mardi 26 novembre 2013

Cayenne

Salut! Ici François!

Comme vous a dit Mémé dans notre dernière entrée de blog, à notre arrivée dans les faubourgs de Cayenne, on est allés attendre Ghislain, qu'on avait rencontré une semaine plus tôt à Parbo avec sa copine Marina, dans un petit café près du Carrefour (un genre de IGA) de la ville. Avec les stationnements, les centres d'achat et les échangeurs,  ça ressemblait drôlement à un environnement typique d'une banlieue québécoise, quoique plus chaud! Au café, on a continué de discuter avec le soldat tout en dégustant nos premiers bons croissants au chocolat depuis notre départ du Québec! Ghislain est arrivé peu après et on a laissé le soldat en lui donnant l'un de nos bonbons à l'érable qu'on traîne toujours en voyage pour faire goûter aux gens qui nous aident!

On est partis en auto avec Ghislain, en s'arrêtant d'abord à la pension que nous avait recommandé Jo de Kourou. Ensuite, Ghislain nous a conduit chez lui parce qu'il nous invitait à dîner (enfin, à déjeûner, comme on dit en France!) On s'est donc rendus chez eux, dans un mignon petit appartement situé dans une maison à 100m de la mer! Avec la plage à côté et un quartier résidentiel bien relax, difficile de trouver un endroit plus paisible près de la ville! Ghislain et Marina habitent en fait à Rémire-Montjoly, une petite ville périphérique de Cayenne. Beaucoup de Cayennais aisés y ont une maison, et, selon Ghislain, il s'agirait même de l'une des communes les plus riches de France...

Le dîner a été vraiment agréable en compagnie des hôtes les plus aimables qui soient! On a eu droit à des pâtes au saumon avec une bonne bouteille de vin, c'était délicieux! Sans compter le "Ti-Punch" (prononcez "Ti-ponche"), l'équivalent franco-guyanais du caipirinha brésilien (i.e. rhum blanc, jus de canne à sucre et lime) que nous a servi Ghislain pendant la préparation du repas! Je vous disait dans l'entrée sur Manaus qu'en voyage, il y a des gens qu'on rencontre avec qui ça ne clique pas, et d'autres avec qui on  s'entend à merveille dès les premiers instants. Ghislain et Marina entrent d'emblée dans la seconde catégorie! On a parlé de tout et de rien, de France, du Québec et de Guyane française durant tout le repas. Ghislain et Marina viennent tous deux de métropole (enfin, Marina est originaire de l'Ïle Maurice mais vivait à Paris avant de venir en Guyane). Ils ont tous les deux décider de tenter leur chance en Guyane française quand Ghislain a reçu une offre d'emploi ici après des mois de recherche de travail (c'est la crise, en Europe...) Et ça a très bien marché: Ghislain travaille aujourd'hui dans l'administration d'une entreprise de récupération, alors que Marina a trouvé un bon boulot dans une parfumerie de Cayenne. Tous deux sont unanimes: obtenir le même type d'emploi en métropole aurait été très difficile, et ici les responsabilités qui leur sont confiées sont bien plus grandes! Bref, ils sont  bien contents aujourd'hui d'être partis s'établir outre-mer!

Après le repas, on est tous partis faire un tour sur la plage qui jouxte pratiquement l'appart de Ghislain et Marina. L'eau a beau être brune (on remercie l'Amazone et les tonnes de sédiments qu'il rejette dans l'océan), c'est probablement l'une des plus belles plages des Guyanes, et assurément la plus jolie qu'on ait fait depuis Mancora, au Pérou! Tout en bavardant, on est allés grimper sur les rochers occupant l'une des extrémités de la plage, question d'avoir une bonne vue tant sur la plage que sur les petites collines couvertes de jungle la surplombant! On a vu des raies dans l'eau, on a pris quelques photos tous ensemble puis on est allés se baigner dans les grosses vagues. Comme toujours en Amazonie et dans les Caraïbes, on avait l'impression de prendre un bain tellement l'eau était chaude! Après, on a marché le long de la plage avec Ghislain en jasant pendant un bon moment, avant de revenir à l'appartement dans la noirceur. Par la suite, on est partis avec Ghislain acheter à souper (Marina faisait du gardiennage dans la maison d'un voisin). Ghislain en a profité pour nous faire faire un tour de Cayenne-by-night, question de voir notamment la place centrale (la Place des palmistes, couverte de palmiers (d'où le nom, tsé))! On s'est ensuite arrêtés dans un stand à sandwiches dont Marina connaissait la proprio pour se faire une bonne bouffe de sandwich avec pain baguette! On est ensuite revenus, Ghislain a acheté de la bière puis on a rejoint Marina pour souper dans la magnifique maison de ses voisins! Encore une fois, ce fut très agréable et drôle! On a jasé notamment des chanteurs quétaines de France et du Québec, et à un certain moment la conversation a tourné sur la caractère impénétrable de notre accent... Question de confirmer que l'accent québécois peut être impossible à comprendre, on leur a montré un extrait de La petite vie, et ils n'arrivaient pas à saisir le dixième de ce que disaient Popa et Moman! La soirée est devenue hilarante au retour des voisins (dont on squattait la maison!), deux extraordinaires pince-sans-rire! L'homme était super intéressé de nous jaser parce qu'il avait récemment eu l'idée de reprendre une franchise d'un Presse café à Montréal, au grand dam de sa femme qui trouvait qu'il ne cessait d'avoir des projets abracadabrants! On s'est aussi rendus compte en Guyane française que les gens me comprenaient plus facilement que Mémé, ce qui a complexé Mémé parce qu'elle était maintenant sûre d'avoir un accent de bûcheron. Comme pour peser sur le bobo, la dame a fini par interrompre Mémé pendant qu'elle me parlait pour lui dire "Mais tu parles quelle langue là?" Haha!

