mercredi 27 novembre 2013

De Saint-Georges à Bélem

Salut, c'est Mémé qui vous mènera jusqu'au Brésil!

Notre traversée de la Guyane française jusqu'au Brésil s'anonçait plutôt imprévisible à cause des nombreux transferts: il faut d'abord se rendre à Saint-Georges-de-l'Oyapock, puis traverser une rivière vers Oiapoque au Brésil, puis se prendre un bus d'une durée indéterminée jusqu'à Macapa, puis prendre un bateau d'environ 24h vers Bélem, la première ville d'un quelconque intérêt dans la région... Sans compter que le but était d'arriver le lendemain avant 10h à Macapa puisqu'on avait pu savoir qu'il y avait un départ en bateau à ce moment-là! Bref, un bon deux jours de transport, quelque chose qui garantit une entrée de blog plutôt ennuyante! (François: mais non là!)

Le matin, Ghislain et Marina sont venus nous mener à Cayenne à l'endroit où attendaient les taxis collectifs vers Saint-Georges. Avec chance, le prochain partait dans 30 minutes, mais était plus cher, parce que tse on était dimanche... C'était officiellement le transport le plus cher qu'on ait eu du voyage: l'équivalent de 15$ par heure! Malgré un minibus plein à 95%, le chauffeur a passé presque 1h30 à virevolter cellulaire à la main dans Cayenne à la recherche d'un ultime passager! Les passagers ont commencé à s'impatienter (c'est compréhensible quand même) alors le chauffeur a dû abandonner sa quête! Le trajet de 3h30 s'est passé sans problème, à part que j'aie dû engouffrer (avec joie) le reste de mon chadèque pour être sûre de ne pas me le faire confisquer aux douanes! On a aussi passé deux contrôles de "gendarmes" comme il y en a beaucoup en GF pour qu'ils vérifient nos papiers. Ils ont d'ailleurs pincé un immigrant illégal brésilien lors du premier contrôle, qui a dû débarquer de notre bus pour les suivre à la gendarmerie...!

Notre arrivée à St-Georges a débuté en étant assaillis par tous les piroguiers du coin qui nous proposaient de nous emmener sur l'autre rive. On est plutôt partis dîner (on a finalement juste mangé un gros fromage hollandais faute de restos corrects, n'oublions pas qu'on était dimanche), puis on est partis au fin fond de la ville pour avoir notre tampon de sortie. Saint-Georges est un petit village assez mignon, sans être une attraction en soi. Petites rues, petites maisons, bien situées sur le bord d'une rivière... La chose qui nous a le plus frappé est l'omniprésence des gens saouls en ce dimanche après-midi, chose qu'on ne s'explique pas vraiment... De retour près de la rivière, on a suivi un piroguier qui nous a fait attendre dans son bateau le temps qu'il aille chercher des clients avec qui il avait rendez-vous au même moment. Ayant vu deux autres pirogues (des petits bateau à moteur en fait) partir et n'ayant toujours pas de nouvelles de notre capitaine, on a entrepris de changer de bateau. Notre piroguier a fini par revenir bredouille et nous a proposé qu'on y aille plutôt avec un de ses collègues. Faire affaire avec un piroguier (ou un taxi) nous stresse toujours un peu: ce serait très facile de nous emmener ailleurs et de nous dépouiller sans que personne puisse nous aider... Encore une fois tout s'est bien passé (et pas de petite arnaque comme à St-Laurent) mais on touche du bois!

(François: Il y a un pont tout neuf, gracieuseté du gouvernement français, qui relie St-Georges à Oiapoque. Pourquoi alors traverse-t-on en pirogue? Bonne question! Ça fait 2 ans que le pont est prêt mais il n'est toujours pas inauguré... Il semble que c'est le Brésil qui traîne de la patte, n'ayant pas vraiment rempli son obligation de faire une belle route entre Oiapoque et Macapa... Peu importe qui est responsable, pour l'instant le pont est usé par les éléments sans jamais avoir vu de traffic depuis 2 ans...)

