Hello! C'est encore MP qui écrit!
Le minivan de Lethem nous a laissé au centre de Georgetown, en milieu d'après-midi. Puis, on est partis à la recherche d'un hostel. Ce ne fut pas facile! Comme je vous ai dit, le guide qu'on a n'est plus à jour donc l'hotel qu'on visait (bien et pas cher) avait fermé. Il y a aussi la question de la sécurité. Voici ce qu'en dit le Lonely Planet: "Georgetown is dangerous. Period."! On a rarement lu quelque chose d'aussi catégorique sur la sécurité! Souvent en Amérique du Sud il y a des quartiers d'une ville qu'il faut à tout prix éviter à cause de la criminalité, he bien Georgetown c'est ces quartiers-là à la grandeur de la ville haha! Disons qu'on anticipait pas mal notre venue... Mais comme c'était notre seule porte d'entrée possible dans les Guyanes, on s'est dit qu'on irait en redoublant d'efforts côté sécurité. Donc en plus de chercher un hostel pas trop mal, on voulait s'assurer qu'on était dans un bon quartier. On a demandé à des gens dans un magasin mais ils ne nous ont pas rassurés et n'ont pas su nous indiquer un bon quartier. Après avoir visité tour à tour une pension glauque et un hotel magistralement overpriced, on s'est finalement rendus à une autre adresse du guide, où la proprio nous a dit qu'il n'y avait pas de problème de jour mais qu'il ne fallait pas aller plus loin que le coin de la rue le soir... Et surtout ne pas passer près de la "place de l'indépendance" à côté, un endroit qui n'a rien d'une place et tout d'un terrain vague abandonné... L'hôtel était dans une vieille maison (style bed and breakfast) et était assez bien! C'est juste après qu'on s'est rendus compte qu'une des fenêtres donnait directement sur la prison municipale!! On voyait très clairement les détenus dans les cellules et leur transfert menottés vers le fourgon de la prison! Il y devait y avoir une vingtaine de personnes qui passaient par là chaque jour! Un peu troublant quand même...
Après une douche salutaire (l'eau était rouge de poussière), on est allés manger dans un restaurant chinois au coin de la rue puis on s'est couchés tôt pour se reposer des derniers jours.
On s'est levés tôt le lendemain: on avait notre visa du Surinam à aller chercher. On est d'abord passés à la banque pour obtenir des $US vu qu'on avait utilisé à Lethem ceux qu'on gardait précieusement pour payer le visa... Un peu stressés de se promeneravec nos passeports et de l'argent, on s'est rendus à l'ambassade en taxi. Habillés comme des enfants de choeur (ils ne nous laissent pas entrer si on ne correspond pas à leur code vestimentaire!), on s'est fait refuser l'accès à l'ambassade par la garde de sécurité car il nous manquait une photocopie. On a donc marché dans les environs à la recherche d'une photocopieuse. Cette petite marche nous a confirmé l'impression qu'on avait depuis notre entrée au Guyana: les habitants sont loin d'être les plus sympathiques... Oui, on va bien vouloir t'indiquer la rue oùon veut aller, mais ce ne sera pas nécessairement avec un sourire! Il ne faut pas généraliser mais de manière générale les Guyanais sont les moins sympathiques d'Amérique du Sud...
Armés de nos photocopies, on est revenus à l'ambassade du Surinam qui ont accepté nos dossiers sans problème en nous demandant de revenir à 14:00. On est revenus vers le centre-ville en marchant. On s'est arrêtés dans un petit magasin pour boire un jus frais. Il ne restait que du jus de "sorrel", un fruit rouge vin intense qui goûte un peu comme la cerise!
Notre marche vers le centre nous a permis d'observer pour la première fois Georgetown.
- C'est pauvre.
- Il n'y a pas de trottoir la moitié du temps. Quand il y en a, il est tout détruit.
- Il y a des déchets partout. Partout. Ça a l'air sale.
- Les Hollandais (qui avaient le Guyana avant de le céder aux Anglais) ont construit des canaux dans chaque rue. Ils ne sont pas entretenus donc l'eau verdâtre pleine de déchets est stagnante. Ça sent vraiment mauvais!
- On voit des crapauds et des gros rats se promener dans la ville
- Plein de gens sont assis à ne rien faire et te regardent passer avec un air louche
- Les maisons sont décrépites. Certaines sont en ruines sur des terrains abandonnés
Bref, ça ne donne pas nécessairement une bonne impression!François n'a pas aimé Georgetown mais moi j'y ai malgré tout trouvé un certain charme! Peut-être parce qu'il n'y a aucun édifice plus haut que 3 étages, ça fait comme un gros village...!
On a débuté notre visite des attractions de la ville par la cathédrale. Il s'agit du plus gros (en date de 2010) édifice construit uniquement en bois au monde! Elle était super mignonne, surtout de l'intérieur: le contraste entre le bois foncé et les vitraux colorés était des plus jolis!
