mardi 5 novembre 2013

Leticia


Holà, c'est Mémé!

Le vol de deux heures s'est bien passé et on a pu passer du froid bogotien vers la chaleur amazonienne, étonamment moins pire qu'on aurait pensé (il faut dire qu'on arrivait le soir). On a payé notre taxe municipale pour les visiteurs de la ville (!) et on est partis en marchant vers le centre. À l'aéroport et sur le chemin on s'est fait gosser par des agences de voyage et des "touts" d'hôtels. En marchant on discutait du fait qu'on était peut-être trop peureux et qu'on pourrait laisser une chance aux hôtels (reste qu'on n'aime pas encourager cette pratique). Comme on passait proche d'un des hôtels, on s'est dit qu'on irait jeter un oeil. Finalement c'était très bien et François a réussi à nous avoir une chambre avec air climatisé pour un super prix! Dans l'hôtel, on a revu un des gars de l'aéroport dont l'agence était dans l'hôtel, il était bien fin et on lui a dit qu'on irait le voir pour jaser des tours dans la jungle. On est allés souper, le frère du gars de l'agence nous a croisé au resto puis on l'a suivi vers l'hôtel. Ce qu'ils nous proposaient comme tour était bien tentant, ils avaient un cahier avec de très bons commentaires de la part d'autres touristes,le proprio (Jorge) et le guide (Nixon) étaient drôles et avaient l'air compétents et le prix était dans les standards alors on a réservé un tour avec eux pour deux jours plus tard. Jorge demandait la moitié du prix d'avance (donc 400 000 pesos = 200$) mais on avait juste 100 000 alors on lui a dit qu'on paierait le reste le lendemain. On est allés se coucher et profiter de notre air climatisé!

Le lendemain, on s'était dit qu'on ferait une journée relax (de toute façon on ne pouvait pas quitter Leticia avant le mercredi car il n'y avait pas de bateau pour Manaus avant). Mon plan de faire la grasse matinée jusqu'à midi a été ruiné par Jorge qui m'a réveillée en frappant violemment à notre porte à 10:00 pour nous dire qu'il pouvait acheter nos billets de bateau pour Manaus si on voulait. On a finalement refusé parce qu'on ne voulait pas qu'il se prenne une cote (et on a bien fait avec le recul!). Il nous pressait pour avoir son argent car il devait préparer le tour pour le lendemain alors on lui a dit qu'on allait retirer de l'argent et qu'on passait à l'info touristique avant de revenir à l'hôtel. La fille de l'info touristique était bien gentille et on a posé plein de questions sur le bateau vers Manaus et les tours dans la jungle. On lui a dit qu'on avait réservé un tour et on a sorti la carte de l'agence de Jorge ("Jorge de la selva") pour lui demander si elle savait si c'était une bonne agence. On a bien fait: "je suis vraiment contente que vous ayez amené sa carte parce que ce gars-là est illégal, il n'a pas le permis pour avoir une agence ou embaucher de guide, on a une liste de problèmes que des touristes ont eu avec lui mais on n'a jamais réussi à lui mettre la main dessus." Ha... Génial... On a donc parlé à un policier de la police touristique (la Colombie cherche à redorer son image et attirer les touristes) qui nous a dit d'essayer de récupérer notre argent par nous-mêmes et que si jamais il ne voulait pas, qu'on appelle la police... On n'était pas très heureux de la situation mettons...

On est retournés à l'hôtel et on y a appris par Nixon que Jorge était à l'aéroport. Là on était sûrs qu'il ne reviendrait jamais vu qu'il savait qu'on était allés à l'info touristique... On a fini par aborder le sujet avec Nixon, prétextant qu'on avait rencontré de nos amis et qu'on voulait partir dans la jungle avec eux mais qu'ils tenaient à aller avec une autre agence. Nixon disait qu'il ne pouvait pas nous rembourser, qu'on devait en parler avec Jorge... J'ai laissé François-le-diplomate parlementer avec Nixon pendant que j'allais à l'info touristique chercher le numéro de la police touristique qu'on avait oublié de prendre. Pendant mon absence, Nixon avait prétexté aller aux toilettes dans l'hôtel mais s'était plutôt enfui de l'hôtel! Là on était vraiment convaicus que les deux étaient des croches et qu'on ne reverrait pas notre argent. Contre toute attente, ils sont revenus et on a pu continuer à leur demander calmement de nous remettre l'argent. Comme ça n'aboutissait pas, j'ai prétexté que j'allais appeler nos amis pour leur expliquer la situation. J'ai trouvé un cellulaire pas trop loin et j'ai appelé l'intendant de police Margi dont j'avais le numéro de cellulaire J'avais compris que le numéro que j'avais était celui du policer de l'info touristique alors j'ai juste dit qu'on était les touristes de l'info touristique et qu'on avait besoin de son aide. Mais il m'avait donné le numéro de sa supérieure alors je comprenais pas pourquoi c'était une fille et elle ne comprenait rien dce que je racontais! Déjà qu'appeler la police dans une langue étrangère était stressant, notre échange était plutôt incompréhensible! J'ai fini par comprendre qu'elle envoyait quelqu'un. J'attendais devant l'hôtel question de pouvoir expliquer la situation aux policiers avant de monter, laissant le pauvre François se faire cuisiner quant à nos soi-disant amis... Il a finalement réussi à lui faire signer un papier pour qu'il nous remette l'argent dans deux jours mais ça n'a pas été sans peine. Jorge-le-croche a d'abord écrit "este recibo es para cancelar el tur". L'affaire c'est que "cancelar" veut dire à la fois "annuler" et "payer"!! Il a fait son naïf quand François lui a fait remarquer puis a recommencé en faisant une faute on-ne-peut-plus grossière du mot "devolucion" ("remboursement)! Tsssss.

La police n'arrivait toujours pas alors j'en ai intercepté deux en moto, qui ont rappelé l'intendante Margi. Quelques minutes plus tard, Jorge descend de l'hôtel et s'apprête à partir en moto. J'essaie de gagner du temps en m'intéressant à ce qui s'est dit en haut puis François est venu à ma rescousse pour qu'on le retienne jusqu'à ce que la police arriveDu coin de l'oeil, j'ai aperçu la police qui semblait se diriger vers l'hôtel. Jorge et Nixon l'ont vue aussi et on pouvait voir la panique dans leurs yeux! Jorge a lancé un regard à Nixon qui a commencé à s'éloigner doucement. Jorge a eu un réflexe pour sauter sur sa moto alors je me suis assise sur son siège, puis la police s'est arrêtée à nos côtés. Fiou! Le chat est sorti du sac et on a expliqué que c'était une agence illégale, qu'il y avait eu plusieurs problèmes avec eux dans le passé et donc que le lien de confiance s'était brisé et qu'en conséquence on ne se sentait plus à l'aise de partir avec eux, etc etc. Jorge était fâché, disait qu'on avait un contrat avec lui pour qu'on parte le lendemain, nous sortait des articles de la loi sur les remboursements et bla bla bla mais j'avoue qu'un "contrat" avec quelqu'un d'illégal depuis des années ça valait pas fort à nos yeux. L'imposante Margi lui a fait promettre qu'il viendrait lui porter l'argent à elle et qu'on irait le chercher par après. On est remontés à l'hôtel, s'excusant auprès du proprio pour le grabuge (il était de notre côté mais reste qu'il permettait à une agence connue comme illégale d'utiliser ses locaux en échange de touristes que Jorge lui amenait de l'aéroport...). Jorge est remonté et a engueulé le plus-que-patient François: "tu es avocat, tu devrais savoir que ça se fait pas appeler la police dans le dos du monde" (mouin... je suis sûre que tu l'aurais attendue sagement si on t'avait dit la vérité, messemble...). Reste qu'il n'a pas contredit une seule fois quand on disait qu'il était illégal; il répondait qu'il était compétent. Probablement en plus, on n'en doute passon tour aurait sûrement bien été (si on était réellement partis le lendemain et qu'il n'avait pas seulement empoché notre argent sans jamais se présenter...). Notre point c'est: si tu es compétent, pourquoi tu ne t'enregistres pas? Si tu as fait des erreurs dans le passé avec d'autres touristes, tu peux sûrement prouver que tu as changé. Si on n'était pas allés vérifier à l'info touristique et qu'on avait fait le tour sans savoir qu'ils étaient illégaux, on aurait probablement bien aimé! Mais là on n'avait juste plus confiance en eux. On leur donnait quand même 400$ en tout, une fortune pour des backpackers, et on allait passer 3 jours avec eux dans la jungle où notre rapport de force face à eux allait être très faible... On voulait donc avoir la sécurité d'avoir un recours en cas de problème, ce qu'une agence légale nous permettait... Alors que dans le cas de "l'agence" illégale de Jorge et Nixon, s'il se passait quelque chose, il leur suffirait de disparaitre sans qu'on ne puisse rien y faire et qu'on n'ait aucun recours face à eux!

On a pricongé dans la chambre pour se remettre de nos émotions. Disons que notre journée relax s'était transformée en une des plus stressantes du voyage! En repensant à tout ça, on s'est mis à avoir peur: qui sait à quoi Jorge était prêt s'il était très fâché contre nous?? On imaginait déjà nos corps criblés de balles durant la nuit... On a fait part de notre peur au gars de l'hôtel qui nous a rassuré et on est allés voir la police touristique pour leur demander leur avis sur l'état de notre sécurité. Ils nous ont un peu rassurés, ont confirmé qu'on avait fait la bonne chose et nous ont dit que ce serait vraiment niaiseux qu'il nous fasse quelque chose car ce serait le premier suspect. Bref, on a essayé de se calmer un peu. Un des employés de l'info touristique a appelé un de ses amis guide (légal...) pour qu'il nous parle de ce qu'il pouvait nous offrir comme tour. Il était bien gentil, on lui a raconté l'histoire avec Jorge et il nous a dit"c'est une bonne personne, mais il a fait des erreurs. Il a été impliqué cinq fois avec la justice, il a été tenu coupable deux fois et a fait de la prison". Ah...! Finalement, on n'a pas retenus ses services car il demandait un prix excessif pour le tour "classique" et celui qu'il nous proposait pour moins cher était moins tentant. On est retournés à l'info touristique pour avoir la liste des agences légales et, par malheur, on est tombés directement sur Jorge qui était venu "défendre sa réputation". L'employée de l'info touristique nous a dit que depuis les 6 ans où elle travaillait là, il n'avait jamais daigné se présenter à eux quand ils essayaient de le rejoindre par rapport à un problème avec des touristes...! Outre le fait que c'était plutôt mal-à-l'aisant, ça nous a rassuré car on se disait que tuer deux touristes n'était pas la meilleure idée si son but était maintenant de redorer son image! Après, on a fait le tour de quelques agences de la ville pour jeter notre dévolu sur l'agence d'une "bonne amie de Margi" selon les dires de la vendeuse. Leur tour était un peu plus cher mais ce qu'ils proposaient était très intéressant et on se sentait en confiance. Par contre, il fallait attendre le soir pour qu'elle confirme le tour avec d'autres touristes (et donc que ça baisse le prix). Entre temps, on a mangé une crème glacée puis on a fait un tour au marché pour magasiner les hamacs qu'on allait utiliser sur le bateau vers Manaus. On a soupé dans un bon petit resto puis on est retournés à l'agence où la dame nous a confirmé qu'il y aurait deux Autrichiens avec nous mais qu'ils voulaient partir le surlendemain. On était bien contents et on s'est dit qu'on aurait finalement notre journée relax le lendemain! J'ai fait un peu de lèche-vitrine dans un des milliers (?) de magasins de linge deLeticia (en Amérique du Sud, les vendeuses ont la fâcheuse habitude de te suivre, et même de te coller, tout le temps où tu te promènes dans les allées. Elles restent aussi devant ta cabine. Ça pourrait paraître comme un bon service mais personnellement ça m'énerve au plus haut point d'autant plus que la propension à sourire et à être sympathique n'a pas du tout l'air d'être un critère lors de l'embauche des vendeuses de vêtements...)
Finalement, on est revenus à l'hôtel où on a parlé sur skype à mes parents pour la soirée! On s'est couchés plutôt tard parce qu'on a fait le point sur notre journée et qu'on se sentait quand même mals pour Jorge d'avoir appelé la police...

