4 villes pour le prix d’un ! Si c’est pas
un deal ça !
Bon c’est François qui continue le récit de
notre épopée en Argentine ! On est arrivés à Cordoba tôt le matin, et
c’est les yeux bouffis de sommeil qu’on s’est dirigés vers un café du coin de
la gare pour déjeuner. C’est là qu’on a fait connaissance avec les
« criollos », de genre de petits pains feuilletés secs et sans goût
qui semblent plutôt communs dans ce coin-là d’Argentine… C’est définitivement
un goût acquis mettons ! Au moins les medialunas (croissants) étaient
bonnes… Ensuite, on s’est dirigés vers le centre et l’auberge de jeunesse qu’on
avait spottée dans le Lonely Planet. Notre premier aperçu de Cordoba, la
seconde ville en importance du pays, ne nous a pas laissé une impression
indélébile, peut-être parce que les dudes un peu colons qui partageaient
l’arrière du bus BA-Cordoba avec nous nous avaient dit que « Cordoba est
une ville lindissima (particulièrement magnifique)!!» et qu’on
s’attendait à trop ! Disons qu’on était un peu sceptiques haha ! Bon,
Cordoba, c’est pas laid, ça a son charme mais c’est pas Buenos Aires, quand
même !
Parfois, dans la vie, on tombe sur des navets
ou des citrons, selon la situation. Malheureusement, ça vaut aussi pour les
hostels… L’endroit était pourtant (chaudement) recommandé par le guide de
voyage. Ok, l’endroit était loin d’être le pire qu’on ait jamais fait, et avait
du potentiel, mais disons qu’il y avait un grand laisser-aller… Les gars de la
réception étaient lents, amorphes et évachés en permanence dans leurs canapés devant
la télé toute la journée, et l’endroit en général était sale et poussiéreux… Et
pour une auberge de jeunesse, il n’y avait zéro ambiance. Et on se souvient que
c’est habituellement ça qui fait le charme d’une auberge de jeunesse. Le fait
qu’on soit genre 2 à dormir là-bas n’a pas aidé, mais quand même… Bref, c’était
moyen mettons ! Mémé a fait un peu de lavage et s’est obstinée avec une
madame qui fumait dans la cuisine, puis, comme il était déjà midi, on est
partis à la recherche d’un resto pour manger. Nos narines ont immédiatement
rencontré une alléchante odeur de pizza alors qu’on passait sur la rue, et on
s’est engouffrés dans une place vraiment informelle où des cuisiniers
s’affairaient à faire cuire des pizzas pour leur très nombreuse et bruyante
clientèle ! L’atmosphère et le décor était davantage ceux d’un genre de
garage que d’un resto, mais c’était vraiment excellent !
Bien pleins, on a commencé par visiter les
artères piétonnières et commerçantes du centre-ville, très animées. On a fini
par déboucher sur la place centrale, où nous accueillaient la magnifique
cathédrale de même qu’une vieille mission jésuite. Ces deux vieux bâtiments
cachaient les rues étroites datant de l’époque coloniale, qui contrastaient
avec les édifices et les rues modernes qu’on trouvait à proximité. Le Lonely
Planet définit Cordoba comme étant « a fascinating mix of old and
new », et c’est quand même vrai… Après avoir exploré la cathédrale, on a
marché vers le terminal de minibus pour s’informer des départs vers les
villages d’Alta Gracia, de Villa General Belgrano et de La Cumbrecita, où on
comptait aller dans les prochains jours. Une fois bien renseignés, on a erré
dans les vieilles rues coloniales. Le reste de l’après-midi fut bien
agréable !
Pour souper, on a avisé un endroit cheap qui
s’est finalement révélé plutôt dégueu (pas de chance, décidément), et c’est le
ventre balloné qu’on s’est couchés !
