Allô! C'est François qui écrit!
On est arrivés vers 7h à l'une des 4 immenses gares routières de Sao Paulo, et on s'est traînés hors du bus les yeux bouffis de sommeil... Décidément, même après 4 mois et quelque de voyage, les nuits de bus sont toujours difficiles à supporter! Après avoir fait un tour à l'information touristique, on s'est mêlés à la foule et on a pris le métro vers le centre, où on voulait trouver une auberge. Après le beat relax de Paraty, arriver dans une mégalopole comme Sao Paulo (Sampa comme on l'appelle ici) faisait quand même un choc! Avec une population métropolitaine de près de 22 millions d'habitants, il s'agit en fait de la 2e ou 3e ville de la planète en termes de population! En sortant du métro, on est tombés sur l'avenue Paulista, la plus emblématique de la ville. On y trouve des restos, cafés et commerces dans des édifices hauts mais pas trop, ça fait un peu penser au centre-ville de Montréal! Sao Paulo étant une ville très étendue, on a pas mal marché avant d'arriver à notre auberge, en déjeûnant au passage dans un supermarché.
L'hostel, la Pousada dos Franceses, ressemblait davantage à un hôtel pour la qualité de ses infrastructures... et aussi dans ses prix! "Oui, c'est 25$ par personne pour le dortoir parce que c'est la fin de semaine du Grand Prix, tout est plein et les prix montent!" nous a expliqué le réceptionniste, par ailleurs particulièrement gentil et qui nous a jasé ça pendant un bon moment! Encore un événement qui nous nuit économiquement haha snif... On a pris nos aises, puis on est ensuite partis explorer Sampa, en faisant attention parce que la ville est, avec Rio et Salvador, l'épicentre de la criminalité au Brésil (heureusement concentrée dans les quartiers défavorisés de la périphérie, mais sait-on jamais).
Sao Paulo est un ville d'affaires, point: on y vit mais on n'y passe pas des semaines en touriste. Des milliers d'entreprises, de banques et de commerces sont basés ici. Très inégale, la ville abrite tout à la fois des super-riches qui possèdent de grandes compagnies, fréquentent des centres d'achats et des restos aux prix aberrants et se déplacent exclusivement dans leur hélicoptère privé, de même que des super-pauvres venus de tout le pays chercher du travail dans le poumon économique du pays et qui vivent dans les bidonvilles entourant la ville. Ici plus que partout ailleurs, on sent vraiment la puissance économique du Brésil, de la même manière que New York ou Shanghai sont une vitrine de la puissance américaine ou chinoise sur la scène économique et politique mondiale. C'est ici qu'on se rend compte que le Brésil se prépare à devenir l'une des prochaines puissances dominantes de la planète, aux côtés des États-Unis, de la Chine, de l'Union européenne, de l'Inde et de la Russie. Le contraste est aussi frappant entre le nord amazonien, sauvage, pauvre, oublié, peu développé; et le Sud industriel, riche, puissant, instruit et développé... Bref, c'est un lieu fascinant à cet égard.
Sampa, c'est aussi une ville cosmopolite. Son plus grand attrait pour ceux qui y vivent, c'est justement ça: tu veux quelque chose, Sampa l'a quelque part pour toi. Tu as envie de souper dans un resto éthiopien et ensuite d'aller écouter du jazz fusion dans un bar? Pas de problème. Tu veux prendre des cours de swing et aller dans un bar à tapas ensuite? C'est possible. Tu veux voir une exposition d'art moderne puis t'attabler devant un verre de glühwein dans un café allemand? C'est comme si c'était fait. C'est cet aspect qui fait dire à tous les Paulistanos (habitants de Sao Paulo) qu'on a croisé qu'ils adorent leur ville. Le point négatif: unanimement, c'est le trafic monstre qui engorge perpétuellement la ville. Cela dit, comme je disais, en termes d'attractions concrètes, les touristes n'ont pas énormément de choses à se mettre sous la dent. Il faut connaître quelqu'un à Sampa qui vous fait découvrir restos, bars, cafés et autres endroits spéciaux du genre...
