jeudi 19 décembre 2013

Montevideo

Que tal compadres, todo bien? Ahora yo, François, les conto nuestra visita a Montevideo!

Bon, je vous le dis tout de suite: j'ai passé grosso modo un mois en 2006 à Montevideo, et durant notre passage là-bas dans ce voyage-ci j'étais tout content de revoir ce que j'avais connu! OK, je gossais un peu Mémé quand je lui disais "ah oui, je suis déjà allé ici!" mais bon... Sérieusement, en presque 8 ans, ben... ça n'a pas énormément changé! Et en quelque part, c'est bien comme ça, parce que j'avais bien aimé cette ville!

On est arrivés à Montevideo vers 18henviron. On a dit au revoir aux Allemandes qui nous accompagnaient depuis Punta del Diablo, puis on a pris le bus vers le centre-ville, où on comptait trouver un endroit pour dormir. Le Lonely Planet décrit Montevideo comme étant la petite soeur de Buenos Aires, et honnêtement c'est une comparaison plutôt juste. De la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, en raison de l'exportation de viande bovine,  l'Uruguay était un pays développé et riche, dont le niveau de vie se comparait avantageusement à celui de l'Europe. L'immigration européenne (notamment italienne) et ces années d'opulence se reflètent sur l'architecture de la ville: les nombreux bâtiments construits à cette époque sont richement ouvragés et rappellent les vieux immeubles de Paris. Les platanes matures qui ornent la plupart des rues en font en outre une capitale très agréable à parcourir. Par contre, "modernité" et paupérisation obligent, on trouve aussi dans la ville nombre d'édifices moches et ternes en béton, et plusieurs beaux édifices anciens sont aussi laissés à l'abandon. Bref, à Montevideo, on croirait marcher dans une version un peu décrépite de Paris. On est loin du lustre de Buenos Aires, mais les deux villes ont effectivement beaucoup de points en commun, "urbanisitiquement" parlant!

En débarquant de l'autobus sur l'une des grandes places, on a été magasiner quelques hôtels dans la vieille ville. On a fait une première place où la dame nous a fait visiter la chambre. C'était un peu cher, alors on a dit gentiment qu'on allait y penser.   Habituellement, quand on dit ça, les gens nous répondent poliment "d'accord, pas de problèmes", mais là, la madame est allée beaucoup plus loin en nous disant: "Oh oui, c'est ça qu'il faut faire, il faut magasiner les chambres d'hotel, et si vous en trouvez une moins chère et qui vous offre le déjeûner en plus, c'est celle-là qu'il faut prendre!"! On était bien étonnés de cette franchise, pas nécessairement bonne pour ton propre commerce mais certainement très aimable pour les clients haha! Au final, on a dormi à l'hostel du coin, mais juste pour son honnêteté on a été tenté de choisir plutôt son hôtel! C'est à ce moment-là qu'on s'est rendus compte qu'on aime généralement mieux l'ambiance des auberges de jeunesse à celle des hôtels. Dans les hôtels, en fait, il n'y  a généralement pas d'ambiance: c'est froid, tu vois la réceptionniste à l'arrivée et au départ, tu ne parles à personne d'autre et tu dors dans ta chambre sans être dérangé. Le plus dans un hôtel, c'est justement cet aspect"privé", i.e. que tu puisses avoir la paix dans une chambre que tu ne partages pas avec 10 autres backpackers. Quand tu voyages en couple, ça fait parfois du bien! Par contre, un hostel offre décidément plus en termes de services adaptés au type de voyageurs que nous sommes: ils ont ainsi wifi et ordinateurs à disposition, ils ont un endroit pour que tu puisses faire ton lavage, ils ont une cuisine pour que tu puisses te faire à manger, tu peux leur laisser tes sacs, ils peuvent te renseigner sur un tas de trucs pertinents pour toi (horaires de bus, argent, etc.)... Et en plus l'atmosphère est clairement moins austère: c'est toujours plaisant de rencontrer d'autres voyageurs! Notre conclusion: quand c'est possible et abordable, le meilleur des 2 mondes est d'avoir une chambre privée dans une auberge de jeunesse!

