Hola, que tal ?
Après avoir laissé Julia en descendant de
l’autobus, on a marché vers l’appartement de Sergio, un ami qu’on avait
rencontré alors qu’il était en échange l’an dernier à l’Université Laval.
Sergio habite à l’extrémité du quartier un peu distant de Caballitos (prononcez
« Cabachitos », oui, ça sonne mal, en tout cas…). Son quartier est un
peu moins joli que le magnifique centre de la ville où habitait Julia, même si
ça demeure bien sympa comme endroit. En fait, ça ressemble davantage à un
quartier d’une grande ville sud-américaine du genre Santiago, avec son mélange
d’architectures anciennes et modernes ! On a jasé un bon moment en
arrivant chez Sergio, qui vit dans un superbe appart moderne ! Il fallait
cependant partir relativement vite, parce qu’on allait voir un spectacle de
cirque le soir-même avec Rocio !
Sergio nous a accompagné jusqu’au parc
jouxtant l’arrêt de bus puis on a fait un bien long trajet de bus public jusqu’à
la salle de spectacle. Buenos Aires a un bon système de métro, mais leur
politique de transports en commun est un peu bizarre : les bus coûtent
deux fois moins que les métros ! Tout le monde prend donc le bus, ce qui
n’est pas très brillant pour désengorger les rues… En tout cas… Sur place, on
est arrivés juste à temps pour le début du spectacle. Je portais mon chandail
« I Love Su » (pour « I love Surinam ») et le bouncer a
vraiment trippé dessus en me disant « Bienvenue, Surinamiens ! »
Le spectacle en tant que tel était exceptionnel ! Ne manquez pas d’y aller
si vous passez par BA, ça s’appelle « Fuerza bruta » et c’est un 14$
bien investi ! Comment vous le décrire ? D’abord, il n’y a pas
vraiment de scène : ça se passe autant en haut des spectateurs qu’en plein
milieu d’eux ! Les acteurs courent sur les murs, nagent dans une piscine
suspendue, volent au-dessus des spectateurs… C’est vraiment une immersion dans
un monde complètement sauté, et on ne s’est pas ennuyé une seconde !
En sortant, on a perdu de vue Rocio et sa
famille (partis un peu plus tôt finalement) et comme on n’avait pas mangé et
qu’il était 22h, on a avisé un petit resto en face du théâtre où on s’est
régalés d’excellents ñoquis. On est ensuite revenus chez Sergio, où on
a jasé un bout avec un de ses amis qu’il avait invité.
Aparté sur les Porteños (le surnom qu’on donne aux habitants de BA, parce que Buenos Aires est un
port) : ils sont connus dans toute l’Amérique du Sud comme étant les plus
fiers des Argentins (au même titre que les Parisiens pour la France). On les
décrit aussi généralement comme étant désagréables, ce avec quoi on est loin
d’être d’accord, au contraire! Surtout en comparaison avec les Parisiens!! Par
contre, pour la fierté patriotique, la réputation est bien méritée… L’Uruguay?
C’est une province argentine. Le Chili? Un voisin ennuyant. Les Falklands?
D’abord, on ne parle pas des Falklands, mais bien des Malvinas
(« Malouines »), et ensuite, las Malvinas eran, son y seran siempre
argentinaaaaaas! Bref, il y a un gros orgueil national chez les Porteños !
Ce qui m’amène à vous parler un peu de la
question très épineuse des Malvinas/Falklands. L’Argentine et le Royaume-Uni se
disputent âprement cet archipel d’îles situé au large de la Patagonie depuis
maintenant 2 siècles. Bien que le Royaume-Uni contrôle effectivement le
territoire depuis longtemps, et malgré une guerre catastrophique pour les
Argentins en 1982 visant à reprendre ce qu’ils considèrent comme leurs îles,
l’Argentine n’en démord pas : les Malvinas font partie intégrale de
l’Argentine. Et c’est peut-être la question politique qui unit le plus le
pays : quelque 90% des Argentins partagent l’opinion selon laquelle le
fait que le Royaume-Uni possède les îles est une aberration. Naturellement, le
fait qu’il y ait potentiellement du pétrole sous les îles n’est pas étranger à
cette revendication obstinée… En tout cas, c’est quand même drôle de voir des
rues « Malvinas argentinas » dans Buenos Aires, et de croiser des bus
de la compagnie « Malvinas argentinas » !
