lundi 30 décembre 2013

Cordoba + Villa General Belgrano + La Cumbrecita + Alta Gracia

4 villes pour le prix d’un ! Si c’est pas un deal ça !

Bon c’est François qui continue le récit de notre épopée en Argentine ! On est arrivés à Cordoba tôt le matin, et c’est les yeux bouffis de sommeil qu’on s’est dirigés vers un café du coin de la gare pour déjeuner. C’est là qu’on a fait connaissance avec les « criollos », de genre de petits pains feuilletés secs et sans goût qui semblent plutôt communs dans ce coin-là d’Argentine… C’est définitivement un goût acquis mettons ! Au moins les medialunas (croissants) étaient bonnes… Ensuite, on s’est dirigés vers le centre et l’auberge de jeunesse qu’on avait spottée dans le Lonely Planet. Notre premier aperçu de Cordoba, la seconde ville en importance du pays, ne nous a pas laissé une impression indélébile, peut-être parce que les dudes un peu colons qui partageaient l’arrière du bus BA-Cordoba avec nous nous avaient dit que « Cordoba est une ville lindissima  (particulièrement magnifique)!!» et qu’on s’attendait à trop ! Disons qu’on était un peu sceptiques haha ! Bon, Cordoba, c’est pas laid, ça a son charme mais c’est pas Buenos Aires, quand même !

Parfois, dans la vie, on tombe sur des navets ou des citrons, selon la situation. Malheureusement, ça vaut aussi pour les hostels… L’endroit était pourtant (chaudement) recommandé par le guide de voyage. Ok, l’endroit était loin d’être le pire qu’on ait jamais fait, et avait du potentiel, mais disons qu’il y avait un grand laisser-aller… Les gars de la réception étaient lents, amorphes et évachés en permanence dans leurs canapés devant la télé toute la journée, et l’endroit en général était sale et poussiéreux… Et pour une auberge de jeunesse, il n’y avait zéro ambiance. Et on se souvient que c’est habituellement ça qui fait le charme d’une auberge de jeunesse. Le fait qu’on soit genre 2 à dormir là-bas n’a pas aidé, mais quand même… Bref, c’était moyen mettons ! Mémé a fait un peu de lavage et s’est obstinée avec une madame qui fumait dans la cuisine, puis, comme il était déjà midi, on est partis à la recherche d’un resto pour manger. Nos narines ont immédiatement rencontré une alléchante odeur de pizza alors qu’on passait sur la rue, et on s’est engouffrés dans une place vraiment informelle où des cuisiniers s’affairaient à faire cuire des pizzas pour leur très nombreuse et bruyante clientèle ! L’atmosphère et le décor était davantage ceux d’un genre de garage que d’un resto, mais c’était vraiment excellent !

Bien pleins, on a commencé par visiter les artères piétonnières et commerçantes du centre-ville, très animées. On a fini par déboucher sur la place centrale, où nous accueillaient la magnifique cathédrale de même qu’une vieille mission jésuite. Ces deux vieux bâtiments cachaient les rues étroites datant de l’époque coloniale, qui contrastaient avec les édifices et les rues modernes qu’on trouvait à proximité. Le Lonely Planet définit Cordoba comme étant « a fascinating mix of old and new », et c’est quand même vrai… Après avoir exploré la cathédrale, on a marché vers le terminal de minibus pour s’informer des départs vers les villages d’Alta Gracia, de Villa General Belgrano et de La Cumbrecita, où on comptait aller dans les prochains jours. Une fois bien renseignés, on a erré dans les vieilles rues coloniales. Le reste de l’après-midi fut bien agréable !

Pour souper, on a avisé un endroit cheap qui s’est finalement révélé plutôt dégueu (pas de chance, décidément), et c’est le ventre balloné qu’on s’est couchés !

