vendredi 15 novembre 2013

Boa Vista + Lethem


Bom dia!

Ce qu'on a le plus aimé de Boa Vista? Les voitures arrêtent aux passages à piétons. Vraiment, c'est ça notre coup de coeur. Vous êtes sûrs que vous voulez des détails sur cette mocheté architecturale du nord du Brésil? ... Ok, vous avez été prévenus!

Boa Vista (un arrêt obligé pour se rendre au Guyana) est une"ville planifiée". Ils l'ont construite à partir de rien au beau milieu de nulle part, pour en faire la capitale de l'état de Roraima. Malheureusement pour eux, construire une ville entière avec le style architectural des années 70 n'allait pas être synonyme de beauté quelques décennies plus tard... En arrivant le matin à Boa Vista, on avait comme plan de visiter un peu la ville puis de traverser la frontière du Guyana en après-midi. Au terminal de bus, on a réservé nos places pour l'autobus de 10:00 vers la frontière puis on s'est rendus en taxi collectif à la place centrale, la plus belle (la seule?) chose à voir dans la ville selon le Lonely Planet. Quand le chauffeur nous y a déposé, on s'est demandé si on était vraiment à la place centrale tellement ce qu'on avait devant nous était laid... Oui, il y avait un bout avec du gazon et des arbres qui était plutôt joli, mais après on tombe sur un gros anneau central en asphalte qui semble être comme une large rue au centre de la place... Au milieu il y a une statueen béton des plus hideuses. Au loin, on voit la cour suprême, exemple parfait de l'utilisation abusive de béton pour faire unimmeuble. À gauche se trouve la cathédrale, laide mais laide!: un édifice de béton aux allures futuristes... Ce qu'on voyait nous rappelait les pires affreusités soviétiques qu'on pouvait trouver dans les Stans... On a quand même eu du plaisir à Boa Vista à force de rire de la laideur omniprésente!

Après, on s'est dirigés vers "la rue mignonne de la ville", qui était finalement une allée entre deux artères staliniennes de 3 voies avec quelques pots de fleurs suspendus... Comme on avait pas mal fait toutes les attractions de la ville en 20 minutes, on est arrêtés dans un stand pour boire un jus de fruit de la passion (notre highlight de la ville!). On y a rencontré un petit garçon qui était bien content de pratiquer ses bases d'anglais avec nous, mais on a jamais compris son nom alors on l'apppelait Bob et ça le faisait bien rire! Puis, on s'est tranquillement dirigés vers l'arrêt de taxi collectif. On en a profité pour faire un tour sur le boardwalk devant une rivière tributaire de l'Amazone. La promenade de 30 mètres de long a un peu racheté Boa Vista: c'était plutôt joli avec la jungle dense et les plages de l'autre côté de la rivière, et, chose qu'on n'avait pas vu depuis longtemps, des petites montagnes au loin! On y est restés quelques moments pour profiter de la brise (et de la vue d'un itinérant qui se baignait tout nu à côté) puis on est revenus à la gare.

Après avoir abusé le plus longtemps possible de l'air climatisé du bureau de la compagnie d'autobus, on a attendu l'autobus vers Bonfim, le village frontière avec le Guyana, dans la salle d'attente du terminal. On s'y est fait aborder par un homme plutôt gentil mais visiblement pauvre qui a tenu à nous parler pendanvraiment longtemps. En plus d'être vraiment ardu parce qu'il faut se forcer à comprendre ce qu'il essaie de nous dire dans une autre langue (et il essayait de nous dire des mots en français...), on est toujours mal à l'aise parce que la conversation finit souvent par une demande pour qu'on donne de l'argent (ce qui est arrivé comme de fait...). L'autobus a fini par arriver et on s'est dirigés sans problème vers la frontière après un trajet sans histoire. Comme toujours, des taxis et des changeurs nous attendaient à la frontière. Une changeuse super gentille nous a conseillé de changer nos reals du côté brésilien pour avoir un meilleur taux mais comme on ne connaissait rien au taux, on a préféré attendre pour vérifier avant. Avec le recul, on aurait vraiment dû changer nos reals avant de passer au Guyana! Le moment où il faut changer de l'argent lorsqu'on change de pays est un des pires en ce qui a trait à l'organisation... Le but n'est pas d'avoir trop d'argent à changer parce qu'on perd toujours un peu (quoique ce n'est pas toujours vrai non plus, comme en Colombie avec les reals), donc dans les derniers jours dans un pays il faut essayer de calculer le montant exact à sortir au guichet. Le pire des scénarios est quand il nous manque finalement quelques dollars avant de passer la frontière et qu'il faut ressortir de l'argent en vitesse (et souvent un gros montant pour ne pas payer 10$ de frais pour un retrait de 20$...) Le mieux c'est quand on réussi par miracle à sortir avec quelques sous ou dollars, qu'on dépense en achetant de la gomme aux vendeurs prèdes douanes. Et tout ça est pire quand c'est une devise dont personne ne veut (genre les très recherchés dollars du Surinam)... Bref, c'est vraiment difficile à organiser si on ne veut pas perdre trop d'argent, mais on finit néanmoins par en perdre de toute façon et c'est toujours fâchant!!