Le lendemain, on s’est levés bien tard et j’ai
été nous chercher des croissants et des fruits pour le déjeuner. Après un Skype
avec ma mère et ma sœur, on a pris le bus vers la place de Mai et la Casa
Rosada, le siège du gouvernement argentin. En chemin, on passait tout près du
Congrès, qui est décidément un édifice magnifique ! On est retournés dans
San Telmo pour diner dans un petit resto italien où on a mangé d’excellentes
pâtes. Puis, on est partis vers La Boca. La Boca est l’un des quartiers les
plus emblématiques de BA. Néanmoins, c’est aussi l’un des quartiers pas trop
safes de BA : à titre d’exemple, Julia s’y est fait détrousser, revolver
sur la tempe, alors qu’elle s’y baladait avec un ami… Bon, elle n’était pas
vraiment dans le coin touristique, mais pareil… Bref, on s’était dit qu’on
ferait attention ! On s’était donc arrangés pour prendre un autobus qui
nous laissait directement dans le coin touristique. Malheureusement, ça a un
peu échoué, et le bus nous a plutôt laissé dans un endroit assez glauque en
face de la rivière marquant la fin du quartier de La Boca. Mémé trippait vraiment
moyen mettons, mais j’ai finalement réussi à la persuader de marcher vers le
coin touristique (bon ok, le fait qu’on ait demandé à un policier si c’était
safe et qu’il ait répondu par l’affirmative a aussi clairement aidé). Dans
l’angle où on était, on avait vraiment l’impression d’être loin du coin
touristique, mais en traversant la rue on a vite constaté que c’était au
prochain coin de rue ! Bref, on s’en est fait pour rien haha !
La Boca, c’est un quartier ouvrier situé tout
près du port de BA. Il doit sa renommée au fait que c’est dans ce quartier mal
famé, au détour des rues étroites et des bâtiments de bois colorés, que serait
né le tango. Les habitants peu argentés du coin ont construit leurs premières
maisons il y a 150 ans à l’aide des matériaux du bord et les ont peinturé avec
les couleurs vives des peintures inutilisées du port. Résultat : c’est
donc un quartier plutôt excentrique et coloré, et profondément associé au
tango, accolé à une petite rivière. L’affaire, c’est que c’est aussi vraiment
touristique. Genre qu’il y a partout plein de stands vendant des gogosses pour
touristes, et que chaque resto tente d’enterrer son voisin sous le son du tango
et de la salsa ! Les petites maisons colorées de Caminito, l’artère principale
du quartier, sont vraiment belles, mais la plupart ne renferment que des
boutiques pour touristes… Et que dire des amuseurs publics, ou des imitateurs
de Maradona, le plus célèbre des joueurs de soccer argentins ? Notre
impression de l’endroit a donc été mitigée : oui, c’est beau, mais c’est
tellement touristique que ça transforme le quartier en musée un peu sans
vie… C’est agréable de voir les danseurs de tango, mais bon ça reste super touristique…
En revenant, on s’est arrêtés à Puerto Madero,
le quartier des affaires de BA. L’endroit est vraiment agréable pour
marcher : c’est en gros deux promenades bordant un joli canal le long
duquel s’alignent restos, bars et cafés branchés dans de grands immeubles de
verre. On a visité un vieux bateau à voile sur le canal avant d’aller manger un
McFlurry au dulce de leche (MIAM) sur le bord de l’eau. Après une bonne
promenade dans le quartier, on a traversé le pont iconique du coin (le puente
de la madre) au milieu de tous les promeneurs qui profitaient de cette belle
soirée pour déambuler sur les quais !
