Salut!! C'est François aux commandes pour notre premier (vrai) aperçu du Brésil!
Depuis Leticia, il faut 3 jours de bateau à descendre l'Amazone vers la mer pour atteindre la prochaine ville ayant une population significative, Manaus, au Brésil. Manaus est une poche incongrue d'urbanité en plein milieu de la jungle, connectée uniquement au reste du monde par le fleuve et une route peu fréquentée qui va au nord vers le Venezuela et le Guyana et au sud vers d'autres villes perdues dans la forêt et éventuellement la frontière bolivienne. Ce qui est surprenant, c'est la taille de la ville: elle abrite plus de 2 millions d'habitants! Imaginez Montréal isolée dans la jungle: c'est Manaus!
Manaus est une "boom-town", née en raison de la forte demande de caoutchouc durant les décennies 1890-1910. À l'époque, le développement de l'industrie de masse dans le monde (notamment de l'automobile) induit une forte demande pour le caoutchouc, qui n'est alors produit qu'avec la sève d'un arbre ne poussant qu'en Amazonie brésilienne. Manaus, une petite ville insignifiante de la jungle, voit alors sa population exploser alors que de nombreuses plantations de caoutchouc bourgeonnent dans les environs. C'est l'âge d'or de Manaus: la ville s'enrichit et de magnifiques bâtiments sont construits. Mais les choses s'assombrissent avec la concurrence éventuelle des Britanniques, qui réussirent à implanter dans leurs colonies des arbres à caoutchouc subtilisés au Brésil, et la production chute ensuite catastrophiquement au lendemain de la 2e guerre mondiale avec l'invention du caoutchouc synthétique. Aujourd'hui Manaus est donc une grosse ville qui, bien qu'ayant perdu sa splendeur passée, demeure pleine de vieux bâtiments historiques.
On vous avait laissés à notre arrivée à l'auberge de jeunesse peu après notre arrivée en bateau. Après avoir déjeuné plutôt longtemps, on s'est préparés pour sortir en ville. Le gars de la réception de l'auberge de jeunesse, vraiment trop empressé de nous rendre service, nous a demandé après quelques questions comment ça se faisait qu'on parle si bien anglais si nous étions Français, parce que tous les Français qu'il avait croisé étaient nuls en anglais! Quand on lui a dit qu'on ne venait pas de France mais du Canada, il s'est alors exclamé: "Oh, mais ça explique tout!" Haha!
En sortant, on a marché un peu et on s'est vite retrouvé devant le landmark le plus emblématique de la ville: le théâtre de la ville, un magnifique édifice rose situé au milieu d'une jolie place. Construit en plein boom du caoutchouc, c'est le plus beau bâtiment de la ville! Puisqu'il est toujours opérationnel, on y a fait un tour pour voir si, par chance, il n'y aurait pas un spectacle ou de l'opéra le soir même. On a eu la surprise de se faire servir par une fille au français impeccable mais, malgré tout, il n'y avait pas de show le soir même.... Dommage! Après une petite visite à l'église de la place, on est revenus à nos vieux amours.... En effet, comme toujours, l'une des premières étapes de la visite de la ville fut de visiter... la gare routière. On avait comme plan d'aller deux jours plus tard vers Boa Vista, une ville perdue du nord du Brésil mais un arrêt obligé pour ceux qui, comme nous, cherchent à se rendre au Guyana. On a donc pris l'autobus jusqu'à la minuscule gare excentrée de Manaus (il n'y a pas beaucoup d'endroits où on peut aller en bus d'ici...) C'est à ce moment qu'on a fait connaissance avec les pires chauffeurs de bus de ville qu'on ait eu en 3 mois: arrêts brusques, départs en trombe, passage des nids-de-poule et des dos d'âne à la vitesse grand V... Très agréable quand on se tient debout! On accorde un gros zéro à Manaus pour la sécurité de son transport public! En se rendant à la gare, on a aussi remarqué le nombre impressionnant de différentes églises "sectaires" au Brésil! Vous aviez déjà entendu parler de l'Eglise internationale de la gloire de Dieu? Ou de l'Eglise mondiale du Christ sauveur? En tout cas il y en avait plein, occupant parfois d'immenses édifices tous aussi laids les uns que les autres! À la gare, on a pu avoir nos billets vers Boa Vista en baragouinant quelques mots de portugais que le gars de l'hostel nous avait recopié sur une feuille, ce qui a bien fait rire les employées!
