Saaalut! Comment ça va? C'est François!
L'autobus qui nous ramenait de Foz do Iguaçu en était un où on devait rester passablement longtemps (15h de trajet), et comme on était partis à 20h la veille, on ne devait pas arriver à destination (Florianopolis) avant midi au moins. Comme toujours, Mémé a profité de ce temps-là pour dormir comme un bébé, alors que pour ma part j'avais les yeux grands ouverts depuis 7h... Notre bus presque vide (on devait être genre 8 passagers, dont un enfant qui s'est bien amusé à renverser ses chips en forme de bacon partout dans l'allée) s'est arrêté à plusieurs endroits avant d'arriver. L'une des villes digne de mention est Joinville, un endroit où l'Allemagne rencontre bizarrement le Brésil. L'architecture de la ville rappelle en effet davantage un village bavarois qu'une ville brésilienne! En fait, l'extrême-Sud du Brésil a connu de grandes vagues de colonisation allemande, italienne et suisse (mais surtout allemande) à la fin du XIXe siècle. Les nouveaux immigrants ont voulu reproduire l'architecture de leur pays natal et c'est ce qui explique que Joinville et d'autres villages des environs aient des maisons et des édifices si différents! De plus, dans certains villages de la région, une majorité d'habitants parlent toujours allemand, même si tous parlent aussi le portugais. Bref, c'est une petite communauté qui a gardé ses coutumes (y compris bières et saucisses), même perdue au Brésil!
En arrivant à Florianopolis (Floripa pour les intimes, décidément les Brésiliens aiment bien raccourcir les noms de leurs villes), on a d'abord passé un bon moment à acheter nos billets de bus pour nos prochaines destinations, puis on est sortis sous la pluie chercher quelque chose à manger. On a fini par trouver un resto plutôt bon (quoique plus cher que d'habitude) dans le vieux marché mignon de la ville. On le confesse: on n'a pas beaucoup visité Floripa, sauf cette fois-là et en bus par la suite, mais ce qu'on en a vu nous a semblé une ville bien agréable. La raison? Florianopolis est en fait la ville à laquelle on accède en premier en arrivant sur l'île de Santa Catarina via le grand pont qui la relie au continent. Et ce qui est le plus beau à visiter à Floripa, ce n'est pas la ville elle-même, mais l'intérieur de l'île, ses lagunes et ses plages, toutes à une heure de bus du centre!
Après avoir mangé, Mémé a signifié son dégoût de la cigarette à un client fumeur qui n'a pas beaucoup apprécié puis on est partis trouver notre bus vers l'autre côté de l'île. (Note: pour ceux qui l'ignorent, Mémé a une sainte horreur de l'odeur de la cigarette et n'hésite pas à se boucher le nez, à s'éventer avec ses mains, à faire des faces de révulsion et à crier très fort "Ça pue!" ou l'équivalent quand d'aventure de la fumée secondaire échoue dans ses narines. Inutile de vous dire que les fumeurs, quand ils remarquent le manège, ne réagissent pas toujours bien! Dans le cas qui nous occupe, le gars visé par les simagrées de Mémé, visiblement outré, s'est mis à nous dire qu'il était dans son droit de fumer sur la terrasse extérieure où nous nous trouvions (ce qui était vrai)... En tout cas... C'est dur, parfois, d'avoir une blonde en médecine, malgré la noblesse de son combat contre la nicotine!) (Mémé: bon j'ai encore une fois l'air mal élevée. Mais tsé, je me dis que les gens ont le droit de choisir volontairement de puer, d'avoir les dents jaunes et de mourir d'un cancer des poumons, mais ils n'ont pas à imposer aux autres leur envie de mourir jeunes...)
Notre bus nous a mené, à travers les montagnes centrales de l'île, à une grande lagune au bord duquel se trouvait un petit village. À Foz do Iguaçu, on avait rencontré deux Allemandes qui nous avaient chaudement conseillé d'aller dormir à Floripa dans un hostel qu'elles décrivaient comme l'un des meilleurs qu'elles aient fait en Amérique du Sud. Face à tant de louanges, on avait décidé d'y aller nous aussi. Verdict: un très bon hostel, mais de là à dire que c'est l'un des meilleurs, peut-être pas... La localisation était néanmoins extraordinaire: sis au sommet d'une petite montagne, on avait des vues sublimes sur la lagune et les montagnes autour! L'hostel en soi musclait aussi les mollets: il était organisé en différents bâtiments le long d'une pente à 45 degrés, et on dormait dans le dortoir tout en bas alors que la réception était au sommet! Comme on était arrivés en fin d'après-midi, on n'a pas fait grand'chose du reste de la journée: on est allés au village acheter à manger, je me suis baigné dans la petite piscine de l'endroit, on a cuisiné, on a écrit le blog.... Et on a aussi profité de notre caipirinha gratuit en regardant le coucher de soleil! Il y avait aussi une bonne ambiance dans l'hostel et on y a rencontré plein de gens sympas, notamment un Irlandais en voyage pour quelques mois, tout ébahi quand on lui a dit, au détour de nos conversations, qu'on avait été dans les Stans et dans les Guyanes, de même qu'un surfeur australien barraqué qui avait travaillé dans la construction partout dans le monde.
