lundi 23 décembre 2013

Buenos Aires, partie I

Rebonjour!

Je vous avais laissés à la sortie du traversier, juste avant de se rendre chez une amie (Julia) qui étudiait avec François à Québec! Elle habite dans un beau quartier de Buenos Aires, tout près d'une grande rue animée et d'un parc. Son appartement est génial, elle y habite avec 4 colocs espagnols aussi en échange! On n’est pas restés très longtemps à l'appartement puisqu'on était déjà un peu en retard pour un souper de parilla (barbecue) qu'elle avait organisé avec des amis! En fait, on a eu la chance de voir Julia juste avant qu'elle reparte chez ses parents en Suisse, donc elle avait organisé plein de repas avec ses amis. Le restaurant (plutôt connu à Buenos Aires aka BA) était situé dans Palermo, un quartier branché. Buenos a plein de quartiers (c'est une ville immense) qui ont tous un petit quelque chose de différent. Le souper a été bien agréable, à alterner entre l'anglais, le français et l'espagnol, et le repas était succulent! Je ne suis pas une grande amatrice de gros steaks mais sérieusement, la viande argentine ferait hésiter un végétarien invétéré! Sous les conseils de Julia qui était allée au même resto deux semaines plus tôt, beaucoup (dont nous) se sont gâtés avec une immense assiette avec plein d'accompagnements! Le tout pour 8$, c'est cher pour l'Amérique du Sud (enfin, pour l’Argentine) mais rien en ce qui a trait au rapport qualité-prix! Par contre, Julia nous a fait remarquer que les prix avaient augmentés depuis la fois dernière fois où elle était venue! Tout le monde a renchéri en disant qu'en quelques mois, ils avaient assisté à 2 ou 3 augmentations des tarifs d'autobus! Le gouvernement argentin, toujours dans sa lignée de choix économiques intelligents, soutient (à tort) que l'inflation est de 10%, alors qu’elle serait en réalité plus près de 25%!! Les prix n’arrêtent donc pas de monter! Et bien sûr, le salaire de la population n'augmente pas autant, ce qui mène à une augmentation de la grogne... Durant notre court passage en Argentine, il y a d’ailleurs eu les policiers et des compagnies de bus qui ont fait la grève...

Après le resto, Julia a proposé qu'on aille dans un bar. Parlermo est justement un excellent quartier pour sortir, les bars ne manquent pas et rivalisent d’originalité pour attirer leurs clients! Comme on était plusieurs, on s'est fait aborder dans la rue par un employé d’un bar qui nous offrait une bouteille de champagne si on choisissait leur bar. Julia disait que ça arrivait souvent, et que parfois c'est possible de faire bar après bar et uniquement recevoir des verres gratuits! Malheureusement, on était mardi alors personne ne nous a abordé après qu'on soit sortis dudit bar (et bu ladite bouteille de champagne). On a pris une bière dans un autre bar, puis on a attendu l'autobus qui n'arrivait pas en grelottant (parce qu’il faisait encore frisquet la nuit)!

Le lendemain on s'est levés tard à cause de la soirée de la veille, puis on est partis avec Julia pour aller échanger notre argent US en pesos argentins. Elle connaissait un bureau de change qui avait souvent des bons taux, et c'est plus sécuritaire de changer l'argent dans un bureau de change (qui est tout de même illégal) que dans la rue. On était contents parce qu'on a pu avoir un bon taux, et on a bien vérifié qu'on ne nous avait pas refilé de faux billets (c'est fréquent)! On s'est arrêtés dans un petit café pour déjeuner et on a pu observer la lenteur (ou l'absence de presse, c'est selon...) argentine! Pour recevoir 3 petits croissants, 1 café et 1 verre de jus chaque, ça a dû prendre 30 minutes! Julia disait que c'est toujours comme ça: pour quelque chose qui prendrait 1h à faire au Québec, il faut prévoir une demi-journée ici! Ce n'est pas forcément négatif, ça apprend à être zen avec le temps!

On est revenus à l'appartement pour déposer notre liasse d'argent, seulement pour tomber en plein drame : la femme de ménage est là et appelle la propriétaire de l'appartement (qui vit en Espagne) pour lui dire que 10 personnes dorment dans l'appart. C'est faux, on était 6 à ce moment-là et nous on restait seulement deux nuits. Tout le monde s'engueulait (sauf nous deux, tétanisés dans le salon) et ça a explosé quand elle a dit qu'en plus la toilette était bouchée, que c'était quelque chose de rarissime donc ça voulait dire que quelqu'un avait mis de la nourriture à l'intérieur et que maintenant il faudrait changer la toilette au complet et que ça coûterait cher...! On est allés chercher un débouche-toilette chez le concierge et ça a réglé le problème, puis ils ont envoyé des photos de l'appartement à la proprio en Espagne pour lui montrer que l'appartement était en bon état et qu'elle n'avait pas à stresser. Tout a fini par se calmer!

