vendredi 29 novembre 2013

Belem

Salut! C'est François!

Belem, c'est l'autre grande ville à l'embouchure de l'Amazone (avec Macapa), une cité moderne hérissée de gratte-ciels. Belem, c'est à la fois le bout de la route et la porte d'entrée en Amazonie. En effet, d'ici on peut prendre la route le long de la côte et à travers les plaines du sud jusqu'à Rio et Sao Paulo, mais vers l'ouest on entre dans la forêt amazonienne et le principal moyen de transport devient le bateau. (Il y a bien la route transamazonienne, mais c'est une piste difficile à travers la jungle pour des centaines de kilomètres...). À Belem, c'est donc soit le dernier ou le premier grand bastion de civilisation, selon qu'on vienne ou qu'on entre dans la jungle!

En sortant du bateau, on a dit au revoir à notre ami Français, puis on s'est dirigés vers une institution bien brésilienne pour diner: les buffets au kilo. Difficile de comprendre pourquoi, mais au Brésil, beaucoup de restos prennent la forme d'un buffet au poids, i.e. tu remplis ton assiette et tu paies ensuite en fonction de ce que pèse ce que tu as dans ton plat. Ça ne revient pas si économique que ça mais c'est souvent notre seule alternative quand il n'y a rien autour... Après ce gros repas, on a continué de marcher le long d'une grosse avenue puis on est arrivés à l'hostel où on resterait pour les prochaines nuits. Comme il était déjà tard ce jour-là, on a pas fait grand'chose... à part planifier notre vol vers Rio de Janeiro! Vous vous souvenez quand je vous expliquais dans la deuxième entrée sur Parbo les difficultés auxquelles on faisait face pour planifier l'achat de nos billets d'avion Belem-Rio? Eh bien cette fois, nous étions à Belem, et les prix avaient beaucoup monté pour Rio! Après de nombreuses recherches, on a fini par trouver qu'il y avait un prix correct (mais plus cher que ce que ça aurait pu nous coûter) pour dans 3 jours... Comme on aime bien magasiner, on a avisé une agence dans le quartier qui finalement nous l'a fait pour le même prix et s'est chargée de tous les détails... Nos billets d'avion achetés, on avait maintenant tout le loisir du monde pour profiter du reste du voyage! En soirée, on a erré bien longtemps pour finalement trouver un petit resto de sandwiches avant de se coucher.

Le lendemain, Mémé ne filait pas vraiment... On sait pas trop ce qui a provoqué ça, mais son ventre + intestins lui ont vivement commandé de rester dans la chambre pour se reposer toute la journée... De mon côté, je suis allé explorer une partie de la ville. Après être passé à la gare fluviale pour m'informer sur l'horaire des bateaux (on pensait peut-être passer une journée sur une île en face de Belem), j'ai ensuite marché le long du "bord de fleuve" de Belem, en croisant de temps à autre quelques vieux bâtiments à l'architecture intéressante. Puis, mon premier arrêt fut le vieux-port, transformé en une agréable promenade et dont les hangars renferment désormais de bons restos. Les activités portuaires ont toujours été vitales pour Belem. Première colonie portugaise en Amazonie, placée stratégiquement à l'entrée du grand fleuve, Belem doit sa prospérité à son rôle de transit essentiel dans le cadre de l'exportation des richesses de l'Amazonie: épices, plantes, bois précieux et poisson d'abord, caoutchouc ensuite, puis aujourd'hui bois et minerai.  Ce n'est donc pas une surprise que toute la vieille ville soit située en périphérie du port!

J'ai ensuite été mangé dans le marché en plein air de la ville, où on peut déguster le plat amazonien standard (poulet cuit-riz blanc-bines-spaghettis blancs-poudre de manioc-petite salade) pour 6 reals (3$), un excellent deal. Ah oui, on ne vous a pas parlé de la poudre de manioc! En Amazonie, il y a toujours sur la table une boite pleine de petits grains jaunes semi-croustillants: on met cette poudre de manioc partout sur le plat (et en grande quantité) et ça devient immédiatement plus pâteux et consistant. C'est surprenant au début mais on s'y habitue vite et on se surprend même à trouver ça bon! Après ce diner bien consistant, je suis tombé sur le vieux-centre de la ville, où sont aussi amarrés plusieurs bateaux de pêche. C'était la marée basse, alors tous les bateaux étaient échoués sur le fond pendant que les pêcheurs faisaient la sieste... Ce qui était plus impressionnant, c'était le nombre de vautours qui tentaient d'avoir un morceau des restants de poisson et autres détritus qui jonchaient la plage! Le long des quais, on marche en fait le long de ces oiseaux gros comme de petits aigles qui sont à peu près aussi habitués aux humains que le sont les pigeons... Le vieux-Belem est plutôt joli et l'architecture rappelle Manaus (normal, les beaux bâtiments tous été construits du temps du boom du caoutchouc, dont a aussi bénéficié Belem), peut-être même en plus joli. Une courte marche m'a ensuite mené face à la grande cathédrale de la ville. En y entrant, j'y ai recroisé le Français du bateau!

Après, j'ai été visité le petit fort que les Portugais ont laissé à la ville. L'endroit était intéressant, sans plus, mais les vues sur la ville valaient la peine. Par contre, le petit musée à l'intérieur avait réglé l'air climatisé sur "froid polaire", ce qui était particulièrement agréable étant donné la température chaude et humide, doublée d'un soleil tapant, qui régnait dehors! Puis, j'ai fait le tour de la petite promenade en bord de fleuve avant de revenir lentement vers l'hostel. J'y ai retrouvé une Mémé qui allait un peu mieux et qui a réclamé l'une de nos soupes en sachet comme souper. En mangeant, on a jasé à un Français qui nous a raconté ses voyages à travers l'Amérique du Sud... Il nous a conté une anecdote plutôt désagréable sur une fois où il avait été braqué, pistolet sur la tempe et machette sous la gorge (!!!), alors qu'il redescendait seul sur le sentier du Christ de Cochabamba, en Bolivie! Y étant nous-mêmes allés (relisez l'entrée sur Cochabamba dans le blog), on ne pouvait qu'imaginer très clairement l'endroit où ça avait pu se produire... et se dire qu'on était chanceux qu'il y ait eu du monde avec nous lors de la descente, limitant grandement les risques d'agression!

Ce qui précède nous amène à vous jaser de l'insécurité au Brésil. Vous savez tous que le Brésil n'est pas l'endroit le plus safe sur Terre et, contrairement à la Colombie, ce n'est pas juste une mauvaise réputation basée sur rien... Il ne faut pas capoter non plus, mais bon... disons qu'on faisait plus attention qu'à l'ordinaire dans les grandes villes, et qu'on évitait les longs déplacements le soir à pied! Comme pour peser sur le bobo, la une des journaux locaux l'une des journées où on était là était: "Un jeune homme abattu à Belem après avoir tenté de résister à un voyou qui lui volait son vélo"!

Le lendemain matin, Mémé allait beaucoup mieux, et on s'est dit qu'on sortirait ensemble visiter. On voulait aller à l'Île de Marajo, un île grande comme la Suisse (!) située à l'embouchure de l'Amazone, où on retrouve apparemment de très belles plages et où les buffles vagabondent en toute liberté comme en Asie (Mémé: les buffles étaient ma raison personnelle d'y aller, pour revoir mes amours du Vietnam! Il y a même une police montée... sur buffle!). Mais les horaires des bateaux étaient infernaux: ils partaient à 6h30 de Belem et de l'île au retour, garantissant un réveil à 4h30 au moins pour 2 jours de suite... On a fini par se dire que ça ne valait pas la peine. Ce qui est dur en voyage, c'est l'opposition constante entre 2 tendances tout autant légitimes l'une que l'autre. D'un côté, on se dit qu'on ne reviendra probablement jamais dans sa vie à l'endroit où on est et qu'il faut alors en profiter au maximum en visitant le plus possible. De l'autre, on se dit qu'un voyage doit aussi être plaisant et relaxant, qu'il faut aussi se reposer et que dormir peu et se lever constamment à des heures barbares ne fait pas en sorte qu'on profite du voyage pleinement. Il faut toujours jongler entre ces 2 types de voyage, et c'est parfois bien difficile. Dans ce cas-ci, c'est le repos qui a gagné et on s'est dit que plutôt que d'aller à Marajo on allait aller à une autre île plus facilement accessible, Mosqueiro.