Le lendemain, on s’était levés plutôt tôt pour
aller prendre un bus vers Villa General Belgrano, d’où on transiterait vers La
Cumbrecita. À la gare, c’était vraiment pas clair l’endroit où on devait
attendre : devant l’entrée piétonnière principale et non sur les quais
d’embarquement ? On s’est fait rassurer par des Argentins que c’était bien
la bonne place, tout en se faisant également dévisager par des Allemands à
l’air bizarre. Puis, le bus est finalement arrivé. En sortant de Cordoba, le
paysage plat et monotone a éventuellement fait place à de petites
montagnes : la Sierra de Cordoba, un genre d’avant-goût des Andes en plein
milieu de l’Argentine. Rapidement, le panorama s’est agrémenté de montagnes
verdoyantes, de forêts de conifères (oui, de conifères !) et de quelques
jolis lacs. Après 2 heures de route, on a débarqué dans la petite ville de
Villa General Belgrano. Comme l’atmosphère de campagne nous plaisait, on s’est
dit qu’on pourrait peut-être dormir ici quand on a vu un panonceau indiquant le
chemin à suivre vers une auberge de jeunesse. La balade pour s’y rendre fut
bien agréable puisque ça impliquait de suivre des chemins de terre peu
fréquentés dans l’arrière-pays, mais malheureusement l’endroit, une vieille
ferme, était déjà plein… Pour se faire pardonner, le chien des proprios nous a
adopté et nous a escorté jusqu’au parc qui jouxtait la gare. Là, on a fait un
arrêt obligé parce que l’enfant de 8 ans qui sommeillait en Mémé s’est
brusquement réveillé et a exigé qu’on prenne du temps pour essayer les
tyroliennes ! On a eu bien du plaisir en tout cas !
Il était une heure et on avait faim, alors on
a décidé de s’arrêter manger à Villa General Belgrano avant de continuer notre
périple en bus vers La Cumbrecita, notre destination finale. Villa General
Belgrano est un village fondé à l’origine par des immigrants allemands. Un ami
argentin nous avait confié que bien des Allemands fuyant leur pays dévasté (ou
fuyant peut-être la justice internationale, selon le cas…) s’y sont installés
suite à la Seconde guerre mondiale. Quoiqu’il en soit, un monument situé un peu
en dehors de la rue principale de la ville honore la mémoire des combattants
allemands morts durant ce conflit… Ce qui est certain, en tout cas, c’est que
le caractère bien allemand du petit village est demeuré. Néanmoins, on voit
tout de suite que c’est pas mal touristique comme endroit, même si le tourisme
visé est clairement argentin ! Le village en soi n’est pas
extraordinairement beau, et les façades architecturales allemandes
apparaissent, justement, comme des façades un peu artificielles. Cela dit,
déambuler dans la rue principale n’est pas désagréable, et où d’autre en
Argentine pouvez-vous manger une choucroute accompagnée d’une bière de
microbrasserie dans un authentique (!) Biergarten bavarois ? Servis par
une serveuse en habit tyrolien traditionnel, notre dîner là-bas a été
délicieux, et la bière (qu’ils brassaient eux-mêmes) était aussi très
bonne ! La décoration de la brasserie était tellement allemande que c’en
était presque trop, mais c’était un bien bel arrêt ! Par la suite, on a
marché dans le village, en croisant les Allemands bizarres de Cordoba attablés
à la terrasse du même resto d’où on sortait. Puis, on est revenus à la gare
prendre notre bus vers La Cumbrecita, en faisant la journée de notre chauffeur
en payant les 64,50 pesos demandés en monnaie exacte. C’est qu’en Argentine,
les petites coupures (les billets de 2, 5, 10 et 20 pesos, soient
respectivement 0,20$, 0,50$, 1$ et 2$) sont plutôt complexes à obtenir, alors
que le petit change (les pièces de 0,25, 0,50, 1 et 2 pesos, soient
respectivement 0,025$, 0,05$, 0,10$ et 0,20$) sont rarissimes. Alors, bonne
chance pour avoir du change pour un billet de 50 ou 100 pesos, les billets que
te donnent pourtant d’office les guichets automatiques… Conclusion ? En
Argentine, n’utilisez vos petites coupures et votre petit change qu’en cas de
réelle nécessité, comme dans les bus où les chauffeurs n’ont habituellement
jamais de change ! Et payez en gros billets dans les supermarchés et
autres grandes surfaces, où les caisses risquent davantage d’avoir du change
(même si ce n’est vrai qu’une fois sur 2 !)