Oiapoque, au Brésil, et son absence de choses à faire nous attendait à 10 minutes de bateau sur une rivière bien jolie bordée de forêts! On devait d'abord passer à la police fédérale pour être en règle (et avoir une étampe de plus dans notre passeport, yé!) mais on s'est cogné les dents sur une file interminable... On a compris qu'on était arrivés juste après un groupe de 50 Franco-guyanais qui avaient passé le week-end au Brésil. Ils nous ont gentiment proposé qu'on passe avant eux, question qu'on n'y passe pas la journée! Et une chance parce que le temps filait pour qu'on attrappe un bus de nuit vers Macapa! On s'est rendus en taxi à la gare, et on y a appris que le trajet ne durait que 8h, contrairement aux 18-24h annoncés dans le guide! Même si ça voulait dire qu'on allait arriver à 2h du matin, on était trop contents de pouvoir attrapper le bateau du lendemain! En attendant le départ dans 45 minutes, on a mangé du poulet rôti au stand au coin de la rue, attirant imanquablement deux chiens errants (à qui j'ai bien sûr donné nos restes de gras, les chanceux).

On a complété notre repas par des raviolis en boîte (mmmh) dans l'autobus, ce qui nous a fait perdre notre canif (snif snif) parce qu'il a dû glisser entre les sièges... On est malgré tout surpris car c'est la première chose qu'on a perdue du voyage! Et il faut dire qu'il avait coûté 2$ au Dollarama alors c'est pas la fin du monde! À part ça le trajet s'est fait sans problème.

On est comme de fait arrivés à Macapa à 2h du matin. Comme à notre habitude, on a attendu le soleil dans le terminal. Pendant que François écrivait le blogue, j'ai dormi comme un gros bébé malgré les milliards de petites mouches qui n'ont pas cessé de nous tourner autour! Il faudrait décidément améliorer notre hygiène en voyage ;) Finalement, on s'est rendus au centre-ville pour faire un tour à l'info touristique et acheter les billets de bateau à une agence. L'info touristique n'en était finalement pas vraiment une, il y avait une policière et un monsieur pas rapport qui ne parlaient que portugais... Le gars a juste fini par nous dire d'aller au port pour acheter les billets à l'agence de son ami... On s'est donc dirigés vers l'arrêt d'autobus pour se rendre au port, non sans avoir essayé de changer le tas d'euros qui nous restait. Surprise: les banques n'ouvrent pas avant 11h (et ferment entre 12:30 et 13:30 puis ferment à 15:00)! Tu parles d'un horaire de merde! Que j'en voie un chialer sur l'heure d'ouverture de Desjardins haha! On a donc plutôt sorti de l'argent, un peu stressés d'avoir sur nous une liasse d'euros et une liasse de reals... Sinon, Macapa est une ville plutôt ordinaire, ni laide ni jolie. Le Lonely Planet a raison: personne ne va à Macapa juste pour Macapa! Tout le monde y passe en transit vers la Guyane française ou vers Bélem! Il y a peu d'attractions: outre un vieux fort portugais, la seule chose spéciale est un monument moche en béton qui indique qu'on se trouve exactement sur l'équateur... On avait déjà donné à Quito en matière d'équateur!

Au port, on a rencontré un Français qui voulait aussi se rendre à Bélem. On a magasiné les prix dans les agences du port puis on est allés installer nos hamacs sur le pont. Le bateau était plus petit que celui de la dernière fois et comme on n'était pas d'avance, il ne restait de la place que dans une section à l'arrière du bateau. On se demandait bien pourquoi ce coin du bateau était moins populaire; on s'est finalement rendu compte que c'était parce que le vent emportait vers nous de temps en temps les odeurs des toilettes... Le fait qu'on soit juste sous l'échelle vers le troisième pont était aussi problématique: l'eau coulait partout sur le hamac de François quand il pleuvait! Il fallait donc fermer une grosse trappe vraiment lourde pour fermer l'accès, ce qui fâchait les autres passagers qui voulaient monter une fois la pluie finie! Au moins c'était seulement pour une nuit! Juste avant que le bateau parte, le Français et moi sommes partis chercher quelque chose à manger vu que cette fois-ci les repas n'étaient pas compris. Malheureusement, le dépanneur avait très peu pour satisfaire un gourmet...! Craquelins, saucisses dégueulasses en conserve, pommes, boulettes de viande en conserve (décidément le meilleur!) et oranges étaient au menu! Mmmmh