Le lendemain, on s’était levés plutôt tôt pour aller prendre un bus vers Villa General Belgrano, d’où on transiterait vers La Cumbrecita. À la gare, c’était vraiment pas clair l’endroit où on devait attendre : devant l’entrée piétonnière principale et non sur les quais d’embarquement ? On s’est fait rassurer par des Argentins que c’était bien la bonne place, tout en se faisant également dévisager par des Allemands à l’air bizarre. Puis, le bus est finalement arrivé. En sortant de Cordoba, le paysage plat et monotone a éventuellement fait place à de petites montagnes : la Sierra de Cordoba, un genre d’avant-goût des Andes en plein milieu de l’Argentine. Rapidement, le panorama s’est agrémenté de montagnes verdoyantes, de forêts de conifères (oui, de conifères !) et de quelques jolis lacs. Après 2 heures de route, on a débarqué dans la petite ville de Villa General Belgrano. Comme l’atmosphère de campagne nous plaisait, on s’est dit qu’on pourrait peut-être dormir ici quand on a vu un panonceau indiquant le chemin à suivre vers une auberge de jeunesse. La balade pour s’y rendre fut bien agréable puisque ça impliquait de suivre des chemins de terre peu fréquentés dans l’arrière-pays, mais malheureusement l’endroit, une vieille ferme, était déjà plein… Pour se faire pardonner, le chien des proprios nous a adopté et nous a escorté jusqu’au parc qui jouxtait la gare. Là, on a fait un arrêt obligé parce que l’enfant de 8 ans qui sommeillait en Mémé s’est brusquement réveillé et a exigé qu’on prenne du temps pour essayer les tyroliennes ! On a eu bien du plaisir en tout cas !

Il était une heure et on avait faim, alors on a décidé de s’arrêter manger à Villa General Belgrano avant de continuer notre périple en bus vers La Cumbrecita, notre destination finale. Villa General Belgrano est un village fondé à l’origine par des immigrants allemands. Un ami argentin nous avait confié que bien des Allemands fuyant leur pays dévasté (ou fuyant peut-être la justice internationale, selon le cas…) s’y sont installés suite à la Seconde guerre mondiale. Quoiqu’il en soit, un monument situé un peu en dehors de la rue principale de la ville honore la mémoire des combattants allemands morts durant ce conflit… Ce qui est certain, en tout cas, c’est que le caractère bien allemand du petit village est demeuré. Néanmoins, on voit tout de suite que c’est pas mal touristique comme endroit, même si le tourisme visé est clairement argentin ! Le village en soi n’est pas extraordinairement beau, et les façades architecturales allemandes apparaissent, justement, comme des façades un peu artificielles. Cela dit, déambuler dans la rue principale n’est pas désagréable, et où d’autre en Argentine pouvez-vous manger une choucroute accompagnée d’une bière de microbrasserie dans un authentique (!) Biergarten bavarois ? Servis par une serveuse en habit tyrolien traditionnel, notre dîner là-bas a été délicieux, et la bière (qu’ils brassaient eux-mêmes) était aussi très bonne ! La décoration de la brasserie était tellement allemande que c’en était presque trop, mais c’était un bien bel arrêt ! Par la suite, on a marché dans le village, en croisant les Allemands bizarres de Cordoba attablés à la terrasse du même resto d’où on sortait. Puis, on est revenus à la gare prendre notre bus vers La Cumbrecita, en faisant la journée de notre chauffeur en payant les 64,50 pesos demandés en monnaie exacte. C’est qu’en Argentine, les petites coupures (les billets de 2, 5, 10 et 20 pesos, soient respectivement 0,20$, 0,50$, 1$ et 2$) sont plutôt complexes à obtenir, alors que le petit change (les pièces de 0,25, 0,50, 1 et 2 pesos, soient respectivement 0,025$, 0,05$, 0,10$ et 0,20$) sont rarissimes. Alors, bonne chance pour avoir du change pour un billet de 50 ou 100 pesos, les billets que te donnent pourtant d’office les guichets automatiques… Conclusion ? En Argentine, n’utilisez vos petites coupures et votre petit change qu’en cas de réelle nécessité, comme dans les bus où les chauffeurs n’ont habituellement jamais de change ! Et payez en gros billets dans les supermarchés et autres grandes surfaces, où les caisses risquent davantage d’avoir du change (même si ce n’est vrai qu’une fois sur 2 !)