Après avoir déposé nos choses, il était rendu bien tard et on mourrait de faim, alors on est partis à la recherche d'un resto ouvert. Nous étions samedi soir, dans la vieille ville touristique. On pourrait s'attendre à ce que plusieurs restos soient ouverts, non? Eh bien non: comme partout en Amérique du Sud, les fins de semaine et les soirs, iiiccchhh... pas facile! Malgré tout, on avait déjà spotté un resto où j'étais déjà allé et que je savais pas trop pire: le Don Peperone! On a mangé là une bonne pizza. Avec la viande de boeuf, les plats italiens sont aussi typiques de la bouffe uruguayenne (et argentine) en raison, justement, de la forte immigration italienne au début du siècle dernier. Bref, pizzas et pâtes sont excellents! L'Uruguay est aussi un pays où on a commencé à délier un peu plus les cordons de notre bourse. Parce que franchement, l'Uruguay, c'est cher (à mon grand étonnement, puisque dans mon souvenir c'était plutôt raisonnable, mais bon, c'était il y a 7 ans...). On peut facilement dépenser 10$-15$ et plus pour un plat au resto, et on peut difficilement trouver en bas de 6$-7$. Cela dit, on venait de passer 2 semaines à se limiter au Brésil en raison du prix de la bouffe, et on était un peu écoeurés. Alors on s'est dit qu'on pouvait se permettre un bon dîner ou souper par jour, et cuisiner le reste du temps pour atténuer l'impact financier!

Le lendemain, on s'est levés un peu tard, on a déjeûné longuement et on a fait nombre de tramites essentiels... du genre du lavage, de la planification de voyage, des courriels importants, etc... Il faut dire qu'en arrivant à Montevideo, on était complètement morts. Les deux semaines qu'on avait passé au Brésil depuis Rio avaient été plutôt éprouvantes, parce qu'on n'avait pratiquement pas arrêté et qu'on se déplaçait constamment pour voir le plus de choses possibles (ce qui supposait également une planification et une organisation de tous les instants pour rendre ça possible, ce qui pèse aussi beaucoup). Hormis Florianopolis et Rio, on a rarement dormi plus d'une nuit au même endroit avant de repartir en bus. Et selon notre expérience, pour une mauvaise nuit en bus, il faut au minimum une bonne nuit le lendemain, mais idéalement 2, pour compenser et être complètement opérationnel... La fatigue nous rendait ainsi plus irritables et on en est donc venus à la conclusion qu'il fallait impérativement ralentir le rythme sinon on allait trouver le reste du voyage bien moins agréable. À Montevideo, on est ainsi restés 3 nuits au final et on est partis très tard visiter la ville, et ça nous a fait un bien fou!

Bref, on est sortis en milieu d'après-midi pour débuter un petit recorido de la ville. Après avoir visité quelques jolies places, on a marché le long de la rue principale où on s'est arrêtés longuement dans un petit resto pour dîner. Au menu: le plat le plus typique d'Uruguay, le chivito. Un chivito est un genre d'hamburger, sauf qu'à la place de la boulette c'est un steak ou une poitrine de poulet. À tout ça s'ajoute une montagne de stock: tomates, salade, oignons, oeuf frit, olives, cornichons, fromage... et dans le cas d'un chivitos "canadiense" (!) on ajoute aussi du jambon ou du bacon! Inutile de vous dire que c'est gargantuesque... et plutôt mauvais pour les artères! Vers la fin de notre dîner, on a commencé à entendre de la musique et à voir des gens défiler sur la rue. On est alors sortis pour découvrir qu'il y avait une parade des écoles du pays qui passaient avec fanfares et majorettes en plein milieu du centre-ville! Enfin un dimanche où il y avait de l'action!

On a regardé la parade un bon moment puis on l'a laissée pour marcher un peu dans le centre-ville, en s'arrêtant de temps à autre dans une belle place. Après un bon moment à déambuler dans les jolies rues ombragées parsemées d'arbres et d'Uruguayens buvant du maté sur leur perron, on est revenus sur la rue principale où la parade battait toujours son plein. Ensuite, on est allés chez Tata, la mal-nommée chaîne de supermarchés locale, pour acheter de quoi se faire un souper. Je fais une parenthèse ici pour vous donner un aperçu de la psychologie de Mémé en voyage et dans la vie en général. 6 ans d'expérience m'ont appris que tout moral méméesque déclinant peut être contré de deux manières: soit par l'ingestion IMMÉDIATE de nourriture, soit par la visite d'un supermarché. Tout ça pour vous dire que quand on va dans un supermarché en voyage, Mémé trippe comme jamais. J'avoue que je ne comprends pas (et que je ne comprendrai probablement jamais) l'effet particulièrement positif des supermarchés sur le moral de Mémé, mais bon... ça marche!

En revenant à l'hostel, on s'est fait de bonnes pâtes qu'on a mangées sur la terrasse au coucher du soleil (quand même classe non? En tout cas un peu plus que la madame qu'on a vu à un certain moment donné tituber sur le trottoir... disons qu'elle avait dû boire un peu trop de vino tinto!) On s'est ensuite payé un luxe: se coucher (relativement tôt)!