On s'est dirigés vers les douanes brésiliennes, où un douanier aux cheveux longs blond platine frisés échappé tout droit des plages de surf d'Australie ou de Californie a étampé notre passeport sans nous accorder d'attention. On s'est renseignés sur la longueur du pont qui traverse la rivière entre les deux frontières pour savoir si on pouvait s'économiser 5$ de taxi.Après une réponse semi-positive, on a finalement décidé de braver le soleil de midi suffoquant! Après avoir traversé le pont (investissement récent du Brésil bien sûr, pas du Guyana), on a passé par un viaduc au milieu de nulle part dont l'unique but est de faire changer le sens de la conduite vu que les Guyanais (et les Surinamiens) conduisent du côté gauche. On est finalement arrivés aux douanes guyanaises. Et c'était du sérieux! Il faut d'abord aller dans un "poste de santé" pour voir notre preuve de vaccination pour la fièvre jaune (c'est le premier pays qui exige de la voir alors que tous sont censés nous la demander, et c'est le pays où on s'attendait le moins à devoir la fournir). Puis, deux officiers super bêtes nous posent des questions et "ne peuvent absolument pas nous laisser entrer si on n'indique pas l'adresse de l'hôtel où on va dormir sur notre formulaire d'entrée". On en a inscrit une au hasard puis on est passés par la fouille des sacs. Décidément sérieux pour un minuscule pays pauvre, dans un poste frontière reculé en plus...

On a continué à marcher vers le "centre-ville" de Lethem, la petite ville guyanaise collée sur la frontière. On s'attendait à ce que la ville et les environs soient bien jolis; on comptait y rester un peu. En effet, le sud du Guyana est étonamment fait de savanes! Pas tout à fait comme on voit dans les paysages d'Afrique mais semblable: de grandes plaines avec de petits buissons et de grands arbres dénudés (style baobab) de temps en temps. On voit aussi partout des tumulus gris d'environ 1m de haut: des termitières! Au loin, on voit quelques petites montagnes, bref c'est bien joli et ça change de la jungle! Avec la chaleur insupportable et l'absence complète d'ombre, la route de quelques km vers le village n'était pas des plus agréables malgré le beau paysage. Mon humeur était devenue rapidement exécrable alors on a sauté sur le premier restaurant du village (et un des seuls avec le recul). On était bien contents car on a pu payer en réals puis la serveuse nous a indiqué où était le terminal d'autobus. On a marché quelques rues plus loin jusqu'au "terminal", une maison/hostel/restaurant qui fournit aussi du transport jusqu'à Georgetown, la capitale du Guyana. Le genre de place qu'on n'aurait jamais pu trouver par nous-mêmes si on avait cherché un autobus vers Georgetown! Ah oui, et les trois Guyanes ne sont apparamment pas assez importantes alors elles n'ont pas de guide de voyage pertinent qui leur est consacré. On a donc photocopié cette section dans le guide Lonely Planet général d'Amérique du Sud mais le peu d'infos qu'on a n'est pratiquement plus à jour pour rien! On s'est donc renseignés à la dame de la maison pour savoir comment ça marche pour se rendre à Georgetown. Un bus partait à 17:30 pour être dans la capitale vers la mi-journée le lendemain et on a fini par comprendre qu'on allait dormir en hamacs amilieu du trajet pour la nuit. On a aussi posé des questions pour savoir ce qu'il y avait à faire dans les environs. Rien (d'abordable en tout cas). Sauf des ranchs à 100$ par personne... Bon... Comme la ville en tant que telle est plutôt-vraiment-beaucoup moche (François: peut-être pas si moche mais ça fait un peu ville du Far-West) et poussiéreuse, on n'avait pas envie de rester un autre 24h ici alors on a réservé nos places pour le soir-même. Et là, problème. Alors que tous (je dis bien TOUS) les commerces à Lethem acceptent les paiements en reals, la dame veut son paiement en dollars guyanais ou en dollars US, et nous fait un taux pourri si on paie en reals (genre qu'on aurait perdu 30$)... Elle a donc demandé à notre chauffeur du soir qu'il aille nous mener à la banque pour qu'on sorte des dollars guyanais. Malheureusement, les deux seuls guichets de la ville n'acceptaient pas les cartes étrangères et la banque ne faisait pas d'avance de crédit... Dépités, on est revenus vers l'agence en se demandant bien ce qu'on allait faire. On a donc passé une heure à faire tous les magasins de la ville dans le but d'acheter un petit quelque chose et qu'ils nous donnent le change en $ du Guyana. On a fini par comprendre que tous les magasins ou presque sont tenus par des Brésiliens et que personne n'utilise jamais de $ guyanais! Personne n'en avait dans sa caisse! On a tenté une dernière fois notre chance dans un magasin, où François a expliqué notre histoire à la caissière qui a finalement gentiment accepté de nous échanger quelques reals!! Comme ça on pourrait payer une partie avec nos derniers $US et l'autre avec des $ du Guyana!

