Bonjour à tous, mon nom est François et je serai votre guide tout au long de cette nouvelle entrée de blog sur la jungle amazonienne!
20 octobre 2013, dimanche matin: à 7h pétant, on s'est fait réveiller dans notre chambre d'hôtel par le doux son de la batterie! On a pas trop compris ce que c'était au début ni pourquoi quelqu'un sentait le besoin de pratiquer ses solos de drum de si bon matin, jusqu'à ce qu'on entende la guitare et les gens chanter du rock chrétien... On s'est alors souvenu qu'à côté de l'hôtel il y avait une espèce d'église "nouveau genre" et que le pasteur et ses ouailles se donnaient à fond pour rendre leur messe vivante! Après cet agréable réveil, notre voisin de la chambre d'à côté s'est remis à son hobby préféré, soit écouter la télé très fort. On voulait se lever à 7h30: disons que finalement, ça a été un peu plus tôt!
On s'est préparés, on a pris un pain aux bananes sur le pouce pour déjeuner (il y avait une boulangerie à Leticia qui faisait un pain aux bananes délicieux pour 50 cents le gros morceau: je pense qu'on a dû en manger à tous les matins, à la fin la caissière nous reconnaissait et tendait d'emblée sa main vers les pains aux bananes quand on arrivait) puis on est allés à l'agence d'où débutait notre tour. On a rencontrés là les 2 touristes autrichiens avec qui on allait partager nos 3 prochains jours dans la jungle, un couple un peu timide quoique complètement gagas l'un de l'autre! On a aussi rencontré Eduardo, un gars dans la vingtaine qui allait être notre guide. Il était plutôt sympa même si au début il avait l'air sérieux comme un pape, mais finalement c'était juste pour masquer le moment un peu "malaisant" où tu ne connais les personnes avec qui tu vas passer les prochains jour...
Une fois bien équipés des essentielles bottes de pluie, on a marché jusqu'au "port" de Leticia, une crique boueuse encombrée de petits canots à moteur en bois chargés de marchandises. En Amazonie, beaucoup de gens fabriquent leur moteur de bateau eux-mêmes en fixant à un moteur de tondeuse (ou quelque chose du genre) une longue tige de métal au bout de laquelle il y a une petite hélice. Ça fait tout un boucan, d'où le nom de "pequé-pequé" qu'on donne à ces petites embarcations! Pour notre part, on a pris place dans un bateau à peine plus gros recouvert d'une toile (gros avantage pour supporter à la fois le soleil brûlant et les pluies diluviennes). On a rencontré Luchio, notre capitaine de chaloupe (!), un vrai gars de jungle d'une cinquantaine d'années timide au début mais vraiment trop gentil une fois la glace cassée! C'est aussi là qu'on a fait la connaissance de notre autre compagnon de voyage, un vieux Colombien de 74 ans (Don Ignacio) vraiment adorable qui nous a jasé tout le long et qui souriait constamment. On a vaguement fini par comprendre qu'il faisait le tour avec nous parce qu'il voulait exporter du poisson d'Amazonie à Bogota (?) mais c'était loin d'être clair... En tout cas, on était un groupe plutôt disparate! On a remonté la crique puis on a débouché sur l'Amazone. Première impression: c'est vraiment large, et encore ce n'était qu'un bras! Ensuite, c'est brun! L'Amazone est une rivière "blanche" (i.e. en fait, brun café au lait) et sa couleur vient du fait qu'elle est chargée de sédiments. En Amazonie, on trouve aussi des rivières "noires", qui contiennent moins de minéraux parce qu'elles prennent leur source dans la forêt et non dans les Andes, mais jamais de rivières à l'eau transparente comme chez nous. Les rivières noires ont moins de moustiques mais contiennent curieusement plus de vie (i.e. plus d'animaux et de poissons) alors que c'est le contraire pour les blanches... Enfin, 3e observation sur le fleuve: il y a du courant en grand. Pour vous donner une idée, à lui seul, quand il est en crue, l'Amazone déverse plus d'eau douce dans l'océan que le total des 8 autres fleuves qui suivent sur le palmarès des fleuves ayant le plus gros débit au monde! Je vous laisse donc imaginer la puissance du courant, et encore nous étions en pleine saison sèche, à 2500km de l'embouchure... Remonter le fleuve avec un moteur 9 force prend donc du temps et donne par moment l'impression qu'on fait du surplace! Le courant crée aussi des tourbillons et des remous un peu partout, alors il faut faire attention, spécialement là où d'autres grosses rivières à fort débit rencontrent le fleuve. L'Amazone charrie aussi pas mal de stock: on croise constamment des branches, des joncs, de la végétation flottante, des troncs, voire même des arbres entiers! Autant vous dire qu'il faut être vigilant en chaloupe pour que le voyage ne se transforme pas en un remake amazonien de Titanic!...