Le lendemain, on a jasé au déjeûner à une Brésilienne qui finissait un tour du monde de 2 ans et qui revenait lentement au Brésil, puis on s'est encore lancés dans les tâches à faire. Pendant que Mémé refaisait du lavage (oui, tout était sale), je suis allés m'informer sur les ferries vers l'Argentine. Pour aller à Buenos Aires, on peut soit contourner par la terre l'immense Rio de la Plata et le traverser là où il est moins large, ou mieux: le traverser en bateau! Notre plan était de passer de Colonia del Sacramento (Uruguay) à Buenos Aires (Argentine) en bateau, mais encore fallait-il réserver les billets sur Internet et magasiner les différentes compagnies  question de profiter du meilleur prix! On a été aidé dans nos démarches par le gérant de l'hôtel, un gars bien sympa possédant une shape de poire (je sais pas si vous voyez, mais il avait vraiment une forme de poire!) Nos paperasseries effectuées, on a dîné à l'hostel avec notre reste de pâtes, puis on est partis explorer la vieille-ville de Montevideo.

La vieille-ville de Montevideo est probablement le plus beau quartier de Montevideo: c'est là où les façades élégantes du siècle dernier sont les plus impressionnantes. Après une petite visite à la cathédrale, on s'est promenés sur la jolie rue piétonnière animée qui traverse la vieille-ville en 2 centre. (Je n'y étais jamais allé lors de mon précédent voyage, parce que c'était un voyage de CÉGEP en groupe et qu'on nous imposait des règles de sécurité plus strictes... Bon, c'est vrai que le coin peut devenir un peu moins agréable la nuit, mais le jour, aucun problème! D'ailleurs, avec l'Argentine et le Chili, l'Uruguay est l'un des pays les plus safes d'Amérique du Sud...) En déambulant, on s'est arrêtés à la poste où on a demandé s'ils avaient des timbres pour des cartes postales. La gentille employée s'est alors empressée de nous montrer différentes cartes postales, mais comme elles étaient chères on a dit qu'on allait y penser... L'honnêteté uruguayenne a alors encore frappé: "Oui, c'est vrai qu'elles sont un peu moches et chères, c'est mieux si vous faites le tour et en trouvez des plus jolies et plus abordables!" Haha!

On a ensuite obliqué par le vieux marché du port où on a été assailli par des serveurs qui nous invitaient tous à manger une parilla, puis on a marché dans des rues parallèles avant de s'arrêter dans une boulangerie. Là, on s'est gâtés en se régalant des pâtisseries les plus représentatives des pays du Cône sud (Uruguay + Argentine + Chili): un alfajor au chocolat et dulce de leche pour moi (deux biscuits couverts de chocolat avec du dulce de leche au milieu), et une pie de limon pour Mémé (une genre de tarte à la meringue et au citron)! Après avoir dégusté le tout sur une place publique, on a marché un peu hors du centre vers le splendide bâtiment du parlement (qu'on ne pouvait malheureusement pas visiter). Ce qui m'amène à vous jaser un peu de politique uruguayenne. Sur l'échiquier mondial, l'Uruguay ne pèse pas lourd. Néanmoins, en Amérique du Sud, l'Uruguay fait figure d'exception en  raison de son progressisme, dans un continent encore bien ancré dans le conservatisme et la tradition. Déjà, au tout début du XXe siècle, l'Uruguay fut l'un des premiers pays lationaméricains à séparer l'Église de l'État et à établir des filets sociaux minimaux. Ce fut aussi l'un des premiers États d'Amérique latine à donner le droit de vote aux femmes. Et encore, pendant tout ce temps le pays était dirigé par des gouvernements de droite! Comme tous les autres pays de la région, l'Uruguay a aussi connu des périodes de régression (notamment durant la dictature des années 1970-1980). Depuis 2006 cependant, le pays a élu pour la première fois de son histoire un gouvernement de gauche toujours au pouvoir aujourd'hui. Vous connaissez peut-être l'actuel président, Pepe Mujica? Si oui, vous savez que c'est un homme très humble, malgré son franc-parler et ses prises de bec occasionnelles avec les présidents argentins! Ancien tupamaro (les rebelles s'opposant à la dictature) ayant été torturé en prison, Pepe Mujica a été vite remarqué par la presse internationale par son style de vie inhabituellement modeste pour un chef d'État! En effet, il vit toujours sur sa ferme dans les environs de Montevideo,  il vient au travail dans sa vieille voiture et reverse 90% de son salaire à des oeuvres de charité! Il a récemment dit qu'il songeait à "adopter" une trentaine d'enfants pauvres pour leur faire profiter de son ranch! Tout un bonhomme! C'est sous son règne que l'Uruguay est aussi devenu l'un des rares pays au monde à autoriser la consommation, la culture et la vente (réglementées) de marijuana dans tout le pays! Il a aussi été l'un des premiers à autoriser le mariage gay il y a quelques années! Bref, l'Uruguay, aussi minuscule et peu important qu'il puisse paraitre, détonne avec ses politiques qui servent souvent d'inspiration à ses voisins!