La route vers La Cumbrecita, dans les montagnes de la Sierra, était magnifique, et en arrivant dans la petite vallée où est sis le village, on a vraiment l’impression d’arriver dans un endroit perdu au bout de la route. En effet, à partir du minuscule terminal de bus, aucune voiture ne peut pénétrer dans le village de La Cumbrecita, piétonnier dans son entièreté (du moins de jour). On a tout de suite été charmés par ce petit bled qui, s’il figure clairement sur le radar des touristes argentins, ne semble absolument pas être connu des touristes étrangers. Avec les collines et les forêts de conifères et de chênes autour, les petites rivières serpentant dans la vallée, les rues de terre battue exemptes de voitures et l’architecture de chalets suisses définissant le village, l’endroit était bien plus beau, moins touristique et bien plus relax que ses équivalents de Gramado et Villa General Belgrano !

Le Lonely Planet conseillait un joli petit chalet suisse à l’entrée du village comme étant l’un des meilleurs endroits budget où dormir dans la région (not bad !). En cognant, on a été accueillis par une vieille madame trop cute avec de grosses lunettes qui devait mesurer au maximum 5 pieds et qui était trop contente de nous jaser ! Elle nous a fait visiter deux chambres vraiment belles, mais bon c’était un peu plus cher que nos moyens… Mais elle avait plus d’un tour dans son sac :

-       Nous, avec un gros sourire gentil un peu gêné : C’est super beau, mais c’est peut-être un peu cher pour nous…
-       Vieille madame cute (en allemand) : Parlez-vous allemand ?
-       Moi, surpris (en allemand) : Oui, un peu !
-       Vieille madame cute toute contente (dans un mix d’allemand et d’espagnol) : Moi aussi, mais j’ai un peu oublié… Ok, je vous fais donc la chambre à 200 pesos (20$) au lieu de 300 pesos (30$) ! Mais chuuuut !
-       Nous : hahaha wow merci !

Bref, tout ça pour dire que même après être allés voir à l’auberge de jeunesse du coin (où j’ai manqué de perdre une jambe au profit du molosse qui gardait les lieux), à ce prix-là le meilleur deal revenait de dormir chez notre gentille madame germanophile ! Inutile de vous dire qu’elle était vraiment contente (surtout que son registre de visiteurs indiquait qu’elle n’avait pas eu de clients depuis une semaine et demie…) et qu’elle nous a laissé en nous disant que ça lui faisait vraiment plaisir de voir des jeunes gens comme nous aussi heureux haha ! Après cet épisode, on a cherché un endroit où manger, ce qui n’a pas été super facile vu que La Cumbrecita, c’est petit ! On avait mangé un excellent alfajor maison dans un petit kiosque plus tôt en marchant dans le village, et on avait avisé un resto suisse qui avait l’air excellent, mais c’était fermé. Après une recherche exhaustive, on s’est donc rabattus sur le snack « Pancho peatonal » (« Hot dog piétonnier ? ») où on a eu droit à des pâtes dont la sauce au goût et à la présentation approximatifs aurait horrifié tout descendant d’Italien ! Dans un pays où les pâtes sont reines en plus, quel affront ! Mais bon, entre ça et un gros hamburger…