Pour une partie de l'après-midi, on est partis explorer un peu la ville avec Julia. On a marché le long de Santa Fe, une immense rue commerçante agitée qui ressemble à un mélange entre Paris et Barcelone. La majorité des édifices à Buenos ont un style "européen", construit fin 19ème siècle début 20ème. Ce qui ajoute au "wow" constant, c'est la présence de grands arbres (souvent des platanes, avec une écorce qui ressemble au motif armée, il y en avait partout en Espagne) et d'arbres en fleurs! Ça donne envie de prendre en photo chaque coin de rue! Inutile de vous dire qu’on a adoré Buenos Aires : c’est assurément la plus belle grande capitale d’Amérique du Sud, et l’une des villes au monde où on ne serait pas mécontents d’habiter!

La rue Santa Fe traverse la rue 9 de Julio, qui serait l’avenue la plus large du monde. On y a compté 22 voies! Cette même rue est aussi très représentative de Buenos Aires avec un grand obélisque en son centre, avec en arrière-plan une image géante d’Eva Peron peinte sur un édifice. Vous connaissez Eva Peron? C’est une fille issue de la campagne d’une famille pauvre, qui a décidé de venir à Buenos Aires pour tenter sa chance en tant qu’actrice. Elle y a rencontré Juan Peron, un colonel qui est devenu président de l’Argentine, et ils se sont mariés. Elle a contribué à l’élection de son mari et est même devenue plus populaire que lui lors de son mandat, représentant la fille modeste qui est près des gens. Elle a créé plein de fondations pour venir en aide aux démunis et a aidé à mettre sur pied des programmes sociaux. Evita (comme on la surnommait), la femme la plus aimée (et peut-être la plus influente à l’époque) d’Argentine est encore de nos jours une idole!

On s'est ensuite rendus à la gare de train, à l'architecture magnifique (bien sûr) parce que François et moi on voulait prendre le train vers Rosario, une ville à quelques heures au nord de BA, quelques jours plus tard. L’Argentine est l’un des quelques pays en Amérique du Sud à avoir encore un système de trains de passagers fonctionnel, et le tronçon BA-Rosario était l’un des rares trajets en Amérique du Sud qu’on comptait parcourir en train! En plus, le trajet est deux fois plus long qu'en bus (donc on peut le faire de nuit) et c'est incroyablement moins cher! C'est exactement dans nos goûts ça! On va voir le monsieur pour s'informer un peu:

- Nous les amateurs de train : À quelle heure sont les trains pour Rosario?
- Monsieur de la gare: À 20h, mais il n'y a pas de places disponibles aujourd’hui
- Nous les amateurs de train: et pour dimanche?
- Monsieur qui détruit nos rêves: non il n'y a pas de places avant le 20 février. Pour partir début décembre il aurait fallu réserver en octobre!

Sérieusement???? Mais qui peut réserver si longtemps d'avance un trajet de train qu'on peut faire en 4h en bus?! En apprenant notre mésaventure, Julia s’est esclaffée : « Ça, ça n’arrive qu’en Argentine haha! »

Notre visite avec Julia s’est continuée vers la rue Florida, une grande rue piétonne. Mis à part les changeurs au noir qui hurlent ouvertement « cambio, dolares, cambio », il y a plein de kiosques au milieu de la rue qui vendent de tout, dont plein d’items à l’effigie de Mafalda! Juste avant qu’on arrive à la Plaza de Mayo (le cœur symbolique du pays, qui représente l’indépendance d’Argentine), Julia s’est rendue compte qu’on était mardi 15h30, soit juste au moment où les « abuelas de la Plaza de Mayo entrent en scène. Les abuelas (grands-mères) sont la figure de proue du mouvement qui cherche à mettre en lumière les déboires de la dictature militaires… Elles réclament que la lumière soit faite sur les disparitions forcées, qui impliquent souvent dans leur cas un proche. En gros, durant la dictature, les sbires de la junte militaire venaient chercher leurs opposants chez eux pour les « interroger », disaient à leur famille qu’ils reviendraient juste après, mais finalement ils ne revenaient pas et personne n’avait de nouvelles…  Il y a aussi eu plusieurs jeunes enfants qui ont été volés et remis à des membres de la dictature qui se sont exilés à l’étranger à la fin de la dictature. Les grands-mères recherchent donc leurs enfants et leurs petits-enfants. Et le plus beau, c’est que leurs efforts finissent par payer et que ça marche parfois! Bref, depuis 1977, elles marchent chaque semaine à la place de Mai pour faire avancer leur cause et s’assurer que les disparus ne soient pas oubliés! Elles marchent en rond autour de la sculpture centrale et nomment les noms de tous ceux qui sont portés disparus. Bref, c’était une belle et émouvante expérience, typique de l’Argentine!