Le bateau en tant que tel était moins bien que celui vers Manaus, en plus de la pluie la moitié du temps. Plus vieux, moins bien tenu, toilettes plus sales, eau qui goûte mauvais, plus cher... Et on dirait que l'ambiance était moins bonne, comme si personne n'avait envie de socialiser vu que le trajet n'était pas si long. On a malgré tout fait la connaissance d'une mère et sa fille brésiliennes qui nous ont donné une moitié de sandwich pour avoir une excuse pour débuter une conversation! Il y a aussi eu une madame avec ses 3 enfants mignons qui étaient trop contents de nous voir à chaque fois qu'on les croisait, mais qui recevaient un nombre impressionant de taloches de la part de leur mère dès qu'ils faisaient du bruit... Puis 4 étudiants qui apprenaient l'anglais et qui sont venus nous donner des gâteaux (décidément une tactique répandue) pour jaser en anglais! Ils étaient bien sympas! Finalement, on a socialisé avec quand même pas mal de monde, à bien y penser! L'après-midi a été consacré à écrire le blog dans les hamacs, à jaser au Français (avec qui on s'entendait nettement moins que nos amis Anglais...) et à admirer le paysage! Le trajet se déroulait dans le delta de l'Amazone, donc on se promenait entre de grosses îles, comme dans un immense labyrinthe! Par moment on voyait donc la forêt de très prêts ou parfois l'infini de la mer! On croisait des petits villages (ou même juste une maison) et à chaque fois les enfants sautaient dans leur pirogue (une vraie cette fois, style "l'oreille cassée"!) pour prendre les vagues derrière le bateau! C'était vraiment cute! D'ailleurs, le soir venu, le bateau s'est fait assaillir de pirogues pleines d'enfants qui montent sur le bateau avec des cordes pour venir quêter de l'argent. C'est une pratique illégale mais tolérée par les autorités et les employés du bateau par pitié pour les enfants de ces villages isolés... Ça reste vraiment dangereux parce que s'ils tombent à l'eau, il y a de bonnes chances pour qu'ils passent sous le bateau ou se fassent aspirer par les moteurs... Ils sont restés un bon moment sur le bateau et mes cheveux ont fait fureur, ils sont tous venus les toucher et jouer dedans! On les a regardé partir: quand ils se détachent du bateau ça part vraiment vite à cause du courant et de la vitesse du bateau et ils doivent affronter les vagues créées par le bateau... D'ailleurs, une des pirogues a chaviré mais ils étaient heureusement assez loin du bateau quand ça s'est passé! N'empêche, chavirer la nuit sur un bras de l'Amazone ne fait pas partie des expériences qui nous semblent plaisantes...

Après une grasse matinée pour ma part et un matin bien tranquille pour François, on a regardé Bélem s'approcher. Notre arrivée a pris un certain temps parce que le navire s'est d'abord enlisé dans le port de la ville, puis il a fallu faire bouger un autre bateau pour qu'on puisse enfin accoster! Bref, une heure plus tard (où s'est mis à douter de la compétence du capitaine), on a débarqué à Bélem!

2 commentaires:

  1. Cheveux longs auxquels personne ne résiste...Dis donc François, on dirait que tu vogues sur les cours d'eau d'Amérique du Sud accompagné d'une véritable sirène!
    MM

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  2. Ouais, "une entrée de blog plutôt ennuyante". Mais c'est quand même un peu exotique de naviguer sur le delta de l'Amazone, si vous voulez mon avis.

    JY

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