On a dormi divinement dans notre belle chambre et dans l’air frais des montagnes (une bénédiction en comparaison avec les grandes villes chaudes d’Argentine). Au matin, on a salué notre madame de l’hôtel, qui nous a béni et nous a dit qu’elle nous trouvait beaux, puis on est allés s’acheter à déjeuner à la boulangerie tout près. Une fois nos croissants avalés, on est partis faire ce qui nous amenait à La Cumbrecita : marcher ! Même si le soleil était bien fort, ça nous faisait tout drôle d’être de retour dans un climat tempéré, avec une végétation comme la nôtre, après quelques mois de jungle étouffantes ou de déserts arides ! On a donc marché dans les alentours du village. Notre premier arrêt fut un bassin naturel créé entre les rochers au pied d’une cascade de l’une des petites rivières du coin. L’endroit était bien sympa, avec ses gros pins qui surplombaient le « swimming spot », les milliers de truites qui pullulaient dans l’eau limpide et les enfants qui s’amusaient à plonger du haut des rochers ! Puis, on a suivi la rivière et ses grandes pierres plates vers un autre bassin. Ensuite, j’ai convaincu Mémé de faire l’ascension avec moi du Cerro Wank, la petite montagne la plus haute des environs. Au début, le sentier était très bien balisé, mais il le devenait de moins en moins au fur et à mesure qu’on montait… Après s’être perdus quelques fois (et après quelques chialages de la part de Mémé), on est finalement parvenus au sommet. Les sommets pierreux couverts d’herbe des environs nous rappelaient beaucoup les paysages de notre randonnée à cheval au Kirghizstan ! En redescendant, on s’est à nouveau perdus (mais solidement, cette fois, en pleine forêt !) mais on s’en est finalement sortis sans encombres. Notre dernière randonnée de la journée fut d’aller voir une petite cascade au bout d’un court sentier.

En revenant au village, il devait bien être 15h et on mourrait de faim. On s’est donc arrêtés dans un petit resto où on a mangé d’excellents raviolis. Ensuite, on a encore marché dans les petits chemins ceinturant le village, visitant au passage la petite chapelle blottie entre d’immenses pins. Quand on y pense, c’est fou que tout le village soit en fait un ancien domaine privé. En fait, dans les années 1930, un riche Allemand de Buenos Aires a acheté tout le territoire de La Cumbrecita pour s’en faire un camp d’été. Éventuellement, un village s’y est développé, donnant naissance à La Cumbrecita telle qu’elle est aujourd’hui.

Enfin, après s’être reposés un certain temps, on s’est lentement dirigés vers la gare. On voulait prendre le bus de 17h vers Villa General Belgrano, d’où on prendre un bus à 18h pour Cordoba. On estimait donc être de retour à 20h à Cordoba. Sauf que le destin avait autre chose en stock pour nous ! En arrivant à la gare, l’employé nous a dit qu’il n’y avait pas de bus qui circulaient aujourd’hui parce que les chauffeurs faisaient la grève ! « Ça se peut que ça continue ou que ça arrête demain, ça dépend. Je pense que c’est tous les transports de la province qui sont paralysés, mais je suis pas sûr », nous a utilement confié l’employé. En Argentine (et en Amérique latine en général), personne ne sait vraiment ce qui se passe et en conséquence personne n’est jamais capable de nous donner une réponse précise ! Bon, résumons : nous sommes à La Cumbrecita, un village minuscule à 3h de Cordoba, où on a laissé toutes nos affaires sauf un petit sac avec 2 jours de linge qu’on a avec nous. Plus grave : on a aussi laissé l’essentiel de notre argent, de même que toutes nos cartes de débit + crédit à Cordoba. Conclusion : s’il faut dormir à La Cumbrecita une autre nuit, on va être très justes financièrement pour manger et revenir le lendemain !! On était donc pas trop contents. « Peut-être que les bus ne sont pas en grève à Villa General Belgrano » nous a souligné la madame de l’info touristique… Qui sait, en effet ? Ça valait le coup d’essayer ! Mais comment se rendre ? « Faites du pouce ! » Ah, euh… ok. On a donc arrêté les voitures qui partaient de La Cumbrecita pour leur demander si elles pourraient nous prendre. Finalement, on a eu un lift dans la camionnette d’un livreur d’olives ! Le gars était trop gentil, on a jasé tout le long et il nous a même laissés directement à la gare de bus de Villa General Belgrano ! « Attendez je vais vous laisser quelques olives en cadeau » nous a-t-il dit en nous remettant un pot d’un kilo d’olives et en renversant des olives sur le trottoir en ouvrant la porte de la fourgonnette (« pas grave, pas grave » !). Un kilo !!  On l’a salué chaleureusement puis on est partis. Y’a tellement du monde fin sur cette planète !