La route vers La Cumbrecita, dans les
montagnes de la Sierra, était magnifique, et en arrivant dans la petite vallée
où est sis le village, on a vraiment l’impression d’arriver dans un endroit
perdu au bout de la route. En effet, à partir du minuscule terminal de bus,
aucune voiture ne peut pénétrer dans le village de La Cumbrecita, piétonnier
dans son entièreté (du moins de jour). On a tout de suite été charmés par ce
petit bled qui, s’il figure clairement sur le radar des touristes argentins, ne
semble absolument pas être connu des touristes étrangers. Avec les collines et
les forêts de conifères et de chênes autour, les petites rivières serpentant
dans la vallée, les rues de terre battue exemptes de voitures et l’architecture
de chalets suisses définissant le village, l’endroit était bien plus beau,
moins touristique et bien plus relax que ses équivalents de Gramado et Villa
General Belgrano !
Le Lonely Planet conseillait un joli petit
chalet suisse à l’entrée du village comme étant l’un des meilleurs endroits
budget où dormir dans la région (not bad !). En cognant, on a été
accueillis par une vieille madame trop cute avec de grosses lunettes qui devait
mesurer au maximum 5 pieds et qui était trop contente de nous jaser ! Elle
nous a fait visiter deux chambres vraiment belles, mais bon c’était un peu plus
cher que nos moyens… Mais elle avait plus d’un tour dans son sac :
-
Nous, avec un gros sourire gentil un
peu gêné : C’est super beau, mais c’est peut-être un peu cher pour nous…
-
Vieille madame cute (en
allemand) : Parlez-vous allemand ?
-
Moi, surpris (en allemand) :
Oui, un peu !
-
Vieille madame cute toute contente
(dans un mix d’allemand et d’espagnol) : Moi aussi, mais j’ai un peu
oublié… Ok, je vous fais donc la chambre à 200 pesos (20$) au lieu de 300 pesos
(30$) ! Mais chuuuut !
-
Nous : hahaha wow
merci !
Bref, tout ça pour dire que même après être
allés voir à l’auberge de jeunesse du coin (où j’ai manqué de perdre une jambe
au profit du molosse qui gardait les lieux), à ce prix-là le meilleur deal
revenait de dormir chez notre gentille madame germanophile ! Inutile de
vous dire qu’elle était vraiment contente (surtout que son registre de
visiteurs indiquait qu’elle n’avait pas eu de clients depuis une semaine et
demie…) et qu’elle nous a laissé en nous disant que ça lui faisait vraiment
plaisir de voir des jeunes gens comme nous aussi heureux haha ! Après cet
épisode, on a cherché un endroit où manger, ce qui n’a pas été super facile vu
que La Cumbrecita, c’est petit ! On avait mangé un excellent alfajor
maison dans un petit kiosque plus tôt en marchant dans le village, et on avait
avisé un resto suisse qui avait l’air excellent, mais c’était fermé. Après une
recherche exhaustive, on s’est donc rabattus sur le snack « Pancho
peatonal » (« Hot dog piétonnier ? ») où on a eu droit à
des pâtes dont la sauce au goût et à la présentation approximatifs aurait
horrifié tout descendant d’Italien ! Dans un pays où les pâtes sont reines
en plus, quel affront ! Mais bon, entre ça et un gros hamburger…
On a dormi divinement dans notre belle chambre
et dans l’air frais des montagnes (une bénédiction en comparaison avec les
grandes villes chaudes d’Argentine). Au matin, on a salué notre madame de
l’hôtel, qui nous a béni et nous a dit qu’elle nous trouvait beaux, puis on est
allés s’acheter à déjeuner à la boulangerie tout près. Une fois nos croissants
avalés, on est partis faire ce qui nous amenait à La Cumbrecita : marcher !