On a marché vers la gare en visitant une église puis en s'arrêtant pour diner au Subway parce qu'on avait envie de quelque chose de différent! Une fois arrivés à la gare, on a pris le bus vers Mosqueiro le long d'un trajet qui a duré un peu plus d'une heure. Le temps était magnifique et en débarquant de l'autobus on a marché longuement sur la très jolie plage du village. Encore une fois, l'eau était brune (même si près de la mer, on est encore dans le delta de l'Amazone) mais délicieusement chaude! Bon, on se baignait avec suspicion à cause des raies potentiellement présentes, mais quand même! On a passé un très bel après-midi, Mémé s'est amusée à reproduire mon visage dans le sable mais la marée a fini par tout ensevelir malgré nos digues de sable... On a soupé dans un des petits restos surplombant la plage, après avoir été fouettés par les grains de sable soulevés par le vent dans notre figure! C'était super désagréable (le vent dans la face là, pas le resto!), et on voulait partir au plus vite de ce spot-là, mais ça n'avait vraiment pas l'air de déranger 2 chiens endormis précisément à l'endroit où le vent soufflait le plus fort!

Après le souper, on est revenus en bus public vers la ville, le chauffeur nous a débarqué bien trop loin de notre arrêt et on est revenus à l'hostel pour tomber de sommeil! (Mémé: Comme notre chambre était déjà réservée pour ce soir-là, on a dormi dans deux dortoirs séparés pour hommes et pour femmes. Il y avait dans le mien une madame dans la cinquantaine qui avait trop besoin de parler à des gens... Elle n'arrêtait plus de me jaser en portugais sans que je ne comprenne rien, puis parce qu'elle était "allergique au froid" elle est venue nous dire qu'elle allait demander au réceptionniste de fermer l'air climatisé du dortoir. Elle a dû rester avec nous un bon 20 minutes à jaser de choses dont on se contre-foutait (et qu'on ne comprenait pas de toute façon). Finalement le réceptionniste est monté et je suis allée m'assurer qu'il ne faisait que baisser l'intensité de l'air climatisé, pas l'éteindre complètement. 5 minutes après que je me sois couchée, elle m'a réveillée à grand coup de "Marie! Marie? Marie!!!" pour me dire qu'elle avait oublié de prendre ses pilules pour la pression et pour que je lui donne sa bouteille d'eau... Elle n'était pas méchante, mais j'ai fini par comprendre pourquoi elle m'énervait autant: je n'aime pas les sangsues. J'adore parler aux gens en voyage, mais je n'aime pas quand les gens m'obligent à leur parler!! Exemple, les Anglais sur le bateau étaient juste parfaits, on se parlait de temps en temps, on mangeait ensemble ou non... Alors que le Français du bateau vers Bélem, lui, se fiait sur nous pour être entertainé on dirait... Il était toujours avec nous, semblait s'ennuyer, nous attendait pour manger... On dirait que dès que je sens cette obligation de leur parler, je perds toute envie. Et Dieu sait que ma madame de dortoir était collante! Mais elle m'a donnée une mangue le lendemain alors je l'ai plus aimée à partir de là haha!)

Pour notre dernière journée à Belem (enfin! on avait passé plus de temps que nécessaire dans le coin disons, ce n'est pas une ville SI intéressante qui mérite autant de temps, bien qu'on s'y sente bien), Mémé voulait aller voir le vieux centre qu'elle n'avait pas encore vu. Avant de partir et de "checker-out" de la chambre, on a voulu déposer nos sacs à la réception. C'est une pratique vraiment courante et garder les sacs à dos pour une journée, même après le check-out, est vraiment un service basique que la plupart des hostels offrent gratuitement ou, dans le pire des cas, pour un coût dérisoire (genre moins d'un dollar au total). À Belem par contre, la fille de la réception nous a dit qu'il nous en coûterait 20 reals (10$) par personne pour garder les sacs!!! Vous vous rendez compte, 10$ par personne pour mettre un sac dans un compartiment cadenassé, alors qu'on a déjà payé l'équivalent de 3 nuits dans cet hostel-là! De tous nos voyages, on n'avait jamais vu une telle pingrerie! Et on s'entend que ça ne demande pas un effort particulier de la part de la réceptionniste, elle est de toute manière assise à l'ordi à côté des sacs, elle ne les surveille pas constamment, ils sont juste dans une pièce fermée à clé...  On vous le souligne ici pour vous dire à quel point on trouvait ça inadmissible comme pratique! "Oui, mais ce prix-là inclut l'usage de tous les services de l'hostel pour la journée!" de nous répondre la réceptionniste face à notre réaction outrée... On veut bien, mais, d'une part, ça aussi c'est habituellement gratuit (ou alors c'est très spécifiquement spécifié que ce ne l'est pas), et d'autre part, on s'en fout, on ne veut pas utiliser tous les services, on veut juste éviter de trimbaler notre sac partout avec nous pendant 12h! Bref, puisqu'on n'avait pas d'autres choix, on a fini par négocier un meilleur taux (20 reals en tout pour les 2), mais je ne me suis pas gêné pour coucher ma frustration sur papier dans le livre des commentaires! Et on peut-tu vous dire qu'on a profité des services? On a fait du lavage, on a cuisiné, on a utilisé le wi-fi... c'est à peine si on n'est pas partis avec une partie du mobilier pour couvrir nos frais! Non mais franchement... en tout cas!

En sortant dans la ville, on a rapidement réalisé qu'il y avait quelque chose d'étrange. Beaucoup de commerces étaient fermés (enfin une bonne majorité d'entre eux) et il y avait peu de gens dans les rues. Pourtant, nous n'étions pas dimanche, ni même samedi! Que se passait-il donc? On a fini par allumer: jour férié (confirmé par le Lonely Planet)! Encore! Une autre journée où tout allait être compliqué parce que tout est fermé! On a marché vers le parc du centre de la ville, au milieu duquel trône le magnifique théâtre de la ville, qui n'a rien à envier à celui de Manaus. Ensuite, on a fait des courses à l'épicerie en prévision du souper (qui fermaità 14h, alors on avait intérêt à se dépêcher) avant de retourner visiter le vieux-port transformé en zone tendance avec de bons restos. On a dîné au marché, peut-être l'unique endroit animé de la journée, avant de faire un tour de la vieille-ville. Après un petit recorido (i.e. un parcours) où on a fait bien le tour de Belem, on est revenus à l'hostel où on s'est fait à manger et où on a attendu... Parce qu'en fait, on partait le soir même en avion vers Rio. Notre vol était moins cher mais il décollait à 1h40 du matin... Et ça nous sauvait une nuit d'hôtel!

Après un moment, on est partis prendre le bus vers l'aéroport. Heureusement, l'arrêt était devant un édifice militaire, et les policiers militaires se sont fait un devoir de nous aider à prendre le bon bus public! Après un parcours sans histoire où tout le monde nous a aidé à descendre au bon endroit, on est arrivés à l'aéroport. On s'attendait à une place boboche (on est quand même dans un État éloigné du Brésil) mais on a plutôt trouvé un aéroport étincelant de modernité! Après avoir enregistré nos bagages 4h avant le départ du vol, on a entrepris de visiter l'endroit (ce qui nous a pris 10 minutes, c'était plutôt petit) et on a tué l'ennui en faisant le blog et en mangeant un cornet chez Bob's Shakes, la chaîne la moins chère de cornets de crème glacée au Brésil. Après une longue attente, on est finalement embarqués avec Azul, la compagnie qui nous amenait à Belo Horizonte (la capitale d'un État du Sud du Brésil), d'où on attendrait un bon moment avant de prendre un autre avion pour Rio. Le vol s'est bien passé, et on a vraiment trippé sur le panier de noix, craquelins, chips et biscuits "à volonté" qu'on nous servait!

À Belo Horizonte, on s'est traînés misérablement vers le terminal après une mauvaise nuit en attendant notre prochain avion... 5h plus tard. Et nous n'étions qu'à 40 minutes de vol de Rio! J'ai dormi un bon moment puis on s'est ensuite réveillés lentement. On a constaté qu'un nombre ahurissant de personnes utilisaient les fauteuils à massage même si c'était super cher (1$ pour 2 minutes de massage??) et on s'est ensuite mis à la recherche d'un diner pas trop cher à manger. Tout est cher au Brésil, et un aéroport est naturellement encore plus cher. Nos options étant en plus limitées à 3 restos, on s'est finalement rabattus sur une pizza correcte au mieux. Semi-rassasiés, on est montés dans notre dernier avion, où on a encore dévalisé le panier de cochonneries ! On a ensuite survolé les montagnes de Rio, on a salué le Christ rédempteur iconique de la ville et on a finalement pratiquement atterri dans la mer! En fait, on atterrissait dans le vieil aéroport de la ville, situé en plein centre-ville sur un terrain pris à la mer. Ça avait eu du bon: on n'aurait pas aussi pu bien voir la ville, les montagnes et le Christ en atterrissant à l'autre aéroport!

La mythique Rio de Janeiro pour tout bientôt! Salut à tous!

mercredi 27 novembre 2013

De Saint-Georges à Bélem

Salut, c'est Mémé qui vous mènera jusqu'au Brésil!