Les deux journées suivantes furent très relax... Le lendemain, on a déjeûné lentement avant d'éventuellement partir à pied vers l'une des plages. On a marché un bon moment sur la route, en s'arrêtant à un point de vue en passant, avant d'obliquer vers la mer à travers un village où on a désespérément cherché un resto ouvert où manger! Le salut s'est finalement présenté à nous sous la forme d'un resto de buffet à volonté assez ordinaire, mais suffisamment correct pour vaincre la faim! Mémé a beaucoup aimé le concept du resto d'en face, qui se présentait comme un buffet de desserts! Malheureusement, c'était très cher et pas à volonté, mais autrement ç'aurait été le nirvana pour la boulimique de crême glacée qui gambade à mes côtés en Amérique du Sud depuis quelques mois! Une fois rassasiés, on s'est lancés à l'assaut de l'interminable plage de sable blanc (oui, il y a des tâches plus ingrates dans la vie, j'en conviens). Outre une première section où il y avait plus de monde, le reste de plage était pratiquement désert et on l'a donc eu presque pour nous tous seuls! On s'est promenés longuement, on a observé des pêcheurs tenter de haler un lourd filet vers le rivage, on s'est amusés à faire détaler les crabes, je me suis baigné dans les grosses vagues et j'ai lu un bon moment pendant que Mémé faisait des sculptures en sable (ses oeuvres, qui seront bientôt exposées au Louvre, comprenaient notamment un bas brun censé représenter mon avenir de fonctionnaire ennuyant, un portrait très réussi de Gustave, de même qu'une magnifique pyramide triangulaire sur un socle hexagonal et surmontée d'un coquillage en forme d'oreille). Bref, on a eu bien du plaisir sur la plage!
On est revenus en bus en souriant en regardant le chauffeur attendri appuyer sur différentes manettes qui faisaient un gros "Pssschit!" pour amuser un handicapé mental assis dans les premiers bancs! À l'hostel, on est arrivés juste à temps pour notre cocktail gratuit (on avait droit à un caipirinha gratuit par jour, entre 19h et 20h), qu'on a bu en regardant le soleil se coucher près de la piscine et en jasant à 2 Paulistanas en vacances bien gentilles et à une Suédoise qui venait tout juste d'arriver. On leur a parlé un bon moment dans la soirée et on a soupé avec la Suédoise, avant de faire des courriels et d'écrire le blog. Dans notre dortoir, on a aussi connu deux Mexicains particulièrement sympathiques, qui étaient en vacances pour deux semaines dans le sud du Brésil!
En se réveillant le lendemain, on s'est vite rendus compte que la température pluvieuse n'allait probablement pas être des plus propices à une autre journée de plage... On a malgré tout profité d'une accalmie pour aller faire un tour sur une autre plage toute proche, très jolie aussi, où on a joué aux dames sur le sable en regardant la mer... Et non seulement une de nos parties a été une nulle, mais j'ai aussi gagné pour la première fois (ok, avant de me faire battre 2 autres fois de plus, mais quand même là!)!! (Mémé: depuis Bélem, on a converti notre jeu d'échec aimanté en jeu de dames, parce que je trouve ça plus amusant que les échecs. Et en plus, contrairement aux échecs où je perds tout le temps, je gagne quasi à tout coup contre François, mouahaha!) Par contre, il s'est vite remis à pleuvoir, ce qui nous a forcé à évacuer la plage... non sans avoir la surprise de voir une chouette perchée sur un bout de bois à côté du sentier d'accès à la plage!
Puisqu'il continuait à faire maussade, on a fait contre mauvaise fortune bon coeur et on a dîné à l'excellent buffet à volonté de l'hostel avec la Suédoise et les 2 Mexicains. Les Mexicains avaient loué une voiture pour tout leur séjour et partaient le jour même pour Ihla Grande (près de Paraty). Comme la Suédoise comptait aussi s'y rendre, il avaient offert de l'y amener en voiture. En riant, la Suédoise nous décrivait la réaction de type "t'es sûre que c'est une bonne idée?" qu'avait eu sa mère quand elle lui avait dit plus tôt par Skype qu'elle partait finalement pour deux jours dans une voiture avec 2 Mexicains qu'elle venait de rencontrer! Haha! Ensuite, quand ils sont partis (et après m'être resservi 60 fois du dessert parce que c'était trop bon), on a passé ce qu'il restait de l'après-midi à écrire le blog devant la grande fenêtre panoramique et le paysage magnifique qui s'offrait à nous malgré la pluie! Ça s'est finalement dégagé en début de soirée, et on a même eu droit à un autre caipirinha gratuit même si on avait "checké-out" le matin même!
Enfin, vers 20h, on a pris le bus public vers Floripa, question de s'y rendre à temps pour prendre notre bus de nuit vers Gramado, un village plus au sud. J'ai stressé tout le long du trajet parce qu'on était partis un peu trop tard et qu'on est arrivés vraiment juste à la gare (non sans avoir fait un tour de Floripa-by-night en bus)... mais finalement, notre bus a eu genre 40 minutes de retard (chose hautement inhabituelle au Brésil) alors je m'en suis fait pour rien! En attendant notre autobus, on n'a pas pu s'empêcher de penser que certains noms de compagnie de bus en portugais auraient peu de succès en français... Citons "Fofino" et "Urbanus" en tant qu'exemples! Et on s'est félicités de ne pas avoir pris de billets avec Paulobus, dont la flotte en entier était composée de déchets sur roues! Finalement, on a bien pu embarquer dans le bus, où on s'est vite endormis malgré notre journée plutôt exempte d'activités épuisantes!
Ne ratez pas la suite: Gramado! Au menu: maisons suisses, fondue et beaucoup trop d'esprit de Noël!
Ici, je pense qu'il faut savoir lire entre les lignes: votre insistance sur les plages, les lagunes, les couchers de soleil sur la mer en sirotant un drink, tout ça indique un spleen profond, un insondable manque du pays, un besoin atavique de bancs de neige et de températures vivifiantes (vers -20 degrés, par exemple). Bonne nouvelle! Votre salut est proche!
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