Même si le soleil était bien fort, ça nous faisait tout drôle d’être de retour
dans un climat tempéré, avec une végétation comme la nôtre, après quelques mois
de jungle étouffantes ou de déserts arides ! On a donc marché dans les
alentours du village. Notre premier arrêt fut un bassin naturel créé entre les
rochers au pied d’une cascade de l’une des petites rivières du coin. L’endroit
était bien sympa, avec ses gros pins qui surplombaient le « swimming
spot », les milliers de truites qui pullulaient dans l’eau limpide et les
enfants qui s’amusaient à plonger du haut des rochers ! Puis, on a suivi
la rivière et ses grandes pierres plates vers un autre bassin. Ensuite, j’ai
convaincu Mémé de faire l’ascension avec moi du Cerro Wank, la petite montagne la
plus haute des environs. Au début, le sentier était très bien balisé, mais il
le devenait de moins en moins au fur et à mesure qu’on montait… Après s’être
perdus quelques fois (et après quelques chialages de la part de Mémé), on est
finalement parvenus au sommet. Les sommets pierreux couverts d’herbe des
environs nous rappelaient beaucoup les paysages de notre randonnée à cheval au
Kirghizstan ! En redescendant, on s’est à nouveau perdus (mais solidement,
cette fois, en pleine forêt !) mais on s’en est finalement sortis sans
encombres. Notre dernière randonnée de la journée fut d’aller voir une petite
cascade au bout d’un court sentier.
En revenant au village, il devait bien être
15h et on mourrait de faim. On s’est donc arrêtés dans un petit resto où on a
mangé d’excellents raviolis. Ensuite, on a encore marché dans les petits
chemins ceinturant le village, visitant au passage la petite chapelle blottie
entre d’immenses pins. Quand on y pense, c’est fou que tout le village soit en
fait un ancien domaine privé. En fait, dans les années 1930, un riche Allemand
de Buenos Aires a acheté tout le territoire de La Cumbrecita pour s’en faire un
camp d’été. Éventuellement, un village s’y est développé, donnant naissance à
La Cumbrecita telle qu’elle est aujourd’hui.
Enfin, après s’être reposés un certain temps,
on s’est lentement dirigés vers la gare. On voulait prendre le bus de 17h vers
Villa General Belgrano, d’où on prendre un bus à 18h pour Cordoba. On estimait
donc être de retour à 20h à Cordoba. Sauf que le destin avait autre chose en
stock pour nous ! En arrivant à la gare, l’employé nous a dit qu’il n’y
avait pas de bus qui circulaient aujourd’hui parce que les chauffeurs faisaient
la grève ! « Ça se peut que ça continue ou que ça arrête demain, ça
dépend. Je pense que c’est tous les transports de la province qui sont
paralysés, mais je suis pas sûr », nous a utilement confié l’employé. En
Argentine (et en Amérique latine en général), personne ne sait vraiment ce qui
se passe et en conséquence personne n’est jamais capable de nous donner une
réponse précise ! Bon, résumons : nous sommes à La Cumbrecita, un
village minuscule à 3h de Cordoba, où on a laissé toutes nos affaires sauf un
petit sac avec 2 jours de linge qu’on a avec nous. Plus grave : on a aussi
laissé l’essentiel de notre argent, de même que toutes nos cartes de débit +
crédit à Cordoba. Conclusion : s’il faut dormir à La Cumbrecita une autre
nuit, on va être très justes financièrement pour manger et revenir le
lendemain !! On était donc pas trop contents. « Peut-être que les bus ne
sont pas en grève à Villa General Belgrano » nous a souligné la madame de
l’info touristique… Qui sait, en effet ? Ça valait le coup
d’essayer ! Mais comment se rendre ? « Faites du
pouce ! » Ah, euh… ok. On a donc arrêté les voitures qui partaient de
La Cumbrecita pour leur demander si elles pourraient nous prendre. Finalement,
on a eu un lift dans la camionnette d’un livreur d’olives ! Le gars était
trop gentil, on a jasé tout le long et il nous a même laissés directement à la
gare de bus de Villa General Belgrano ! « Attendez je vais vous
laisser quelques olives en cadeau » nous a-t-il dit en nous remettant un
pot d’un kilo d’olives et en renversant des olives sur le trottoir en ouvrant
la porte de la fourgonnette (« pas grave, pas grave » !). Un
kilo !! On l’a salué
chaleureusement puis on est partis. Y’a tellement du monde fin sur cette
planète !