Notre traversée de la Guyane française jusqu'au Brésil s'anonçait plutôt imprévisible à cause des nombreux transferts: il faut d'abord se rendre à Saint-Georges-de-l'Oyapock, puis traverser une rivière vers Oiapoque au Brésil, puis se prendre un bus d'une durée indéterminée jusqu'à Macapa, puis prendre un bateau d'environ 24h vers Bélem, la première ville d'un quelconque intérêt dans la région... Sans compter que le but était d'arriver le lendemain avant 10h à Macapa puisqu'on avait pu savoir qu'il y avait un départ en bateau à ce moment-là! Bref, un bon deux jours de transport, quelque chose qui garantit une entrée de blog plutôt ennuyante! (François: mais non là!)

Le matin, Ghislain et Marina sont venus nous mener à Cayenne à l'endroit où attendaient les taxis collectifs vers Saint-Georges. Avec chance, le prochain partait dans 30 minutes, mais était plus cher, parce que tse on était dimanche... C'était officiellement le transport le plus cher qu'on ait eu du voyage: l'équivalent de 15$ par heure! Malgré un minibus plein à 95%, le chauffeur a passé presque 1h30 à virevolter cellulaire à la main dans Cayenne à la recherche d'un ultime passager! Les passagers ont commencé à s'impatienter (c'est compréhensible quand même) alors le chauffeur a dû abandonner sa quête! Le trajet de 3h30 s'est passé sans problème, à part que j'aie dû engouffrer (avec joie) le reste de mon chadèque pour être sûre de ne pas me le faire confisquer aux douanes! On a aussi passé deux contrôles de "gendarmes" comme il y en a beaucoup en GF pour qu'ils vérifient nos papiers. Ils ont d'ailleurs pincé un immigrant illégal brésilien lors du premier contrôle, qui a dû débarquer de notre bus pour les suivre à la gendarmerie...!

Notre arrivée à St-Georges a débuté en étant assaillis par tous les piroguiers du coin qui nous proposaient de nous emmener sur l'autre rive. On est plutôt partis dîner (on a finalement juste mangé un gros fromage hollandais faute de restos corrects, n'oublions pas qu'on était dimanche), puis on est partis au fin fond de la ville pour avoir notre tampon de sortie. Saint-Georges est un petit village assez mignon, sans être une attraction en soi. Petites rues, petites maisons, bien situées sur le bord d'une rivière... La chose qui nous a le plus frappé est l'omniprésence des gens saouls en ce dimanche après-midi, chose qu'on ne s'explique pas vraiment... De retour près de la rivière, on a suivi un piroguier qui nous a fait attendre dans son bateau le temps qu'il aille chercher des clients avec qui il avait rendez-vous au même moment. Ayant vu deux autres pirogues (des petits bateau à moteur en fait) partir et n'ayant toujours pas de nouvelles de notre capitaine, on a entrepris de changer de bateau. Notre piroguier a fini par revenir bredouille et nous a proposé qu'on y aille plutôt avec un de ses collègues. Faire affaire avec un piroguier (ou un taxi) nous stresse toujours un peu: ce serait très facile de nous emmener ailleurs et de nous dépouiller sans que personne puisse nous aider... Encore une fois tout s'est bien passé (et pas de petite arnaque comme à St-Laurent) mais on touche du bois!

(François: Il y a un pont tout neuf, gracieuseté du gouvernement français, qui relie St-Georges à Oiapoque. Pourquoi alors traverse-t-on en pirogue? Bonne question! Ça fait 2 ans que le pont est prêt mais il n'est toujours pas inauguré... Il semble que c'est le Brésil qui traîne de la patte, n'ayant pas vraiment rempli son obligation de faire une belle route entre Oiapoque et Macapa... Peu importe qui est responsable, pour l'instant le pont est usé par les éléments sans jamais avoir vu de traffic depuis 2 ans...)

Oiapoque, au Brésil, et son absence de choses à faire nous attendait à 10 minutes de bateau sur une rivière bien jolie bordée de forêts! On devait d'abord passer à la police fédérale pour être en règle (et avoir une étampe de plus dans notre passeport, yé!) mais on s'est cogné les dents sur une file interminable... On a compris qu'on était arrivés juste après un groupe de 50 Franco-guyanais qui avaient passé le week-end au Brésil. Ils nous ont gentiment proposé qu'on passe avant eux, question qu'on n'y passe pas la journée! Et une chance parce que le temps filait pour qu'on attrappe un bus de nuit vers Macapa! On s'est rendus en taxi à la gare, et on y a appris que le trajet ne durait que 8h, contrairement aux 18-24h annoncés dans le guide! Même si ça voulait dire qu'on allait arriver à 2h du matin, on était trop contents de pouvoir attrapper le bateau du lendemain! En attendant le départ dans 45 minutes, on a mangé du poulet rôti au stand au coin de la rue, attirant imanquablement deux chiens errants (à qui j'ai bien sûr donné nos restes de gras, les chanceux).

On a complété notre repas par des raviolis en boîte (mmmh) dans l'autobus, ce qui nous a fait perdre notre canif (snif snif) parce qu'il a dû glisser entre les sièges... On est malgré tout surpris car c'est la première chose qu'on a perdue du voyage! Et il faut dire qu'il avait coûté 2$ au Dollarama alors c'est pas la fin du monde! À part ça le trajet s'est fait sans problème.

On est comme de fait arrivés à Macapa à 2h du matin. Comme à notre habitude, on a attendu le soleil dans le terminal. Pendant que François écrivait le blogue, j'ai dormi comme un gros bébé malgré les milliards de petites mouches qui n'ont pas cessé de nous tourner autour! Il faudrait décidément améliorer notre hygiène en voyage ;) Finalement, on s'est rendus au centre-ville pour faire un tour à l'info touristique et acheter les billets de bateau à une agence. L'info touristique n'en était finalement pas vraiment une, il y avait une policière et un monsieur pas rapport qui ne parlaient que portugais... Le gars a juste fini par nous dire d'aller au port pour acheter les billets à l'agence de son ami... On s'est donc dirigés vers l'arrêt d'autobus pour se rendre au port, non sans avoir essayé de changer le tas d'euros qui nous restait. Surprise: les banques n'ouvrent pas avant 11h (et ferment entre 12:30 et 13:30 puis ferment à 15:00)! Tu parles d'un horaire de merde! Que j'en voie un chialer sur l'heure d'ouverture de Desjardins haha! On a donc plutôt sorti de l'argent, un peu stressés d'avoir sur nous une liasse d'euros et une liasse de reals... Sinon, Macapa est une ville plutôt ordinaire, ni laide ni jolie. Le Lonely Planet a raison: personne ne va à Macapa juste pour Macapa! Tout le monde y passe en transit vers la Guyane française ou vers Bélem! Il y a peu d'attractions: outre un vieux fort portugais, la seule chose spéciale est un monument moche en béton qui indique qu'on se trouve exactement sur l'équateur... On avait déjà donné à Quito en matière d'équateur!

Au port, on a rencontré un Français qui voulait aussi se rendre à Bélem. On a magasiné les prix dans les agences du port puis on est allés installer nos hamacs sur le pont. Le bateau était plus petit que celui de la dernière fois et comme on n'était pas d'avance, il ne restait de la place que dans une section à l'arrière du bateau. On se demandait bien pourquoi ce coin du bateau était moins populaire; on s'est finalement rendu compte que c'était parce que le vent emportait vers nous de temps en temps les odeurs des toilettes... Le fait qu'on soit juste sous l'échelle vers le troisième pont était aussi problématique: l'eau coulait partout sur le hamac de François quand il pleuvait! Il fallait donc fermer une grosse trappe vraiment lourde pour fermer l'accès, ce qui fâchait les autres passagers qui voulaient monter une fois la pluie finie! Au moins c'était seulement pour une nuit! Juste avant que le bateau parte, le Français et moi sommes partis chercher quelque chose à manger vu que cette fois-ci les repas n'étaient pas compris. Malheureusement, le dépanneur avait très peu pour satisfaire un gourmet...! Craquelins, saucisses dégueulasses en conserve, pommes, boulettes de viande en conserve (décidément le meilleur!) et oranges étaient au menu! Mmmmh