Notre première étape fut de remonter le fleuve vers un lodge situé un peu plus haut côté colombien. Parce qu'on était en saison sèche, le fleuve était bas, et les rives se ressemblaient relativement toutes: des falaises boueuses surmontées de jungle. On a débarqué pour aller au lodge et on est d'abord tombés sur les animaux de compagnie de la maison, des gros perroquets bleus et verts et rouges et bleus! Comme ils étaient apprivoisés, les enfants du lodge nous les ont fait prendre sur nos épaules. On sent bien les serres qui te rentrent dans la peau mettons, et les perroquets aiment bien gosser avec les choses que tu peux avoir sur la tête! Ils ont ainsi bien aimé mordiller les bobépines de Mémé mais, dans mon cas, ne trouvant rien d'intéressant, ils se sont rabattus sur mes oreilles! Après, un pont sur pilotis nous menait à un étang où on pouvait voir le plus gros nénuphar du monde: certains mesuraient jusqu'à 2m de diamètre! Sur le pont se trouvait aussi un genre de totem en bois représentant un dauphin chaussé de poissons (!), avec un anaconda en guise de ceinture (re-!) en boa et un immense pénis rouge (quelque chose de tout à fait normal, quoi). Le guide nous a expliqué que ça représentait un personnage d'un mythe amérindien, celui du dauphin qui voulait se faire passer pour un homme et qui volait les jeunes filles vierges dans les villages...
De l'autre côté du pont on arrivait à un champ où on entendait des bruits sourds qu'on a pris pour des sons d'animaux jusqu'à ce que le guide nous dise: "Ça? Non, c'est l'armée qui s'entraîne à la base militaire pas loin d'ici!" En entrant dans la forêt, on a pu observer un arbre parasite. En Amazonie, c'est vraiment la loi de la jungle: la vie est une lutte à mort contre les autres organismes vivants où seuls les plus forts survivent. Ça vaut pour les animaux mais aussi pour les plantes, qui se battent toutes pour accéder à la lumière du soleil et aux nutriments de la terre. L'arbre parasite, lui, asphyxie littéralement l'arbre sur lequel il se fixe. Ses nombreuses branches et racines enserrent l'arbre et l'emprisonnent (en fait, ça donne l'impression que l'arbre est derrière les barreaux d'une prison) en absorbant tous les nutriments. Éventuellement, au bout de quelques années, l'arbre qui a eu la malchance d'être parasité meurt, et l'arbre parasite jette alors son dévolu sur l'arbre suivant. Les gens du coin l'appellent ainsi "l'arbre qui marche" parce qu'effectivement il se déplace d'arbre en arbre au fil des années... C'est assez impressionnant en tout cas! On a ensuite vu le plus gros type d'arbre d'Amazonie, un géant de 30-40m qui réussit à percer par-dessus la canopée (le sommet habituel des arbres dans la jungle) pour profiter des rayons du soleil. En revenant vers le bateau, on a demandé à notre guide de quoi on devrait avoir le plus peur dans la jungle. Sa réponse? Les serpents venimeux ou dangereux (anaconda inclus) et les caïmans durant la saison de la reproduction (heureusement, on n'était pas dans cette période de l'année, ouf!). Il fallait aussi faire attention aux scorpions (!), aux araignées (!!) et aux mille-pattes (!!!). Il a aussi tenu à nous préciser que son oncle était mort d'une piqûre de mille-patte qui se trouvait dans sa botte, ce qui nous a rappelé qu'il fallait impérativement secouer notre botte avant de la remettre quand on l'enlèvera! Dans la même optique, il nous a conté la fois où il avait dû traverser à la nage une zone inondée de la forêt avec deux touristes, et qu'ils s'étaient vite dépêchés d'arriver sur la rive parce qu'ils avaient vu glisser vers eux un immense anaconda! "C'est d'ailleurs possible qu'on ait à traverser à la nage des zones inondées comme ça quand on va marcher dans la jungle demain" nous a-t-il ensuite lancé le plus sérieusement du monde. Naturellement, après une telle histoire, nous étions particulièrement enthousiasmés par une telle perspective!
De retour sur l'Amazone, on est revenus sur nos pas pour s'arrêter au village de Santa Rosa, la bourgade située sur l'île en face de Leticia mais du côté péruvien de la frontière. On a visité un peu le village, un endroit bien boueux et humide composé exclusivement de maisons sur pilotis. En effet, le niveau de l'Amazone monte tellement durant la saison des pluies qu'il submerge complètement l'île! La plupart des maisons de cette région d'Amazonie sont d'ailleurs sur pilotis pour cette même raison... À Santa Rosa, on a constaté qu'on était bien de retour au Pérou en voyant que les restos servaient du arroz chaufa (riz frit péruvien) et du lomo saltado, en plus de l'omniprésent Inca Cola, cette merveilleuse boisson gazeuse jaune fluo au goût de gomme balloune! Quand on a en plus entendu de la cumbia comme dans les Andes (relisez l'entrée "Ica et Huacachina" si vous voulez vous rafraîchir la mémoire sur ce qu'est ce fantastique style musical), il n'y avait décidément plus aucun doute possible! Après notre balade, on est allés dîner dans un resto où on nous a servi beaucoup trop de nourriture! Entre autre, il y avait de l'excellent pirarucu, un poisson amazonien pouvant atteindre 2-3m de long. Puisqu'il nous était servi on en a mangé, mais c'est une espèce surpêchée qu'il ne faut pas pêcher durant la saison de reproduction (soit présentement). La Colombie a des lois strictes là-dessus, mais juste en face, au Pérou, on nous a dit que la pêche du pirarucu n'était soumise à aucune règle... En tout cas... Comme toujours, Mémé a mangé pour 10, impressionnant le guide ("elle a bon appétit, elle!") et contribuant à maintenir bien vivante sa réputation d'estomac sans fond!
