lundi 16 décembre 2013

Punta del Diablo

Hola! Ici François!

Vers 6h30 du matin, dans le bus, je me suis fait longuement secouer par quelqu'un qui voulait vraiment me tirer de mon sommeil. J'étais convaincu que c'était Mémé et j'étais déjà prêt à lui faire une face bête du genre "quoi, qu'est-ce que tu veux?"... quand j'ai ouvert les yeux pour apercevoir notre tripulante qui devait bien tenter de me réveiller depuis 2 minutes pour me dire qu'on approchait de San Carlos et me demander si on voulait un déjeûner! J'ai laissé Mémé dormir comme un loir jusqu'à l'arrivée de notre déjeûner (alfajores, craquelins et café), et c'est à ce moment que François Lagaffe s'est réveillé en moi et a réussi à renverser un verre de boisson gazeuse semi-plein par terre et sur les souliers d'un monsieur à côté de nous... En fait, il y avait genre une goutte qui avait sali le soulier (que j'ai nettoyé): le monsieur ne semblait pas vraiment s'en préoccuper outre mesure, mais sa femme, une espèce de mégère, semblait vraiment capoter... En tout cas, reste tout de même que tenter de mettre un verre de café dans un porte-gobelet déjà occupé par un verre de boisson gazeuse dans un bus qui bouge, ce n'était peut-être pas la meilleure idée... En déjeûnant, on a constaté que l'environnement avait changé: au lieu des grandes plaines caractérisant les alentours de Porto Alegre, on voyait à présent des paysages vallonneux de grands champs entrecoupés de troupeaux de vaches et de bosquets d'eucalyptus. Je suis allé en Uruguay en 2006, soit presque 8 ans plus tôt, et c'est de ce type de joli paysage rural que je me souvenais en ce qui concerne l'arrière-pays!

Peu de temps après, on est arrivés à San Carlos, cette petite ville uruguayenne que n'indiquait aucune des cartes que nous avions. En débarquant du terminal, nous n'avions qu'un seul but: trouver un guichet automatique pour nous renflouer en pesos uruguayens, le seul but de notre visite ici. Ça s'est fait très facilement et on s'est dit qu'on irait s'acheter un fruit pour compléter notre peu nutritif déjeûner. Quand on a voulu payer avec notre billet de 1000 pesos (la seule chose qu'on avait) nos fruits à 10 pesos au total, la dame a préféré nous les offrir plutôt que s'arracher les cheveux à trouver du change! On a ensuite déjeûné tranquillement sur la jolie place centrale pleine d'arbres. Ça paraissait qu'on était plus au sud ici, à la fin du printemps: les matins étaient bien plus frisquets qu'au Brésil! San Carlos était une bourgade de province plutôt plaisante au final, mais, hormis voir la place centrale, il n'y a strictement rien à y faire pour un touriste. Par contre, notre arrêt obligé là-bas nous a permis d'avoir un premier aperçu de la vie quotidienne en Uruguay, et notamment du maté. Pour ceux qui ne connaissent pas, la yerba maté (prononcez "cherba maté") est une plante poussant au Paraguay, en Uruguay, au nord de l'Argentine et au sud du Brésil. Les Argentins, les Uruguayens, les Paraguayens et les Brésiliens de l'extrême-sud du pays la consomment en quantité phénoménale. L'herbe est infusée à la manière d'un thé, mais la manière de boire ce genre de tisane diffère complètement. En effet, on prépare un maté en bourrant d'herbe un petit récipient (souvent une moitié évidée de petite courge, ou un genre de bol en bois) appelé également maté, on y ajoute de l'eau chaude puis on aspire le liquide amer à l'aide d'une genre de paille de métal appelée bombilla (prononcez "bombicha"). Le buveur boit tout le liquide contenu dans le maté, puis recommence le processus ad nauseam. Souvent, boire du maté est un rituel social: entre amis ou collègues, par exemple, tout le monde boit en se passant le maté à tour de rôle, tout en jasant. Les Uruguayens seraient les plus grands consommateurs au monde de cette boisson typique, et ils en boivent en effet partout: dans la rue, dans les parcs, sous le porche de leur maison, dans la voiture...  Il est ainsi très fréquent de voir des Uruguayens se balader sur la rue en sirotant leur maté, thermos d'eau chaude sous le bras! Sinon, l'autre aspect qu'on remarque immédiatement en arrivant en Uruguay, c'est l'accent. Les Uruguayens et les Argentins parlent un espagnol très différent du reste de l'Amérique latine, qu'on appelle l'espagnol rioplatense ("du rio de la Plata", qui sépare l'Uruguay de l'Argentine). La principale caractéristique de cet espagnol particulier est de transformer tous les "y" et les "ll" en "ch". Ainsi, ce n'est plus "yo me llamo François" mais "cho me chamo François"! La "lluvia" (la pluie) devient la "chuvia", la "llave" (la clé) devient la "chave", etc... Et ici, pour apostropher quelqu'un, on ne dit pas "hey!" mais bien "che!"! C'est d'ailleurs parce qu'il parlait un espagnol si différent de ses compatriotes révolutionnaires cubains qu'Ernesto Guevara, originaire d'Argentine, s'est mérité le surnom de Che Guevara!

