Hola chicos, que tal?
C'est François qui reprend la plume pour vous raconter notre passage à Bogota, la capitale de la Colombie! On était partis de San Gil tard le soir, et la nuit fut courte parce qu'à 6h on échouait dans le terminal de bus de Bogota... Finalement, il n'y avait pas eu de manifestations autochtones retardant notre entrée en ville! Encore tout ensommeillés, on s'est fait aider par un Colombien qui voulait qu'on parte en taxi vers le centre, mais vu l'heure on a plutôt décidé d'aller déjeuner un peu. On a été surpris de se faire offrir partout du bouillon de poulet et de la soupe de poisson pour déjeuner, à grands renforts de "a la orden"! Je me croyais de retour à Hong Kong lors de ma première visite en 2008, au moment où j'ai compris que pour les Chinois manger de la soupe aux nouilles à 7h du matin était tout à fait normal... Pour notre part, on s'est plutôt rabattus sur des oeufs bien ordinaires...
Par la suite, on a été s'informer auprès du bureau de l'information touristique de la gare sur les moyens de se rendre en bus au centre-ville, puis on est partis. Bogota a aussi un système de bus rapides comme beaucoup d'autres villes de Colombie, mais pour le trajet qu'on voulait faire on a dû subir un minibus bondé! Encore une fois, les gens étaient beaucoup trop gentils, et je pense que l'autobus entier nous a aidé à descendre au bon arrêt! On a abouti dans le Centro Internacional, une partie du centre-ville couverte de gratte-ciels. Après avoir pris un rafraichissant verre de jus d'orange fraîchement pressé sur la rue, on s'est mis en marche vers l'appartement d'une de mes amies d'études (Catherine Ménard pour ceux qui connaissent) qui avait gentiment proposé de nous héberger pendant notre visite à Bogota. Son appart, qu'elle partage avec deux autres Québécoises, était situé dans le quartier La Macarena (vous pouvez ici commencer à danser), l'équivalent du "SoHo" de Bogota parce qu'on y trouve tout plein de restos émergents et que c'est le quartier "tendance" de Bogota. Par contre, son appart était aussi situé à la limite du quartier La Perseverencia, un quartier peu recommandable hébergeant son lot de délinquants et qu'il valait mieux éviter en tout temps! Le contraste était frappant: sur la rue de Catherine, le quartier était bien tenu, tranquille et sécuritaire, mais un coin de rue plus loin les rues étaient toutes croches, les bâtiments beaucoup moins beaux et la sécurité baissait d'un cran! Selon Catherine, contrairement à d'autres villes d'Amérique du Sud où les beaux quartiers se concentrent dans un secteur X et les mauvais dans un secteur Y, Bogota est en fait un patchwork côté sécurité: il y a un quartier safe, puis à côté un quartier pas mal plus dur, suivi ensuite d'un autre quartier très fréquentable!
Arrivés à l'appart, on a parlé un bon moment avec Catherine (ses colocs travaillaient), après qu'elle nous ait fait visiter son bel appart ("beau mais cheap", selon ses dires... en témoignent notamment le fait que plusieurs choses, genre le support à papier de toilette, avaient brisé depuis leur occupation quelques mois plus tôt! Quoi qu'il en soit, c'était quand même une coche de plus que mon appart de Santiago) (Mémé: euh quoi? C'était un palace comparé à ton appart!!)! Catherine fait un stage en Colombie pour le compte d'Avocats sans frontières Canada (ASF), un organisme québécois dont le rôle est de prêter main-forte à différentes associations de droits humains au Guatemala, en Haïti et en Colombie. En fait, Catherine travaillait pour une ONG colombienne de défense des droits des Noirs avec laquelle ASF voulait établir une collaboration. En conséquence, il leur avait donc passé une stagiaire (Catherine) mais ne s'étaient cependant pas entendus sur le mandat qu'elle ferait. Sur place, elle s'est donc trouvée avec une responsable qu'elle n'a presque jamais vue dans une organisation qui ne sait pas vraiment quoi lui faire faire! Résultat, malgré toute sa bonne volonté et le fait qu'elle ait fait part de la situation à ASF, elle n'a pas fait grand'chose jusqu'ici, et ce qu'elle a fait (rapports, etc.) aurait pu être fait du Québec (très peu de travail de terrain).... Bref, c'est un peu poche...
Après avoir jasé un bout pendant que j'organisais un peu notre visite, que je répondais à quelques omniprésents courriels et que cette extraordinaire Mémé (aka Herbe) faisait encore du lavage, on a laissé Catherine pour aller manger un excellent repas dans un marché tout proche. La cuisinière n'arrêtait plus de nous resservir du jus et de la bouffe, et a secoué la tête avec déception quand j'ai refusé de reprendre une autre grosse louche de plantains frits parce que j'étais plein! Puis, on a marché le long de l'avenue principale de La Macarena pour aboutir au centre historique de la ville. En chemin, on a traversé un viaduc où on a vite constaté qu'il y avait un attroupement plus grand qu'à l'ordinaire des forces de l'ordre. En fait, c'est surtout la présence de quatre énormes chiens noirs muselés (et jappant agressivement) que les policiers retenaient à grand-peine qui nous a un peu abasourdi! Un sans-abri est ensuite venu invectiver les policiers pour une raison qu'on a pas saisi... On a fini par comprendre que la cause de tout ce vacarme était le fait qu'un ivrogne visiblement bien imbibé perturbait la circulation de l'autoroute plus bas en se promenant sur les voies... Quand les policiers ont pu lui mettre la main au collet, ils n'ont pas fait ni une ni deux et l'ont plaqué violemment par terre pour lui passer les menottes! On a beau se dire que cette situation aurait pu se passer partout dans le monde, il n'empêche qu'une réponse aussi brutale des policiers (les quatre gros chiens épeurants, l'arrestation musclée) à un problème somme toute bénin ne se serait probablement pas passée comme ça chez nous (ou, si oui, ça aurait fait les manchettes comme avec l'agente 728 et ça aurait soulevé une vague d'indignation)... Une conséquence de la militarisation de la Colombie et de l'application constante de la "méthode forte" préconisée par l'ex-président Uribe, même à des situations banales? Peut-être... en tout cas, on s'est dit que ça faisait partie des situations "Only in Colombia", au même titre que les soldats armés qu'on voit sur le bords de toutes les routes du pays!
Ensuite, on a marché sur l'une des artères principales de la ville, transformée en rue piétonnière le jour, visitant au passage une ou deux églises. Puis, on a visité l'un des must de Bogota: le musée de l'or. On n'est pas très musées habituellement, mais celui-ci était plutôt intéressant et très bien fait. On pouvait y voir des pièces (masques, objets rituels, etc.) en or trouvés dans toute la Colombie et datant de l'époque précolombienne. L'un des peuples du coin avait une coutume plutôt inusitée: ils fabriquaient des objets finement ouvragés en or qu'ils jetaient ensuite en grande quantité dans un lac lors de cérémonies solennelles en guise d'offrandes. Les Espagnols n'ont jamais pu mettre la main sur ce trésor, et quand les archéologues l'ont finalement retrouvé ils ont trouvé tellement d'or qu'ils ont eu l'impression de trouver le mythique El Dorado! L'une des pièces du musée recrée ce rituel, en isolant le visiteur dans une pièce noire et fermée où on a l'impression d'être dans le lac en question. Puis, des projecteurs éclairent les murs et révèlent des milliers de pièces d'or! C'était bien sympa en tout cas, et on a aussi vu une momie dans une exposition temporaire du musée.
Par la suite, on a continué notre visite vers le quartier de La Candelaria, le coeur colonial de Bogota. La place centrale, complètement dénuée d'arbres, était moins jolie que celles qu'on avait pu voir ailleurs, mais ça rendait les bâtiments autour (la cathédrale, le Congrès, la Cour suprême) plus imposants encore. La Cour suprême, une horreur en béton sortie tout droit des années 1960, est un lieu hautement sanglant de l'histoire récente du pays. Dans les années 70 en effet, des guérilleros l'ont pris d'assaut et y ont tué un tas de monde, dont 18 juges. L'armée a fini par reprendre le contrôle, détruisant au passage une partie du bâtiment et tuant plusieurs rebelles... On a continué de marcher vers le palais présidentiel, en passant une série de checks-points militaires où des soldats en armes ont fouillé notre sac à dos. C'est dans des moments comme celui-ci qu'on se souvient que, malgré les apparences, la Colombie est toujours en guerre... On a ensuite déambulé dans des rues transversales du quartier. L'endroit était charmant, mais tout le monde nous disait de ne pas y rester le soir alors on est lentement repartis vers l'appartement de Catherine. On a fait des courses en revenant parce qu'on avait dit qu'on s'occupait du souper pour remercier Catherine et ses colocs de nous héberger!
On est revenus (en croisant un gars louche qui se promenait dans le quartier avec une barre de fer) puis on a commencé à préparer le spaghetti qu'on faisait pour tout le monde! Les colocs de Catherine sont arrivées: toutes font aussi des stages pour ASF. Il y en a une qui travaille pour une association d'autochtones, mais elle aussi ne fait pas grand'chose parce qu'elle n'a jamais eu de mandat clair, ce qu'elle trouvait particulièrement frustrant! En fait, il n'y a qu'Élise qui a un stage qu'elle trouve bien (elle travaille directement avec une avocate colombienne)! Le souper a été très plaisant, notre sauce à spag n'était pas trop pire et on a agrémenté le tout de vin chilien! Bref, ça a été très agréable!
Le jour suivant, on s'est réveillés plus tard pour rattraper un peu notre sommeil, puis on a déjeuné avec Catherine. Le bon côté d'être entre Québécois (une rareté depuis le début du voyage!) c'est qu'on a pu parler un peu de l'actualité chez nous: on a ainsi eu de bons débats sur la fameuse charte des valeurs, sur les élections municipales (notamment sur Régis Labeaume et Laurent Proulx) et sur de possibles élections provinciales... Après, on est sortis. On allait rejoindre une autre amie, une Colombienne (Natalia Borhoquez) qu'on avait connu l'an dernier quand elle était venue faire de la recherche pour une session dans mon programme à Québec! On l'a rejointe sur la place centrale alors qu'il pleuvait des cordes, et elle nous a vite emmené dans un resto typique du coin pour joindre l'utile à l'agréable (se protéger de la pluie et manger!). On était super contents de la revoir! On a mangé un excellent et énorme ajiaco (voir Popayan si vous ne vous souvenez plus ce que c'est) avec des jus de fruits, puis Natalia nous a fait découvrir d'autres parties du centre-ville. On a vu au passage qu'une manifestation était à l'évidence en train de se préparer: il y avait des policiers anti-émeutes partout, et en particulier devant les bâtiments publics et les commerces représentatifs du capitalisme (par exemple les banques, le McDo...) La palme du moment pas rapport de la journée demeure notre rencontre, sur l'artère principale, avec un chien qui trottait en traînant le message "Souriez, la vie est belle!" dans sa gueule! On a fui le centre-ville et le grabuge potentiel et on a ensuite pris le téléphérique jusqu'au sommet d'une montagne qui surplombe la ville. Malheureusement, avec le temps nuageux, on ne voyait pas très bien mais le brouillard donnait une impression fantomatique pas désagréable dans les chemins où on s'est promenés sur le sommet. On s'est aussi arrêtés pour prendre une "agua de panela" (littéralement "eau de cassonade"), un genre de thé sucré à la cannelle dans lequel il y a aussi un peu d'alcool fort. À un moment donné Mémé et moi on s'est tous les deux arrêtés pour observer une fleur tropicale particulièrement belle alors que Natalia continuait de marcher. Elle s'est excusée en riant: "Ah oui c'est vrai, j'oubliais que vous n'êtes pas habitués à voir des fleurs comme ça partout!"
Avec la pluie, il faisait quand même froid au sommet et on est redescendus. De là, Natalia nous a emmené au nord de la ville pour qu'on voie une autre facette de Bogota. Dans le très long trajet de bus, on a pu voir que Bogota est une ville très étendue! On a aussi eu droit à un dude qui nous a fait un rap sur le thème "j'aime ma mère", ce qu'on a trouvé cocasse et lui a valu une pièce de notre part! On a débarqués dans le quartier d'Usaquen devant une ancienne hacienda transformée en entre d'achat. À l'époque, cet endroit était un village qui a été progressivement intégré à la capitale au fur et à mesure que la ville s'agrandissait. En effet, en sortant du centre d'achat, on tombe sur une mignonne place qui, avec les rues couvertes de vieux pavés l'entourant et sa petite église, avait vraiment un feeling de petit village! Il y avait plein de jolis restos et bars autour, bref l'endroit avait une très belle ambiance! Toujours sous la pluie, on a ensuite descendu 40 rues (oui, Bogota, c'est grand!) vers un autre quartier, la Zona T. C'est en fait une petite rue piétonne en forme de T où se concentrent bars, cafés et resto branchés, tout près du Parque 93, l'endroit hip pour sortir à Bogota. Comme il était tard et qu'on mourrait de faim, Natalia nous a proposé d'essayer une chaîne de restos colombiens qu'elle affectionnait particulièrement: Crepes & Waffles. Si vous allez en Colombie, croyez-nous sur parole: vous devez y aller! Le concept, vous l'aurez compris, tourne autour des crêpes (sucrées et salées) et des gaufres belges. Ok, c'est un peu plus cher (3-10$ le plat), mais chez nous on paierait le double pour des trucs de cet acabit-là! Mémé et moi on a mangé deux énormes gaufres au caramel et crème fouettée, alors que Natalia a commandé une coupe glacée qui venait dans une énorme coupe (que Mémé s'est fait un plaisir de terminer quand Natalia n'a plus eu faim)! Avec le froid qu'il faisait dehors avec le soir tombé et la pluie, l'endroit était des plus confortables avec sa belle ambiance et sa comfort food!
