genre de saucisses au riz, des espèces de chips de mais, et deux types de salade de fruits locaux (il y a tout plein de fruits exotiques qu'on ne retrouve qu'en Colombie et qui ne s'exportent pas: le lula, ça vous dit quelque chose?) C'était vraiment bon!

On est partis peu après que la police à moto soit partie vers le monticule où on était quelques instants plus tôt pour donner la chasse à un groupe de jeunes qui s'enfuyaient en courant... Andrea nous a dit que ce devait être soit pour un vol, soit pour une affaire de drogue... des choses qui arrivent en Colombie quoi (mais aussi partout en Amérique latine)! Comme quoi il faut faire attention! De retour dans les rues de la ville, on a fait plusieurs tentatives pour trouver un guichet automatique compatible avec la carte de Mémé avant de finalement réussir au 6e coup! On comprend pas trop pourquoi c'était si dur: habituellement, sortir de l'argent en Amérique du Sud n'est pas un problème...

Par la suite, on a dit au revoir à Andrea et on l'a longuement remerciée de nous avoir si bien guidés en ville, puis on a sauté dans un taxi pur revenir chez Alejandra et la famille de Daniel, qui habitent loin en périphérie. Notre chauffeur, super sympathique, s'est alors mis à nous jaser ça tout le long! En fait, la plupart des chauffeurs de taxi avec qui on est montés nous ont tous tenus le même type de discours:

- Vous venez du Canada? Vous avez voyagé en Équateur, au Pérou, en Bolivie et au Chili avant d'arriver ici? Super! Et comment trouvez-vous la Colombie?
- Oh, c'est vraiment bien! Les paysages et les villes sont beaux, mais surtout les gens sont vraiment vraiment gentils!
- Et vous pensiez quoi de la Colombie avant de partir?
- Ben, comme tout le monde chez nous: que c'était dangereux, qu'on allait se faire voler à la pointe du fusil, que les rebelles allaient attaquer notre autobus... Bref, que mieux valait ne pas y aller si on voulait s'éviter des problèmes graves...
- Oui, la Colombie a mauvaise réputation à l'étranger. C'est vrai qu'il y a une guerre. Mais ça a lieu dans des endroits tellement éloignés, dans les montagnes et la jungle! Pas dans la ville ni dans les zones touristiques! Il faut juste éviter de se mettre dans des situations risquées, genre se balader seul dans une région isolée où les rebelles sont connus pour se cacher... Même chose pour la délinquance, les vols, et tout. Ce n'est pas pire qu'ailleurs en Amérique du Sud, c'est même mieux qu'en Équateur! Comme partout, il faut faire attention quand on se promène la nuit, ne pas passer dans les endroits où il n'y a pas de lumière ni de monde, éviter de se balader saoul à 4h du matin dans des rues désertes, ne pas aller dans les quartiers non-recommendables... Le gros bon sens, quoi! Et il n'y aura pas de problèmes! Vous savez quoi? Le plus gros danger, le plus gros risque que vous courrez ici, ben... c'est de tellement aimer le pays que vous ne voudrez plus partir!  

À vrai dire, les chauffeurs de taxi (et tout le monde) ont raison: si on prend les mesures de sécurité normales pour l'Amérique du Sud (plus un petit extra, genre prendre des taxis le soir et faire certaines routes de jour en bus), la Colombie n'est pas le nid à dangers qu'on s'imagine... En fait, jusqu'à date, on s'est sentis plus en sécurité dans toutes les villes colombiennes qu'on a faites qu'à Quito qui, surtout le soir, devient pas mal plus sketchy...

Arrivés chez Alejandra, on a mangé des tortillas et jasé avec la famille avant d'écrire le blog. On a été périodiquement dérangés par Jack, qui traînait dans sa gueule une vieille chemise sale et baveuse et qui voulait jouer à "essaye-de-m'enlever-de-la-gueule-mon-vieux-vêtement-sale-qui-pue-le-chien". Il trippait vraiment quand on essayait de lui enlever, en secouant la tête comme un dément et envoyant de la bave partout! Bref, beaucoup de plaisir!

Le lendemain matin, on a déjêuné  pendant que Jack entrait et sortait de la maison en jouant à son deuxième jeu favori: transporter dans sa gueule des pierres grosses comme des pamplemousses d'une pièce à l'autre. Puis, on a dit au revoir à tout le monde et on est partis en taxi vers la gare. Merci encore à toute la famille pour cette si agréable introduction à la Colombie!!

Après avoir eu à nouveau la conversation classique sur la Colombie avec le chauffeur de taxi (voir ci-haut) et m'être fait surprendre par des filles qui vendaient des popsicles aux lumières rouges en frappant violemment sur les vitres de l'auto, on est arrivés à la gare. On a pris ensuite un bus pour Cali, à 3h au nord. N.B.: en Colombie, on a appris qu'on pouvait négocier les tarifs d'autobus interurbains, chose impossible ailleurs en Amérique du Sud à date! En insistant un peu, on obtient en général de 10% à 20% de rabais sur le prix, haha!

Prochaine épisode: Cali aka Santiago 2. Stay tuned!

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