Suite à ce copieux dîner, on est repartis en chaloupe en remontant l'Amazone, cette fois de l'autre côté de l'île de Santa Rosa. Je vous avais dit que j'avais trouvé très large le bras du fleuve face à Leticia: l'autre bras était, lui, 2 fois plus large! L'Amazone est vraiment un fleuve immense! En chemin, on a vu nos premiers dauphins! L'Amazone compte 2 des 5 espèces de dauphins d'eau douce de la planète: le dauphin gris et l'impressionnant dauphin rose. On en a vu plusieurs fois au cours de notre séjour dans la jungle dans le fleuve et les rivières qui s'y jettent, c'est un bien beau spectacle à regarder à chaque fois! On a fait un bon bout sur le fleuve avant de pénétrer dans une petite rivière d'environ 10m de large. Cette fois, on était bien dans la jungle! Comme l'eau de la petite rivière était plus foncée que l'Amazone, on a pu observer à l'embouchure l'étrange phénomène de séparation des eaux... En fait, les couleurs ne se mélangent pas: les rivières se rencontrent et il y a une nette démarcation entre leurs eaux, on peut pratiquement tracer une ligne exactement là où les eaux de deux couleurs différentes se rencontrent. Sur la rivière, on a vu de nombreux oiseaux, dont l'omniprésent aguila (l'oiseau de proie local). Notre premier arrêt fut l'une des maisons sur pilotis près de la rivière. On a rencontré là un homme bien gentil, au corps usé par la vie rude de la jungle, qui allait être notre 2e guide jusqu'au lendemain. Tout le monde l'appelait "Viejo" ("le Vieux"), et comme on n'a jamais su son nom c'est comme ça qu'on va référer à lui! En espagnol, en passant, appeler quelqu'un "le jeune" ("joven"), "le vieux" ("viejo"), le p'tit gros ("gordito"), le maigre ("flaco"), etc., est une manière affectueuse et familière de surnommer les gens. Ça n'implique aucune connotation négative, contrairement au français où appeler quelqu'un de 60 ans "le vieux", même si on est proche de la personne, ne se fait absolument pas! Bref, on est restés un certain temps chez Vieux. Mémé n'avait d'yeux que pour le chaton de la famille, mais le clou de leurs animaux domestiques (parmi lesquels figurait une tarentule dans une bouteille de plastique) revenait aux 2 petits singes qui passaient leur temps à sauter et à grimper partout, à chaparder des restes de nourriture dans la cuisine, à voler des objets, à fouiller dans la poubelle et à lancer des déchets partout et à tapocher les chats (et le perroquet domestique) avec une agilité surprenante! De vraies pestes, mais c'était hilarant de les regarder faire!
Ensuite, on est partis avec Vieux installer notre campement dans la jungle (parce que oui, on dormait dans nos hamacs dans la jungle). On a donc continué de remonter la petite rivière, en observant le ballet incessant des poissons qui tentent de gober les insectes à la surface de l'eau (ce qui fait des rides dans l'eau et des "plocs!" à chaque 5 secondes partout sur l'eau). Vieux dirigeait le bateau comme un chef, simplement en pointant à notre capitaine à gauche ou à droite pour éviter les branches et autres obstacles... Après un certain temps, on est arrivés à l'endroit où on allait dormir. Nos guides se sont frayés un chemin dans les fourrés à l'aide de leurs machettes, puis on est tous allés les aider à installer les hamacs entre les arbres. Il fallait aussi installer les moustiquaires, parce que c'est à ce moment-là qu'on a fait connaissance avec l'élément le plus désagréable de la jungle: les infâmes sancuchos (maringouins)! Voraces, assoiffés de sang et aussi nombreux que chez nous, il aura fallu attendre la forêt amazonienne pour qu'on puisse trouver un seul endroit sur Terre où les moustiques sont autant une plaie que dans les forêts du Québec (et ici, en plus d'être insupportables, ils peuvent aussi transmettre la malaria)! Même couverts de chasse-moustique, on en avait un nuage en permanence autour de nous! Après les hamacs, on a cherché du bois mort et sec pour construire des feux près de notre campement. Essayez de trouver du bois sec dans un milieu aussi humide, c'est pas évident! D'autant plus qu'au début on n'était pas super à l'aise de ramasser du bois, de peur de ramasser un serpent ou de déranger un scorpion par erreur... Ou encore de tomber sur des branches pleines de fourmis et en être couverts deux secondes plus tard! Don Ignacio a ainsi vite reposé les branches du bel arbre mort et sec qu'il avait trouvé parce que l'intérieur était rempli de milliers de fourmis! Mais bon, on se rend compte assez vite qu'avec le bruit et les vibrations qu'on fait, il y a peu de chance qu'on tombe sur des bestioles peu agréables en ramassant du bois (exception faite des fourmis, naturellement!). Le but des feux (qu'on laisse brûler toute la nuit) est de repousser les animaux du campement, question d'éviter qu'un jaguar ou autre gros chat du genre n'ait envie de nous payer une visite nocturne (ça aussi, c'était bien rassurant...). Dans la jungle, où il n'y a pas de vent, on se rend également compte qu'il fait toujours très chaud et humide... et on sue donc en conséquence, ce qui non seulement est bien désagréable mais finit aussi par enlever le chasse-moustique et donc notre seule barrière contre les piqûres de maringouin... Malgré tout, on réalise vite que la jungle n'est pas aussi désagréable qu'on pourrait le croire côté insectes. Sauf en ce qui concerne les moustiques et les papillons de nuit qui sont stupidement attirés par la lumière de ta lampe frontale et n'arrêtent plus de te percuter constamment le visage, on vit très bien avec les autres types de bibittes. La plupart de ceux qu'on voit sont inoffensifs, on ne voit pas beaucoup de grosses bestioles hideuses ou dangereuses... De temps à autre, on aperçoit une jolie sauterelle verte, une mante religieuse, un gros scarabée coloré ou un insecte-feuille, et c'est fascinant de voir la diversité qui existe entre les milliards de type d'insectes qui vivent ici!... Ce n'est pas trop mal, bref!
