Salut! C'est François!
Belem, c'est l'autre grande ville à l'embouchure de l'Amazone (avec Macapa), une cité moderne hérissée de gratte-ciels. Belem, c'est à la fois le bout de la route et la porte d'entrée en Amazonie. En effet, d'ici on peut prendre la route le long de la côte et à travers les plaines du sud jusqu'à Rio et Sao Paulo, mais vers l'ouest on entre dans la forêt amazonienne et le principal moyen de transport devient le bateau. (Il y a bien la route transamazonienne, mais c'est une piste difficile à travers la jungle pour des centaines de kilomètres...). À Belem, c'est donc soit le dernier ou le premier grand bastion de civilisation, selon qu'on vienne ou qu'on entre dans la jungle!
En sortant du bateau, on a dit au revoir à notre ami Français, puis on s'est dirigés vers une institution bien brésilienne pour diner: les buffets au kilo. Difficile de comprendre pourquoi, mais au Brésil, beaucoup de restos prennent la forme d'un buffet au poids, i.e. tu remplis ton assiette et tu paies ensuite en fonction de ce que pèse ce que tu as dans ton plat. Ça ne revient pas si économique que ça mais c'est souvent notre seule alternative quand il n'y a rien autour... Après ce gros repas, on a continué de marcher le long d'une grosse avenue puis on est arrivés à l'hostel où on resterait pour les prochaines nuits. Comme il était déjà tard ce jour-là, on a pas fait grand'chose... à part planifier notre vol vers Rio de Janeiro! Vous vous souvenez quand je vous expliquais dans la deuxième entrée sur Parbo les difficultés auxquelles on faisait face pour planifier l'achat de nos billets d'avion Belem-Rio? Eh bien cette fois, nous étions à Belem, et les prix avaient beaucoup monté pour Rio! Après de nombreuses recherches, on a fini par trouver qu'il y avait un prix correct (mais plus cher que ce que ça aurait pu nous coûter) pour dans 3 jours... Comme on aime bien magasiner, on a avisé une agence dans le quartier qui finalement nous l'a fait pour le même prix et s'est chargée de tous les détails... Nos billets d'avion achetés, on avait maintenant tout le loisir du monde pour profiter du reste du voyage! En soirée, on a erré bien longtemps pour finalement trouver un petit resto de sandwiches avant de se coucher.
Le lendemain, Mémé ne filait pas vraiment... On sait pas trop ce qui a provoqué ça, mais son ventre + intestins lui ont vivement commandé de rester dans la chambre pour se reposer toute la journée... De mon côté, je suis allé explorer une partie de la ville. Après être passé à la gare fluviale pour m'informer sur l'horaire des bateaux (on pensait peut-être passer une journée sur une île en face de Belem), j'ai ensuite marché le long du "bord de fleuve" de Belem, en croisant de temps à autre quelques vieux bâtiments à l'architecture intéressante. Puis, mon premier arrêt fut le vieux-port, transformé en une agréable promenade et dont les hangars renferment désormais de bons restos. Les activités portuaires ont toujours été vitales pour Belem. Première colonie portugaise en Amazonie, placée stratégiquement à l'entrée du grand fleuve, Belem doit sa prospérité à son rôle de transit essentiel dans le cadre de l'exportation des richesses de l'Amazonie: épices, plantes, bois précieux et poisson d'abord, caoutchouc ensuite, puis aujourd'hui bois et minerai. Ce n'est donc pas une surprise que toute la vieille ville soit située en périphérie du port!
J'ai ensuite été mangé dans le marché en plein air de la ville, où on peut déguster le plat amazonien standard (poulet cuit-riz blanc-bines-spaghettis blancs-poudre de manioc-petite salade) pour 6 reals (3$), un excellent deal. Ah oui, on ne vous a pas parlé de la poudre de manioc! En Amazonie, il y a toujours sur la table une boite pleine de petits grains jaunes semi-croustillants: on met cette poudre de manioc partout sur le plat (et en grande quantité) et ça devient immédiatement plus pâteux et consistant. C'est surprenant au début mais on s'y habitue vite et on se surprend même à trouver ça bon! Après ce diner bien consistant, je suis tombé sur le vieux-centre de la ville, où sont aussi amarrés plusieurs bateaux de pêche. C'était la marée basse, alors tous les bateaux étaient échoués sur le fond pendant que les pêcheurs faisaient la sieste... Ce qui était plus impressionnant, c'était le nombre de vautours qui tentaient d'avoir un morceau des restants de poisson et autres détritus qui jonchaient la plage! Le long des quais, on marche en fait le long de ces oiseaux gros comme de petits aigles qui sont à peu près aussi habitués aux humains que le sont les pigeons... Le vieux-Belem est plutôt joli et l'architecture rappelle Manaus (normal, les beaux bâtiments tous été construits du temps du boom du caoutchouc, dont a aussi bénéficié Belem), peut-être même en plus joli. Une courte marche m'a ensuite mené face à la grande cathédrale de la ville. En y entrant, j'y ai recroisé le Français du bateau!
Après, j'ai été visité le petit fort que les Portugais ont laissé à la ville. L'endroit était intéressant, sans plus, mais les vues sur la ville valaient la peine. Par contre, le petit musée à l'intérieur avait réglé l'air climatisé sur "froid polaire", ce qui était particulièrement agréable étant donné la température chaude et humide, doublée d'un soleil tapant, qui régnait dehors! Puis, j'ai fait le tour de la petite promenade en bord de fleuve avant de revenir lentement vers l'hostel. J'y ai retrouvé une Mémé qui allait un peu mieux et qui a réclamé l'une de nos soupes en sachet comme souper. En mangeant, on a jasé à un Français qui nous a raconté ses voyages à travers l'Amérique du Sud... Il nous a conté une anecdote plutôt désagréable sur une fois où il avait été braqué, pistolet sur la tempe et machette sous la gorge (!!!), alors qu'il redescendait seul sur le sentier du Christ de Cochabamba, en Bolivie! Y étant nous-mêmes allés (relisez l'entrée sur Cochabamba dans le blog), on ne pouvait qu'imaginer très clairement l'endroit où ça avait pu se produire... et se dire qu'on était chanceux qu'il y ait eu du monde avec nous lors de la descente, limitant grandement les risques d'agression!
Ce qui précède nous amène à vous jaser de l'insécurité au Brésil. Vous savez tous que le Brésil n'est pas l'endroit le plus safe sur Terre et, contrairement à la Colombie, ce n'est pas juste une mauvaise réputation basée sur rien... Il ne faut pas capoter non plus, mais bon... disons qu'on faisait plus attention qu'à l'ordinaire dans les grandes villes, et qu'on évitait les longs déplacements le soir à pied! Comme pour peser sur le bobo, la une des journaux locaux l'une des journées où on était là était: "Un jeune homme abattu à Belem après avoir tenté de résister à un voyou qui lui volait son vélo"!
Le lendemain matin, Mémé allait beaucoup mieux, et on s'est dit qu'on sortirait ensemble visiter. On voulait aller à l'Île de Marajo, un île grande comme la Suisse (!) située à l'embouchure de l'Amazone, où on retrouve apparemment de très belles plages et où les buffles vagabondent en toute liberté comme en Asie (Mémé: les buffles étaient ma raison personnelle d'y aller, pour revoir mes amours du Vietnam! Il y a même une police montée... sur buffle!). Mais les horaires des bateaux étaient infernaux: ils partaient à 6h30 de Belem et de l'île au retour, garantissant un réveil à 4h30 au moins pour 2 jours de suite... On a fini par se dire que ça ne valait pas la peine. Ce qui est dur en voyage, c'est l'opposition constante entre 2 tendances tout autant légitimes l'une que l'autre. D'un côté, on se dit qu'on ne reviendra probablement jamais dans sa vie à l'endroit où on est et qu'il faut alors en profiter au maximum en visitant le plus possible. De l'autre, on se dit qu'un voyage doit aussi être plaisant et relaxant, qu'il faut aussi se reposer et que dormir peu et se lever constamment à des heures barbares ne fait pas en sorte qu'on profite du voyage pleinement. Il faut toujours jongler entre ces 2 types de voyage, et c'est parfois bien difficile. Dans ce cas-ci, c'est le repos qui a gagné et on s'est dit que plutôt que d'aller à Marajo on allait aller à une autre île plus facilement accessible, Mosqueiro.
On a marché vers la gare en visitant une église puis en s'arrêtant pour diner au Subway parce qu'on avait envie de quelque chose de différent! Une fois arrivés à la gare, on a pris le bus vers Mosqueiro le long d'un trajet qui a duré un peu plus d'une heure. Le temps était magnifique et en débarquant de l'autobus on a marché longuement sur la très jolie plage du village. Encore une fois, l'eau était brune (même si près de la mer, on est encore dans le delta de l'Amazone) mais délicieusement chaude! Bon, on se baignait avec suspicion à cause des raies potentiellement présentes, mais quand même! On a passé un très bel après-midi, Mémé s'est amusée à reproduire mon visage dans le sable mais la marée a fini par tout ensevelir malgré nos digues de sable... On a soupé dans un des petits restos surplombant la plage, après avoir été fouettés par les grains de sable soulevés par le vent dans notre figure! C'était super désagréable (le vent dans la face là, pas le resto!), et on voulait partir au plus vite de ce spot-là, mais ça n'avait vraiment pas l'air de déranger 2 chiens endormis précisément à l'endroit où le vent soufflait le plus fort!
Après le souper, on est revenus en bus public vers la ville, le chauffeur nous a débarqué bien trop loin de notre arrêt et on est revenus à l'hostel pour tomber de sommeil! (Mémé: Comme notre chambre était déjà réservée pour ce soir-là, on a dormi dans deux dortoirs séparés pour hommes et pour femmes. Il y avait dans le mien une madame dans la cinquantaine qui avait trop besoin de parler à des gens... Elle n'arrêtait plus de me jaser en portugais sans que je ne comprenne rien, puis parce qu'elle était "allergique au froid" elle est venue nous dire qu'elle allait demander au réceptionniste de fermer l'air climatisé du dortoir. Elle a dû rester avec nous un bon 20 minutes à jaser de choses dont on se contre-foutait (et qu'on ne comprenait pas de toute façon). Finalement le réceptionniste est monté et je suis allée m'assurer qu'il ne faisait que baisser l'intensité de l'air climatisé, pas l'éteindre complètement. 5 minutes après que je me sois couchée, elle m'a réveillée à grand coup de "Marie! Marie? Marie!!!" pour me dire qu'elle avait oublié de prendre ses pilules pour la pression et pour que je lui donne sa bouteille d'eau... Elle n'était pas méchante, mais j'ai fini par comprendre pourquoi elle m'énervait autant: je n'aime pas les sangsues. J'adore parler aux gens en voyage, mais je n'aime pas quand les gens m'obligent à leur parler!! Exemple, les Anglais sur le bateau étaient juste parfaits, on se parlait de temps en temps, on mangeait ensemble ou non... Alors que le Français du bateau vers Bélem, lui, se fiait sur nous pour être entertainé on dirait... Il était toujours avec nous, semblait s'ennuyer, nous attendait pour manger... On dirait que dès que je sens cette obligation de leur parler, je perds toute envie. Et Dieu sait que ma madame de dortoir était collante! Mais elle m'a donnée une mangue le lendemain alors je l'ai plus aimée à partir de là haha!)
Pour notre dernière journée à Belem (enfin! on avait passé plus de temps que nécessaire dans le coin disons, ce n'est pas une ville SI intéressante qui mérite autant de temps, bien qu'on s'y sente bien), Mémé voulait aller voir le vieux centre qu'elle n'avait pas encore vu. Avant de partir et de "checker-out" de la chambre, on a voulu déposer nos sacs à la réception. C'est une pratique vraiment courante et garder les sacs à dos pour une journée, même après le check-out, est vraiment un service basique que la plupart des hostels offrent gratuitement ou, dans le pire des cas, pour un coût dérisoire (genre moins d'un dollar au total). À Belem par contre, la fille de la réception nous a dit qu'il nous en coûterait 20 reals (10$) par personne pour garder les sacs!!! Vous vous rendez compte, 10$ par personne pour mettre un sac dans un compartiment cadenassé, alors qu'on a déjà payé l'équivalent de 3 nuits dans cet hostel-là! De tous nos voyages, on n'avait jamais vu une telle pingrerie! Et on s'entend que ça ne demande pas un effort particulier de la part de la réceptionniste, elle est de toute manière assise à l'ordi à côté des sacs, elle ne les surveille pas constamment, ils sont juste dans une pièce fermée à clé... On vous le souligne ici pour vous dire à quel point on trouvait ça inadmissible comme pratique! "Oui, mais ce prix-là inclut l'usage de tous les services de l'hostel pour la journée!" de nous répondre la réceptionniste face à notre réaction outrée... On veut bien, mais, d'une part, ça aussi c'est habituellement gratuit (ou alors c'est très spécifiquement spécifié que ce ne l'est pas), et d'autre part, on s'en fout, on ne veut pas utiliser tous les services, on veut juste éviter de trimbaler notre sac partout avec nous pendant 12h! Bref, puisqu'on n'avait pas d'autres choix, on a fini par négocier un meilleur taux (20 reals en tout pour les 2), mais je ne me suis pas gêné pour coucher ma frustration sur papier dans le livre des commentaires! Et on peut-tu vous dire qu'on a profité des services? On a fait du lavage, on a cuisiné, on a utilisé le wi-fi... c'est à peine si on n'est pas partis avec une partie du mobilier pour couvrir nos frais! Non mais franchement... en tout cas!