Mais comme il ne nous resterait plus d'argent guyanais et qu'on ne pourrait donc pas manger d'ici à ce qu'on puisse sortir de l'argent, on est allés faire l'épicerie dans le "supermarché" du coin. "Supermarché": c'était plutôt un immense magasin qui vendait un nombre incalculable de gogosses, avec une petite section pour la bouffe... Pour une si petite ville, vous auriez du voir le nombre de magasins du genre! En effet, les Brésiliens vont faire leurs achats à Lethem puisque tout est moins cher. Malgré qu'il s'agissait du supermarché le plus moche qu'on ait jamais vu, il contenait des choses étonnantes qui ont fait notre bonheur, comme du beurre d'arachide à bon prix et du jus de légumes! On est revenus à l'agence par des petites rues du village. Elles étaient malgré tout mignones même si plutôt pauvres et très poussiéreuses. Et on aurait dit que les habitants nous regardaient en se demandant ce qu'on pouvait bien faire à Lethem... Après, on a attendu que l'autobus (plutôt une grosse minivan) parte. On est finalement partis avec une bonne heure de retard! On se dirigeait bizarrement vers la frontière avec le Brésil plutôt que de monter au nord... On avait vraiment peur que la dame n'ait pas compris où on voulait aller! L'avantage du Guyana (un des seuls?) est que tout le monde parle anglais vu qu c'est une ancienne colonie britannique. On nous a donc rassuré qu'on allait seulement s'enregistrer auprès de la police. En tout cas, l'officier qu'on avait vu aux douanes le matin-même n'était toujours pas plus sympathique... Au poste frontière, on a aussi croisé ce qu'on pense être un soldat... En tout cas, c'était un grand Noir qui portait vaguement un uniforme militaire et qui traînait nonchalamment autour du poste frontière le doigt sur la gachette de son immense fusil d'assaut... En fait, c'était bien plus le stéréotype du rebelle africain que du militaire de carrière!