Comme on avait rendez-vous bientôt avec deux amis de Julia, on a marché dans le quartier San Telmo, un quartier un peu bohème assez mignon! On est allés dans un petit café bien agréable où on a enfin pu manger des sandwichs bien ordinaires après 45 minutes d’absence de service aux tables… On a aussi goûté à un submarino, un verre de lait chaud dans lequel tu plonges un morceau de chocolat. On vous avait dit que BA avait été un concentré de soupers d’amis? He bien après le café, on s’est dirigés vers l’appartement de Julia, où il y aurait un souper avec ses colocs et deux autres de ses amis. En plus, François connaissait les deux amis en question (Tania et Hernan), puisqu’il les connaissait via la simulation hispanophone de l’Organisation des États américains à laquelle il avait participé l’an dernier! Finalement, on a commandé de la pizza et quelques-uns sont allés acheter bière, vin et cidre à se mettre sous la dent en attendant. La soirée a été bien agréable et drôle!

On s’est levés tard, mais à temps pour dîner car on avait rendez-vous avec une amie de Québec (Rocio) qui vient de Buenos Aires! Elle nous avait conviés à une pizzeria classique argentine, c’est-à-dire pour manger une pizza de 5 cm d’épais! Le restaurant (El Cuartito, pour info) était une institution, ouverte depuis 65 ans je crois, et attire les travailleurs des bureaux environnants qui viennent manger quelques pointes debout devant un comptoir! Au resto, on a aussi goûté à deux spécialités de BA : le soda en bouteille-pression et le faine. Le soda en bouteille est en fait une bouteille d’eau pétillante avec un bouton pressoir, comme ça tout le monde peut se servir. C’est le fun, mais pas trop efficace, parce que la pression finit par se perdre et il y a toujours plein de soda qui reste dans le fond de la bouteille… Et le faine, c’est un genre de pâte de farine de pois chiche que tu manges froide avec la pizza… Honnêtement… on a pas vraiment trippé. Ça doit être un goût acquis… Durant le repas, Rocio nous a parlé d’un spectacle typique de BA qu’elle allait voir avec sa famille le soir-même. Sa description du spectacle nous tentait alors on s’est tous rendus à la salle de spectacle pour s’acheter deux billets! Pour une fois qu’on a réussi à aller voir une pièce! On essaie souvent d’aller voir des activités culturelles dans les beaux théâtres des villes qu’on visite, mais on a jamais de chance : c’est fermé pour l’été, c’est en rénovation, il n’y a plus de places ou il n’y a pas de spectacle pendant qu’on est là… Bref, on était bien contents de pouvoir y aller le soir!

La salle de spectacle était à côté d’une grosse attraction de Buenos Aires : le cimetière de la Recoleta. On a dit au revoir à Rocio puis François et moi on est allés le visiter. C’est un cimetière assez grand, presque uniquement composé de mausolées, semblable au cimetière Père Lachaise. On a déambulé dans le dédale de mausolées, tous assez impressionnants, passant d’une ancienne sépulture en décrépitude à un temple gréco-romain flambant neuf. Quoique macabre, c’est vraiment intéressant! Il y a aussi plein de minous qui se promènent entre les tombes et les arbres! Et on y trouve aussi la tombe d’Evita, un mausolée sans prétention aucune semblable à n’importe quel autre (sauf pour les gerbes de fleurs qu’on y trouve en permanence). Modeste dans la vie comme dans la mort…


On est revenus en marchant jusque chez Julia, avec qui on a jasé un peu avant de partir avec elle en autobus, elle vers l’aéroport, nous à l’appartement d’un ami chez qui on allait passer les deux nuit suivantes. Voir Julia faire ses adieux en pleurant à ses colocs nous a rappelé que la fin du voyage s’approchait aussi pour nous! Par contre, durant les 5 jours qu’on a passés à Buenos Aires, on n’avait pas l’impression d’être en voyage tellement on voyait des amis! On se serait cru déjà à Québec ou à Montréal!

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