La population du Guyana se divise grossièrement en deux: les Noirs et les Indiens (d'Inde). Aucun blanc à l'horizon, on détonne! On se croyait sérieusement ailleurs qu'en Amérique du Sud, on aurait pu me dire que j'étais en Afrique et j'y aurais cru! Un des grands avantages (en plus d'être plus dépaysant que l'Amérique latine) est la variété de nourriture! Fini les bananes plantains et les bines, du moins pour 2 semaines dans les Guyanes! Justement, on est partis à la recherche d'un repas indien pour dîner. On s'est régalés de poulet au curry! En tout cas François s'est vraiment régalé pendant que de mon côté le piquant du plat m'achevait...Notre festin s'est terminé par un beigne maison dans une boulangerie!
Après, on a fait le pari de visiter toutes les autres attractions de la ville et de revenir à l'ambassade d'ici 14:00. Vu l'étendue de la "vieille-ville" de Georgetown, ça s'est fait sans problème! On a marché jusqu'à la mairie, une vieille maison victorienne vraiment belle mais qui aurait nettement besoin d'être retapée! La cour de justice était dans les rares bâtiments coloniaux de la ville a avoir eu droit à des rénovations... Les jolies maisons ne sont pas uniquement concentrées dans le centre-ville. Sans jamais y être allée, je dirais que ces maisons ressemblent à celles qu'on verrait dans le sud des États-Unis, avec des boiseries et des volets. Certaines sont aussi sur pilotis! Donc on a continué notre marche jusqu'à ce qu'on se rende au marché. L'architecture dudit marché était jolie mais c'était le chaos à l'extérieur! On y a fait un tour, qui s'est fini à un kiosque où un monsieur vendait des animaux (lapins, poules, singes...) dans des conditions que la PETA désapprouverait au plus haut point...!
On s'est dirigés en vitesse vers l'ambassade, où on a récupéré notre passeport et notre carte de touriste pour le Surinam le lendemain! Le déluge a commencé alors qu'on était sur le chemin du retour alors on est arrêtés boire un jus de "golden apple" (qui n'est pas une vraie pomme) dans un stand. Je suis décidément jalouse de la variété des fruits tropicaux! On a parlé longtemps avec la gentille proprio puis on a profité d'une éclaircie pour partir. Comme on avait pas mal tout vu de la ville et qu'on ne tenait pas à trop s'y attarder, on est revenus à l'hôtel pour faire une sieste. On s'est réveillés à l'heure du souper car on avait rendez-vous avec une Guyanaise que François avait rencontrée en Bolivie l'an passé. On l'a attendue à côté du canal fétide devant la maison et comme elle n'arrivait pas, on est allés voir si elle nous avait écrit. En effet, elle ne pourrait pas passer la soirée avec nous finalement. On est donc allés souper juste en face de l'hôtel dans un resto plutôt chic. On a pu goûter au "roti", une espèce de crèpe où on ajoute une garniture comme du poulet ou curry... On a passé une très belle soirée!
Le lendemain on était debouts à 3:30 pour attendre notre transport vers le Surinam. Après avoir rigolé dans notre barbe en voyant sortir de l'hôtel un gars et une "amie" très peu habillée, notre transport est arrivé. On a d'abord fait le tour de la ville pour aller chercher d'autres passagers puis on est arrêtés dans plein de petits villages. On y a pris deux familles de Chinois qui paraissaient trop heureux d'être dans le même autobus et n'ont pas cessé de hurler en mandarin, au plus grand plaisir de Franco qui pouvait pratiquer son oreille! L'autobus s'est arrêté pour une raison inexpliquée un peu avant la frontière et on en a profité pour changer ce qui nous restait de $ du Guyana. Le chauffeur du minivan nous a confirmé que le prix du traversier vers le Surinam était de 2000$ (10$ canadiens) alors on a changé tout ce qu'on avait sauf 4000$. En plus comme je venais juste de me réveiller, j'ai mal calculé et on a eu un mauvais taux...
Rendus au traversier, notre chauffeur nous a dit qu'on continuerait notre chemin vers Paramaribo avec "Johnny" (on avait payé pour le transport jusqu'à Parbo avec une agence).Personellement ce détail m'angoissait un peu parce que j'avais peur qu'on ne trouve jamais ce cher Johnny et qu'on doive payer à nouveau, ou sinon que Johnny ne croit pas qu'on avait déja payé du côté guyanais... Mais bon, on allait bien voir! Dans la file pour acheter les billets du traversier, on a parlé avec deux Français qui travaillaient en Guyane française et qui n'appréciaient pas du tout! On espérait secrètement que ce soit faux "parce que les Français chialent toujours" mais une personne sur deux jusqu'à ce moment-là ne semblait pas aimer l'endroit... On allait voir pour ça aussi!