Peu avant le coucher du soleil, on est retournés manger chez Vieux (en s'échouant au passage contre une grosse branche dans la rivière, ce qui nous a fait bien désagréablement pencher un peu trop près des eaux noires et menaçantes à notre goût). Bien installés sur le balcon, on a pu se rendre compte que c'était l'heure où les araignées devenaient actives! Invisibles de jour, elles étaient maintenant des dizaines à tisser des toiles partout au plafond en un temps record! On était bien contents parce qu'elles nous débarrassaient des mouches et moustiques le temps qu'on mange! Ça faisait aussi le bonheur de l'un des singes, qui prenait plaisir à bouffer toutes les araignées qu'il pouvait atteindre! Au cours du souper, on a pu jaser politique colombienne avec tout le monde (même si on était au Pérou, tout le monde sauf Vieux était Colombien). Don Ignacio en avait gros sur le coeur contre le président actuel (Santos) mais surtout contre le précédent (Uribe), qui décidément ne semblait pas très populaire auprès des Colombiens qu'on a croisé! On a surpris l'un des singes en train de dormir en cuiller avec le chaton (eh oui) puis on est revenus au campement en bateau. Avant d'aller dormir par contre, il y avait une dernière activité au programme: l'observation nocturne de caïmans! Les rivières d'Amazonie sont infestées de ce type d'alligator qui peut atteindre jusqu'à 6m de long. Heureusement, ils se tiennent surtout sur les berges et ne sont actifs que de nuit. Contrairement au crocodile marin ou au crocodile africain, les caïmans n'attaquent que rarement l'homme, et seulement lorsque celui-ci s'aventure par mégarde près d'un de leur nid lors de la période de reproduction... N'empêche, habituellement ce n'est pas le type d'animal qu'on aime voir de trop près, et là on s'apprêtait à partir à leur recherche en chaloupe en pleine nuit! C'était quand même vraiment excitant, et on scrutait tous les rives dans l'espoir d'être le premier à en apercevoir. Comment repérer dans l'eau noire ou dans les fourrés un animal tout aussi noir la nuit? Simple: il suffit de repérer les yeux oranges de l'animal avec une lampe de poche, ils luisent comme de petites lanternes! Au bout d'un certain temps, Eduardo en a vu un, a étendu les bras dans l'eau... et en est ressorti avec un bébé caïman de 30 cm de long qu'il tenait bien fort au niveau des mâchoires! Il a demandé si on voulait le prendre et Mémé la brave s'est exécutée le temps qu'on prenne quelques photos! Malheureusement, l'animal s'est ensuite mis à gigoter, ce qui a surpris Mémé qui l'a laissé tomber dans le fond de la chaloupe (Mémé: j'ai aussi hurlé gracieusement bien sûr)! Notre guide s'est alors empressé de rattraper le caïman en fuite avant de le remettre à l'eau! On en a ensuite cherché d'autres. Après un certain temps, Eduardo a de nouveau plongé les mains dans l'eau, pour en ressortir cette fois avec un spécimen pas mal plus gros (presue 1m de long!). "Pour connaître le sexe du caïman, il faut flatter son ventre: s'il se laisse faire et ne se débat pas, c'est une femelle" nous a enseigné Eduardo en nous démontrant qu'on avait ici affaire à un caïman femelle. Pas sûr que j'essaierais ça avec un monstre de 6m de long en tout cas! Puis, il nous a dit qu'il allait la garder en nous disant semi-sérieusement qu'on allait la manger demain pour dîner (le caïman se mange, et ça goûte apparemment le poulet). Au final on ne l'a pas mangé, mais on l'a laissée à la famille du Vieux pour qu'elle connaisse un destin similaire... Au début, on trouvait ça révoltant mais on a fini par comprendre qu'attraper des caïmans (qui pullulent dans les environs) pour les manger ne diffère pas beaucoup pour les gens du coin de pêcher des poissons pour les manger... On ne s'émeut pas nous quand on pêche et on tue un poisson pour le manger: ici, c'est la même chose avec les caïmans! On est donc revenus au campement en trimbalant la femelle caïman. Don Ignacio trippait vraiment sur le caïman et n'a pas arrêté d'en parler et de la regarder amoureusement de toute la soirée (elle était attachée en laisse à un arbre)!