À Villa General Belgrano, il n’y avait pas de
bus non plus, et la perspective de faire du pouce de nuit vers Cordoba ne nous
enchantait pas. On s’est donc dits qu’on dormirait sur place, en priant fort
pour que la grève prenne fin le lendemain. Après être passés à l’info
touristique où des employées trop gentilles nous ont conseillé un
« residencial » (hotel cheap) pour dormir, on s’est empressés de s’y
installer avant de skyper un bon moment avec ma famille pour la fête de ma
grand-mère. Comme on avait dîné tard et (surtout) puisque nos finances ne nous
permettaient pas de manger au resto, on a soupé uniquement des olives qu’on
avait reçues en cadeau plus tôt dans la journée !
Heureusement, le lendemain, les transports
public fonctionnaient ! Après l’achat des billets de bus et d’un (modeste)
déjeuner, on s’est rendu compte qu’on aurait probablement suffisamment d’argent
pour s’arrêter au village d’Alta Gracia avant de revenir à Cordoba. Alta Gracia
est une petite ville sise au pied des montagnes de la Sierra de Cordoba. Ce
n’est pas un endroit extraordinaire ni pour autant déplaisant : vous allez
visiter des endroits bien pires en voyages, et aussi des bien mieux. C’est un
peu comme si vous visitiez Ste-Thérèse au Québec : c’est pas laid,
certains coins sont même coquets, mais il y a peu de raisons touristiques de
s’y arrêter longtemps ! Il y a 2 raisons étonnement opposées qui amènent
le visiteur à s’arrêter dans cet endroit autrement bien ordinaire : la
vieille mission jésuite à l’origine du village et… la maison de Che
Guevara !
On a d’abord visité la mission, située face à
la place centrale. En Argentine, mais aussi au Paraguay, en Bolivie et dans le
sud du Brésil, les Jésuites avaient établi, dès le début de la colonie, de
petits centres dans les régions reculées où ils avaient pour objectif
d’évangéliser les autochtones. Sauf que les Jésuites étaient plutôt progressifs
pour l’époque. Alors que d’autres communautés religieuses convertissaient les
autochtones en les obligeant à renier leur culture, les Jésuites permirent plus
souvent qu’autrement à cette culture indigène de s’épanouir, à condition qu’ils
deviennent néanmoins catholiques. Rapidement, il ne s’agit plus seulement
d’évangéliser, mais aussi de transmettre aux autochtones une multitude de
savoir dans le domaine des arts, de la métallurgie, des techniques agricoles,
etc. Les missions, notamment celles du nord de l’Argentine et du Paraguay, se
transformèrent ainsi en des bastions où la culture autochtone, mélangée à la
culture hispanique et à la foi catholique, florissait alors qu’elle mourrait
ailleurs. L’héritage culturel du peuple Guarani, par exemple, a été conservé en
partie par l’action des missions jésuites. En plus, le caractère religieux des
missions protégeait les autochtones qui y vivaient des raids perpétrés par des
armées d’esclavagistes du sud du Brésil, qui cherchaient à capturer des
indigènes pour en faire des esclaves pour leurs plantations. Néanmoins, la
vision jésuite de leur mission d’évangélisation finit par agacer les rois
d’Espagne et du Portugal, qui les ont ensuite expulsés de leurs colonies
américaines. C’est cette partie-là que raconte le film The Mission, pour ceux
qui l’ont vu…
Bref, la mission jésuite d’Alta Gracia était
bien, en en connaissant l’importance historique pour l’Argentine, mais c’était
autrement plutôt sobre comme endroit. Ensuite, on a mangé des olives en face de
l’étang du centre de la ville avant de traverser quelques rues en direction de
la maison du Che, autre monument de l’histoire nationale. « Revenez dans
une demie-heure ! » nous ont dit les employés du musée qui partaient
inexplicablement en pause de 14h30 à 15h chaque jour ! Après avoir erré
dans les rues adjacentes au musée, on est finalement entrés. L’intérieur
détaillait la vie du Che qui, vous le savez sûrement, a passé son enfance et
son adolescence en Argentine, dans la maison familiale d’Alta Gracia. On
s’attendrait à ce que le Che ait grandi dans un quartier ouvrier en raison de
ses convictions, mais non, le quartier très résidentiel où se trouve la maison
rappelle n’importe quelle banlieue anonyme de classe moyenne… L’exposition
était bien intéressante : on y trouvait notamment la moto du Che, avec
laquelle il a entrepris de traverser l’Argentine puis l’Amérique du Sud avec un
ami (vous pouvez revivre cette épopée en écoutant le film Motorcycle Diaries).