Et c'est à partir de ce moment qu'a commencé le calvaire...! Le guide, qui met cette route dans les highlights du Guyana (ce qu'elle est, pour vrai), nous met en garde: "this road is not for the faint-hearted". Tellement vrai. La route de Lethem (complètement au sud du pays) à Georgetown (complètement au nord) est en fait une piste de terre rouge au milieu de la savaneet de la jungle. Composée à 90% de nids de poule, de flaques d'eau et de ponceaux rudimentaires en bois, c'était dans les pires routes qu'on avait vues... En plus, elle devient impraticable durant la saison des pluies... Au moins, on avait une belle vue sur la savane environnante! Là ça ressemblait plus à la savane africaine comme on l'imagine! Et question de faire encore plus "roi lion", des éclairs de chaleur zébraient le ciel partout au loin! On aurait bien aimé que le bus soit parti à l'heure pour qu'on ait pu profiter du spectacle plus longtemps avant la nuit. On a roulé péniblement un bon 4h, armés de nos bouchons d'oreille, un essentiel qu'on a porté tout le long du trajet pour ne pas devenir sourds avec la musique tonitruante que crachait le haut-parleur à côté de notre siège... En plus, on a eu droit aux 3 mêmes CDs tout le long, qui se vantaient d'être les "best mixes" mais croyez-moi, c'était loin d'être le cas haha! À part quelques renards qu'on a failli écraser, on a vu pratiquement personne sur la route. La savane s'est finalement transformée en jungle. On se croyait perdus au milieu de nulle part: une piste de terre à une voie, la jungle à perte de vue et aucune civilisation. Après un arrêt dans une genre de halte-routière, on est repartis jusqu'à notre arrêt pour la nuit. On a installé nos hamacs sous un toit en tôle et on tâché de reprendre des forces pour la suite du trajet le lendemain!

À 3:00 du matin, tout le monde s'est fait réveiller à coup de klaxon! L'heure (trop) matinale a eu du bon, François a pu entendre le son des singes hurleurs dont je lui parlais depuis si longtemps! Pour ceux qui ne savent pas, le cri des singes hurleurs (un de mes souvenirs forts de mon voyage au Guatemala) est assez particulier. C'est vraiment difficile à décrire: c'est un cri sourd, profond, lointain, un peu comme un rugissement de grand fauve... La première fois qu'on entend ça sans savoir ce que c'est, c'est plutôt épeurant même! On est remontés à contre-coeur dans le minivan, pour se lancer sur la route de marde... J'ai tenté de somnoler dans des positions invraisemblables mais chaque cratère me réveillait... Peu de temps après le départ on s'est arrêtés au poste d'entrée d'un immense parc national, pour s'enregistrer. Puis, tous les minivans vers Georgetown (qui sont presque les seuls véhicules à faire cette route) ont attendu que le traversier pour traverser la rivière devant arrive. C'était un endroit magnifique! Une grande rivière au milieu de la jungle, avec des petites îles verdoyantes et des rapides au loin! Vers 10:00, j'ai par contre commencé à être sérieusement écoeurée du trajet, d'autant plus que deux adolescentes habillées beaucoup trop sexy pour un voyage comme ça n'arrêtaient plus de nous prouver que le 3/4 de leur cerveau se trouvait en réalité dans leur décolleté plongeant... Elles gloussaient comme des dindes, riaient beaucoup trop fort pour rien, fumaient une cigarette aux arrêts avec un air de grandes stars désirables, chantaient faux sur la musique "remixée" du chauffeur et cruisaient tout ce qui avait de la testostérone (à tour de rôle: le chauffeur, François, un passager de 50 ans qui m'a fait songer à le dénoncer pour pédophilietellement il collait une des deux, et chaque nouveau passager qu'on prenait sur la route). J'accepte ouvertement ma bitchitude: c'était sérieusement pathétique leur affaire!

Ça en a peut-être pas l'air comme ça mais on est malgré tout contents d'avoir fait ce trajet vu que les paysages étaient très jolis. Ça nous a aussi permis de voir un peu l'arrière-pays du Guyana, chose qui est impossible avec un petit budget. En effet, le Guyana a beaucoup à offrir côté nature, mais rien de facilement accessible pour l'instant, tant côté logistique que budgétaire. Par exemple, il y a des chutes supposément aussi impressionnantes que celles d'Iguaçu, mais le seul moyen d'y aller est de s'y rendre en avion pour 300$ en tour organisé, rien d'inclus!

On est passés dans une série de petits villages pauvres dans la jungle (en s'arrêtant à de nombreux checkpoints pour qu'on vérifie les papiers de tout le monde, on sait pas trop pourquoi)puis on a enfin rejoint une route asphaltée et ensuite la banlieue de Georgetown (où on a déposé avec joie les deux prépubères).Puis, après 18h de trajet éreintant, on est entrés dans Georgetown même!

Les beautés (well, not really...) de la capitale pour la prochaine fois!


1 commentaire:

  1. Au moins, vous ne rencontrerez pas beaucoup de gens qui pourront se vanter d'avoir parcouru les petites routes de Guyana...

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