Après notre visite des alentours du parlement, on a visité une jolie église avant de se diriger vers la Rambla, le « boardwalk » de Montevideo. C’est une promenade plutôt agréable en face du Rio de la Plata (quoique désespérément sans ombre, ce qui pesait un peu avec le soleil de plomb !) Il y avait aussi quelques plages en bas de la promenade où les gens prenaient le soleil et se baignaient courageusement dans l’eau brune et froide (et probablement plutôt polluée). On a fait un petit tour avant de revenir par la vieille ville, maintenant pratiquement déserte (n’oublions pas que nous étions dimanche). On a ensuite été manger dans un resto plutôt bon (qui se trouvait en fait à être le Club brésilien de Montevideo) où le plat venait avec un bon verre de tannat, le cépage le plus typique d’Uruguay !

En sortant du resto, on a couru vers l’hostel parce que le temps était soudainement devenu apocalyptique et qu’on avait mis du linge à sécher sur la corde ! On a tant bien que mal enlevé les vêtements de la corde alors qu’il pleuvait à verse et que le vent menaçait d’emporter nos bas dans la rue ! Passablement découragés, on a laissé nos choses à sécher dans la chambre, sachant qu’il était plus que probable que ce ne soit pas sec le lendemain alors qu’il faudra refaire les sacs pour repartir…

En déjeunant le jour suivant, on a rencontré un vieil Anglais bien gentil, qui nous contait qu’il était maintenant retraité et que son hobby de retraite était de voyager un peu partout ! Son accent était à couper au couteau, et son franc-parler contenait des expressions on ne peut plus British comme « Bloody Hell ! » Après avoir fait nos sacs (et avoir constaté que le linge était miraculeusement presque sec),  j’ai payé la chambre pendant que Mémé tentait de sortir (sans succès, malheureusement) de l’argent américain dans un guichet des environs. Le gérant en forme de poire a été assez aimable pour accepter de prendre un des vieux billets de 10 pesos qui datait du voyage de mes parents en Uruguay il y a 10 ans, et que j’ai été incapable de refiler parce qu’il n’avait officiellement plus cours légal aujourd’hui !

Ensuite, on a pris le bus vers la gare, en s’en voulant dès qu’on est montés parce qu’on s’était rendus compte qu’on avait oublié notre reste de pâtes dans le frigo de l’hostel… Enfin, tant pis ! Aspect cocasse : en Uruguay, des affiches dans les bus interdisent aux gens de boire du maté dans les transports en commun pour des raisons de sécurité (eau bouillante + bombilla en métal) ! Avant d’aller acheter nos billets à la gare, on a fait le plein de fruits au supermarché où on a attendu suuuuper longtemps aux caisses ! Je sais pas pourquoi, mais dans tous les supermarchés d’Amérique du Sud, il y a souvent genre 3 caisses ouvertes alors qu’il en faudrait clairement 30 vu le nombre de gens qui attendent, et en plus le processus est invariablement lent et compliqué… En plus de la caisse, il faut faire peser le pain, les légumes, les fruits… mais pas tous (allez savoir comment on fait pour dire qu’un avocat on le pèse mais pas un pamplemousse) ! La lenteur, l’aspect laborieux de toute tâche et le laisser-aller en général sont peut-être des clichés latino-américains, n’empêche, ils ne sont pas sans fondements ! Un aspect sympa du supermarché par contre, c’est le fait qu’ils emploient des trisomiques pour certaines tâches, genre peser les fruits et les légumes. Naturellement, par contre, ça ne contribue pas à accélérer le passage déjà peu rapide à l’épicerie, mais bon, on ne peut pas vraiment leur en vouloir !

Ensuite, on a cherché à acheter nos billets de bus. Preuve numéro 3 de l’honnêteté uruguayenne : ce dialogue entre Mémé et un employé d’une compagnie de bus (appelons-la la compagnie ABC):
- Mémé : À quelle heure est le prochain bus pour Colonia ?
- Employé ABC : À 12h. Mais tu es mieux de partir avec la compagnie XYZ, ils partent dans 5 minutes !
- Mémé : Euh… ok, merci !

Bref, on s’est rendus au comptoir de cette autre compagnie. Il était 11h31, et le bus partait à 11h30 ! « Pas grave, il reste de la place, embarquez ! »  Et on est partis 5 minutes plus tard ! Il y a quand même des avantages au proverbial retard latino-américain !

Colonia pour très bientôt !!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire