samedi 23 novembre 2013

Kourou


Salut, c'est Mémé qui continue la section sur la Guyane française!

La route entre Saint-Laurent et Kourou est magnifique! Bien qu'elle relie deux des grandes villes, on se rend compte que la GF n'est pas très populeuse... On a eu droit à des forêts toutesvertes dès qu'on a quitté la ville! On a profité du trajet pour réserver notre place sur le bateau qui se rend aux Îles-du-Salutprès de Kourou, et pour s'informer sur les visites guidées au Centre Spatial Guyanais, là d'où décollent les fusées européennes (avec notre carte sim achetée inutilement pour l'entrevue mais qui s'est finalement révélée essentielle pour l'organisation en Guyane française). Malheureusement, on a appris qu'il n'y avait aucune place libre pour les visites d'ici deux semaines!! C'est dommage parce que ça aurait été intéressant àvisiter... À Kourou, le chauffeur du taxi collectif a fait la run de lait pour aller mener tous les passagers chez eux. Ça nous a permis de voir des coins de la ville où on ne serait pas allés normalement, comme un quartier très pauvre où des familles s'entassaient dans des minuscules apartements construits dans de longues maisons mobiles. À vrai dire, on anticipait un peu notre passage à Kourou, connue comme étant la ville la plus dangereuse de Guyane française. Kourou vit presque uniquement du centre spatial (le seul gros employeur dudépartement!). De brillants scientifiques européens grassement payés viennent donc s'établir à Kourou le temps de leur contrat. Le reste de la population elle n'a pas du tout le salaire des scientifiques, et l'argent de ces derniers ne sert pas à améliorer les conditions de vie des franco-guyanais... Bref, les disparités sont énormes et la criminalité est élevée.

Le taxi nous a laissé dans un carbet pas cher, dans le village amérindien. Là aussi on anticipait un peu: on n'avait pas envie de dormir à la belle étoile dans le Kanesatake d'une ville pas sécuritaire... Finalement, ce n'était pas du tout comme ça! Le carbet était sur la plage, entouré de cocotiers et on entendait bien le bruit des vagues! On y a rencontré un Français (Jo) qui habitait là depuis deux mois et qui nous a confirmé qu'il n'y avait pas de problème côté sécurité pour dormir là. François et moi on est partis à la recherche d'un souper et on a fini par manger dans l'entrée de garage d'une madame qui faisait cuire du poulet près de la rue. On a dit au revoir à son fils de 4 ans qui était devenu notre grand ami et on est revenus à l'hôtel, stressés de marcher seuls le soir dans la ville...

Jo le Français nous a proposé d'aller prendre une bière alors on est tous partis vers le centre pas trop loin du carbet. C'était vraiment un personnage: si on avait été au Moyen-Âge, il aurait été un mélange entre un soldat et un moine: il était marin, aimait la chasse et les avions, mais il était en même temps vraiment spirituel et ermite... Il a passé un bon moment de la soirée à philosopher sur le sens de la vie et à nous raconter ses projets de romans. Il nous a aussi confirmé que Kourou n'est pas exemplaire en termes de sécurité:
- Un de mes amis s'est fait donner un coup de machette en pleine place centrale à midi, on est venus le sortir de là avec nos fusils, on a tiré mais on a raté les gars
- Non les policiers ne font rien, ils ont peur parce qu'ils vont recroiser les bandits le lendemain dans un bar
- Ils ont retrouvé un des gars qui a fait ça mais ils l'ont libéré parce qu'il est mineur
- Je me promène toujours avec mon couteau, et mon fusil esttoujours chargé
- Pas mal tous les commerces se sont fait braquer
- Si on vous braque, même si vous donnez tout ce que vous avez, ils vont probablement vous poignarder aussi parce que ça les amuse
Bref, on est sortis le moins possible durant tout notre séjour...!

De retour au carbet, on est allés sur la plage pour regarder les étoiles puis on a dormi semi-mal en se faisant réveiller par la pluie qui entrait à cause du vent! Le reveil sous les cocotiers était magnifique par contre! Comme Jo se rendait au port pour ses cours de voile, il nous y a mené en même temps. En effet, on allait passer la journée aux Îles-du-Salut! C'est là que la Franceenvoyait ses pires bandits et ses prisonniers politiques (ex: Dreyfus). À cause de ça, les Français ont eu longtemps une mauvaise opinion de la Guyane vu que c'est là qu'on se débarassait de la racaille... En plus des ruines des prisons (les bagnes), on peut marcher dans des sentiers parce que les îles sont encore très sauvages! Le catamaran pour s'y rendre était vraiment bien: il y avait deux toiles de trampolines installées à l'avant d'où on pouvait regarder l'eau entre les deux quilles et prendre les vagues encore plus fort (mais on ne pouvait pas sauter malheureusement...)! On est arrivés à l'île principale (il y a en tout 3 petites îles mais on ne peut en visiter qu'une) après 30 minutes de navigation en haute mer! On tombe d'abord sur la maison du directeur, qui contient habituellement un musée mais qui était fermée lors de notre visite. Puis, il y a la "place centrale" avec la maison du médecin, l'église et l'hôpital. À part l'église qui a été rénovée, l'hôpital est encore en ruines, et c'est assez glauque avec les fenêtres avec des barreaux en métal rouillé... Il faut dire que le bagne des Îles a fermé un peu après la deuxième guerre mondiale donc tout est décrépit! Après on a visité la section où vivaient les employés de la prison, puis enfin les cellules de la prison. C'était vraiment sinistre! Des cellulesgrosses comme un lit simple, avec des crochets au mur pour y attacher des chaines et une petite fenêtre dotée de barreaux tout en haut de la pièce qui ne laissait presque pas entrer la lumière! Ça ne devait pas être génial d'être un bagnard, même si l'environnement en-dehors lui est très mignon!

À côté d'un marais (un réservoir d'eau à l'époque) qui nous mettait en garde contre la présence de caïmans se trouvait un hôtel où les visiteurs de l'île peuvent rester. On a attendu un peu que la pluie cesse en observant les paons, les poules et les capibaras qui trottaient devant l'entrée!

Comme je l'ai dit, les îles sont encore très naturelles, surtout tout autour du terrain avec les bâtiments de l'ancienne prison. On peut y marcher un certain temps, soit en longeant la mer ou plus à l'intérieur de l'île. Et contrairement à Kourou où l'eau est brune, ici elle est plus bleue (mais pas vraiment transparente, on est pas loin de l'Amazone tsé)! On a trouvé un endroit avec plein de roches plates où on a mangé notre délice du midi: des raviolis en conserve. On a pu confirmer que l'eau était toute aussi chaude que dans les Caraïbes, c'est vraiment parfait comme température! Mais comme le courant à cet endroit menaçait de nous emporter à chaque vague, on s'est dirigés un peu plus loin où des gens se baignaient, protégés des vagues par une digue. On a trempoté un bon moment en jasant à d'autres touristes français. C'est vraiment drôle parce que presque tous les Français qu'on a rencontrés sont venus en GF pour travailler ou pour visiter des amis qui sont venus y travailler. Très peu viennent pour le tourisme! Et tous les gendarmes en GF viennent de la métropole, ce qui fait selon moi vraiment bizarre. Des policiers blancs dans une population en majorité de couleur, ça fait colonialiste non?? En fait on a trouvé que la GF fait vraiment "colonie", les abus en moins: l'élite (scientifiques, fonctionnaires...) vient de "métropole"qui fournit tout (subventions, salaires, produits...) à ce morceau oublié de "France" en Amérique du Sud... Et bien sur, les inégalités sont grandes, les Blancs vivent bien et ce sont surtout les Amérindiens, les Noirs et les immigrants des pays voisins qui restent dans la pauvreté...

Après la baignade, j'ai fait une sieste sur une roche pendant que François s'amusait avec des petits insectes qui ressemblaient à des troglodytes (mon premier travail de recherche au primaire portait sur les troglodytes, c'est la première fois que ce savoir me sert!!). On a continué notre marche le long de la côte en marchant sous les cocotiers puis on s'est enfoncés dans la jungle avant de revenir prendre le bateau (et la trampoline!). Ce fut une bien belle journée!!

Comme on prévoyait partir le lendemain pour Cayenne, il fallait qu'on se renseigne pour savoir d'où partaient les taxis collectifs. On a donc tenté notre chance avec le gentil réceptionniste du bateau qui n'a pas su nous aider sur ce point mais qui nous a dit qu'un de ses amis devait se rendre à Cayenne le lendemain! En plus, il nous a reconduit au carbet, nous évitant une grosse heure de marche, parce que "il a beaucoup voyagé lui-aussi et il aimerendre service"! C'est fou comment on rencontre des gens gentils en voyage!

Autre point auquel on ne s'attendait pas en GF: c'est difficile de trouver du wifi! On avait espoir que le McDo au coin de la rue en aurait, mais non, même pas! Et il faut absolument un cellulaire pour organiser tous nos transports! Au moins, celui vers Cayenne était maintenant confirmé! Après souper, on s'est tous transformés en exterminateurs... Tout a commencé quand Jo nous a dit que la chienne de la famille allait mourir parce qu'elle était complètement infestée de tiques... Elle faisait vraiment pitié alors Jo lui en enlevait le plus possible mais c'était peine perdue... Un peu après, François qui était retourné dans le carbet nous dit: "c'est des tiques qu'il y a partout sur le plancher??". En effet, il y avait des petites tiques un peu partout par terre!! On s'est mis à toutes les écraser jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'elles avaient envahi les pilliers de bois du carbet!! Il y en avait des milliers, en plus de celles qui sortaient sans cesse du sable...! On a essayé de mettre du chasse-moustique sur leurs nids, elles s'enfuyaient instantanément et on pouvait les écraser par terre. J'étais la préposée à l'écrasage, et pendant que Jo philosophait comme quoi les tiques allaient assister à la fin de la race humaine, François analysait la situation. Les proprios (qui semblaient autant peu intéressés par l'invasion du carbet que par la souffrance de leur chien) nous ont prêté de l'insecticide. Ce fut l'apocalypse pour les tiques! François a pris les choses en main (moi j'écrasais celles qui osaient s'enfuir) et a pris sa tâche tellement à coeur qu'il s'est fracassé la tête contre une tôle en métal...! Après avoir rincé abondamment (on dormait juste à côté) et avoir paranoïé sur le fait qu'on était tous infestés nous aussi, on est allés dormir sous la protection illusoire du moustiquaire.

Le lendemain, quelques tiques étaient revenues dans les nids mais la plupart avaient été désintégrées grâce à nos bons soins... On a pris un douche, écrit un peu le blog sur la plage puis on est partis au rendez-vous pour notre lift vers Cayenne. L'ami du réceptionniste du bateau (on a oublié son nom...) était vraiment sympathique! Il était dans l'armée et partait souvenen missiondans la jungle pour arrêter les chercheurs d'or illégaux, qui pullulent dans les forêts inhabitées de la Guyane. Imaginez:partir 5 semaines (et parfois plus) dans la jungle suffocante, avec la malariala dengue et la rage, avec un ravitaillement en hélicoptère à la moitié du temps, à dormir dans des hamacs... Il faut vraiment être courageux! Il nous a dit que les orpailleurs(i.e. les chercheurs d'or) formaient souvent des communautés bien organisées, que l'armée trouvait parfois des villages de plusieurs milliers d'habitants qui vivent au milieu de la forêtsans que personne ne le sache! Le trajet a vraiment passé vite, on a jasé tout le long! En banlieue de Cayenne, on est allés prendre une chocolatine (une vraie, on est en France quand même!) avec lui en attendant Ghislain, un Français qu'on avait rencontré à Paramaribo et qui nous avait invité à manger avec lui et sa copine quand on serait à Cayenne!

La capitale de la Guyane française pour la prochaine fois!

1 commentaire:

  1. Décidément, de plus en plus de Français sympas! Croyez-vous qu'ils sont tous en GF?

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