De retour en ville ensuite, on a cherché un endroit où manger dans la chaleur et ça nous a tout de suite frappé: au Brésil, c'est cher! Finalement, on a plutôt décidé de faire l'épicerie en vue qu'on se cuisine un souper le soir à l'auberge, et on a pris un morceau dans le supermarché. On est revenus à l'hostel déposer nos achats et on a fait connaissance avec le nouveau réceptionniste haïtien (qui parlait français aussi... décidément, il faudrait penser à inclure Manaus au sein de la Francophonie) qui répondait constamment "d'accord" (On part pour le zoo maintenant alors!" "D'accord." ; "Merci beaucoup pour les infos!" "D'accord.") Ensuite, on a tenté d'atteindre le zoo de Manaus. On a poireauté longtemps en attendant l'autobus avant de se rendre compte qu'on n'était pas à la bonne place... Finalement, on a fini par se rendre en se faisant aider par plein de Brésiliennes qui voulaient s'assurer qu'on descendait au bon arrêt!
Au zoo (plus une forêt avec quelques cages de temps en temps et beaucoup d'animaux en liberté), on a pu avoir un aperçu de quelques créatures très difficiles à observer dans l'Amazone: la loutre géante de rivière et surtout le lamantin d'eau douce, un genre de gros morse sans longues dents qui passe son temps à brouter des algues! On a aussi vu de très près un paresseux qui nichait tranquillement dans un arbre tout près... ça a l'air un peu nono vu de proche! Il y avait aussi des caïmans d'une taille pas mal plus impressionnante que ceux qu'on avait vu dans la jungle, un bassin plein de tortues et un aquarium contenant le fameux poisson électrique de l'Amazone, capable d'assener une décharge mortelle au baigneur malchanceux qui le frôle dans l'eau... Après la visite, on est revenus en ville, on a complété nos achats au supermarché puis on est revenus à l'hostel. On a mangé avec le couple d'Anglais qu'on avait rencontré sur le bateau vers Manaus: ça a été une super soirée ! C'est drôle : en voyage, on croise des tas de gens, certains avec qui on s'entend super bien tout de suite et avec qui on continuerait volontiers notre périple (comme les Anglais) alors qu'avec d'autres on a tout de suite envie de mettre fin à la conversation... Les 2 Anglais forment un couple bien international. Lui est militaire de formation (il a longtemps été dans la Marine britannique) et travaille aujourd'hui au Sri Lanka dans une compagnie de sécurité privée chargée de la protection des bateaux commerciaux contre la piraterie. Sa blonde travaille elle comme éducatrice niveau maternelle auprès des familles riches et des expatriés de Dubaï, aux Émirats arabes unis. Ils ont une expérience de vie vraiment riche et c'est vraiment intéressant de leur jaser!