C’est ce voyage initiatique qui aurait ouvert les yeux de l’étudiant en
médecine sur le sort des plus démunis et l’aurait convaincu de consacrer sa vie
au communisme révolutionnaire (ça et sa rencontre avec Castro quelques années
plus tard). Justement, on trouvait aussi de nombreuses photos de la visite de
Fidel Castro et de Hugo Chavez il y a quelques années ! Bref, une bien
belle visite !
On a ensuite pris le bus pour revenir à
Cordoba. Une fois arrivés, on a réussi à trouver assez d’argent pour s’acheter
des empanadas parce qu’on n’avait pas encore dîné ! Puis, on a marché vers
la place centrale pour tenter d’aller visiter le musée local consacré aux abus
réalisé lors de la dictature argentine. « Ah, c’est fermé aujourd’hui, on
est en grève ! » En grève ? Quel impact peut bien avoir la grève
des employés d’un tout petit musée ? En tout cas… Mais bon, ça s’inscrit
dans le cadre des grèves d’à peu près tout le monde présentement en Argentine.
Une semaine avant qu’on arrive, les policiers de Cordoba ont fait la grève en
cessant leur patrouille pour une journée. Résultat : ça a été le chaos,
des pillards ont dévalisé les magasins alors que les commerçants s’improvisaient
vigiles pour défendre leurs magasins ! Il y a eu des morts et des
blessés ! En cause : le fait que l’inflation augmente constamment en
Argentine, mais que les salaires des employés de l’État/des provinces/des
villes ne suit pas du tout cette hausse effrénée…
On a ensuite tenté de trouver des changeurs au
noir pour changer nos dollars en pesos. Pas facile ici d’en trouver : ils
ne crient pas dans la rue comme à Buenos Aires ! Mais on a vite compris
l’astuce : il faut aller demander dans les bureaux miteux qui affichent
« on achète de l’or, de l’argent » ! Après avoir eu une bonne
idée des taux, on est revenus à l’hostel où on a retrouvé nos affaires et
surtout, notre réserve d’argent ! Ouf , on n’avait pas vraiment
confiance de le laisser aux employés de l’hostel! On a finalement échangé de
l’argent à l’hostel parce que le gars nous faisait le même taux et que ça reste
plus safe que de le faire dans la rue… Et ce, malgré l’antipathie que nous
inspirait le gars de l’hostel ! Finalement, on a marché vers la gare, en
se prenant un McFlurry au passage (re-MIAM) ! À la gare, on a patienté 2
heures en écrivant le blog dans un café alors qu’un des clients croyait bon
faire profiter à tout le monde de sa musique pop que crachaient les
haut-parleurs de son ordi… Ça, vraiment, ça fait partie des différences
culturelles, on est incapables de s’expliquer cette manière de faire qui
serait totalement impensable chez nous! Enfin, on a pris notre bus vers notre
dernier arrêt avant notre retour à Santiago : Mendoza !
On déguste du vin dans la prochaine
entrée ! À bientôt !
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