Ensuite, on a eu droit à l'allumage de feu le plus médiocre auquel on n'ait jamais assisté. Contre toute logique, Eduardo a tenté d'allumer l'un des tas de bois en plein milieu de la pyramide plutôt qu'à la base. Naturellement, ça n'a pas marché (duh!), alors il a ensuite mis des sacs de plastique (!!!) dans le tas et aspergé le tout d'un peu d'essence (!!!!!!) avant de mettre le feu au tout! On repassera pour la notion de feu "eco-friendly"... Ça a également échoué (quelle surprise), et c'est finalement l'Autrichien qui s'est occupé des feux comme un pro. On a alors commencé à avoir des doutes sur les compétences d'Eduardo... Non mais sérieusement, qui essaie d'allumer des feux comme ça??? L'allumage des feux a quand même eu un effet magique: il y a soudain eu bien moins de maringouins! Puis, Eduardo s'est mis à regarder scrupuleusement avec sa lampe de poche chaque cm des arbres entourant le campement, en y cherchant tout ce qui pourrait potentiellement poser un danger. Je ne sais pas si ça vaut pour tous les Amazoniens, mais lui était très superstitieux quand il passait la nuit dans la jungle, en suivant un rituel consistant à fumer sa seule cigarette de la journée juste avant de dormir dans la forêt et à parler à voix basse à la jungle pour que tout aille bien. Selon lui: "On ne sait jamais à quoi s'attendre avec la jungle: certaines fois, la nuit n'amène que des animaux inoffensifs, alors que d'autres fois on tombe sur des trucs plus dangereux... C'est pour ça que je suis toujours le même rituel avant de dormir!" Après, on s'est glissés dans nos hamacs pour dormir. C'était ma première nuit dans la jungle (Mémé avait déjà fait l'expérience au Guatemala) et c'était quand même impressionnant... Eduardo avait raison: la nuit, on entend très distinctement chaque son! Il y a constamment du bruit dans la forêt: cris d'oiseau, hurlements des singes, crissements des criquets, coassement des grenouilles, son mat des branches qui tombent, bourdonnement des moustiques, bruissement des feuilles sur le sol et dans les arbres, bruits d'éclaboussures dans les mares et la rivière à proximité... On a toujours l'impression que quelque chose bouge pas loin de soi! Et on se sent un peu vulnérables dans nos hamacs, même si la moustiquaire qui le recouvre confère une étrange sensation de protection!
Le réveil le lendemain s'est fait très tôt, vers5h, avec la lumière du soleil... Dans mon cas, également en raison des maringouins, puisque j'avais oublié de resserrer la moustiquaire à la hauteur de la corde du hamac, libérant un bon trou par lequel ces petits vampires s'en étaient donnés à coeur joie toute la nuit! On a défait le campement, éteint les feux puis on est partis dans la brume vers la maison du Vieux où on a tous mis la main à la pâte pour le déjeuner. Ensuite, on a dit au revoir à Don Ignacio qui revenait à Leticia (il avait l'air bien heureux de nous avoir connu en tout cas, et a longuement serré nos mains) puis on est partis avec Eduardo, Vieux et son fils pour marcher dans la jungle. On a remonté loin la petite rivière dans une pirogue motorisée en poursuivant des grands oiseaux blancs (on aurait dit des cigognes) qui s'envolaient au passage de notre bateau pour atterrir plus loin et s'envoler à nouveau! C'était vraiment magnifique! Après un bon moment, on a tous débarqué pour commencer notre randonnée en pleine jungle. On en avait officiellement pour 4 heures de marche jusqu'à une autre rivière où on rejoindrait Luchio et son bateau. La forêt de la région est ce qu'on appelle "la jungle secondaire" car, contrairement à la jungle primaire qui reste sèche toute l'année, la jungle secondaire est à moitié sous l'eau 6 mois par année durant la saison des pluies. En conséquence, le sol où on marchait demeure humide en continu et on trouve souvent des mares un peu partout! On en a eu un bel aperçu au début de la marche en traversant quelques gros trous d'eau remplis d'une boue collante qui menaçait d'engloutir nos bottes de pluie dans un grand bruit de succion... Et encore, Vieux, qui menait la marche à la machette dans le sentier, nous a dit qu'on avait de la chance parce qu'une semaine plus tôt toute cette partie était inondée! À partir de là en effet, tout le sentier était sur la terre ferme, mais on traversait quand même fréquemment des ruisseaux boueux sur des troncs d'arbre. La jungle n'est étonnement pas surchargée de végétation inextricable au niveau du sol: on peut en fait se faufiler facilement entre les arbres sans devoir se frayer sans cesse un chemin à la machette. Ça s'explique par le fait qu'il n'y a que (relativement) peu de lumière qui pénètre la canopée parce que les feuilles des arbres ne le permettent pas, et qu'en conséquence il n'y pas énormément de végétation qui pousse entre les troncs des arbres sur le sol.