À Villa General Belgrano, il n’y avait pas de bus non plus, et la perspective de faire du pouce de nuit vers Cordoba ne nous enchantait pas. On s’est donc dits qu’on dormirait sur place, en priant fort pour que la grève prenne fin le lendemain. Après être passés à l’info touristique où des employées trop gentilles nous ont conseillé un « residencial » (hotel cheap) pour dormir, on s’est empressés de s’y installer avant de skyper un bon moment avec ma famille pour la fête de ma grand-mère. Comme on avait dîné tard et (surtout) puisque nos finances ne nous permettaient pas de manger au resto, on a soupé uniquement des olives qu’on avait reçues en cadeau plus tôt dans la journée !

Heureusement, le lendemain, les transports public fonctionnaient ! Après l’achat des billets de bus et d’un (modeste) déjeuner, on s’est rendu compte qu’on aurait probablement suffisamment d’argent pour s’arrêter au village d’Alta Gracia avant de revenir à Cordoba. Alta Gracia est une petite ville sise au pied des montagnes de la Sierra de Cordoba. Ce n’est pas un endroit extraordinaire ni pour autant déplaisant : vous allez visiter des endroits bien pires en voyages, et aussi des bien mieux. C’est un peu comme si vous visitiez Ste-Thérèse au Québec : c’est pas laid, certains coins sont même coquets, mais il y a peu de raisons touristiques de s’y arrêter longtemps ! Il y a 2 raisons étonnement opposées qui amènent le visiteur à s’arrêter dans cet endroit autrement bien ordinaire : la vieille mission jésuite à l’origine du village et… la maison de Che Guevara !

On a d’abord visité la mission, située face à la place centrale. En Argentine, mais aussi au Paraguay, en Bolivie et dans le sud du Brésil, les Jésuites avaient établi, dès le début de la colonie, de petits centres dans les régions reculées où ils avaient pour objectif d’évangéliser les autochtones. Sauf que les Jésuites étaient plutôt progressifs pour l’époque. Alors que d’autres communautés religieuses convertissaient les autochtones en les obligeant à renier leur culture, les Jésuites permirent plus souvent qu’autrement à cette culture indigène de s’épanouir, à condition qu’ils deviennent néanmoins catholiques. Rapidement, il ne s’agit plus seulement d’évangéliser, mais aussi de transmettre aux autochtones une multitude de savoir dans le domaine des arts, de la métallurgie, des techniques agricoles, etc. Les missions, notamment celles du nord de l’Argentine et du Paraguay, se transformèrent ainsi en des bastions où la culture autochtone, mélangée à la culture hispanique et à la foi catholique, florissait alors qu’elle mourrait ailleurs. L’héritage culturel du peuple Guarani, par exemple, a été conservé en partie par l’action des missions jésuites. En plus, le caractère religieux des missions protégeait les autochtones qui y vivaient des raids perpétrés par des armées d’esclavagistes du sud du Brésil, qui cherchaient à capturer des indigènes pour en faire des esclaves pour leurs plantations. Néanmoins, la vision jésuite de leur mission d’évangélisation finit par agacer les rois d’Espagne et du Portugal, qui les ont ensuite expulsés de leurs colonies américaines. C’est cette partie-là que raconte le film The Mission, pour ceux qui l’ont vu…