Quand ça a été notre tour d'acheter nos billets, on a appris que c'était 2090$, pas 2000$... L'employé était ferme, pas question qu'il manque 40¢! François est donc partis dehors en courant pour ré-échanger des $ du Surinam en $ guyanais à un taux archi-pourri, pendant que tout le monde dans la file s'impatientait parce que ça les a retardé de 10 secondes au final. On a passé les douanes et c'est dans la salle d'attente du ferry que j'ai explosé. J'étais vraiment tannée:
- Tannée de croire sur parole ce que les gens nous disent. "C'est 2000$", il fait ce trajet-là chaque jour, je peux pas croire qu'il ne sache pas c'est quoi le vrai prix! Et j'aime 1000x mieux que quelqu'un avoue qu'il ne connait pas l'endroit où on veut aller plutôt que de nous envoyer n'importe où au hasard, ce qui arrive trop souvent!
- Tannée d'être vulnérable. En tant que touriste, tu dois faire confiance aux gens (indications routières, prix, salubrité des aliments...) mais c'est tellement fréquent qu'on te dise n'importe quoi que tu finis par douter de tout. Mais tu peux pas douter parce que tu as absolument besoin de l'aide des gens pour voyager! Et sombrer dans la paranoïa n'est pas génial pour l'ambiance...
- Tannée que les gens n'acceptent pas des autres ce qu'ils font constamment. Exemple: c'est arrivé un nombre incalculable de fois qu'un passager fasse attendre un autobus entier parce qu'il veut s'acheter du pain au coin de la rue ou parce qu'il veut saluer sa grand-mère vu qu'on passe devant chez elle. Je comprends pas que quelqu'un se sente assez important pour faire attendre 30 personnes parce qu'il doit s'acheter un paquet de cigarettes. Et ça chialait dans la file parce que François partait chercher de l'argent. Tu passeras pas plus vite si on a pas l'argent tsé...
- Etc. Etc.
Bref, une montée de lait généralisée, qui m'a fait sangloter pendant qu'on attendait le bateau... On en est venus à la conclusion que je vivais peut-être mon premier choc culturel depuis quelques semaines. Comme je suis plutôt (beaucoup) organisée dans la vie en général, j'ai l'impression que ma limite de tolérance pour la désorganisation en voyage a atteint sa limite après quelques mois... Chaque chose, même minime, peut me faire exploser parce que je suis vraiment écoeurée de toutes lesfaçons de faire boboches auxquelles on est confrontés chaque jour... Mais bon, maintenant ça va beaucoup mieux et quand c'est des situations trop complexes, je délègue à François (qui lui est toujours aussi vaillant)!
Dans le traversier, on a parlé à un couple franco-guyanais qui nous a conseillé de sortir rapidement du bateau parce que les douanes surinamiennes étaient vraiment lentes... On en a eu la preuve quand des policiers sont venus escorter la sortie du traversier pour que les gens ne se mettent pas à courrir pourarriver en premier... Malgré tout, on a dû se faire dépasser par le 3/4 du bateau! Les files dans les pays en voie de développement me donnent envie de déménager en Corée du Nord, là où on enverrait dans un camp de travail la personne qui oseraitdépasser dans une file. Vraiment. Un peu avant d'entrer dans l'édifice des douanes, un employé dispachait les gens qui pouvaient aller dans la file préférentielle. C'est maintenant le temps de vous présenter un moment de malaise:
- Officier des douanes: "Please, Miss, come here (dans la file préférentielle)"
- Madame: "Yes!?"
- Officier des douanes: "You're pregnant?"
- Madame: "No..."
La réaction ouvertement outrée de toutes les dames dans la file ont achevé le pauvre monsieur, qui s'est enfui en silence dans le bâtiment haha!
En effet, les douanes étaient lentes... À voir les ballons et les sandwichs-pas-de-croûte sur une table, il y avait une fête aux douanes, ce qui a transformé les formalités en un ramassis de n'importe quoi.
- Gars qui dit aux gens où aller: "hey mister, go to the left line"
- Moi qui me tasse en même temps que mon voisin vu que j'ai pas trop écouté
- Gars qui dit aux gens où aller: "Miss, are you a mister?"
- Moi ayant récemment changé de sexe: Euh, I think not!
- Gars qui dit aux gens où aller: "Let me see your passport to check if you're a mister." ... "You are so pretty, how can somebody think you're a mister!?"
- Gars qui tamponne le passeport: "I'm sure he called you mister, I would be mad if I were you..."
Puis lors de la fouille des bagages:
- François qui commence à ouvrir d'emblée son sac
- Douanier qui l'arrête dans sa hâte: "do you have ecstasy in your bag?"
- François complètement surpris: "Euuuuuuuuh, no of course!"
- Douanier qui se trouve drôle: "do you have nuclear weapons?"
- François aka Kim Jun Un: "no..."
- Douanier: "Ok! Then you can go"
C'était décidément les douaniers les moins sérieux qu'on aitjamais rencontrés...!
Ça se place bien dans une conversation: "Moi, j'ai eu un choc culturel au Surinam."
RépondreSupprimerEt pour les armes nucléaires, c'est la faute à Jean Chrétien: depuis qu'il a conseillé aux parents de ne pas laisser les enfants jouer avec ça au sous-sol, tous les Canadiens sont suspects aux douanes.