On a continué notre marche en suivant Vieux qui prenait bien soin de vérifier qu'on ne pilerait pas sur un serpent ou un scorpion... Notre premier arrêt fut devant un arbre immense au tronc d'une circonférence impressionnante, que Vieux estimait âgé de 500 ans! Bien intentionné, Vieux s'est mis à couper à la machette les plantes parasites qui menaçaient l'arbre... Entre les racines, j'ai aperçu un mille-pattes d'une vingtaine de centimètres, mais Eduardo m'a dit que ceux-là n'étaient pas dangereux. J'ai même pu le prendre: les pattes font un peu comme un massage miniature sur les bras! Par la suite, on a eu droit à toutes sortes d'explications sur les différents arbres de la jungle de la part de Vieux, qui semblait décidément connaître sa forêt comme sa poche! En marchant, on a aussi croisé plusieurs animaux! Haut dans les branches d'un arbre, on a pu clairement observer la démarche lente d'un paresseux, et aussi voir à plusieurs reprises des singes sauter d'une branche à l'autre! Au sol, on a croisé de nombreux oiseaux, des iguanes et une tonne de fourmis. On a pu voir des autoroutes de fourmis coupeuses de feuille, qui transportent tous à la queue-leu-leu sur de longues distances des morceaux de feuille qu'elles ramènent au nid! C'était vraiment une belle marche mais il faisait abusivement chaud par contre! Enfin, aux 3 quarts de la marche, on a laissé Vieux et son fils qui revenaient sur nos pas pour retourner à la maison. Eduardo a alors pris le relais pour la suite. Après un certain temps par contre, le sentier semblait bloqué par un arbre tombé, alors Eduardo nous a amené hors du sentier pour faire un détour en pleine jungle. Il s'est arrêté pour changer de direction plusieurs fois, marchait vite et ne paraissait pas trop sûr de lui, alors on a commencé à se demander s'il ne s'était pas perdu... Dans la jungle, se perdre hors des sentiers est très facile: tous les arbres se ressemblent, on ne voit pas plus loin qu'à quelques mètres devant soi et on peut marcher pendant des jours sans rien croiser... La veille, Eduardo nous disait que même les guides les plus expérimentés se perdent parfois dans des zones de la forêt qu'ils connaissent pourtant très bien! Bref, on commençait sérieusement à se dire qu'on allait peut-être errer ici un bon moment quand on a finalement retrouvé le sentier... Ouf! Notre détour impromptu a quand même eu du bon: nous sommes tombés quasiment nez à nez avec un fourmilier géant (tsé l'animal avec le long nez et la longue langue qui lèche le capitaine Haddock dans Le temple du Soleil) qui s'affairait à monter lentement dans son arbre avec son bébé sur son dos... Finalement, après 4h, on est arrivés à la rivière, au sommet d'une petite falaise où le sol était sec (une rareté!). Eduardo nous a annoncé qu'on dormirait ici cette nuit et qu'on allait pour l'instant attendre Luchio. Crevés et suants sous le soleil de midi dans la chaleur humide et stagnante de l'Amazonie, on a tué le temps en jasant aux Autrichiens jusqu'à ce que Luchio arrive et qu'on aille diner dans le bateau. Entretemps, j'ai vu dans l'eau un long serpent rouge et brun, signe qu'il était vénéneux selon Eduardo!
Après le diner, on a installé temporairement les hamacs en haut de la falaise pour se reposer. Cachés sous les moustiquaires, la chaleur étouffante, les moustiques bourdonnant sans cesse et nos corps poisseux de sueur, de crème solaire, de chasse-moustique et de saleté rendait toutefois même le repos insupportable, et on a vaguement somnolé pendant quelques heures. Vers la fin de l'après-midi, Luchio nous a amené en bateau à la jonction de la rivière Yavari où il y avait une petite plage de sable blanc fin (on ne s'attendait pas à d'aussi belles plages en Amazonie!). On s'est baignés et lavés avec délice dans l'eau chaude et brune de la rivière, après avoir sué comme des fous depuis 2 jours dans les mêmes vêtements (je vous fais grâce de l'odeur de mon t-shirt)! On ne s'est pas trop éloignés quand même: non seulement il y a le courant dans la rivière, mais aussi potentiellement des raies électriques qui piquent très douloureusement si tu leur marches dessus par erreur, des caïmans, des poissons sympas comme les piranhas, des serpents... Et dans l'eau trouble, on ne sait jamais ce qui s'y cache! On relaxé un peu sur la plage, où on a également fait connaissance avec l'équivalent amazonien de la "mouche à marde" bien de chez nous, le tabano... Après avoir douloureusement perdu un peu de sang, on est revenus en bateau vers le campement, en s'arrêtant d'abord dans une maison sur pilotis sur le chemin. On y a relaxé un moment en regardant le soleil se coucher sur le lac derrière la maison, puis on est remontés en bateau. On a suivi quelques dauphins roses avant de s'arrêter jaser à des pêcheurs pour voir la prise du jour!
On est revenus au campement alors que la nuit était déjà tombée, et on s'est immédiatement affairés à monter le campement. Ce soir-là, c'était vraiment infernal côté moustiques et il faisait toujours aussi chaud et humide malgré l'absence de soleil... C'est là qu'on a commencé à se rendre compte que dormir dans la jungle n'est pas nécessairement une expérience bucolique: on aurait bien aimé de l'air climatisé et un endroit sans maringouins à ce moment précis! Eduardo a à nouveau fait lentement le tour des environs du campement avec sa lampe de poche pour vérifier que tout était correct. Il s'est soudainement longuement attardé sur une tache orangée sur un arbre: un agglomérat de plusieurs mille-pattes venimeux! Comme ils étaient parfaitement immobiles par contre, ça ne posait pas un danger immédiat... Puis, sa lampe de poche s'est arrêtée sur un autre arbre auquel l'Autrichien avait accroché son hamac quelques heures plus tôt. Tout près de la corde du hamac se trouvait une mygale de 10cm de diamètre! Luchio nous a expliqué que ce n'était qu'un bébé, qu'une araignée adulte de cette espèce-là pouvait atteindre la grandeur d'une main, doigts écartés! À la question "est-ce qu'elle est venimeuse?", Eduardo a laissé tomber un "oh, elle peut donner la fièvre" qui voulait tout dire... La mygale était malgré tout assez peureuse et retournait dans son trou dans l'arbre à la moindre vibration du tronc. On a quand même pu bien l'observer, et voir ses crochets à venin de plusieurs millimètres de long...
L'allumage des feux fut confié à nouveau à l'Autrichien suite à sa réussite d'hier face aux pitoyables tentatives d'Eduardo, et peu après Luchio pouvait commencer à cuisiner notre souper sur les braises. Au menu: patates, plantain cuits et poisson à la sauce aux oignons et aux tomates cuits dans une feuille de bananier. C'était vraiment excellent, notamment le poisson, et même si l'une des bananes a littéralement explosé dans le feu! Tout en mangeant, Mémé a calmement demandé si c'était normal qu'elle voie des yeux oranges dans la forêt près d'elle! Au final, heureusement, ce n'était qu'une grosse grenouille et non un caïman! Après le souper, on a continué à installer le campement. Cette fois, Eduardo, l'Autrichien et moi avons dormi à même le sol alors que les deux filles avaient choisi le confort de leur hamac même si la pluie menaçait de leur tomber dessus (il n'y avait pas assez de bâche pour protéger de la pluie à la fois ceux qui allaient dormir par terre et les hamacs, mais Mémé et l'Autrichienne avaient beaucoup insisté pour dormir dans leurs hamacs malgré tout). En ce qui concernait notre campement à même le sol, on a en fait dormi sur une bâche de plastique en haut duquel était tendue notre essentielle moustiquaire et la toile imperméable pour la pluie. Avant d'aller dormir, on a pu observer les nombreuses lueurs orangées sur le bord de la rivière: il y avait beaucoup plus de caïmans aujourd'hui! Eduardo nous a appris à reconnaître leur cri distinctif, qui ressemble à un ronflement sourd... Puis, on est allés se coucher en prenant bien soin de tuer chaque moustique ayant pénétré dans la moustiquaire, pendant qu'Eduardo reprenait son rituel de fumer sa cigarette en "parlant à la jungle" à voix basse...
Après une nuit meilleure que la précédente, on s'est réveillés de bon matin pour défaire le campement et déjeûner avant de repartir en bateau. Mémé s'est faite dire à maintes reprises par un Eduardo qui trouvait ça bien drôle qu'un caïman "negro" (les plus gros et les plus dangereux) avait passé la nuit à côté de son hamac! On s'est arrêtés à la même maison sur pilotis que la veille. On a d'abord été chercher notre dîner chez un voisin: deux immenses poissons qu'il avait pêché un peu plus tôt! On s'est reposés un peu sur la galerie (Mémé un peu moins, ses intestins refaisant des siennes) puis Eduardo nous a donné des cannes à pêche rudimentaires (i.e. un bambou, une corde et un hameçon) pour qu'on aille sur le lac pêcher des piranhas! "N'oubliez pas d'assommer le poisson avant de lui enlever l'hameçon si vous voulez garder votre doigt" nous a lancé Eduardo sur son air mi-sérieux habituel avant de pousser nos frêles pirogues vers le large.... On a lancé nos lignes mais, contrairement aux Autrichiens qui n'arrêtaient plus de se faire mordiller leurs appâts, c'était le calme plat de notre côté! En fait, jusqu'à ce qu'on trouve à notre tour un spot où ça mordait, et qu'on commence aussi à se faire bouffer nos appâts dans un temps record sans pouvoir attraper un seul de ces poissons affamés! Seule l'Autrichienne a en fait réussi à capturer un piranha, mais il était bien trop petit pour qu'on le mange alors on l'a remis à l'eau... En revenant vers la maison sur pilotis, j'ai lancé l'un de mes derniers appâts et, tout surpris, j'ai sorti de l'eau un poisson d'une quinzaine de centimètres de long! Ce n'était pas un piranha mais Luchio m'a dit que c'était aussi un bon poisson, et il a ainsi fait partie de notre dîner!