Bref,  ce fut une super soirée entre amis! On est ensuite rentrés à l'appart de Ghislain et Marina, où on s'est installés pour dormir. Ah oui, parce que finalement ils avaient généreusement offert de nous héberger en plus! On ne voulait pas abuser après le repas et la journée, mais ils nous ont convaincus qu'on ne dérangeait pas et on est finalement restés avec plaisir! Merci encore pour tout si vous nous lisez!

Après un déjeûner à l'appartement le lendemain (où on a notamment appris que le beurre d'arachide était aussi un déjeûner commun à l'Ïle Maurice: on en a proposé à Marina et c'est ce qu'elle nous a dit... oui on a acheté du beurre d'arachide à Parbo!), Ghislain et Marina nous ont proposé de nous conduire en ville (i.e. à Cayenne) parce qu'ils devaient se déplacer de toute façon et que, tant qu'à faire, ils nous amèneraient! En chemin, on s'est d'abord arrêtés au garage pour y laisser l'auto de Ghislain. Pendant ce temps, Marina a avisé un goyavier (un arbre à goyaves) couverts de fruits que les filles ont alors entrepris de délester... Enfin, jusqu'à ce qu'elles se mettent à se donner des claques sur les jambes en poussant des cris de douleur! Sans le savoir, elles avaient mis le pied sur un nid de fourmis rouges! Et contrairement aux autres fourmis, quand on dérange des fourmis rouges elles contre-attaquent: elles grimpent sur toi et se mettent à te mordre! En tentant de débarrasser Mémé de ces insectes belliqueux, j'ai pu l'expérimenter moi-même sur une main: la morsure pince vraiment! Disons que les goyaves ont été chèrement gagnées finalement!

De retour sur la route, on était sur le point de s'engager sur un rond-point quand on s'est fait dépasser en trombe par une minivan conduite par une dame qui n'avait pas l'air trop sûre de ses capacités et qui allait décidément trop vite pour un rond-point... On en était à ces réflexions quand la dame a soudainement perdu le contrôle de son véhicule, qui est passé par-dessus la bordure de béton pour plonger dans le marécage au centre du rond-point! On a stationné la voiture pour aller prêter main-forte à la dame et son fils, qui ont pu heureusement s'extirper indemnes de l'auto à moitié inondée! Plus de peur que de mal finalement, mais c'était plutôt impressionnant à voir! Puis, on est entrés dans Cayenne même. C'était samedi, jour de marché, et Ghislain et Marina nous ont justement laissé face aux étals en plein air. C'était peut-être l'un des plus beaux marchés qu'on ait fait depuis un moment: il y avait tout plein de fruits et légumes différents, exotiques (ou pas) et colorés. Mémé a trouvé son bonheur en achetant un chadèque, un  genre de gros pamplemousse avec assez de chair pour nourrir une armée! (Mémé: non, vous comprenez pas, c'est le meilleur fruit de la terre!! Un fruit plus sucré qu'un pamplemousse, avec presque 1 pied de diamètre! C'est devenu mon fruit préféré et je suis en deuil depuis, on en a pas retrouvé...) Bon, Mémé a en fait énormément trippé sur ce fruit-là, c'en était même malsain. Après avoir déambulé un bon moment entre les vendeurs qui criaient et les clients qui tâtaient les produits, on a visité le marché aux poissons (et l'odeur qui va avec) avant de marcher un peu sur le quai (plutôt une digue s'avançant entre les mangroves sur les eaux brunes de la rivière Cayenne). La pluie nous a chassés du quai vers les rues du centre, où on est restés un peu avant d'avoir faim et de revenir vers le marché pour le dîner. On nous avait vanté les mérites des soupes vietnamiennes (pho) qu'on servait dans les stands dans les marchés: pour 4 euros, c'était effectivement succulent et pas cher pour la Guyane française! La Guyane française abrite quelques communautés hmong du Vietnam et du Laos, qui s'y sont établies en fuyant la guerre d'Indochine, et le Lonely Planet dit qu'on retrouve donc en Guyane française la meilleure bouffe d'Asie du sud-est en Amérique du Sud! En partant, on a aussi goûté à différents types d'alcools forts aromatisés à l'un des stands du marché où un gars n'arrêtait plus de nous donner des échantillons! Il y a aussi eu un gars louche qui est passé très près d'un stand de gogosses pour touristes  à côté de nous puis s'est éloignés subrepticement... seulement pour se faire bondir dessus par la madame du kiosque qui s'est mise à le tapocher et lui a arraché des mains le bol en bois qu'il venait de voler!! Haha!