En ce qui nous concerne, on s'est d'abord dirigés vers le centre-ville. Arrivés à la place centrale, on a écouté un certain moment la fanfare de la police qui y jouait avant de visiter l'imposante cathédrale qui domine la place. Après, on a marché un bon moment dans le vieux centre piétonnier de la ville. De vieux immeubles richement ouvragés faisaient penser aux plus jolies rues du centre-ville de Santiago, et les rues étaient noires de monde! On s'est arrêtés ensuite dans une boulangerie portugaise pour manger un petit quelque chose et aussi pour s'amuser à regarder le va-et-vient incessant des passants du haut de notre terrasse! (Mémé: on a pu observer un grand-papa qui essayait de vendre des centres de table en laine probablement tricotés par sa femme: il était trop cute, il souriait tout gêné!) Suite à cette pause, on s'est dirigés vers l'un des édifices emblématiques de la ville, un sosie de l'Empire State Building. On pouvait y monter gratuitement pour avoir une vue panoramique de la ville du haut des airs. Après une longue attente (ce n'est pas qu'il y avait tant de monde que ça, mais la capacité de l'ascenseur était très limitée), on a enfin pu profiter du panorama.... C'était plutôt impressionnant: à perte de vue, de tous les côtés, on voyait des gratte-ciels! On a avait l'impression d'être au milieu d'une mer d'immeubles! On distinguait aussi nettement les nombreux héliports, prêts à accueillir les tout aussi nombreux hélicoptères personnels des super-riches de la ville! (Mémé: personnellement, j'ai pas trouvé que c'était si beau: c'était un peu triste je dirais parce qu'il n'y avait aucune verdure nul part, juste du béton!)
Par la suite, on est un peu sortis du centre pour se diriger vers le quartier japonais, où on comptait manger. Vous saviez que Sao Paulo compte la plus grande communauté japonaise hors du Japon? Nous non plus. Aujourd'hui, le quartier japonais abrite aussi de plus en plus de Chinois et de Coréens, mais on continue de voir beaucoup d'affichage en japonais. Ce n'est cependant pas un quartier très délimité comme celui de Montréal: on ne passe pas sous des arches, et il n'y a aucune indication qu'on vient d'entrer dans un quartier différent... On a mangé dans un bon resto chinois où les proprios ne parlaient à peine quelques mots de portugais! Une fois bien rassasiés, on est revenus à l'auberge à pied. Ça a été quand même long parce que les distances sont énormes! En chemin, on s'est achetés de quoi se faire un riz au curry pour souper... de même qu'un pannetone pour moi et du fromage bleu pour Mémé! Ok, il faut qu'on vous parle du pannetone. Ici aussi, on se prépare fébrilement pour Noël, même si ça ne fait aucun sens pour nous vu qu'il fait chaud. Et s'il y a une tradition culinaire de Noël sur laquelle les Brésiliens capotent, c'est bien le pannetone! Sérieusement, l'épicerie devait bien en vendre 30 marques différentes, à toutes les saveurs inimaginables. Et à d'excellents prix: 2,50$ le 500g! Le pannetone maison du supermarché était en dégustation libre, et on a bien dû manger 60 tonnes de celui au chocolat. On a donc eu un deal Mémé et moi: si j'achetais le pannetone, Mémé avait droit à du fromage bleu! En payant, on a remarqué que l'une des employées du supermarché se déplaçait anormalement vite... On a fini par comprendre que c'était la gérante qui portait des rollerblades, ce qui lui permettait d'aller super-rapidement d'une caisse à l'autre pour régler les problèmes!
On est ensuite revenus à l'auberge un peu trempés car il commençait à pleuvoir. Le reste de notre fin d'après-midi fut plutôt relax: blog, cuisine, backup de nos photos sur l'ordi... On laissait l'ordi libre pour que les gens puissent l'utiliser pendant le backup, en leur précisant bien toutefois de ne pas fermer l'onglet Dropbox où s'effectuait le backup. C'est là que c'est devenu cute. Un vieux monsieur à qui on expliquait ça, visiblement stressé de fermer notre onglet, s'est dit qu'il n'allait pas utiliser Google Chrome et allait chercher un autre navigateur. Quand j'ai vu par-dessus son épaule qu'il n'ouvrait ni Firefox ni Internet Explorer mais plutôt Mes documents, j'ai commencé à me poser des questions.... Le pauvre monsieur a alors commencé à effacer l'adresse d'accès à Mes documents dans la barre du haut et à y taper www.google.com à la place! Je suis alors intervenu pour lui indiquer gentiment qu'il pouvait aussi ouvrir un onglet supplémentaire sur Chrome... En tout cas c'était cocasse!