Pour le clore la soirée en beauté, Mémé est descendue préparer des crêpes, au grand plaisir des Anglais! Pendant qu'elle cuisinait en bas et que je jasais aux Anglais à l'étage, Mémé s'est fait cruiser par un Français assez insignifiant, très amoureux de sa personne, et qui prenait un plaisir évident à se pavaner torse nu à l'hostel afin d'offrir à tous le spectacle de ses gros muscles et de son corps bronzé... Vous allez dire que je suis jaloux (tsé, moi aussi j'ai des muscles, ils sont juste euh... timides ) mais, franchement, c'était vraiment le genre de personne un peu creuse, avec qui on fait rapidement le tour... Mémé, qui jouait le jeu au début, n'a vite plus été capable de ses frasques... Il a été un peu désappointé quand il a affirmé fièrement être parachutiste et que Mémé, qui n'avait pas compris qu'il était dans l'armée, lui a demandé : "oh, donc tu enseignes le parachutisme aux touristes?"! Haha! Il a invité Mémé à sortir danser avec lui et ses amis en précisant qu'elle ne pourrait pas résister à leur déhanchement sexy (c'était sans connaître mes talents -et ceux de Mémé!- en la matière) (Mémé: comprendre ici que je suis nulle, pas que j'ai un déhanchement sexy, tsé) et lui a proposé, semi-sérieusement, de prendre une douche ensemble (c'est apparemment devenu un peu débandant quand Mémé a répondu : "Ensemble? Avec François aussi?" Haha!). En plus, le Français m'avait déplu dès le départ, en riant d'emblée de notre accent et faisant des commentaires vaguement homophobes (genre :"ce soir, on sort danser, mais pas dans une boîte gay, tsé y'a beaucoup de gays à Manaus" Euh... Ok... Je me fous complètement de ton orientation sexuelle, des endroits où tu aimes sortir et de la taille de la communauté homosexuelle de Manaus, pourquoi tu tiens à me préciser tout ça ? Pourquoi tu tiens à me dire que t'es pas gay et que tu ne fraies pas avec les gays de Manaus, quand ça fait à peine 5 minutes qu'on se connait? En tout cas...) Bref, c'était la caricature du soldat un peu tawouin qui veut paraitre plus mâle que mâle et, au final, c'était un gars qui faisait plutôt pitié... On a terminé notre long souper avec les Anglais, on leur a dit au revoir étant donné qu'ils partaient pour la jungle tôt le lendemain et on est partis se coucher, en piquant une jasette avant de dormir à un Brésilien qui partageait notre dortoir et qui s'était mis en tête de nous apprendre quelques bases en portugais!
Le lendemain, on s'est levés en jasant avec le grand Noir de Los Angeles qui partageait aussi notre dortoir et qui aimait beaucoup parler, et on a déjeuné (déjeuner inclus à l'auberge, on ne se souvenait plus de la dernière fois où c'était arrivé). On avait décidé de visiter plus en profondeur Manaus aujourd'hui, et on a donc d'abord déambulé dans un parc désert (on était dimanche, tsé). On a ensuite marché sur le riverfront vaguement glauque de Manaus avant d'aboutir au marché aux fruits. Ensuite, on a visité le magnifique vieux bâtiment du marché central, tout de rouge et jaune! En sortant, on a jasé un bout en espagnol avec un immigrant péruvien qui rangeait ses affaires après sa matinée au marché. Grosso modo, la conversation pourrait se résumer à: "Vous faites un beau voyage!" "Faites attention à votre sac, la ville est pleine de voleurs!" et "Tous les politiciens du monde sont des pourris, au Brésil, au Pérou, au Canada, même chose!" (3 réflexions somme toute vraies)!
Après une visite à la cathédrale entourée de quelques beaux bâtiments, on s'est dirigés vers la place du théâtre où subsistaient quelques rares stands à bouffe ouvrant leurs portes avec cran en ce dimanche mort! On a mangé un pâté au poisson avec un bon morceau de gâteau, puis on a visité plus en détail la jolie place. En chemin, on a rencontré une Néerlandaise qui logeait au même hostel que nous et qui représente l'exemple type du genre de personne avec qui tu as hâte que la conversation finisse au plus tôt parce que la personne qui te la tient te tombe sur les nerfs... Voyez plutôt:
Néerlandaise: Vous allez visiter les Guyanes après Manaus? C'est les seuls pays que j'ai pas visité en Amérique du Sud. Parce que c'est vraiment cher là-bas.
François + Mémé : Ben, selon le Lonely Planet et ce qu'on a lu, c'est à peu près les mêmes prix que le Brésil provincial, sauf pour la Guyane française qui est effectivement plus chère. Et au Surinam, c'est relativement peu dispendieux...
Néerlandaise: Non, c'est vraiment cher. Y'a qu'une route et tout est cher.
François + Mémé : Euh... Ben on va voir sur place, mais on serait très surpris que les prix soient nettement plus hauts qu'à Manaus d'après ce qu'on a lu, sauf pour la Guyane française...