Le bateau en tant que tel était moins bien que celui vers Manaus, en plus de la pluie la moitié du temps. Plus vieux, moins bien tenu, toilettes plus sales, eau qui goûte mauvais, plus cher... Et on dirait que l'ambiance était moins bonne, comme si personne n'avait envie de socialiser vu que le trajet n'était pas si long. On a malgré tout fait la connaissance d'une mère et sa fille brésiliennes qui nous ont donné une moitié de sandwich pour avoir une excuse pour débuter une conversation! Il y a aussi eu une madame avec ses 3 enfants mignons qui étaient trop contents de nous voir à chaque fois qu'on les croisait, mais qui recevaient un nombre impressionant de taloches de la part de leur mère dès qu'ils faisaient du bruit... Puis 4 étudiants qui apprenaient l'anglais et qui sont venus nous donner des gâteaux (décidément une tactique répandue) pour jaser en anglais! Ils étaient bien sympas! Finalement, on a socialisé avec quand même pas mal de monde, à bien y penser! L'après-midi a été consacré à écrire le blog dans les hamacs, à jaser au Français (avec qui on s'entendait nettement moins que nos amis Anglais...) et à admirer le paysage! Le trajet se déroulait dans le delta de l'Amazone, donc on se promenait entre de grosses îles, comme dans un immense labyrinthe! Par moment on voyait donc la forêt de très prêts ou parfois l'infini de la mer! On croisait des petits villages (ou même juste une maison) et à chaque fois les enfants sautaient dans leur pirogue (une vraie cette fois, style "l'oreille cassée"!) pour prendre les vagues derrière le bateau! C'était vraiment cute! D'ailleurs, le soir venu, le bateau s'est fait assaillir de pirogues pleines d'enfants qui montent sur le bateau avec des cordes pour venir quêter de l'argent. C'est une pratique illégale mais tolérée par les autorités et les employés du bateau par pitié pour les enfants de ces villages isolés... Ça reste vraiment dangereux parce que s'ils tombent à l'eau, il y a de bonnes chances pour qu'ils passent sous le bateau ou se fassent aspirer par les moteurs... Ils sont restés un bon moment sur le bateau et mes cheveux ont fait fureur, ils sont tous venus les toucher et jouer dedans! On les a regardé partir: quand ils se détachent du bateau ça part vraiment vite à cause du courant et de la vitesse du bateau et ils doivent affronter les vagues créées par le bateau... D'ailleurs, une des pirogues a chaviré mais ils étaient heureusement assez loin du bateau quand ça s'est passé! N'empêche, chavirer la nuit sur un bras de l'Amazone ne fait pas partie des expériences qui nous semblent plaisantes...

Après une grasse matinée pour ma part et un matin bien tranquille pour François, on a regardé Bélem s'approcher. Notre arrivée a pris un certain temps parce que le navire s'est d'abord enlisé dans le port de la ville, puis il a fallu faire bouger un autre bateau pour qu'on puisse enfin accoster! Bref, une heure plus tard (où s'est mis à douter de la compétence du capitaine), on a débarqué à Bélem!

mardi 26 novembre 2013

Cayenne

Salut! Ici François!

Comme vous a dit Mémé dans notre dernière entrée de blog, à notre arrivée dans les faubourgs de Cayenne, on est allés attendre Ghislain, qu'on avait rencontré une semaine plus tôt à Parbo avec sa copine Marina, dans un petit café près du Carrefour (un genre de IGA) de la ville. Avec les stationnements, les centres d'achat et les échangeurs,  ça ressemblait drôlement à un environnement typique d'une banlieue québécoise, quoique plus chaud! Au café, on a continué de discuter avec le soldat tout en dégustant nos premiers bons croissants au chocolat depuis notre départ du Québec! Ghislain est arrivé peu après et on a laissé le soldat en lui donnant l'un de nos bonbons à l'érable qu'on traîne toujours en voyage pour faire goûter aux gens qui nous aident!

On est partis en auto avec Ghislain, en s'arrêtant d'abord à la pension que nous avait recommandé Jo de Kourou. Ensuite, Ghislain nous a conduit chez lui parce qu'il nous invitait à dîner (enfin, à déjeûner, comme on dit en France!) On s'est donc rendus chez eux, dans un mignon petit appartement situé dans une maison à 100m de la mer! Avec la plage à côté et un quartier résidentiel bien relax, difficile de trouver un endroit plus paisible près de la ville! Ghislain et Marina habitent en fait à Rémire-Montjoly, une petite ville périphérique de Cayenne. Beaucoup de Cayennais aisés y ont une maison, et, selon Ghislain, il s'agirait même de l'une des communes les plus riches de France...

Le dîner a été vraiment agréable en compagnie des hôtes les plus aimables qui soient! On a eu droit à des pâtes au saumon avec une bonne bouteille de vin, c'était délicieux! Sans compter le "Ti-Punch" (prononcez "Ti-ponche"), l'équivalent franco-guyanais du caipirinha brésilien (i.e. rhum blanc, jus de canne à sucre et lime) que nous a servi Ghislain pendant la préparation du repas! Je vous disait dans l'entrée sur Manaus qu'en voyage, il y a des gens qu'on rencontre avec qui ça ne clique pas, et d'autres avec qui on  s'entend à merveille dès les premiers instants. Ghislain et Marina entrent d'emblée dans la seconde catégorie! On a parlé de tout et de rien, de France, du Québec et de Guyane française durant tout le repas. Ghislain et Marina viennent tous deux de métropole (enfin, Marina est originaire de l'Ïle Maurice mais vivait à Paris avant de venir en Guyane). Ils ont tous les deux décider de tenter leur chance en Guyane française quand Ghislain a reçu une offre d'emploi ici après des mois de recherche de travail (c'est la crise, en Europe...) Et ça a très bien marché: Ghislain travaille aujourd'hui dans l'administration d'une entreprise de récupération, alors que Marina a trouvé un bon boulot dans une parfumerie de Cayenne. Tous deux sont unanimes: obtenir le même type d'emploi en métropole aurait été très difficile, et ici les responsabilités qui leur sont confiées sont bien plus grandes! Bref, ils sont  bien contents aujourd'hui d'être partis s'établir outre-mer!

Après le repas, on est tous partis faire un tour sur la plage qui jouxte pratiquement l'appart de Ghislain et Marina. L'eau a beau être brune (on remercie l'Amazone et les tonnes de sédiments qu'il rejette dans l'océan), c'est probablement l'une des plus belles plages des Guyanes, et assurément la plus jolie qu'on ait fait depuis Mancora, au Pérou! Tout en bavardant, on est allés grimper sur les rochers occupant l'une des extrémités de la plage, question d'avoir une bonne vue tant sur la plage que sur les petites collines couvertes de jungle la surplombant! On a vu des raies dans l'eau, on a pris quelques photos tous ensemble puis on est allés se baigner dans les grosses vagues. Comme toujours en Amazonie et dans les Caraïbes, on avait l'impression de prendre un bain tellement l'eau était chaude! Après, on a marché le long de la plage avec Ghislain en jasant pendant un bon moment, avant de revenir à l'appartement dans la noirceur. Par la suite, on est partis avec Ghislain acheter à souper (Marina faisait du gardiennage dans la maison d'un voisin). Ghislain en a profité pour nous faire faire un tour de Cayenne-by-night, question de voir notamment la place centrale (la Place des palmistes, couverte de palmiers (d'où le nom, tsé))! On s'est ensuite arrêtés dans un stand à sandwiches dont Marina connaissait la proprio pour se faire une bonne bouffe de sandwich avec pain baguette! On est ensuite revenus, Ghislain a acheté de la bière puis on a rejoint Marina pour souper dans la magnifique maison de ses voisins! Encore une fois, ce fut très agréable et drôle! On a jasé notamment des chanteurs quétaines de France et du Québec, et à un certain moment la conversation a tourné sur la caractère impénétrable de notre accent... Question de confirmer que l'accent québécois peut être impossible à comprendre, on leur a montré un extrait de La petite vie, et ils n'arrivaient pas à saisir le dixième de ce que disaient Popa et Moman! La soirée est devenue hilarante au retour des voisins (dont on squattait la maison!), deux extraordinaires pince-sans-rire! L'homme était super intéressé de nous jaser parce qu'il avait récemment eu l'idée de reprendre une franchise d'un Presse café à Montréal, au grand dam de sa femme qui trouvait qu'il ne cessait d'avoir des projets abracadabrants! On s'est aussi rendus compte en Guyane française que les gens me comprenaient plus facilement que Mémé, ce qui a complexé Mémé parce qu'elle était maintenant sûre d'avoir un accent de bûcheron. Comme pour peser sur le bobo, la dame a fini par interrompre Mémé pendant qu'elle me parlait pour lui dire "Mais tu parles quelle langue là?" Haha!

Bref,  ce fut une super soirée entre amis! On est ensuite rentrés à l'appart de Ghislain et Marina, où on s'est installés pour dormir. Ah oui, parce que finalement ils avaient généreusement offert de nous héberger en plus! On ne voulait pas abuser après le repas et la journée, mais ils nous ont convaincus qu'on ne dérangeait pas et on est finalement restés avec plaisir! Merci encore pour tout si vous nous lisez!