En sortant dans la ville, on a rapidement réalisé qu'il y avait quelque chose d'étrange. Beaucoup de commerces étaient fermés (enfin une bonne majorité d'entre eux) et il y avait peu de gens dans les rues. Pourtant, nous n'étions pas dimanche, ni même samedi! Que se passait-il donc? On a fini par allumer: jour férié (confirmé par le Lonely Planet)! Encore! Une autre journée où tout allait être compliqué parce que tout est fermé! On a marché vers le parc du centre de la ville, au milieu duquel trône le magnifique théâtre de la ville, qui n'a rien à envier à celui de Manaus. Ensuite, on a fait des courses à l'épicerie en prévision du souper (qui fermaità 14h, alors on avait intérêt à se dépêcher) avant de retourner visiter le vieux-port transformé en zone tendance avec de bons restos. On a dîné au marché, peut-être l'unique endroit animé de la journée, avant de faire un tour de la vieille-ville. Après un petit recorido (i.e. un parcours) où on a fait bien le tour de Belem, on est revenus à l'hostel où on s'est fait à manger et où on a attendu... Parce qu'en fait, on partait le soir même en avion vers Rio. Notre vol était moins cher mais il décollait à 1h40 du matin... Et ça nous sauvait une nuit d'hôtel!
Après un moment, on est partis prendre le bus vers l'aéroport. Heureusement, l'arrêt était devant un édifice militaire, et les policiers militaires se sont fait un devoir de nous aider à prendre le bon bus public! Après un parcours sans histoire où tout le monde nous a aidé à descendre au bon endroit, on est arrivés à l'aéroport. On s'attendait à une place boboche (on est quand même dans un État éloigné du Brésil) mais on a plutôt trouvé un aéroport étincelant de modernité! Après avoir enregistré nos bagages 4h avant le départ du vol, on a entrepris de visiter l'endroit (ce qui nous a pris 10 minutes, c'était plutôt petit) et on a tué l'ennui en faisant le blog et en mangeant un cornet chez Bob's Shakes, la chaîne la moins chère de cornets de crème glacée au Brésil. Après une longue attente, on est finalement embarqués avec Azul, la compagnie qui nous amenait à Belo Horizonte (la capitale d'un État du Sud du Brésil), d'où on attendrait un bon moment avant de prendre un autre avion pour Rio. Le vol s'est bien passé, et on a vraiment trippé sur le panier de noix, craquelins, chips et biscuits "à volonté" qu'on nous servait!
À Belo Horizonte, on s'est traînés misérablement vers le terminal après une mauvaise nuit en attendant notre prochain avion... 5h plus tard. Et nous n'étions qu'à 40 minutes de vol de Rio! J'ai dormi un bon moment puis on s'est ensuite réveillés lentement. On a constaté qu'un nombre ahurissant de personnes utilisaient les fauteuils à massage même si c'était super cher (1$ pour 2 minutes de massage??) et on s'est ensuite mis à la recherche d'un diner pas trop cher à manger. Tout est cher au Brésil, et un aéroport est naturellement encore plus cher. Nos options étant en plus limitées à 3 restos, on s'est finalement rabattus sur une pizza correcte au mieux. Semi-rassasiés, on est montés dans notre dernier avion, où on a encore dévalisé le panier de cochonneries ! On a ensuite survolé les montagnes de Rio, on a salué le Christ rédempteur iconique de la ville et on a finalement pratiquement atterri dans la mer! En fait, on atterrissait dans le vieil aéroport de la ville, situé en plein centre-ville sur un terrain pris à la mer. Ça avait eu du bon: on n'aurait pas aussi pu bien voir la ville, les montagnes et le Christ en atterrissant à l'autre aéroport!
La mythique Rio de Janeiro pour tout bientôt! Salut à tous!
Bon, on va faire provision de mangues et autres fruits exotiques pour rester dans tes bonnes grâces, ma fille! Et est-ce que les avions d'Embraer sont aussi bien que ceux de Bombardier?
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