jeudi 26 décembre 2013

Buenos Aires, partie II

Hola, que tal ?

Après avoir laissé Julia en descendant de l’autobus, on a marché vers l’appartement de Sergio, un ami qu’on avait rencontré alors qu’il était en échange l’an dernier à l’Université Laval. Sergio habite à l’extrémité du quartier un peu distant de Caballitos (prononcez « Cabachitos », oui, ça sonne mal, en tout cas…). Son quartier est un peu moins joli que le magnifique centre de la ville où habitait Julia, même si ça demeure bien sympa comme endroit. En fait, ça ressemble davantage à un quartier d’une grande ville sud-américaine du genre Santiago, avec son mélange d’architectures anciennes et modernes ! On a jasé un bon moment en arrivant chez Sergio, qui vit dans un superbe appart moderne ! Il fallait cependant partir relativement vite, parce qu’on allait voir un spectacle de cirque le soir-même avec Rocio !

Sergio nous a accompagné jusqu’au parc jouxtant l’arrêt de bus puis on a fait un bien long trajet de bus public jusqu’à la salle de spectacle. Buenos Aires a un bon système de métro, mais leur politique de transports en commun est un peu bizarre : les bus coûtent deux fois moins que les métros ! Tout le monde prend donc le bus, ce qui n’est pas très brillant pour désengorger les rues… En tout cas… Sur place, on est arrivés juste à temps pour le début du spectacle. Je portais mon chandail « I Love Su » (pour « I love Surinam ») et le bouncer a vraiment trippé dessus en me disant « Bienvenue, Surinamiens ! » Le spectacle en tant que tel était exceptionnel ! Ne manquez pas d’y aller si vous passez par BA, ça s’appelle « Fuerza bruta » et c’est un 14$ bien investi ! Comment vous le décrire ? D’abord, il n’y a pas vraiment de scène : ça se passe autant en haut des spectateurs qu’en plein milieu d’eux ! Les acteurs courent sur les murs, nagent dans une piscine suspendue, volent au-dessus des spectateurs… C’est vraiment une immersion dans un monde complètement sauté, et on ne s’est pas ennuyé une seconde !

En sortant, on a perdu de vue Rocio et sa famille (partis un peu plus tôt finalement) et comme on n’avait pas mangé et qu’il était 22h, on a avisé un petit resto en face du théâtre où on s’est régalés d’excellents ñoquis. On est ensuite revenus chez Sergio, où on a jasé un bout avec un de ses amis qu’il avait invité.

Aparté sur les Porteños (le surnom qu’on donne aux habitants de BA, parce que Buenos Aires est un port) : ils sont connus dans toute l’Amérique du Sud comme étant les plus fiers des Argentins (au même titre que les Parisiens pour la France). On les décrit aussi généralement comme étant désagréables, ce avec quoi on est loin d’être d’accord, au contraire! Surtout en comparaison avec les Parisiens!! Par contre, pour la fierté patriotique, la réputation est bien méritée… L’Uruguay? C’est une province argentine. Le Chili? Un voisin ennuyant. Les Falklands? D’abord, on ne parle pas des Falklands, mais bien des Malvinas (« Malouines »), et ensuite, las Malvinas eran, son y seran siempre argentinaaaaaas! Bref, il y a un gros orgueil national chez les Porteños !

Ce qui m’amène à vous parler un peu de la question très épineuse des Malvinas/Falklands. L’Argentine et le Royaume-Uni se disputent âprement cet archipel d’îles situé au large de la Patagonie depuis maintenant 2 siècles. Bien que le Royaume-Uni contrôle effectivement le territoire depuis longtemps, et malgré une guerre catastrophique pour les Argentins en 1982 visant à reprendre ce qu’ils considèrent comme leurs îles, l’Argentine n’en démord pas : les Malvinas font partie intégrale de l’Argentine. Et c’est peut-être la question politique qui unit le plus le pays : quelque 90% des Argentins partagent l’opinion selon laquelle le fait que le Royaume-Uni possède les îles est une aberration. Naturellement, le fait qu’il y ait potentiellement du pétrole sous les îles n’est pas étranger à cette revendication obstinée… En tout cas, c’est quand même drôle de voir des rues « Malvinas argentinas » dans Buenos Aires, et de croiser des bus de la compagnie « Malvinas argentinas » !

Le lendemain, on s’est levés bien tard et j’ai été nous chercher des croissants et des fruits pour le déjeuner. Après un Skype avec ma mère et ma sœur, on a pris le bus vers la place de Mai et la Casa Rosada, le siège du gouvernement argentin. En chemin, on passait tout près du Congrès, qui est décidément un édifice magnifique ! On est retournés dans San Telmo pour diner dans un petit resto italien où on a mangé d’excellentes pâtes. Puis, on est partis vers La Boca. La Boca est l’un des quartiers les plus emblématiques de BA. Néanmoins, c’est aussi l’un des quartiers pas trop safes de BA : à titre d’exemple, Julia s’y est fait détrousser, revolver sur la tempe, alors qu’elle s’y baladait avec un ami… Bon, elle n’était pas vraiment dans le coin touristique, mais pareil… Bref, on s’était dit qu’on ferait attention ! On s’était donc arrangés pour prendre un autobus qui nous laissait directement dans le coin touristique. Malheureusement, ça a un peu échoué, et le bus nous a plutôt laissé dans un endroit assez glauque en face de la rivière marquant la fin du quartier de La Boca. Mémé trippait vraiment moyen mettons, mais j’ai finalement réussi à la persuader de marcher vers le coin touristique (bon ok, le fait qu’on ait demandé à un policier si c’était safe et qu’il ait répondu par l’affirmative a aussi clairement aidé). Dans l’angle où on était, on avait vraiment l’impression d’être loin du coin touristique, mais en traversant la rue on a vite constaté que c’était au prochain coin de rue ! Bref, on s’en est fait pour rien haha !