Ensuite, on a vraiment visité le centre historique de Cayenne. Le Lonely Planet décrit Cayenne comme étant "perhaps one of the loveliest capitals of South America". On est pas certains d'être entièrement d'accord... Vrai, la ville a un héritage colonial évident. La préfecture, la mairie, le marché et quelques autres bâtiments administratifs occupent de vieux bâtiments coloniaux très bien restaurés, et dans le centre on trouve nombre de vieilles maisons bien belles à regarder. Par contre, beaucoup d'autres manquent d'entretien, et la construction anarchique d'immeubles en béton gâche un peu l'effet en plantant partout dans la vieille ville des bâtiments sans grand intérêt. La place centrale (la place des Palmistes) est jolie avec ses palmiers et ses vieilles maisons, mais elle est traversée par des voies pavées pour les voitures qui font en sorte que le promeneur ne s'y arrête pas nécessairement. Bref, Cayenne a clairement du charme, mais, dans les Guyanes, Parbo est, à notre avis, beaucoup plus jolie (Georgetown est hors-concours)! Au cours de notre tour de ville, on a aussi tenté de visiter les ruines du vieux fort français qui surmonte la butte qui domine la ville, mais on s'est fait interdire l'accès par les militaires qui occupent aujourd'hui le site...

Après le marché, le quai, le fort, une visite des plus jolis bâtiments et une longue promenade dans les rues, on a eu l'impression d'avoir bien vu Cayenne. On s'est donc arrêtés prendre une chocolatine dans un petit café (miam!) tout en répondant à des courriels et en écrivant le blog... et en recevant un appel Skype surprise de mon père! Par contre, on a fini par être éjectés du café parce que, comme partout en Guyane française, tout ferme pour la seconde moitié de l'après-midi! Une fois en-dehors, on a erré encore un peu dans les rues désertes de ce samedi après-midi puis on a fait quelques achats dans un chinois du coin (notamment du chocolat et une bouteille de vin pour remercier Ghislain et Marina de leur accueil). En sortant de l'épicerie, on trouvait que ça nous avait coûté étrangement peu cher, puis on a réalisé qu'on ne nous avait pas chargé le prix de la bouteille! On est revenus et la caissière était tellement contente (ou surprise?) qu'on revienne pour corriger l'erreur qu'elle nous a donné en plus une barre de chocolat! Morale de l'histoire: ça aurait peut-être été plus payant d'être malhonnêtes, mais tsé on n'aurait pas eu de chocolat en plus! (et on se serait aussi sentis mal...) Ensuite, on s'est dit qu'on allait continuer courriels + blogs dans l'une des seules institutions qui restent ouvertes coûte que coûte: le bistrot! Attablés devant une Jeune Gueule ambrée (la microbrasserie locale, plutôt bonne), on a passé la fin de l'après-midi bien relax, à écrire... et à assister au match de rugby qui opposait la France à un autre pays à ce moment-là!

Au début de la soirée, Ghislain est venu nous chercher en voiture (quel service, décidément!) et on a jasé de tout plein de chose en revenant vers leur appartement. Pour notre dernier souper tous ensemble, on a mangé de la lasagne et de l'agneau au curry (le second plat pour nous donner une idée de l'île Maurice) avec notre bouteille de vin et même du champagne "maison"! Encore une fois, ça a été une très agréable soirée! Avant de dormir, on a parlé à ma mère et à mon frère sur Skype, pendant que Marina cognait des clous dans la cuisine, la pauvre!

On vous parle de St-Georges-de-l'Oyapoque, de Macapa et du delta de l'Amazone dans la prochaine entrée! À bientôt!

Pour Ghislain et Marina, si vous nous lisez: une dernière fois, un merci très spécial à vous deux d'avoir fait de notre passage à Cayenne un moment si plaisant!!

1 commentaire:

  1. Enfin! Quelques heures de détente parmi tous ces moments de stress, ça fait du bien... et aux parents aussi. Même si vous avez le chic pour pimenter les choses avec des fourmis rouges et des voitures qui dérapent...

    JY

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