Après un déjeûner à l'appartement le lendemain (où on a notamment appris que le beurre d'arachide était aussi un déjeûner commun à l'Ïle Maurice: on en a proposé à Marina et c'est ce qu'elle nous a dit... oui on a acheté du beurre d'arachide à Parbo!), Ghislain et Marina nous ont proposé de nous conduire en ville (i.e. à Cayenne) parce qu'ils devaient se déplacer de toute façon et que, tant qu'à faire, ils nous amèneraient! En chemin, on s'est d'abord arrêtés au garage pour y laisser l'auto de Ghislain. Pendant ce temps, Marina a avisé un goyavier (un arbre à goyaves) couverts de fruits que les filles ont alors entrepris de délester... Enfin, jusqu'à ce qu'elles se mettent à se donner des claques sur les jambes en poussant des cris de douleur! Sans le savoir, elles avaient mis le pied sur un nid de fourmis rouges! Et contrairement aux autres fourmis, quand on dérange des fourmis rouges elles contre-attaquent: elles grimpent sur toi et se mettent à te mordre! En tentant de débarrasser Mémé de ces insectes belliqueux, j'ai pu l'expérimenter moi-même sur une main: la morsure pince vraiment! Disons que les goyaves ont été chèrement gagnées finalement!

De retour sur la route, on était sur le point de s'engager sur un rond-point quand on s'est fait dépasser en trombe par une minivan conduite par une dame qui n'avait pas l'air trop sûre de ses capacités et qui allait décidément trop vite pour un rond-point... On en était à ces réflexions quand la dame a soudainement perdu le contrôle de son véhicule, qui est passé par-dessus la bordure de béton pour plonger dans le marécage au centre du rond-point! On a stationné la voiture pour aller prêter main-forte à la dame et son fils, qui ont pu heureusement s'extirper indemnes de l'auto à moitié inondée! Plus de peur que de mal finalement, mais c'était plutôt impressionnant à voir! Puis, on est entrés dans Cayenne même. C'était samedi, jour de marché, et Ghislain et Marina nous ont justement laissé face aux étals en plein air. C'était peut-être l'un des plus beaux marchés qu'on ait fait depuis un moment: il y avait tout plein de fruits et légumes différents, exotiques (ou pas) et colorés. Mémé a trouvé son bonheur en achetant un chadèque, un  genre de gros pamplemousse avec assez de chair pour nourrir une armée! (Mémé: non, vous comprenez pas, c'est le meilleur fruit de la terre!! Un fruit plus sucré qu'un pamplemousse, avec presque 1 pied de diamètre! C'est devenu mon fruit préféré et je suis en deuil depuis, on en a pas retrouvé...) Bon, Mémé a en fait énormément trippé sur ce fruit-là, c'en était même malsain. Après avoir déambulé un bon moment entre les vendeurs qui criaient et les clients qui tâtaient les produits, on a visité le marché aux poissons (et l'odeur qui va avec) avant de marcher un peu sur le quai (plutôt une digue s'avançant entre les mangroves sur les eaux brunes de la rivière Cayenne). La pluie nous a chassés du quai vers les rues du centre, où on est restés un peu avant d'avoir faim et de revenir vers le marché pour le dîner. On nous avait vanté les mérites des soupes vietnamiennes (pho) qu'on servait dans les stands dans les marchés: pour 4 euros, c'était effectivement succulent et pas cher pour la Guyane française! La Guyane française abrite quelques communautés hmong du Vietnam et du Laos, qui s'y sont établies en fuyant la guerre d'Indochine, et le Lonely Planet dit qu'on retrouve donc en Guyane française la meilleure bouffe d'Asie du sud-est en Amérique du Sud! En partant, on a aussi goûté à différents types d'alcools forts aromatisés à l'un des stands du marché où un gars n'arrêtait plus de nous donner des échantillons! Il y a aussi eu un gars louche qui est passé très près d'un stand de gogosses pour touristes  à côté de nous puis s'est éloignés subrepticement... seulement pour se faire bondir dessus par la madame du kiosque qui s'est mise à le tapocher et lui a arraché des mains le bol en bois qu'il venait de voler!! Haha!

Ensuite, on a vraiment visité le centre historique de Cayenne. Le Lonely Planet décrit Cayenne comme étant "perhaps one of the loveliest capitals of South America". On est pas certains d'être entièrement d'accord... Vrai, la ville a un héritage colonial évident. La préfecture, la mairie, le marché et quelques autres bâtiments administratifs occupent de vieux bâtiments coloniaux très bien restaurés, et dans le centre on trouve nombre de vieilles maisons bien belles à regarder. Par contre, beaucoup d'autres manquent d'entretien, et la construction anarchique d'immeubles en béton gâche un peu l'effet en plantant partout dans la vieille ville des bâtiments sans grand intérêt. La place centrale (la place des Palmistes) est jolie avec ses palmiers et ses vieilles maisons, mais elle est traversée par des voies pavées pour les voitures qui font en sorte que le promeneur ne s'y arrête pas nécessairement. Bref, Cayenne a clairement du charme, mais, dans les Guyanes, Parbo est, à notre avis, beaucoup plus jolie (Georgetown est hors-concours)! Au cours de notre tour de ville, on a aussi tenté de visiter les ruines du vieux fort français qui surmonte la butte qui domine la ville, mais on s'est fait interdire l'accès par les militaires qui occupent aujourd'hui le site...

Après le marché, le quai, le fort, une visite des plus jolis bâtiments et une longue promenade dans les rues, on a eu l'impression d'avoir bien vu Cayenne. On s'est donc arrêtés prendre une chocolatine dans un petit café (miam!) tout en répondant à des courriels et en écrivant le blog... et en recevant un appel Skype surprise de mon père! Par contre, on a fini par être éjectés du café parce que, comme partout en Guyane française, tout ferme pour la seconde moitié de l'après-midi! Une fois en-dehors, on a erré encore un peu dans les rues désertes de ce samedi après-midi puis on a fait quelques achats dans un chinois du coin (notamment du chocolat et une bouteille de vin pour remercier Ghislain et Marina de leur accueil). En sortant de l'épicerie, on trouvait que ça nous avait coûté étrangement peu cher, puis on a réalisé qu'on ne nous avait pas chargé le prix de la bouteille! On est revenus et la caissière était tellement contente (ou surprise?) qu'on revienne pour corriger l'erreur qu'elle nous a donné en plus une barre de chocolat! Morale de l'histoire: ça aurait peut-être été plus payant d'être malhonnêtes, mais tsé on n'aurait pas eu de chocolat en plus! (et on se serait aussi sentis mal...) Ensuite, on s'est dit qu'on allait continuer courriels + blogs dans l'une des seules institutions qui restent ouvertes coûte que coûte: le bistrot! Attablés devant une Jeune Gueule ambrée (la microbrasserie locale, plutôt bonne), on a passé la fin de l'après-midi bien relax, à écrire... et à assister au match de rugby qui opposait la France à un autre pays à ce moment-là!

Au début de la soirée, Ghislain est venu nous chercher en voiture (quel service, décidément!) et on a jasé de tout plein de chose en revenant vers leur appartement. Pour notre dernier souper tous ensemble, on a mangé de la lasagne et de l'agneau au curry (le second plat pour nous donner une idée de l'île Maurice) avec notre bouteille de vin et même du champagne "maison"! Encore une fois, ça a été une très agréable soirée! Avant de dormir, on a parlé à ma mère et à mon frère sur Skype, pendant que Marina cognait des clous dans la cuisine, la pauvre!

On vous parle de St-Georges-de-l'Oyapoque, de Macapa et du delta de l'Amazone dans la prochaine entrée! À bientôt!

Pour Ghislain et Marina, si vous nous lisez: une dernière fois, un merci très spécial à vous deux d'avoir fait de notre passage à Cayenne un moment si plaisant!!

samedi 23 novembre 2013

Kourou


Salut, c'est Mémé qui continue la section sur la Guyane française!

La route entre Saint-Laurent et Kourou est magnifique! Bien qu'elle relie deux des grandes villes, on se rend compte que la GF n'est pas très populeuse... On a eu droit à des forêts toutesvertes dès qu'on a quitté la ville! On a profité du trajet pour réserver notre place sur le bateau qui se rend aux Îles-du-Salutprès de Kourou, et pour s'informer sur les visites guidées au Centre Spatial Guyanais, là d'où décollent les fusées européennes (avec notre carte sim achetée inutilement pour l'entrevue mais qui s'est finalement révélée essentielle pour l'organisation en Guyane française). Malheureusement, on a appris qu'il n'y avait aucune place libre pour les visites d'ici deux semaines!! C'est dommage parce que ça aurait été intéressant àvisiter... À Kourou, le chauffeur du taxi collectif a fait la run de lait pour aller mener tous les passagers chez eux. Ça nous a permis de voir des coins de la ville où on ne serait pas allés normalement, comme un quartier très pauvre où des familles s'entassaient dans des minuscules apartements construits dans de longues maisons mobiles. À vrai dire, on anticipait un peu notre passage à Kourou, connue comme étant la ville la plus dangereuse de Guyane française. Kourou vit presque uniquement du centre spatial (le seul gros employeur dudépartement!). De brillants scientifiques européens grassement payés viennent donc s'établir à Kourou le temps de leur contrat. Le reste de la population elle n'a pas du tout le salaire des scientifiques, et l'argent de ces derniers ne sert pas à améliorer les conditions de vie des franco-guyanais... Bref, les disparités sont énormes et la criminalité est élevée.