La Boca, c’est un quartier ouvrier situé tout près du port de BA. Il doit sa renommée au fait que c’est dans ce quartier mal famé, au détour des rues étroites et des bâtiments de bois colorés, que serait né le tango. Les habitants peu argentés du coin ont construit leurs premières maisons il y a 150 ans à l’aide des matériaux du bord et les ont peinturé avec les couleurs vives des peintures inutilisées du port. Résultat : c’est donc un quartier plutôt excentrique et coloré, et profondément associé au tango, accolé à une petite rivière. L’affaire, c’est que c’est aussi vraiment touristique. Genre qu’il y a partout plein de stands vendant des gogosses pour touristes, et que chaque resto tente d’enterrer son voisin sous le son du tango et de la salsa ! Les petites maisons colorées de Caminito, l’artère principale du quartier, sont vraiment belles, mais la plupart ne renferment que des boutiques pour touristes… Et que dire des amuseurs publics, ou des imitateurs de Maradona, le plus célèbre des joueurs de soccer argentins ? Notre impression de l’endroit a donc été mitigée : oui, c’est beau, mais c’est tellement touristique que ça transforme le quartier en musée un peu sans vie… C’est agréable de voir les danseurs de tango, mais bon ça reste super touristique…

En revenant, on s’est arrêtés à Puerto Madero, le quartier des affaires de BA. L’endroit est vraiment agréable pour marcher : c’est en gros deux promenades bordant un joli canal le long duquel s’alignent restos, bars et cafés branchés dans de grands immeubles de verre. On a visité un vieux bateau à voile sur le canal avant d’aller manger un McFlurry au dulce de leche (MIAM) sur le bord de l’eau. Après une bonne promenade dans le quartier, on a traversé le pont iconique du coin (le puente de la madre) au milieu de tous les promeneurs qui profitaient de cette belle soirée pour déambuler sur les quais !

Il était déjà tard et il fallait qu’on revienne à l’appart de Sergio parce qu’on allait manger avec lui… On était déjà en retard pour le rendez-vous qu’on s’était fixés, mais disons qu’en Argentine, la ponctualité est un concept très relatif et élastique ! Bref, on a tenté de trouver le bus pour revenir, et on a marché des kilomètres avant d’enfin trouver l’arrêt de bus ! En chemin, on a visité la belle cathédrale centrale, en se faisant bénir et souhaiter de bien profiter de BA par un des dudes qui ramassait des dons ! Finalement, il n’y avait aucun problème pour l’heure et on est allés tous les 3 manger une bonne pièce de viande dans un petit resto près de l’appart de Sergio. Ça a été une très belle soirée, Sergio nous a fait un vibrant plaidoyer en faveur du rapatriement des Malouines à l’Argentine, puis on est revenus à l’appart pour dormir.

Pour notre ultime journée à Buenos Aires, on avait décidé de faire l’une des attractions majeures de la ville : le marché dominical de San Telmo. On est donc revenus une nouvelle fois en bus vers la Plaza de mayo. Là, on a profité du fait que le gouvernement ne siège pas les fins de semaine pour visiter la Casa rosada, la Maison blanche d’Argentine (sauf qu’elle est rose). C’est vraiment un bel édifice, et le tour guidé gratuit était bien intéressant. On était accompagné dans toutes les salles par un soldat habillé en grenadier, c’était quand même cocasse ! Naturellement, une grande salle de l’endroit est consacrée à Evita… Il y avait aussi une salle des Argentins connus mondialement. On s’était dit qu’on en connaîtrait au moins quelques-uns : Maradonna, Messi, le Che, Evita, Juan Peron, le pape François, Quino… En fait, sur la centaine, on devait en connaître finalement 3 haha!

Pour le reste de la journée, on a déambulé dans la rue principale de San Telmo, fermée à la circulation à l’occasion de l’immense marché en plein air qui s’y déroulait pour la journée ! C’était vraiment un super marché : on y trouvait tout plein de trucs, des matés, des bombillas, des Cds, des foulards, des livres, des antiquités, etc… C’était vraiment génial franchement ! Il y avait aussi des groupes de musique amateur qui venaient s’y faire connaître au coin d’une rue, et certains étaient vraiment talentueux ! On a dîné d’une crêpe dans un stand dans une rue tenu par un Français que Julia connaissait, et c’était délicieux ! On a continué à marcher avant de faire un arrêt crème glacée chez Freddo, question de déguster des sundaes au dulce de leche et à la pie de limon. Parce que les Argentins ne se spécialisent pas seulement en viandes, vins et pâtes : ils ont aussi une belle tradition de divine crème glacée !

Après quelques heures de marche dans San Telmo, on a été se prendre des Subway en prévision du souper puis on est revenus chez Sergio à bord des métros tout neufs. C’est un peu triste, parce que des wagons ultra-modernes ont remplacé l’an dernier les vieux wagons de métro qui dataient du début des années 1900 et qui étaient toujours en service ! Au moins je l’avais pris lors de ma visite à BA en 2006 ! En arrivant chez Sergio, on a fait nos sacs et on a jasé longuement avec lui en buvant du maté ! Toute bonne chose ayant une fin, on a dû à regret se diriger vers la gare en début de soirée, parce qu’on partait pour Cordoba, au centre de l’Argentine. On a fait provision de cochonneries avant le trajet (les smarties locaux – les Rocklets – pour Mémé, et des alfajores pour moi), puis on s’est endormi en sortant de BA… Décidément, on a adoré cette ville, c’était vraiment un endroit extraordinaire !! On va assurément y revenir !!


À bientôt !!

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