Néerlandaise: Non, c'est vraiment cher. Point.
François + Mémé : (ok, tu gosses! Ça fait 5 minutes qu'on te parle et on est déjà tannés! Quelle excuse on invente pour sacrer notre camp??)
Hey la grande, ni toi ni nous n'avons été aux Guyanes encore, alors tu n'as pas plus la vérité que nous! On peut se tromper mais on s'est quand même bien renseignés, alors si tu veux nous obstiner dis-nous au moins sur quoi tu te bases, désolé mais on peut pas juste te croire sur parole! Et puis, tu viens de passer 2 mois au Brésil, le pays le plus cher d'Amérique du sud, alors qu'on va juste passer 3 semaines dans les Guyanes, c'est quoi ton problème? Est-ce qu'on te dit catégoriquement que c'est cher le Brésil, alors qu'on ne connait que Manaus comme ville? Ben fais la même chose quand tu nous jases des Guyanes! Parce que c'est pénible, sérieux... (Mémé: cette entrée de blog vous donne un bon exemple de ce que François pense des gens qu'il n'aime pas haha! Pour une fois que c'est pas moi qui chiale ;) )
Après cette agréable conversation, on est allés prendre une crème glacée dans un joli parc de la ville. Dans le fond, Manaus est une ville un peu bizarre... Certains coins sont magnifiques avec leurs vieux bâtiments, mais il semble qu'entre les édifices anciens les permis de construire aient été donné n'importe comment... Résultat, des joyaux architecturaux côtoient des horreurs en béton un peu partout... Personnellement, je trouvais tout de même que ça conférait à la ville un certain charme, mais Mémé n'a pas aimé en raison, justement, de cette alternance beau-laid... Ensuite, on est revenus à l'auberge où, outre le parachutiste français avachi dans le divan et éternellement en chest, on a rencontré un gentil backpacker allemand qui faisait un tour d'Amérique du Sud en 5 semaines! Il faut vouloir prendre l'avion et accepter de ne pas tout voir mettons, parce qu'en 5 mois on doit retrancher pas mal de stock (notamment la Patagonie argentine et chilienne, le Sud du Chili et de l'Argentine, le Venezuela, le Paraguay, le Chaco bolivien et le Pantanal brésilien, le Nord-Est du Brésil, l'intérieur du Brésil (Brasilia, Belo Horizonte, Ouro Preto), l'Amazonie équatoriale-péruvienne-bolivienne...) En fait, on estime qu'il nous aurait fallu, à notre rythme, près de 8 mois (et beaucoup plus de moyens) pour faire toute l'Amérique du Sud, ce qui nous aurait permis de voir tout le Brésil, la Patagonie et le sud du Chili! On reviendra!
On a ramassé nos affaires, Mémé a dit adieu à l'immense chatte enceinte de l'hostel (ses dimensions la rapprochait un peu de Gustave, c'est vous dire à quel point elle était grosse! Salut à Dom et Claude si vous nous lisez et merci encore de garder notre matou bien dodu!) et on est partis en bus vers la gare. Après avoir été bien secoués, on est montés dans le bus où on a pu profiter d'un air climatisé providentiel (mmmmh!...) . Avant de partir, notre tripulante (voir l'entrée de blog sur Lima si vous ne vous souvenez plus ce qu'est un tripulante) nous a souhaité la bienvenue et nous a expliqué qu'on avait des verres d'eau à disposition (wow, une première), puis il a grondé tout le monde d'un air mi-sérieux en disant qu'il ne voulait pas voir un seul verre de plastique trainer dans l'allée! Enfin, c'est ce qu'on a compris, nous et le portugais tsé...On est enfin partis vers Boa Vista, notre premier long trajet d'autobus depuis la Colombie (encore plus cher par contre, c'est le Brésil, quand même)!
Prochaine station: Boa Vista et le sud du Guyana! Restez des nôtres et à la prochaine!
Uniformisation du style de chiâlage... Attention, ce voyage est en train de faire de vous un vieux couple!
RépondreSupprimerMM ;)
Nous faisons un très beau voyage en suivant vos reprotages. Lorraine et Jean
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