Après cet épisode, on a mangé le riz au curry en regardant à la télé un genre de "Claude Poirier" version brésilienne. C'était plutôt trash: ça suivait en temps réel les différents développements en matière de crime survenus à Sao Paulo et aussi ailleurs au Brésil! On pouvait voir des policiers défoncer des portes, arrêter des trafiquants de drogue, des victimes d'actes criminels étaient invités sur un plateau pour raconter leur histoire... On a continué de relaxer en faisant les photos puis on s'est couchés. Avant, par contre, j'ai découvert que le pannetone que j'avais acheté, malgré son emballage qui disait qu'il était au chocolat, était en fait... à la goyave. Du pannetone à la goyave?? En tout cas, c'était malgré tout vraiment bon!
Il pleuvait pour vrai pour notre seconde journée à Sampa, mais ça n'a pas pu modérer mon enthousiasme pour le déjeuner, probablement l'un des meilleurs qu'on ait eu à date au Brésil! En jasant avec le réceptionniste de nos plans de se rendre à Foz do Iguaçu en partant le soir-même, on a compris qu'on devrait vite aller acheter nos billets parce que les sièges s'envolaient sur Internet! On s'est donc dirigés vers une autre gare routière, aussi grande et animée que celle d'où on était arrivés. Nos billets en main, on a profité de notre retour en métro pour digérer le prix de nos tickets... 65$ par personne! Ok, c'est 15h de trajet, mais je pense que c'est la première fois qu'on payait autant pour un trajet de bus! En revenant, on est allés manger dans un chouette resto où il y avait un bar à salade gratuit et à volonté (Mémé trépignait de bonheur) et une copieuse lasagne. La proprio était décidément trop gentille, et a tenu à nous servir dans un anglais impeccable!
Comme on avait déjà vu le centre la veille, on s'est dit qu'on allait consacrer l'après-midi à visiter l'autre facette majeure de la ville: l'avenue Paulista et le quartier Jardins. Comme on vous a dit, l'avenue Paulista est l'artère la plus connue de la ville. On y trouve tout plein de magasins, cafés, et restos, et même sous la pluie c'était noir de monde! Après un certain temps, on a obliqué sur une rue perpendiculaire pour s'enfoncer u coeur du quartier Jardins. Jardins, c'est peut-être le quartier le plus bobo de la ville: on y trouve des cafés branchés, des boutiques style underground, des hipsters à grosses lunettes noires, des restos nouveau genre.... Bref, c'est grosso modo le Plateau! En plus, ici, il y a de grands arbres matures qui surplombent tout, comme à Rio! C'est vraiment un plus parce qu'ailleurs à Sampa (et surtout au centre) il y a pas mal moins d'arbres... Tout ça pour vous dire qu'on a bien aimé notre balade dans Jardins. Après, on est lentement revenus à l'auberge. Sur la carte, les distances n'ont pas l'air d'être si grandes, mais en pratique c'est tout autre chose! Même si le métro est très efficace, Sampa reste une ville où il faut beaucoup marcher pour se rendre à destination. On comprend dès lors que beaucoup de Paulistanos aient une voiture: c'est plus facile de se déplacer, mais ça crée aussi des bouchons infernaux! Et le stationnement est cher!!
De retour à l'auberge, on a pris nos affaires puis on est partis à la gare. On partait finalement de la même gare d'où on était arrivés, on sait pas trop pourquoi... Une chance qu'on le savait! Après une courte attente, on a pris notre bus vers Foz do Iguaçu. La sortie de Sao Paulo, toute enveloppée de nuages gris en cette fin de journée pluvieuse, a sérieusement pris 2 heures. L'autoroute a mis une éternité à passer à travers une longue succession de quartiers tous hérissés de gratte-ciels, alors que les quelques anfractuosités de terrain qu'on croisait étaient pour leur part occupés par des favelas. Enfin, on a fini par atteindre la fin et le début de la campagne. Je vous disais plus tôt qu'on sent dans le Sud du pays que le Brésil est une puissance montante: on le voit notamment dans le réseau routier. L'autoroute qu'on a prise était impeccable et aurait sérieusement pu se trouver dans n'importe quel pays industrialisé! On a soupé du restant de riz au curry puis on s'est endormis aussi bien que faire se peut dans un bus de nuit...
On se revoit aux chutes d'Iguaçu!
J'aime bien les descriptions de contexte de François; ça nous permet de comprendre pourquoi les choses sont comme elles sont. Les déformations professionnelles, ça a parfois du bon!
RépondreSupprimerJY