Il était déjà tard et il fallait qu’on
revienne à l’appart de Sergio parce qu’on allait manger avec lui… On était déjà
en retard pour le rendez-vous qu’on s’était fixés, mais disons qu’en Argentine,
la ponctualité est un concept très relatif et élastique ! Bref, on a tenté
de trouver le bus pour revenir, et on a marché des kilomètres avant d’enfin
trouver l’arrêt de bus ! En chemin, on a visité la belle cathédrale
centrale, en se faisant bénir et souhaiter de bien profiter de BA par un des
dudes qui ramassait des dons ! Finalement, il n’y avait aucun problème
pour l’heure et on est allés tous les 3 manger une bonne pièce de viande dans
un petit resto près de l’appart de Sergio. Ça a été une très belle soirée,
Sergio nous a fait un vibrant plaidoyer en faveur du rapatriement des Malouines
à l’Argentine, puis on est revenus à l’appart pour dormir.
Pour notre ultime journée à Buenos Aires, on
avait décidé de faire l’une des attractions majeures de la ville : le
marché dominical de San Telmo. On est donc revenus une nouvelle fois en bus
vers la Plaza de mayo. Là, on a profité du fait que le gouvernement ne siège
pas les fins de semaine pour visiter la Casa rosada, la Maison blanche
d’Argentine (sauf qu’elle est rose). C’est vraiment un bel édifice, et le tour
guidé gratuit était bien intéressant. On était accompagné dans toutes les
salles par un soldat habillé en grenadier, c’était quand même cocasse !
Naturellement, une grande salle de l’endroit est consacrée à Evita… Il y avait
aussi une salle des Argentins connus mondialement. On s’était dit qu’on en
connaîtrait au moins quelques-uns : Maradonna, Messi, le Che, Evita, Juan Peron,
le pape François, Quino… En fait, sur la centaine, on devait en connaître
finalement 3 haha!
Pour le reste de la journée, on a déambulé
dans la rue principale de San Telmo, fermée à la circulation à l’occasion de
l’immense marché en plein air qui s’y déroulait pour la journée ! C’était
vraiment un super marché : on y trouvait tout plein de trucs, des matés, des
bombillas, des Cds, des foulards, des livres, des antiquités, etc… C’était
vraiment génial franchement ! Il y avait aussi des groupes de musique
amateur qui venaient s’y faire connaître au coin d’une rue, et certains étaient
vraiment talentueux ! On a dîné d’une crêpe dans un stand dans une rue
tenu par un Français que Julia connaissait, et c’était délicieux ! On a
continué à marcher avant de faire un arrêt crème glacée chez Freddo, question
de déguster des sundaes au dulce de leche et à la pie de limon. Parce que les
Argentins ne se spécialisent pas seulement en viandes, vins et pâtes : ils
ont aussi une belle tradition de divine crème glacée !
Après quelques heures de marche dans San
Telmo, on a été se prendre des Subway en prévision du souper puis on est
revenus chez Sergio à bord des métros tout neufs. C’est un peu triste, parce
que des wagons ultra-modernes ont remplacé l’an dernier les vieux wagons de
métro qui dataient du début des années 1900 et qui étaient toujours en service !
Au moins je l’avais pris lors de ma visite à BA en 2006 ! En arrivant chez
Sergio, on a fait nos sacs et on a jasé longuement avec lui en buvant du maté !
Toute bonne chose ayant une fin, on a dû à regret se diriger vers la gare en
début de soirée, parce qu’on partait pour Cordoba, au centre de l’Argentine. On
a fait provision de cochonneries avant le trajet (les smarties locaux – les Rocklets
– pour Mémé, et des alfajores pour moi), puis on s’est endormi en sortant de BA…
Décidément, on a adoré cette ville, c’était vraiment un endroit extraordinaire !!
On va assurément y revenir !!
À bientôt !!
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