On a quittés Natalia après cette super journée (encore merci pour tout si tu nous lis, muchas gracias por todo, fue un encanto total hacer este recorido contigo!) et on a pris un minibus vers le centre pour revenir chez Catherine. On a débarqué plus loin que prévu parce qu'il n'allait pas à la bonne place finalement, mais encore une fois tout le monde nous a aidé. On marché un bout puis, au moment de monter une rue où il n'y avait personne, on s'est informés à un garde de sécurité. Il nous a dit que cette rue-là était dangereuse et qu'on avait de bonnes chances de se faire voler si on y allait (!!!) et qu'on était mieux de prendre la rue suivante parce qu'elle était plus sécuritaire! C'était quand même assez glauque et on était bien contents d'arriver à l'avenue principale de La Macarena! En revenant, on a jasé un bon moment avec Catherine et ses colocs, puis on s'est couchés.
Le matin suivant était consacré à des tâches bureaucratiques... On a donc été imprimer nos cartes d'embarquement pour le vol qu'on prenait dans la journée, on a fait un ultime backup de nos photos et, pendant qu'on y était, on a scanné notre visa brésilien et nos certificats de vaccination contre la fièvre jaune. Puis, on a enfin réussi à envoyer nos cartes postales qu'on traînait depuis la Bolivie à un prix raisonnable!! Vous êtes quelques chanceux qui recevrez donc bientôt une carte postale, si ce n'est déjà fait! En revenant, on a acheté des fruits et des empanadas puis on est revenus finaliser nos sacs chez Catherine. On lui a laissé certains trucs de nos sacs (les guides dont on ne se servait plus, nos sleeping bags, etc.) parce que son chum qui venait la semaine suivante allait pouvoir les ramener dans ses valises et qu'on allait en conséquence être délestés d'un gros poids!! Merci encore Catherine! On a fait nos adieux puis on est partis prendre le bus rapide (le TransMilenio) vers l'aéroport. Trouver la station fut looooong mais on a finalement réussi! Le TransMilenio est vraiment moderne et efficace, tout à fait comme à Lima! Dans le trajet, on a parlé à un étudiant colombien timide qui semblait bien amusé par le fait qu'on mangeait des bâtonnets de carotte!
Rendus à l'aéroport tout neuf de Bogota, on n'arrivait pas à trouver où embarquer jusqu'à ce qu'on nous dise de marcher jusqu'à l'ancien terminal, moche à souhait. L'employée souriante de notre compagnie aérienne (COPA) nous a épatés en nous disant quelques mots en français, on a enregistré nos bagages puis on est partis dîner. Il y avait un Crepes & Waffles dans le terminal alors on a pas pu résister! Alors que je prenais une crêpe salée à la mexicaine, Mémé s'est gâtée en prenant 2 crêpes sucrées bien cochonnes! Puis, à l'heure de l'embarquement, on a passé la sécurité dans notre propre check-up de sécurité privée pour COPA alors que tout le monde passait par le chemin normal (?) puis on a attendu notre avion pour Leticia pour un vol sans histoires...
Leticia et l'Amazone pour plus tard! À bientôt!
Quel pif! À Sainte-Thérèse, la carte postale est arrivée le 4, comme prévu par François!
RépondreSupprimerLa prochaine diète miracle: la diète glucido-glucidique Dr. Mémé - Crèpes et gaufres à volonté.
JY
CP tout juste arrivée de Letitia!
RépondreSupprimerK