Le taxi nous a laissé dans un carbet pas cher, dans le village amérindien. Là aussi on anticipait un peu: on n'avait pas envie de dormir à la belle étoile dans le Kanesatake d'une ville pas sécuritaire... Finalement, ce n'était pas du tout comme ça! Le carbet était sur la plage, entouré de cocotiers et on entendait bien le bruit des vagues! On y a rencontré un Français (Jo) qui habitait là depuis deux mois et qui nous a confirmé qu'il n'y avait pas de problème côté sécurité pour dormir là. François et moi on est partis à la recherche d'un souper et on a fini par manger dans l'entrée de garage d'une madame qui faisait cuire du poulet près de la rue. On a dit au revoir à son fils de 4 ans qui était devenu notre grand ami et on est revenus à l'hôtel, stressés de marcher seuls le soir dans la ville...

Jo le Français nous a proposé d'aller prendre une bière alors on est tous partis vers le centre pas trop loin du carbet. C'était vraiment un personnage: si on avait été au Moyen-Âge, il aurait été un mélange entre un soldat et un moine: il était marin, aimait la chasse et les avions, mais il était en même temps vraiment spirituel et ermite... Il a passé un bon moment de la soirée à philosopher sur le sens de la vie et à nous raconter ses projets de romans. Il nous a aussi confirmé que Kourou n'est pas exemplaire en termes de sécurité:
- Un de mes amis s'est fait donner un coup de machette en pleine place centrale à midi, on est venus le sortir de là avec nos fusils, on a tiré mais on a raté les gars
- Non les policiers ne font rien, ils ont peur parce qu'ils vont recroiser les bandits le lendemain dans un bar
- Ils ont retrouvé un des gars qui a fait ça mais ils l'ont libéré parce qu'il est mineur
- Je me promène toujours avec mon couteau, et mon fusil esttoujours chargé
- Pas mal tous les commerces se sont fait braquer
- Si on vous braque, même si vous donnez tout ce que vous avez, ils vont probablement vous poignarder aussi parce que ça les amuse
Bref, on est sortis le moins possible durant tout notre séjour...!

De retour au carbet, on est allés sur la plage pour regarder les étoiles puis on a dormi semi-mal en se faisant réveiller par la pluie qui entrait à cause du vent! Le reveil sous les cocotiers était magnifique par contre! Comme Jo se rendait au port pour ses cours de voile, il nous y a mené en même temps. En effet, on allait passer la journée aux Îles-du-Salut! C'est là que la Franceenvoyait ses pires bandits et ses prisonniers politiques (ex: Dreyfus). À cause de ça, les Français ont eu longtemps une mauvaise opinion de la Guyane vu que c'est là qu'on se débarassait de la racaille... En plus des ruines des prisons (les bagnes), on peut marcher dans des sentiers parce que les îles sont encore très sauvages! Le catamaran pour s'y rendre était vraiment bien: il y avait deux toiles de trampolines installées à l'avant d'où on pouvait regarder l'eau entre les deux quilles et prendre les vagues encore plus fort (mais on ne pouvait pas sauter malheureusement...)! On est arrivés à l'île principale (il y a en tout 3 petites îles mais on ne peut en visiter qu'une) après 30 minutes de navigation en haute mer! On tombe d'abord sur la maison du directeur, qui contient habituellement un musée mais qui était fermée lors de notre visite. Puis, il y a la "place centrale" avec la maison du médecin, l'église et l'hôpital. À part l'église qui a été rénovée, l'hôpital est encore en ruines, et c'est assez glauque avec les fenêtres avec des barreaux en métal rouillé... Il faut dire que le bagne des Îles a fermé un peu après la deuxième guerre mondiale donc tout est décrépit! Après on a visité la section où vivaient les employés de la prison, puis enfin les cellules de la prison. C'était vraiment sinistre! Des cellulesgrosses comme un lit simple, avec des crochets au mur pour y attacher des chaines et une petite fenêtre dotée de barreaux tout en haut de la pièce qui ne laissait presque pas entrer la lumière! Ça ne devait pas être génial d'être un bagnard, même si l'environnement en-dehors lui est très mignon!

À côté d'un marais (un réservoir d'eau à l'époque) qui nous mettait en garde contre la présence de caïmans se trouvait un hôtel où les visiteurs de l'île peuvent rester. On a attendu un peu que la pluie cesse en observant les paons, les poules et les capibaras qui trottaient devant l'entrée!

Comme je l'ai dit, les îles sont encore très naturelles, surtout tout autour du terrain avec les bâtiments de l'ancienne prison. On peut y marcher un certain temps, soit en longeant la mer ou plus à l'intérieur de l'île. Et contrairement à Kourou où l'eau est brune, ici elle est plus bleue (mais pas vraiment transparente, on est pas loin de l'Amazone tsé)! On a trouvé un endroit avec plein de roches plates où on a mangé notre délice du midi: des raviolis en conserve. On a pu confirmer que l'eau était toute aussi chaude que dans les Caraïbes, c'est vraiment parfait comme température! Mais comme le courant à cet endroit menaçait de nous emporter à chaque vague, on s'est dirigés un peu plus loin où des gens se baignaient, protégés des vagues par une digue. On a trempoté un bon moment en jasant à d'autres touristes français. C'est vraiment drôle parce que presque tous les Français qu'on a rencontrés sont venus en GF pour travailler ou pour visiter des amis qui sont venus y travailler. Très peu viennent pour le tourisme! Et tous les gendarmes en GF viennent de la métropole, ce qui fait selon moi vraiment bizarre. Des policiers blancs dans une population en majorité de couleur, ça fait colonialiste non?? En fait on a trouvé que la GF fait vraiment "colonie", les abus en moins: l'élite (scientifiques, fonctionnaires...) vient de "métropole"qui fournit tout (subventions, salaires, produits...) à ce morceau oublié de "France" en Amérique du Sud... Et bien sur, les inégalités sont grandes, les Blancs vivent bien et ce sont surtout les Amérindiens, les Noirs et les immigrants des pays voisins qui restent dans la pauvreté...

Après la baignade, j'ai fait une sieste sur une roche pendant que François s'amusait avec des petits insectes qui ressemblaient à des troglodytes (mon premier travail de recherche au primaire portait sur les troglodytes, c'est la première fois que ce savoir me sert!!). On a continué notre marche le long de la côte en marchant sous les cocotiers puis on s'est enfoncés dans la jungle avant de revenir prendre le bateau (et la trampoline!). Ce fut une bien belle journée!!

Comme on prévoyait partir le lendemain pour Cayenne, il fallait qu'on se renseigne pour savoir d'où partaient les taxis collectifs. On a donc tenté notre chance avec le gentil réceptionniste du bateau qui n'a pas su nous aider sur ce point mais qui nous a dit qu'un de ses amis devait se rendre à Cayenne le lendemain! En plus, il nous a reconduit au carbet, nous évitant une grosse heure de marche, parce que "il a beaucoup voyagé lui-aussi et il aimerendre service"! C'est fou comment on rencontre des gens gentils en voyage!

Autre point auquel on ne s'attendait pas en GF: c'est difficile de trouver du wifi! On avait espoir que le McDo au coin de la rue en aurait, mais non, même pas! Et il faut absolument un cellulaire pour organiser tous nos transports! Au moins, celui vers Cayenne était maintenant confirmé! Après souper, on s'est tous transformés en exterminateurs... Tout a commencé quand Jo nous a dit que la chienne de la famille allait mourir parce qu'elle était complètement infestée de tiques... Elle faisait vraiment pitié alors Jo lui en enlevait le plus possible mais c'était peine perdue... Un peu après, François qui était retourné dans le carbet nous dit: "c'est des tiques qu'il y a partout sur le plancher??". En effet, il y avait des petites tiques un peu partout par terre!! On s'est mis à toutes les écraser jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'elles avaient envahi les pilliers de bois du carbet!! Il y en avait des milliers, en plus de celles qui sortaient sans cesse du sable...! On a essayé de mettre du chasse-moustique sur leurs nids, elles s'enfuyaient instantanément et on pouvait les écraser par terre. J'étais la préposée à l'écrasage, et pendant que Jo philosophait comme quoi les tiques allaient assister à la fin de la race humaine, François analysait la situation. Les proprios (qui semblaient autant peu intéressés par l'invasion du carbet que par la souffrance de leur chien) nous ont prêté de l'insecticide. Ce fut l'apocalypse pour les tiques! François a pris les choses en main (moi j'écrasais celles qui osaient s'enfuir) et a pris sa tâche tellement à coeur qu'il s'est fracassé la tête contre une tôle en métal...! Après avoir rincé abondamment (on dormait juste à côté) et avoir paranoïé sur le fait qu'on était tous infestés nous aussi, on est allés dormir sous la protection illusoire du moustiquaire.