Bref, la mission jésuite d’Alta Gracia était bien, en en connaissant l’importance historique pour l’Argentine, mais c’était autrement plutôt sobre comme endroit. Ensuite, on a mangé des olives en face de l’étang du centre de la ville avant de traverser quelques rues en direction de la maison du Che, autre monument de l’histoire nationale. « Revenez dans une demie-heure ! » nous ont dit les employés du musée qui partaient inexplicablement en pause de 14h30 à 15h chaque jour ! Après avoir erré dans les rues adjacentes au musée, on est finalement entrés. L’intérieur détaillait la vie du Che qui, vous le savez sûrement, a passé son enfance et son adolescence en Argentine, dans la maison familiale d’Alta Gracia. On s’attendrait à ce que le Che ait grandi dans un quartier ouvrier en raison de ses convictions, mais non, le quartier très résidentiel où se trouve la maison rappelle n’importe quelle banlieue anonyme de classe moyenne… L’exposition était bien intéressante : on y trouvait notamment la moto du Che, avec laquelle il a entrepris de traverser l’Argentine puis l’Amérique du Sud avec un ami (vous pouvez revivre cette épopée en écoutant le film Motorcycle Diaries). C’est ce voyage initiatique qui aurait ouvert les yeux de l’étudiant en médecine sur le sort des plus démunis et l’aurait convaincu de consacrer sa vie au communisme révolutionnaire (ça et sa rencontre avec Castro quelques années plus tard). Justement, on trouvait aussi de nombreuses photos de la visite de Fidel Castro et de Hugo Chavez il y a quelques années ! Bref, une bien belle visite !

On a ensuite pris le bus pour revenir à Cordoba. Une fois arrivés, on a réussi à trouver assez d’argent pour s’acheter des empanadas parce qu’on n’avait pas encore dîné ! Puis, on a marché vers la place centrale pour tenter d’aller visiter le musée local consacré aux abus réalisé lors de la dictature argentine. « Ah, c’est fermé aujourd’hui, on est en grève ! » En grève ? Quel impact peut bien avoir la grève des employés d’un tout petit musée ? En tout cas… Mais bon, ça s’inscrit dans le cadre des grèves d’à peu près tout le monde présentement en Argentine. Une semaine avant qu’on arrive, les policiers de Cordoba ont fait la grève en cessant leur patrouille pour une journée. Résultat : ça a été le chaos, des pillards ont dévalisé les magasins alors que les commerçants s’improvisaient vigiles pour défendre leurs magasins ! Il y a eu des morts et des blessés ! En cause : le fait que l’inflation augmente constamment en Argentine, mais que les salaires des employés de l’État/des provinces/des villes ne suit pas du tout cette hausse effrénée…

On a ensuite tenté de trouver des changeurs au noir pour changer nos dollars en pesos. Pas facile ici d’en trouver : ils ne crient pas dans la rue comme à Buenos Aires ! Mais on a vite compris l’astuce : il faut aller demander dans les bureaux miteux qui affichent « on achète de l’or, de l’argent » ! Après avoir eu une bonne idée des taux, on est revenus à l’hostel où on a retrouvé nos affaires et surtout, notre réserve d’argent ! Ouf , on n’avait pas vraiment confiance de le laisser aux employés de l’hostel! On a finalement échangé de l’argent à l’hostel parce que le gars nous faisait le même taux et que ça reste plus safe que de le faire dans la rue… Et ce, malgré l’antipathie que nous inspirait le gars de l’hostel ! Finalement, on a marché vers la gare, en se prenant un McFlurry au passage (re-MIAM) ! À la gare, on a patienté 2 heures en écrivant le blog dans un café alors qu’un des clients croyait bon faire profiter à tout le monde de sa musique pop que crachaient les haut-parleurs de son ordi… Ça, vraiment, ça fait partie des différences culturelles, on est incapables de s’expliquer cette manière de faire qui serait totalement impensable chez nous! Enfin, on a pris notre bus vers notre dernier arrêt avant notre retour à Santiago : Mendoza !

On déguste du vin dans la prochaine entrée ! À bientôt !





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