Suite à un bon dîner de poisson, on a repris le bateau avant de s'arrêter à la même plage que la veille pour se baigner. Cette fois, le vent avait éloigné mouches et moustiques, à notre plus grand plaisir! Une partie de la plage était par contre occupée par une colonie d'oiseaux et de gros iguanes qui se sont enfuis à note arrivée... On a aussi remarqué que Mémé était celle qui avait attiré tous les moustiques avec un record de 247 piqûres au total! Puis, on est remontés à bord de notre chaloupe afin de revenir à Leticia, à 3h de bateau. Au passage, on a croisé plusieurs dauphins et de nombreux oiseaux, certains comiquement perchés en groupe sur les morceaux de bois mort à la dérive sur la rivière! Tout le monde (sauf l'Autrichienne qui ne voulait pas) a pu contrôler le bateau pendant un long moment! Mémé a ainsi pu remonter une bonne partie du Rio Yavari et moi j'ai pu jouer au capitaine sur l'Amazone, naviguant entre branches, débris, remous et autres bateaux!
Enfin, on est revenus au port de Leticia, où on a dit au revoir à Luchio. Après 3 jours de jungle, ça faisait un certain choc de revenir à la civilisation, et Leticia nous apparaissait désormais comme une grosse ville en comparaison avec les petits villages de la jungle! De retour à l'agence, on a remercié Eduardo et salué les Autrichiens, puis on s'est mis à la recherche d'un hostel. On avait le goût de revenir à l'hostel où on logeait avant notre excursion dans la jungle, mais en raison de notre mésaventure avec les guides illégaux qui y avaient pignon sur rue on s'est dit qu'il vaudrait mieux aller ailleurs parce qu'on n'avait pas envie de recroiser Jorge. On a fini dans un autre hostel bien sympa, où on a confié notre linge sale (i.e tout ce qu'on avait) à la gérante qui nous faisait (chose rare) un excellent prix pour laver notre stock puant la jungle! Après un saut à la poste, on a ensuite été voir au poste de police si, par extraordinaire, Jorge n'y avait pas laissé l'argent qu'il était censé nous rembourser. Contre toute attente, l'intégralité de nos 100 000 pesos y était!! Tout étonnés, on est revenus à l'hôtel pour répondre à quelques courriels quand a surgi dans l'entrée... Jorge! Ce fut plutôt ackward comme moment:
Jorge: Euh, salut... Tout va bien?
François: Oui, oui, tout va bien...
Jorge: Ah, ok, c'est bien, l'essentiel c'est que tout aille bien.
François: Oui...
Jorge: Ok, euh, il faut que j'aille voir la gérante. C'est ma big boss!
François: Ok!
Donc, Jorge travaillait maintenant pour notre hostel, qui possède une agence de voyage très respectable et recommandée par le Lonely Planet! De la part d'un gars qui disait qu'il travaillait et travaillerait toujours comme "freelance", c'était un retournement impressionnant!... On n'a jamais vraiment su si nous étions les raisons l'ayant forcé à enfin travailler légalement, mais bon, c'était bien surprenant en tout cas! Puis, il nous restait une formalité à accomplir avant de partir le lendemain pour le Brésil: obtenir notre étampe de sortie de Colombie. Assez stupidement, le seul endroit où on peut faire ça en ville est l'aéroport, même si on part en bateau ... Comme on s'était fait dire que les douanes restaient ouvertes tard, on a marché sans se stresser vers l'aéroport situé à l'autre bout du monde... pour se faire dire que les douanes venaient de fermer (il était 19h10)! Ça nous garantissait un avant-midi de marde le lendemain parce qu'il faudrait revenir à 8hà l'aéroport pour ensuite aller prendre notre bateau à 9h (10h heure du Brésil)... On est maintenant résiliants quand des affaires poches comme ça arrivent MÊME si on fait des efforts pour que ça n'arrive pas ( même si c'est frustrant en ¥>#}~|£•<!!)... Il le faut parce que c'est souvent comme ça en voyage! Avant de dormir, on a pris un morceau dans un resto sympa de la ville puis on a profité de nos premiers lits confortables depuis 2 nuits!
Prochaine destination: Manaus, au Brésil, via l'Amazone! À très bientôt!
Ce récit est le plus "sonore" que vous ayez fait jusqu'ici... Péqué-péqué, cris, hurlements, crissements, coassements, bourdonnements, bruissements, bruits d'éclaboussures...Je me sentais plongée dans une atmosphère de drame pouvant surgir à tout moment: on dirait que c'est Hallowe'en à l'année longue, au fond de l'Amazone? Je ne suis pas sûre que j'ai envie d'aller entendre cela de mes propres oreilles, surtout qu'elles risquent d'être attaquées par les perroquets, puisque je ne porte jamais de bobépines.
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