Le lendemain, quelques tiques étaient revenues dans les nids mais la plupart avaient été désintégrées grâce à nos bons soins... On a pris un douche, écrit un peu le blog sur la plage puis on est partis au rendez-vous pour notre lift vers Cayenne. L'ami du réceptionniste du bateau (on a oublié son nom...) était vraiment sympathique! Il était dans l'armée et partait souvenen missiondans la jungle pour arrêter les chercheurs d'or illégaux, qui pullulent dans les forêts inhabitées de la Guyane. Imaginez:partir 5 semaines (et parfois plus) dans la jungle suffocante, avec la malariala dengue et la rage, avec un ravitaillement en hélicoptère à la moitié du temps, à dormir dans des hamacs... Il faut vraiment être courageux! Il nous a dit que les orpailleurs(i.e. les chercheurs d'or) formaient souvent des communautés bien organisées, que l'armée trouvait parfois des villages de plusieurs milliers d'habitants qui vivent au milieu de la forêtsans que personne ne le sache! Le trajet a vraiment passé vite, on a jasé tout le long! En banlieue de Cayenne, on est allés prendre une chocolatine (une vraie, on est en France quand même!) avec lui en attendant Ghislain, un Français qu'on avait rencontré à Paramaribo et qui nous avait invité à manger avec lui et sa copine quand on serait à Cayenne!

La capitale de la Guyane française pour la prochaine fois!

vendredi 22 novembre 2013

Saint-Laurent-du-Maroni


Le jour de notre départ vers la Guyane française, j'ai fait ma princesse alors que François s'est levé courageusement à 5:15 pour aller réserver nos places de l'autobus public vers Albina, la ville d'où on traverserait la frontière pour aller en Guyane française. Je n'ai malheureusement pas pu bien dormir pendant ce temps-là parce que j'imaginais François marcher seul dans les rues et se faire battre ou kidnapper, alors moi la veuve éplorée je devrais partir à sa recherche, et pire que tout, rater l'autobus vers Albina! François est finalement revenu sans problème (et nos billets -enfin nos numéros nous assurant un billet- en poche) vu qu'un chien l'a adopté et a été son chien de garde tout au long du trajet, au grand déplaisir de François haha! Après s'être recouchés un peu juste pour dire, on a dit au revoir à notre bel hôtel!

L'autobus public était moyennement moche mais son plus grand problème était de contenir 3-4 personnes qui n'ont pas cessé de hurler et pouffer de rire super fort tout au long du trajet... Mise-à-part la dame qui a fait attendre l'autobus pour faire je-ne-sais-quoi pendant 10 minutes chez quelqu'un, le trajet s'est fait sans rien de particulier. Arrivés à Albina, on s'est fait prendre d'assaut par les piroguiers qui font la traversée de la rivière qui sépare les deux pays. On dirait qu'ils ont toujours la même tactique (comme les taxis, les agences de voyage ou les changeurs au noir...): tout le monde t'entoure et te propose ses services ou certains te tirent pour que tu les suives. On dirait que leur but est que tu n'aies pas le temps de réfléchir! Alors on essaie de s'éloigner le plus vite possible, pour revenir quand on sera prêts (même si des fois on se laisse entraîner dans le tourbillon). Ici,on avait pas le choix de traverser en pirogue parce qu'on avait raté le traversier public, mais on voulait d'abord faire étamper notre passeport, puis aller dîner pour profiter une dernière fois du coût raisonnable de la bouffe surinamienne et finalement échanger les $ du Surinam qui nous restaient. Par contre, alors que dans plusieurs des derniers pays qu'on a fait on pouvait aller et venir à notre guise dans le village-frontière même une fois étampés, ici on nous a formellement interdit de retourner dans la ville... On n'était pas très contents, surtout parce que personne en Guyane française n'allait vouloir nous donner des précieux euros contre des $ du Surinam... En plus, le guide recommandait de demander aux douaniers de nous conseiller quel piroguier prendre vu que parfois ce n'était pas trop sécuritaire mais ils n'ont pas su nous aider finalement... De toute façon, il n'y avait que deux pirogues (les deux sans aucun gilet de sauvetage) accostées au quai derrière les douanes. On a fait un arrêt dans un plus grand quai pour récupérer d'autres passagers puis on est partis sans problème vers l'autre rive. Les piroguiers sont, dans mon échelle personnelle, maintenant classés dans la même catégorie que les chauffeurs de taxi. Au moment de payer (en $ du Surinam), ils n'avaient pas de change, alors ils nous l'ont donné en euro. Ça nous arrangeait au fond, mais ils nous ont donné beaucoup moins que ce que ça aurait dû être en réalité. Comme je lui répétais qu'il ne nous avait pas assez donné, il a coupé court à la conversation en sautant dans la pirogue et en s'éloignant avec un grand sourire narquois... Je l'aurais donné en pâture aux pirhanas croyez-moi!

Quand on franchit le fleuve Maroni qui sépare le Surinam de la Guyane française, on arrive dans la petite bourgade de St-Laurent-du-Maroni (SLM pour les intimes) et on est officiellement en Europe, malgré la forêt amazonienne! Enfin,techniquement: puisque la Guyane française est un département de France, on est donc dans l'Union européenne en plein coeur de l'Amérique du Sud! Une fois les douanes passées, on a marché vers le centre de Saint-Laurent, c'est-à-dire pas trop loin vu que cette ville est minuscule! Après avoir retiré des euros, on a mangé dans un petit resto chinois, en se liquéfiant tellement il faisait chaud! Ça faisait bizarre de parler français partout! Le reste de notre après-midi était chargé. En effet, François avait une entrevue sur skype le lendemain midi avec le directeur du département Asie-Pacifique au Ministère des Relations Internationales du Québec pour un stage en janvier! Il fallait donc tout préparer pour s'assurer que ça se passe bien, ce qui signifiait:
1. Acheter une carte SIM pour être rejoignable en cas de pépinavec skype
2. Trouver du wifi (prononcez "weefee" parce qu'on est en France ici) pour demander à mon père d'appeler sur le cellulaire pour vérifier que le numéro fonctionne à partir du Canada.
3. Envoyer en vitesse le numéro à l'interviewer de François
4. Partir vers la ville de Kourou parce que c'est la conclusion à laquelle on était arrivés pour perdre le moins de temps possible dans notre séjour dans la dispensieuse Guyane
5. Trouver un café internet adéquat pour une entrevue (ie. sans pré-ados qui hurlent en jouant à Star Craft)
6. Tester la connexion et la caméra du café internet avec mon père, fidèle allié

Ça a commencé à aller mal à l'étape... #1... On a appris qu'ici, les magasins (sauf les "chinois", les épiceries-dépanneurs qui sont tous tenus par des Chinois), ferment tous de 13:00 à 16:00, parfois même 16:30!!! La ville est morte pour presque tout l'après-midi!! On voyait bien que le magasin de cellulaire était fermé alors on a fait le tour des "chinois" pour voir s'ils vendaient des cartes SIM. "Non, il faut aller chez Digicel ou Orange, ça ouvre à 16:00". Rah!! Comme on voulait envoyer le numéro le plus vite possible (l'entrevue était le lendemain tse), c'était plus intelligent de rester à Saint-Laurent pour acheter la carte dès 16:00 plutôt que de partir vers Kourou. Problème: les hôtels sont super chers à Saint-Laurent! Assis sur le trottoir, on se demandait bien ce qu'on allait faire. Notre mine dépitée a attiré l'attention d'une fille qui attendait un ami au volant de sa voiture. "Je peux vous aider?" On raconte l'histoire, elle est toute énervée qu'on vienne du Canada, et elle nous propose d'aller nous mener à un centre d'achat un peu plus loin où le Digicel est peut-être ouvert. Rendus là, on voit que c'était aussi fermé... Tous ensemble on essaie de trouver une solution, elle nous invite chez elle mais elle habite à 50km d'ici et comme il n'y  a pas d'autobus, on resterait pris là-bas... Bref, on savait encore moins quoi faire! Elle nous a déposé devant un hôtel et un café où elle savait qu'il y avait du wifi. On est  allés voir à l'hôtel: pas de chambre à moins de 75€, en plus ça avait l'air moche...Découragés, on est passés au café-bistrot voisin et on est tombéssur notre sauveur:
- Sauveur: "oui le wifi est super bon ici, tout le monde l'utilise pour skype. On est ouverts demain midi alors vous achetez un jus et vous restez le temps que vous voulez!"
- Moi: "et est-ce que tu connais une place pas trop chère pour dormir à Saint-Laurent?"
- Sauveur: "oui il y a un carbet à 10€ la nuit juste à côté d'ici, tiens je te montre sur la carte"
Bon, on avait au moins quelque part où dormir et un endroit avec wifi!