Le lendemain, mon rêve (utopique) de grasse matinée jusqu'à midi n'a toujours pas eu lieu car la dame de l'agence est venue nous confirmer qu'elle avait acheté nos billets de bateau vers Manaus et qu'elle serait à l'agence jusqu'à midi pour qu'on aille payer le tout. On a mangé au marché dans un shack brinquebranlant assez peu hygiénique et à la bouffe plutôt moyenne... En plus, la dame avait l'air toute déçue qu'on ait pas beaucoup mangé... C'est toujours dans ces moments-là que les gens des restos s'enquièrent sur si on a aimé ça! Puis, j'ai fait acheté une nouvelle paire de shorts, mes fidèles shorts qui m'ont suivi au Vietnam et dans les Stans étant maintenant plein de trous... L'après-midi a été relax, on a changé le reste d'argent péruvien qui nous restait, on a grignoté un empanada dans un café, on a fait des provisions au-cas-où pour la jungle (j'ai une peur phobique de manquer de nourriture...), on a acheté du chasse-moustique, on a fait quelques courriels le temps que la pluie arrête... Sinon, je ne vous ai toujours pas parlé de Leticia! C'est une ville située sur ce qu'on appelle la triple frontière (l'endroit où se côtoient le Pérou, la Colombie et le Brésil près du Rio Amazone) et c'est la plus "grosse" ville à plusieurs lieues à la ronde. C'est plutôt mignon, pas nécéssairement un charme particulier mais on s'y sent bien et les gens sont relax. C'est aussi une des villes les plus sécuritaires de Colombie. Contrairement au reste de la jungle où il vaut mieux ne pas aller de façon générale, cette petite section est très surveillée (militairement) à cause de l'industrie touristique.

Vers la fin d'après-midi, on est allés collationner-souper dans le seul petit café mignon qu'on avait vu dans la ville, qui était plutôt une boulangerie finalement. On s'est quand mêmegoinfrés avec une baguette (pas trop mauvaise), du beurre et un chocolat chaud. On avait rendez-vous skype avec la mère de François en soirée alors on s'est tranquillement dirigés vers l'hôtel. Par contre, c'était le déluge... À ce moment on s'est dit que ce ne serait pas une mauvaise idée d'avoir des ponchos pour la pluie durant notre séjour dans la jungle alors on a fait un saut au Hiper, notre meilleur ami supermarché de Leticia, pour s'en acheter.

Après avoir parlé à la mère de François, on est allés rejoindre 3 backpackers (un Italien, un Suisse et un Français) qui étaient dans l'hôtel et qui nous avaient invités à venir boire de l'aguardiente (alcool fort dégueu au goût d'anis, très populaire en Colombie...) avec eux. Ils arrivaient d'un 8 jours de bateau depuis Manaus et ça n'avait pas trop bien été car ils étaienttombés sur le pire bateau qui fait la route et ils se sont échoués sur un banc de sable... En plus l'un des gars s'était fait voler ses affaires et toute la bande était donc coincée à Leticia le temps que son ambassade à Bogota prenne les dispositions nécessaire à ce qu'il puisse voyager! Tout le monde avait malgré tout un bon moral! C'était bien sympa mais on devait préparer nos sacs alors on est retournés à la chambre puis on est allés dormir, un peu stressés pour notre virée dans la jungle le lendemain!

Caïmans, mygales et autres bibittes pour la prochaine fois!

2 commentaires:

  1. Est-ce que Nixon est un prénom courant en Colombie? Sinon, pour établir la confiance, on a vu mieux...

    JY

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  2. Anonyme 7 nov.'13
    Un gros merci pour la carte postale, recu mardi; chanceux d'être parmi les favoris!
    La pire journée de votre voyage passée, nous vous souhaitons une très belle excursion. C'est un plaisir de vous lire. Lorraine & Jean

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