En revenant au terminal, on s'est rembarqués pour un deux heures de bus en direction de la station balnéaire de Punta del Diablo, en s'arrêtant en chemin dans quelques mignonnes villes de campagne. Enfin, on est arrivés à Punta del Diablo. En débarquant, on n'avait strictement aucune idée de l'endroit où on dormirait, et on a donc suivi un gars qui voulait nous montrer son hostel, même si on abhorre ce type de pratique habituellement... Il faut dire qu'on était en basse saison et que de nombreuses auberges étaient fermées... Finalement,  comme c'était plutôt bien, on a décidé d'y rester.  Comme on n'avait pas pris de douche depuis Florianopolis, ça a été une de nos premières actions! On a ensuite jasé un peu avec un Américain qui était ingénieur à Miami et dont l'horaire (et le salaire) lui permettait de voyager souvent mais pas longtemps. Il avait été ainsi plein de fois un peu partout en Amérique du Sud, mais jamais pour bien plus d'une semaine... Quand même pas mal!

Punta del diablo est un drôle d'endroit. Ce n'est pas vraiment un village, mais plutôt des dizaines de cabanes, d'hostels et de chalets faisant face à la mer. Les rues sont en terre battue et il y a définitivement une atmosphère de party-de-plage-hippie qui flotte dans l'air. La plage en soi face au village n'est pas si extraordinaire (surtout après les plages du sud du Brésil): elle est plutôt petite et limitée par des dunes et des rochers. En outre, la couleur de l'eau rappelle l'Amazone... C'est qu'ici, on est tout près de l'embouchure du Rio de la Plata, une immense rivière qui prend sa source dans la jungle et qui charrie aussi des tonnes de sédiments... En somme, Punta del diablo n'est pas un endroit moche pour autant, c'est même sympathique et très relax et tout, mais c'est juste peut-être pas tout à fait notre genre de plage... Comme il n'y avait pas vraiment de restos ouverts pour dîner, on a plutôt acheté du pain et du fromage qu'on a mangé sur la plage. Il avait beau faire gros soleil, la plage était balayée par un vent bien frisquet! Il faut dire qu'on était encore au printemps, et qu'il fait apparemment bien plus chaud en été! Cette brise froide a été le coup de grâce pour Mémé, qui n'avait déjà pas beaucoup aimé l'atmosphère de Punta del Diablo... Heureusement, ça a changé quand on a trouvé une petite plage dans les dunes, entre 2 rochers, où on était protégés du vent! On restés là pendant une bonne partie de l'après-midi, à vedger au soleil (et à me re-faire battre plusieurs fois aux dames). Après un certain temps, on s'est mis à marcher à travers les dunes. On s'est ensuite retrouvés sur une longue plage quasiment déserte (et bien plus belle que celle faisant face à Punta del diablo), qui faisait partie d'un parc national tout proche, et sur laquelle on a marché pendant au moins 2 heures jusqu'à un petit promontoire où on avait une très belle vue des alentours. On est revenus à la noirceur à l'hostel, en se disant qu'il devait être 18-19h... alors qu'il était plutôt 21h! En Uruguay, l'été, le soleil se couche à 21h! On a pas encore compris comment ça se fait, parce qu'il se lève aussi très tôt... Quelqu'un a une explication?

En tout cas, comme on n'avait pas envie de chercher des heures un improbable resto ouvert, on s'est plutôt préparés de la soupe en sachet (miam miam!). Il y avait un party dans l'hostel ce soir-là (avec Dj Papy aux commandes haha), alors je suis resté debout en profiter un peu, alors que pour sa part Mémé était allée se coucher.

Le lendemain matin, on s'est levés tard, on a déjeuné lentement puis on a marché un peu le long du bord de mer dans le village. On est revenus chercher nos sacs avant d'aller manger un sandwich-milanesa dans un petit stand près de l'arrêt de bus. Les proprios étaient des Français (!) qui étaient des restaurateurs dans un village du sud de la France. Comme durant l'hiver là-bas ils n'avaient presque pas de clients, ils avaient décidés de passer 6 mois par année à Punta del diablo pour profiter de l'été austral tout en continuant de se faire des profits! Brillant non? En attendant le bus, on a jasé un bout avec 2 Irlandaises que j'avais connu la veille, de même qu'avec 2 Allemandes avec qui on prenait le bus pour Montevideo. Le trajet de bus en soi s'est fait rondement, à travers les jolies collines de l'arrière-pays!

À bientôt!

3 commentaires:

  1. Ça fait drôle de penser que lorsqu'on parle du Che, on parle en fait du Hey, ou du Heille-la-la, selon notre coin d'origine!

    RépondreSupprimer
  2. Plus on est près de l'équateur, moins la durée du jour varie au cours de l'année. À Montréal (46 degrés nord), le jour le plus court est d'environ 8h40, et le plus long 15h40. À Punta del Diablo (34 degrés sud), les extrêmes devraient être moins éloignés. Si le soleil s'y couche à 21h en été (comparé à 20h45 à Montréal), c'est qu'il se lève plus tard qu'à Montréal. Aussi,l'heure du fuseau horaire de Punta del Diablo avance sans doute plus que celle de Montréal sur l'heure solaire.

    RépondreSupprimer
  3. Votre cp est arrivée d'Uruguay aujourd'hui! À bientôt
    K

    RépondreSupprimer