Les "carbets" sont une merveille en Guyane française parce que c'est le seul moyen de se loger sans défoncer son budget. C'est un toit installé dans la cour de quelqu'un sous lequel on accroche son hamac! L'endroit qu'il nous avait recommendé était vraiment très bien, tout était super propre. Le proprio (qui venait de la métropole, ie la vraie France, mais n'allez pas dire ça aux Franco-guyanais parce que pour eux ici aussi c'est la vraieFrance!) était bien sympa quoique très cynique et ne voulait plus arrêter de nous parler de tout et de rien (bref, il était Français!).Il a aussi gentiment accepté qu'on paie en $ du Surinam vu qu'il y allait de temps en temps pour faire des achats. On a mis fin à la conversation à 16:00 pour aller finalement acheter la carte pour le cellulaire. Ça s'est fait sans problème et en plus il y avaitun café internet à côté!

Au café internet, on a pu tester le numéro à partir du Canada et l'envoyer au potentiel futur employeur de François. L'option de faire l'entrevue à partir des ordis du café internet était meilleure que celle de la faire sur mon ipod avec du wifi parce que ma caméra n'est pas la meilleure. Mais l'entrevue débutait à 12:30 pour nous et le café internet fermait à 13:00... Ce n'était donc pas une meilleure option finalement vu qu'on ne savait pas combien de temps allait durer l'entrevue... Finalement, on s'est rendus au café-de-notre-sauveur pour tester la connexion wifi.Malheureusement pour nous, son quart de travail devait être terminé et en lieu et place travaillait la dame la plus bête que j'aie jamais rencontrée! De loin. Elle refusait qu'on s'asseoit ailleurs que sur la terrasse bien qu'on ait expliqué que demainpour l'entrevue on aimerait faire un appel de l'intérieur du café pour ne pas entendre les bruits de la rue et qu'on voulait être certains que le wifi se rendait bien. Elle nous a regardé comme si on était les derniers des crétins quand on lui a dit qu'on voulait tester la connexion wifi, un peu plus et elle nous envoyait carrément chier. Si c'est ça l'attitude chiante des Parisiens, c'est loin de donner envie d'y aller!! De toute façon, on a réalisé que l'entrevue aurait lieu en plein dans l'heure du dîner, il y aurait donc probablement trop de bruit autour pour faire une bonne entrevue... Bref, l'option café-bistrot venait pas mal de sauter...

On est revenus au carbet déprimés, et on a demandé au proprio s'il accepterait de nous donner le code de son wifi pour qu'on fasse l'entrevue le ledemain. Il a dit oui mais il n'est jamais venu nous le mener. On a fini par comprendre qu'il allait nous prêter son ordinateur portable! Bref, tout était probablement arrangé, il ne nous resterait qu'à tester la connexion demain un peu avant l'entrevue...

C'était peut-être un peu ardu comme description de journée, je m'en excuse! Mais ça vous montre un peu à quel point des fois rien ne semble fonctionner en voyage. On a beau faire des efforts (ex: arriver le plus tôt possible à Saint-Laurent), il se passe toujours quelque chose hors de notre contrôle ou auquel on aurait jamais pensé (ex: les magasins ferment l'après-midi)... C'est à cause des imprévus comme ça qu'on n'arrive pas à planifier d'avance nos voyages. Certains voyagent en ayant planifié des semaines d'avance (autobus, hostel, avion...), je sais vraiment pas comment ils y arrivent!! On a parfois de la difficulté à prévoir où on va dormir le soir-même! C'est aussi pour ça qu'on n'a pas fait de Couch Surfing dans le voyage. Pourréussir à trouver une place où dormir, il faut contacter la personne plusieurs jours d'avance, d'autant plus que si la première personne refuse, il faut se laisser du jeu pour en contacter d'autres! C'est dommage parce qu'on aurait bien aimé en faire mais je dirais que ça devient plus stressant comme façon de voyager parce qu'il faut planifier d'avance et s'assurer d'être là au rendez-vous! Probablement que si on voyageait beaucoupplus lentement (en restant plus longtemps à la même place) ce serait plus facile. En tout cas, chapeau à ceux qui arrivent à faire ça!

Avec tout ça je ne vous ai même pas parlé de Saint-Laurent-du-Maroni! C'est une petite ville (mais une des principales du pays, enfin du département) située sur le bord du fleuve Maroni (dah). Je vous avoue qu'on s'attendait à  arriver en France (côté architecture, propreté, richesse...) mais non. Vraiment pas. Même si c'est la plus riche des trois Guyanes, on ne peut pas dire que ça paraît d'emblée dans les rues! C'est une ville qui se rapproche plus des Guyanes (mais avec une architecturecoloniale différente) mais ce n'est pas l'Europe non plus. Il y a deux rues principales qui mènent à l'église et des petites rues qui gravitent autour. Sinon, il y a un ancienne prison que les Français utilisaient du temps où la Guyane servait de bagne pour la France et qu'on peut maintenant visiter. Et c'est pas mal ça: il n'y a pas grand chose à faire, bien que l'architecture des vieilles bâtisses coloniales (souvent décrépites) soit intéressante à regarder!

On a soupé avec un bon sandwich dans du vrai pain baguette (!) acheté dans une cantine à l'intérieur d'une camionette, ces popottes-roulantes prenant les rues d'assaut le soir venu. On est revenus au carbet où on a croisé notre comparse de hamacs qui y habitait depuis deux mois. Puis on a passé la soirée au café-de-notre-sauveur pour faire quelques courriels. C'est là qu'on a pu voir qu'on était malgré tout en France: 3$ pour le minusculement petit chocolat chaud (et c'était le moins cher du menu). Les Franco-guyanais ont le pire des deux mondes: des services un peu boboches (par rapport à la France) vu que la France ne veut pas trop y investir à part pour le Centre spatial, mais un coût de la vie aussi élevé que la France sinon plus vu que beaucoup de produits (voire tous) sont importés... Ceux qui viennent de la "métropole" s'en sortent bien car ils ont souvent de meilleursemplois (en plus d'une prime d'éloignement parfois) mais les Franco-guyanais de souche ont plus de difficultés à joindre les deux bouts... Par contre, la faune du café-bistrot nous a aussi montré qu'on était en France, même sous la chaleur amazonienne: pressions, demis, andouillettes, cigarettes en continuclient et garçon de café qui s'engueulent parce que le premier réclame un verre droit pour son cognac... Bref, on est bien en France!

En revenant du café, on ne peut pas dire qu'on se sentait dans un bon quartier de Paris par contre: ivrognes couchés sur le trottoir, prostituées, gars louches qui marchent dans le noir, rues vides... Disons qu'on marchait les fesses serrées et qu'on aurait bien pris un taxi! Mais il n'y a pas de taxi!! C'est bien le premier pays qu'on fait où il n'y a pas de taxi! Il y a décidément un problème en GF en ce qui concerne les déplacements sans avoir à s'acheter d'auto...

On est revenus sains et saufs au carbet. La nuit n'a pas été trop pire (autant qu'on peut le faire dans un hamac) mais mon hamac s'est mystérieusement déserré durant la nuit et j'ai fini par dormir sur le sol!

L'avant-midi suivant, jour d'entrevue, a été assez relax (dans le sens où on a pas fait grand chose, pas que Franco était relax hihi). On a testé la connexion skype en parlant avec mon père, François a revêtu ses plus beaux atours (i.e. la chemise achetée à Paramaribo) et on a tout prévu (verre d'eau, mouchoirs, papier-crayoncellulaire, pompe pour l'asthme, shot de morphine, epipen... Tse juste au cas où...) J'ai fait un pacte de silence pour les 30 prochaines minutes avec le perroquet familial et les enfants de la belle-soeur qui habitent à côté; on était fin prêts.

Et puis, roulement de tambour, tout s'est passé à merveille!! Après avoir discuté un peu de notre voyage, François a appris: "écoute, je t'avoue que je reçois souvent des courriels d'étudiants qui veulent faire un stage chez nous, mais c'est plutôt rare que j'y donne suite. Ta candidature est excellente, c'est exactement cequ'on recherche! Donc on serait prêt à te prendre comme stagiaire en janvier, si ça t'intéresse toujours."
De loin, je voyais François trépigner de joie sur sa chaise etj'écoutais tout ça en ayant la bouche ouverte tellement c'était merveilleux! Il restait à vérifier avec les ressources humaines du Ministère, d'ici deux semaines il aurait des nouvelles. On a sauté de joie un bon moment puis on a attendu le taxi collectif vers Kourou que le proprio du carbet avait su nous dénicher pour après l'entrevue.

Sur cette bonne note, je vous laisse!